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Analyse des discours

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 86-89)

« Perspective sociolinguistique :

III.4. Analyse des discours

III.4.1. Méthode de traitement des entretiens

La méthode employée a été qualitative avec une teinte de quantitatif, s'attachant à comprendre ce qu'avait voulu signifier l'interlocuteur/trice dans une approche compréhensive, interprétative (cf. ch. II. II. et II.2.4.). L'analyse ne s'est pas arrêtée aux mots mais s'est attachée au sens qu'elle a construit, interprété au moyen d'une empathie in et post-entretien et du croisement des informations sur l'enquêté et son environnement.

Mon analyse s'est basée sur l'ensemble du discours de l'informateur et non sur des éléments isolés. Lorsque dans d'autres parties de l'entrevue l'enquêté(e) exprimait des vues ou des pratiques discordantes avec sa réponse à la question posée, je pris ces informations en compte et les croisai avec la réponse à la question pour reformuler mon analyse.

Les paroles « originales » furent premières dans l'analyse : lorsque je fais référence au discours des enseignants je me base d'abord sur les propos originaux tels qu'ils ont été énoncés et je présente ensuite leur traduction. Ceci afin de limiter les biais et de demeurer au plus près de « la source ».

L'analyse a été pour une bonne part intuitive, mais cette intuition est basée sur tout le travail réalisé lors de la recherche.

III.4.2. Analyse de contenu

Afin principalement de déterminer les usages des manuels par les enseignants, l'analyse de discours a procédé à une analyse mixte mettant en œuvre différentes techniques d'analyse de contenu. Cette dernière se définit comme une lecture interprétative hypersélective du matériau textuel qui procède par décomposition en

fonction des objectifs de l'analyste. L'objet de l'analyse de contenu est « la parole, c'est-à-dire l'aspect individuel et actuel (en acte) du langage » (par opposition à la langue) (BARDIN, 2007 : 48).

Les différentes analyse de contenu mises en œuvre furent :

l' « analyse thématique [...] consiste à découper transversalement tout le corpus.

L’unité de découpage est le thème qui représente un fragment de discours. Chaque thème est défini par une grille d’analyse élaborée empiriquement. » (MUCHIELLI, 2007 : 95)

« L’analyse thématique est donc cohérente avec la mise en œuvre de modèles explicatifs de pratiques ou de représentations, et non pas de l’action. ».

(MUCCHIELLI, 2007 : 98).

La recherche a mis en œuvre cette analyse par une focalisation sur les propos des enseignants relatifs à leur(s) usage(s) des manuels. Ces propos ont été confrontés à une grille catégorielle d'analyse de trois usages (cf. en annexe « Analyse par pôles des usages des manuels » p. 463).

L’ « analyse entretien par entretien » : « L’unité de découpage est ici le fragment de discours portant une signification. Il s’agit de rendre compte pour chaque entretien de la logique du monde référentiel décrit par rapport aux hypothèses » (BARDIN, 2007 : 92).

Cette analyse se justifie pour l'étude de processus, de modes d'organisation individuels « en tant qu’ils sont révélateurs - d’un mode de réalisation d’un tâche professionnelle (ergonomie cognitive) » (BARDIN, 2007 : 96).

On peut considérer que, par la mise en lien des représentations, du discours, des positionnements et de la personne en tant qu'acteur professionnel, l'analyse de contenu mise en œuvre relève pour partie d'une analyse entretien par entretien.

III.4.3. Une analyse empathique des données

Lors de l'analyse des entrevues j'essayai de mettre en place le parti pris empathique de ma recherche (cf. ch. II.-II.2.1.), essayant de comprendre les propos de l'enquêté(e) en les replaçant dans un cadre plus large, leur environnement d'appartenance.

L'analyse demanda la mise en œuvre de l'ensemble de mes connaissances sur l'enquêté : ce que j'ai ressenti lors de notre entrevue, sa formation,....Je situai également les propos de l'enquêté dans un cadre plus large en convoquant différentes informations contextuelles collectées lors de la recherche (sur le système éducatif, le fonctionnement de telle institution, les conditions de travail d'enseignants par exemple) ou plus

globalement sur la situation d'enseignement-apprentissage du français au Brésil.

III.4.4. Les dimensions cachées

L'analyse du corpus, des entrevues, a essayé, dans une approche contextuelle, écologique, de prendre en compte certaines dimensions sous-jacentes aux entretiens.

L'entretien a lieu dans une « scène », « caractérisée par la définition des lieux (le décor et ses significations sociales) et la configuration des places (les positions occupées par les partenaires de l'entretien) » (BLANCHET & GOTMAN, 1992 : 70). Cette dimension spatiale peut avoir une influence non négligeable sur l'entretien et le discours de l'informateur.

Si l'entrevue prend place sur le lieu de travail par exemple, cette localisation peut donner une dimension plus professionnelle, formelle, à l'échange. Lorsque des collègues peuvent entendre les propos tenus par l'enseignant (dans la salle des professeurs), cette configuration peut influencer le discours de l'enquêté(e) qui mettra en place des stratégies de valorisation, dissimulation,...de ses pratiques.

Inversement, une localisation en-dehors du lieu de travail peut amener l'informateur à être plus détendu, à se livrer plus facilement.

La dimension temporelle de l'entretien est également importante. Le moment auquel a lieu l'entrevue peut jouer un rôle important (état de fatigue différent selon l'avancement de la journée).

Au sein même de l'entrevue, l'enquêté peut moins bien répondre aux dernières questions en raison de sa fatigue.

III.4.5. Les biais

Il convient de réfléchir aux différents biais impliqués par le dispositif, le déroulement de la recherche.

Tout d'abord la manière dont j'ai été perçu par les enquêtés a eu des conséquences sur leurs productions. Lors de l'enquête à Rio de Janeiro par exemple, j'ai rencontré la coordinatrice pédagogique de l'AF qui a contacté l'ensemble de ses enseignants en leur demandant de m'aider dans ma recherche. Cet intermédiaire a fait que j'ai été perçu par certains enseignants comme un envoyé de la hiérarchie ce qui les a amenés à valoriser leur pratique, me montrant sa conformité à la méthodologie préconisée par l'AF, la bonne préparation de leurs cours (cf. propos d'A5 et d'A2 sur utilisation du manuel).

Le traitement des entrevues est également exposé à différents biais. J'essayai d'en tenir compte en me défiant de lectures « influencées » par mes orientations, mon sujet de recherche, observant récursivement comment mon interprétation pouvait être biaisée et en maintenant un regard réflexif sur mes analyses et interprétations.

Ainsi, à force de travailler sur la trentaine d'entretiens réalisés, une « image » particulière de chacun des enquêtés s'est construite chez l'enquêteur. Il suffit de citer son prénom qu'un ensemble d'informations sur l'informateur me vient à l'esprit. Or cette connaissance a pour contrepartie la construction d'une représentation de l'enquêté qui peut influencer la lecture des faits.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 86-89)