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Evolution de l’urbanisation

LA PERIODE POST COLONIALE ET LES BIDONVILLES

I.2. Evolution de l’urbanisation

Tableau n°9: Evolution des indicateurs de l’urbanisation entre 1886 et 2008

Périodes

Taux d’accroissement annuels moyens % Urbain Rural Total 1886/1906 2.03 1.00 1.16 1906/1926 1.71 0.49 0.72 1926/1931 2.55 1.39 1.63 1931/1936 2.79 1.76 1.98 1936/1948 2.11 1.33 1.50 1948/1954 2.71 1.37 1.70 1954/1966 4.78 2.06 2.82 1966/1977 5.33 2.01 3.17 1977/1987 5.49 1.20 3.09 1987/1998 3.58 0.39 2.13 1998/2008 2.89 -0.46 1.61 Source : ONS, 2008

La forte concentration enregistrée dans les régions situées au Nord du Sahara est favorisée par les conditions climatiques plus clémentes et par les disponibilités et les commodités qu’elles offrent. Cette concentration constitue un lourd fardeau à supporter par l’Algérie tout entière et surtout par cette région qui est la seule, pour l’instant, à disposer des terres les plus fertiles, une bonne partie de celles-ci ayant toutefois subi la loi du béton.

Cette concentration est aussi à l’origine de l’augmentation du nombre d’agglomérations. La dispersion de la population qui a atteint 85,73% en 2008 a connu une nette croissance par rapport aux années précédentes ; ainsi, la part de la population agglomérée est passée de 56, 20% en 1966, à 61,20% en 1977, à 70,82% en 1987 et à 81,37% en 1998. Le nombre d’agglomérations dénombrées en 2008 a nettement évolué par rapport à 1998. Par contre, la population des zones éparses qui représentait près de la

103 Conférence donnée le 9.11.2012 dans le cadre d'un colloque ayant pour thème "la ville algérienne, essai de bilan d'un demi centenaire 1962 - 2012, In "la ville algérienne, 50 ans après, bilan et vision d'avenir" par S.E. Cherrad, 2014, éditions El-Djazair - Algérie

92 moitié de la population algérienne en 1966 ne correspond qu’à 14,30%. En valeur absolue, celle-ci ne cesse de décroitre depuis 1977.

Tableau n°10: Evolution de la population par dispersion 1987 – 2008

ANNEE DISPERSION Agglomération Chef-Lieu Agglomération secondaire Zone éparse Total population 1987 11 497 000 4 833 000 6 721 000 23 051 000 1998 19 254 908 4 390 715 5 626 520 29 272 343 2008 23 703 000 5 523 000 4 854 000 34 080 000

Source : R.G.P.H. et « Mutations de l’Algérie rurale » par S-E.Cherrad

L’on distingue donc une évolution prodigieuse de la population des agglomérations chefs-lieux: (12 206 000 entre 1987 et 2008) par rapport à celle de la zone éparse qui a enregistré entre 1987 et 1998 une baisse de 1 094 201 et 772 520 entre 1998 et 2008, malgré l’amélioration de la situation sécuritaire et de la situation économique. Quant aux agglomérations secondaires, si elles ont accusé, entre 1987 et 1998, une baisse de 442 285, elles ont récupéré 131 285 individus entre 1998 et 2008.

Ce déficit important accusé par les zones rurales (agglomérations secondaires et zones éparses) permet d’affirmer que la destination vers laquelle se sont dirigés les ’déserteurs’ de ces régions n’est autre que la ville, seul lieu où ils pensent être en sécurité, trouver du travail et un refuge qui ne peut être que le bidonville.

93 Figure n°4 : Evolution de la population par dispersion

Source : O.N.S., 2009

« Au début du siècle dernier, n’existaient en Algérie que deux villes de plus de 100 000 habitants : les grands centres européens d’Alger et d’Oran. En un peu moins de trente ans, deux autres villes accèdent à ce rang : Constantine et Annaba. La population de ces quatre agglomérations représentaient en 1954 13% de la population »104. Si l’on se réfère au tableau ci-dessous, le nombre de cette catégorie d’agglomérations a été multiplié par 10 en 2008.

Tableau n°11 : Evolution du nombre d’agglomérations selon la taille. Taille des agglomérations Nombre d’agglomérations au RGPH 1966 1977 1987 1998 2008 Moins de 5000 1616 1985 2962 3218 3562 5000 à 10 000 84 113 260 409 465 10 000 à 20 000 46 73 100 216 257 20 000 à 50 000 27 38 93 133 178 50 000 à 100 000 10 16 37 51 61 100 000 et plus 4 8 18 30 40 Totaux 1787 2233 3470 4057 4563 Variation nette du nombre d’agglom. -- 446 1237 587 506 Source : ONS ; 2008

104 Descloitres. R: « L’Algérie des bidonvilles », Mouton &Co, collection « le monde d’Outre-Mer passé et présent », p.26.

94 Par ailleurs, entre 1966 et 2008, l’accroissement qui concerne 2776 agglomérations toute taille confondue confirme l’abandon du monde rural vers l’urbain, même si une bonne partie des petites agglomérations a un caractère rural.

En outre, l’augmentation des agglomérations est marquée par l’accroissement spectaculaire des villes du Nord et, aussi, depuis les années 1980, par la prolifération des petites agglomérations. En effet, contrairement aux deux dernières décennies qui ont enregistré une moyenne de 300 unités chacune, le nombre de celles de moins de 5000 habitants a progressé de 369 entre 1966 et 1977 et a atteint 3562 agglomérations en 2008, soit une augmentation de 1946 unités depuis 1966.

Figure n°5: Evolution de la structure de la population urbaine entre 1987 et 2008 selon la taille des agglomérations

Source : ONS, 2009

S-E Cherrad, Professeur, propose dans une conférence donnée le 9 novembre 2012, une rétrospective de 50 ans d’urbanisme intitulée « la ville en Algérie, essai de bilan d’un demi centenaire, 1962 – 2012 ». Il a souligné que « réparties sur l’ensemble du territoire, les villes sont présentes dans les différents strates (petite ville, ville moyenne, grande ville, métropole). Ayant « vécu et subi » à la fois du processus de densification à l’intérieur du périmètre urbain perturbant et allant jusqu’à endommager les constituants

95 des centres historiques ou anciens et (elles) ont connu également des mouvements d’étalement, d’extension qui se sont concrétisés par l’apparition de banlieue et de périphérie de première, seconde, voire troisième génération… remettant ainsi en cause l’équilibre de la ville. D’une part des « dents creuses » se sont multipliées et d’autre part le front d’urbanisation n’a pas pris en considération les zones à risque (zone inondable, zone de glissement de terrains…) ».

Par ailleurs, il convient de savoir que la répartition des villes est inégale. En effet, en se focalisant sur les villes de 20 000 habitants et plus, recensées en 2008, il corrobore cette affirmation en précisant que le « littoral et le sublittoral (15 à 20 km de la bande maritime) accusent une forte concentration urbaine, avec 118 villes, soit 41,7% du tissu urbain pour 63 villes de l’Atlas tellien, 62 unités dans les Hauts Plateaux et 34 villes sahariennes ». Les villes les plus nombreuses et les plus peuplées sont concentrées sur un espace représentant 13% du territoire national. Le littoral à lui seul dont la superficie est seulement de 4% est le plus dense. Quant aux 34 villes du sud, elles sont réparties sur un territoire représentant une superficie de 87% du territoire national. L’orateur a affirmé que la «densification du réseau urbain avec plus de 230 villes construites en 50 ans » est justifiée par « la pression démographique ainsi que sous l’impact du développement économique ». Il relève aussi que « des espaces en jachère, des espaces verts, des espaces dans lesquels sont établis des bidonvilles, etc… ont été progressivement occupés et réoccupés à la faveur des programmes immobiliers ou d’équipements. Le moindre interstice est occupé (exemple : construction après l’éradication des bidonvilles du polygone à Constantine de trois institutions publiques : direction de la protection civile, direction du commerce et des prix, direction de la formation professionnelle et d’apprentissage) « Cette densification du bâti, dans ses trois dimensions s’est accompagnée d’une prolifération des activités commerciales, y compris informelles » en faisant remarquer qu’en parallèle on assiste à une tertiairisation des logements. Il y a des dents creuses dans le tissu urbain. Ce dernier est perforé, désarticulé, dénaturé, à cohérence imparfaite dont la prise en charge de ses constituants architecturaux, patrimoniaux territoriaux, n’est pas encore à l’ordre du jour ».

96 II. LA REPULSION DE LA CAMPAGNE OU L’EXODE AGRICOLE ET LES REFORMES DU SECTEUR DE L’AGRICULTURE