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5. La forêt de proximité sous expérimentation

5.6 Les expériences de forêt de proximité et la multifonctionnalité du territoire

Afin d’évaluer l’application de la multifonctionnalité du territoire forestier, il est impératif de comparer les différents projets étudiés entre eux. Au travers le tableau 5.1, quelques-uns des projets analysés sont comparés sur les éléments liés à la valeur ajoutée générée et la création de richesse.

Il est à noter que seuls les projets oeuvrant sur des territoires définis sont inclus au sein du tableau 5.1. Toutefois, le projet de la FHMPRSF de la MRC du Charlevoix n’a pas été inclus à ce tableau étant donné que la majeure partie des activités économiques sont réalisées par des entités partenaires et que les données relatives à ces organisations n’ont pu être obtenues. Pour sa part, la CQT se concentre sur des travaux sylvicoles répartis sur des superficies forestières éparpillées en forêt publique et sur des activités récréotouristiques réparties sur un vaste territoire. De plus, aucune récolte de bois n’a été effectuée sur les TPI de la CQT ces dernières années. Alors, ce projet n’a pas été inclus à ce tableau. D’autre part, les organismes de développement local n’ont pas été inclus à ce tableau étant donné le manque de données concernant ces projets. Enfin, le projet des fermes forestières de la Forêt Modèle du Bas-Saint-Laurent (FMBSL) a pu être inclus à ce tableau étant donné l’accès aux données nécessaires à cette évaluation <. Il est à noter que cette formule sera traitée plus en profondeur à la section 6.7 du présent document.

Tableau 5-1 Éléments comparatifs par rapport à l’application de la multifonctionnalité à l’échelle d’un territoire entre les différents projets étudiés pour l’année financière 2006-2007

CGFA CAFN GFELT CFFB MRC Abitibi FMBSL 5

Chiffre d’affaires 2,918 M$ 0,715 M$ 14,400 M$ 11,663 M$ 5,000 M$ 3,785 M$

% du financement public 3 % 40 % 1 8 % 0 % 6 % 8 %

$ exploitation forestière 2,331 M$ 0,228 M$ 13,248 M$ 11,663 M$ 4,700 M$ 3,217 M$

Volume prélevé 37 940 m3 9771 m3 2 350 000 m3 300 000 m3 92 115 m3 76 151 m3

Territoire d’intervention 14 400 ha 4500 ha 448 000 ha 3 300 000 ha 4 103 000 ha 47 620 ha

Niveau de valeur ajoutée générée

($ exploitation forestière / Volume

prélevé) 61 $/m

3 23 $/m3 38 $/m3 39 $/m3 51 $/m3 42 $/m3

Niveau de création de richesse

(Chiffre d’affaires/ Territoire

d’intervention) 203 $/ha 159 $/ha 32 $/ha 39 $/ha 49 $/ha 79 $/ha

1 La totalité du financement public est dédiée au projet expérimentant le concept Forêt/Bleuet. 2 Il est à noter que le CPF de ce territoire est habituellement de 5000 m3

3 La superficie du territoire d’intervention en forêt publique a été estimée à partir du CPF de l’UAF 011-52 (0,73 m3/ha) (BCF, 2006c). 4 La superficie du territoire d’intervention en forêt publique a été estimée à partir du CPF de l’UAF 023-52 (1 m3/ha) (BCF, 2006d).

En somme, le projet qui crée le plus de richesse à l’hectare et qui génère le plus de valeur ajoutée à partir de l’exploitation forestière est le projet de la CGFA. Ancrée dans une logique axée sur la multifonctionnalité, la CGFA a su tirer profit des nombreuses potentialités de son territoire tout en maximisant la valeur ajoutée générée par l’exploitation forestière. Il est à noter que le projet de la FHMPRSF de la MRC de Charlevoix aurait généré le plus de richesse à l’hectare étant donné la présence du centre de ski Le Massif, mais qu’un manque de données n’a pas permis de comparer le projet de la FHMPRSF avec les autres initiatives retenues.

D’autre part, le projet de la CAFN obtient également des résultats intéressants au niveau de la création de richesse. Par la mise en oeuvre du concept forêt/bleuet, cette organisation a su maximiser les revenus générés sur son territoire. De plus, le niveau de création de richesse de la CAFN augmentera vraisemblablement au cours des prochaines années étant donné la mise en oeuvre étendue du concept forêt/bleuet sur une partie importante de son territoire. Par rapport au niveau de valeur ajoutée générée, rappelons que la CAFN gère un territoire sous CAAF, qu’aucune mise en maché des bois n’est possible et que les prix sont largement fixés par l’industriel forestier en place.

Pour ce qui est des fermes forestières, le niveau de création de richesse est intéressant. Cette situation s’explique principalement par le fait que les fermiers forestiers se dédient dans l’intensification de l’aménagement forestier et que le bois était vendu selon les taux prévus pour la forêt privée. Toutefois, aucune mise en marché n’a été possible pour la FMBSL, car l’ensemble des volumes prélevés sur ce territoire a été acheminé à la compagnie Abitibi-Consolidated, qui est d’ailleurs le propriétaire du territoire de la FMBSL.

Malgré des interventions sur d’importantes superficies forestières, les deux entreprises d’aménagements forestiers analysées sont les organisations qui génèrent le moins de richesse à l’hectare. Ces projets présentent également des niveaux de valeur ajoutée très faibles. En effet, les activités de ces organisations sont basées sur le principe des économies d’échelle, c’est-à-dire que ces organisations se développent en augmentant leurs superficies d’intervention comparativement à un développement axé sur la maximisation des

potentialités d’un territoire défini. Au même titre que l’agriculture de masse, les entreprises d’aménagement forestier ne sont pas tentées de diversifier leurs activités ou d’augmenter la valeur ajoutée générée par les bois récoltés. Par contre, rappelons que ces entreprises ne sont pas gestionnaires de ces territoires, mais qu’ils sont seulement exécutants. Or, à la lumière de ce qui a été présenté au cours de cette section, force est de constater que la même logique s’applique lorsque ces organisations sont gestionnaires de territoires forestiers (TPI de Ferland-Boileau et lots boisés du GFELT).

Pour sa part, la MRC d’Abitibi présente des chiffres légèrement supérieurs aux deux entreprises d’aménagement forestier. Cette situation s’explique principalement parce que cette organisation a réinvesti la totalité des bénéfices générés par la vente des bois sur son territoire forestier. En fait, la MRC d’Abitibi a réinvesti ces bénéfices dans l’établissement d’un réseau de voirie forestière et dans l’intensification de l’aménagement forestier (plantation d’arbres). Néanmoins, la logique sectorielle basée sur une approche se concentrant exclusivement sur l’exploitation forestière est reconduite par cette organisation. En terme de création de richesse pour les communautés forestières, cet exemple particulier reflète qu’une approche basée uniquement sur l’intensification de l’aménagement forestier ne doit pas être la seule option à préconiser au sein forêts à proximité des communautés forestières.

En somme, le projet qui répond le plus adéquatement au concept de multifonctionnalité du territoire forestier est le projet de la CGFA. De plus, certains éléments des projets de la CAFN-AGIR, de la CQT et de la MRC Charlevoix sont également intéressants. Ainsi, l’opérationnalisation du principe de multifonctionnalité doit se baser sur les facteurs de succès retrouvés au sein de ces projets.

6. LA MULTIFONCTIONNALITÉ DU TERRITOIRE FORESTIER, UNE