3 Etude expérimentale du transfert gaz-liquide de CO2 par interférométrie de
3.3 Etudes préliminaires
3.3.1 Identification du signal observé et détermination d’une courbe de cali
bration
Nous observons des variations de l’indice de réfraction d'une solution aqueuse de NaHCOa
et de N
e2C
03lorsque du CO
2est transféré du gaz vers le liquide. Ce transfert induit des
réactions chimiques en phase liquide. Comme nous le montrons au chapitre 2, la réaction
globale peut s’écrire ;
C02-l-C0^--hH20^2HC03 (3.18)
Les réactions conduisent donc globalement à une diminution de la concentration en COg~ et
à une augmentation de la concentration en HCO
3dans la solution.
L’évolution de ces concentrations peut provoquer des variations de la masse volumique, ce
qui entraîne des variations de l’indice de réfraction du liquide.
Afin d’identifier une corrélation entre la masse volumique et l’indice de réfraction des
solutions aqueuses de NaHCOa et de Na
2C
03, nous mesurons l’indice de réfraction de plusieurs
solutions de différentes concentrations en HCOJ et en C
03~ à 20'C. Le protocole expérimental
est décrit dans les annexes à la section B.4.
Notons TiD l’indice de réfraction et p la masse volumique du liquide (exprimée en kg/dm^).
Nous portons à la figure 3.10 les valeurs de l'indice de réfraction mesurées en fonction des
valeurs de la masse volumique mesurées. Nous observons que les points sont disposés approxi
mativement selon une droite.
Signalons que les croix d’erreurs sont portées sur chacun des points mais ces dernières
sont tellement petites qu’elles sont difficilement visibles par rapport à la taille des points du
graphique.
Nous déterminons l’équation de la droite de régression linéaire de ces points. Nous obte
nons :
no = 0,2056p-t-1,128 (3.19)
avec un coefficient de régression linéaire qui vaut 0,9951.
La pente de cette droite est donc utilisée pour convertir les champs de variation d’indice
de réfraction obtenus après le traitement des interférogrammes en champs de variation de la
masse volumique du liquide.
3.3.2 Détermination des dérivées partielles de la masse volumique par rapport
aux concentrations
La masse volumique d’une solution aqueuse de carbonate et de bicarbonate de sodium
dépend de sa composition. Nous avons observé que les deux espèces HCO
3et CO|“ n’ont
pas la même contribution à la masse volumique.
Nous exprimons la variation Ap de la masse volumique occasionnée par les variations
des concentrations A [^HCO^j et A j^COg^j en ions bicarbonate et carbonate de la manière
suivante :
3 . Etude expérimentale du transfert gaz-liquide de CO
2par interférométrie de
Mach-Zehnder 64
a[HCO~]
d[co^~\ respectivement les dérivées partielles de la masse volumique par rap
port aux concentrations en HCO
3et CO|“. Ces grandeurs sont estimées expérimentalement.
Le protocole expérimental est décrit dans les annexes à la section B.5.
Nous présentons à la figure 3.11 les différents couples de concentrations en COg” et en
HCO
3pour lesquels la masse volumique de la solution est mesurée et nous présentons aux
figures 3.12 et 3.13 les résultats obtenus. Une estimation des erreurs est réalisée et les croix
d'erreurs sont portées sur le graphique mais ces dernières sont tellement petites qu'elles ne
sont pas visibles par rapport à la taille des points du graphique.
Les points expérimentaux présentés à la figure 3.11 sont regroupés par groupe d'expérience
ayant plus ou moins la même concentration en HCO
3ou en COg”. Nous attribuons un numéro
à chacun de ces groupes. Dans les groupes 1, 2 et 3, la concentration en HCO
3est à peu
près constante au sein de chaque groupe. Dans les groupes 4, 5 et
6, c'est la concentration en
COg” qui est à peu près constante au sein de chaque groupe. Ces groupements sont utilisés
pour estimer et . Ils sont représentés respectivement aux figures 3.12 et 3.13.
alOOg J alHCOg J
Nous présentons à la figure 3.12 les valeurs de la mesure de la masse volumique en fonction
de la concentration en COg”, pour trois concentrations différentes en HCO
3. A la figure 3.13,
nous présentons les valeurs de la mesure de la masse volumique en fonction de la concentration
en HCO
3, pour trois concentrations différentes en CO|~. A nouveau, les croix d'erreurs sont
portées sur les points des graphiques mais ces dernières sont tellement petites qu'elles ne sont
pas visibles par rapport à la taille des points du graphique..
Nous observons à la figure 3.12 que les points de chacun des groupements 1, 2 et 3 sont
disposés selon une droite. Les coefficients de régression linéaire de ces points valent quasiment
1 (à la quatrième décimale près). Nous évaluons en faisant la moyenne des pentes des
trois droites de régression linéaire des points de la figure 3.12.
De la même manière, nous observons à la figure 3.13 que les points de chacun des groupe
ments 4, 5 et
6sont disposés selon une droite. A nouveau, les coefficients de régression linéaire
de ces points valent quasiment 1 (à la quatrième décimale près). Nous évaluons en
faisant la moyenne des pentes des trois droites de régression linéaire des points de la figure
3.13.
Les résultats obtenus sont les suivants ;
dp
ô[
hco3-]
dp
- 0,057 ±0,003 kg
mol (3.21)
kg
mol (3.22)
a [cor]
avec un intervalle de confiance à 95% en utilisant la loi de Student.
Signalons que nous pouvons également estimer et g|Q^
2-j à partir de la corrélation
fournie par Solvay. Nous estimons, avec cette corrélation, pour une température de 20 ’C et pour
différentes concentrations HCO
3et en COr
1les masses volumiques correspondantes,
est estimé, à une concentration en HCO
3donnée, par la pente de la droite de régression linéaire
de la masse volumique de la solution portée en fonction de la concentration en COg~. De
meme. a[Hœ~] fistimé, à une concentration en CO
3donnée, par la pente de la droite de
3 . Etude expérimentale du transfert gaz-liquide de CO
2par interférométrie de
Mach-Zehnder 65
régression linéaire de la masse volumique de la solution portée en fonction de la concentration
en HCO
3.
Les valeurs moyennes obtenues sont ;
dp
a[HC
03-]
dp
d[col-]
Solvay Solvay0,055
0,097
kg
mol
kgmol
(3.23)
(3.24)
Ces valeurs tendent à confirmer les valeurs déterminées expérimentalement.
3.3.3 Estimation des effets thermiques
La température peut également influencer l’indice de réfraction de la solution [56, 58],
or l'absorption gaz-liquide du CO
2et les réactions consécutives au transfert sont légèrement
exothermiques.
Dans le cas de l'eau pure, la variation de l'indice de réfraction en fonction de la température
est estimée par :
= 0,985 10-^ [K-ij (3.25)
ai
pour la longueur d'onde A=632,8 nm [58].
Une simulation est réalisée avec le logiciel COMSOL Multiphysics afin d'estimer les varia
tions de température résultant de l’absorption de CO
2et des réactions chimiques. Les phé
nomènes de conduction et de production de chaleur sont ajoutés au modèle ID du couplage
diffusion-réaction dans un liquide semi-infini. Le champ de température initial est un champ
de température homogène à T=293 K.
L’équation suivante complète les équations de diffusion-réaction :
dT (P
toù Cp est la capacité thermique massique et k est le coefficient de conductivité thermique du
liquide. Les valeurs numériques de ces paramètres correspondent à celles de l'eau et proviennent
de la bibliothèque de matériaux de COMSOL Multiphysics 3.4 :
Cp = 4200 J/kgK (3.27)
P
= 997 kg/m^ (3.28)
k = 0,615 W/mK (3.29)
Nous notons Q la production de chaleur par les réactions (2.2) et (2.3). Il s'écrit :
Q = -riAHr, - T2AHr^ (3.30)
où AHri sont respectivement les enthalpies des réactions (2.2) et (2.3). Les valeurs
numériques sont [60] ;
AHr, =
AHr2 =
—46,024 kJ/mol
—20,3 k J/mol
(3.31)
(3.32)
3 . Etude expérimentale du transfert gaz-liquide de CO
2par interférométrie de
Mach-Zehnder 66
A l'interface (x = 0), nous supposons l'existence d'un flux de chaleur provoqué par l'ab
sorption du CO
2dans le liquide. Cette condition s'écrit :
k dT
dx
x=0,t-A/fabs3^C02 W (3.33)
où XCO
2W ®st donné par l'équation (2.62) et Aiïabs est l'enthalpie d'absorption. Sa valeur
numérique est [37] ;
A/7abs = -38,493 kJ/mol (3.34)
Loin de l'interface {x—*
00), nous supposons que le flux de chaleur est nul. Nous écrivons
donc :
BT
lim ^ =0 (3.35)
x-*oo dx
3. J
Nous présentons à la figure 3.14 le profil de température simulé par COMSOL Multiphysics,
au temps t=15 min et pour un domaine dont la taille est de 45 mm. Cette taille correspond
approximativement à la hauteur totale de liquide dans la cellule expérimentale.
Ce profil nous montre, d'une part, que les gradients de température sont faibles sur l'espace
considéré et, d'autre part, que l'élévation de température est très limitée. Cette dernière est
d'environ 0,21 K au niveau de l'interface après 15 min, ce qui correspond à une diminution de
l'indice de réfraction d'environ
10“®.
La conductivité thermique étant beaucoup plus grande que la diffusivité des espèces, la
couche limite thermique est beaucoup plus étendue que la couche limite de diffusion. Les
gradients de température ne sont donc pas observables dans la fenêtre d'observation de l'in-
terféromètre.
Au pire, l'effet de la température peut provoquer un décalage d'ensemble des variations
d'indice de réfraction, qui ne devient significatif qu'après un certain temps (environ 15 min). Or,
la durée des expériences est généralement inférieure à ce délai (environ
10min en moyenne).
De plus, la contribution de cet effet est faible comparée aux variations d'indice de réfraction
observées (qui sont de l'ordre de 510~'* au niveau de l'interface).
De plus, nous considérons (implicitement) dans cette estimation que le système est isolé
thermiquement. En réalité, il y a un échange de chaleur entre le liquide et les parois internes de
la cellule. Cet échange tend à dissiper la chaleur produite par le transfert gaz-liquide de CO
2et les réactions chimiques induites par ce transfert. Cette estimation surestime donc l'élévation
de température dans le liquide.
Par conséquent, nous considérons que les variations de l'indice de réfraction observées, pour
les temps d'expérience utilisés, sont uniquement dues aux variations de la masse volumique du
liquide.
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