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Etude spectrale d’un opérateur compact auto-adjoint

Dans le document ANALYSE HILBERTIENNE (Page 157-176)

k(x, t)f(t)dt, f ∈L2((a, b), dx) est réduit à {0}.

4. Pour quelles valeurs deµ∈R, l’équation f(x)−µ

Z b a

e(x−y)f(y)dy= 1 admet-elle une solution dansL2((a, b), dx)?

Indication : L’opérateur intégrale A de noyau k(x, y) = e(x−y) est compact (en fait de Hilbert-Schmidt). L’équationf−µAf = 0 n’ad-met de solution non nulle que pour µ = 1/(b−a). Donc, l’équation avec second membre f −µAf = 1 admet une solution pour tout µ différent de 1/(b−a).

5. SoitK l’opérateur intégral de noyau la fonctionk définie sur[0,1]× [0,1] par k(x, y) =x−y.

Déterminer le spectre de l’opérateur K.

6. Même exercice que 5., oùk est défini sur[0, π]×[0, π] par k(x, y) = sin(x) sin(2y)

4.3 Etude spectrale d’un opérateur compact auto-adjoint

Dans ce paragraphe, on va voir que lorsque A est en plus auto-adjoint (non nul), son spectre ne peut être réduit à 0 et qu’un tel opérateur est

diagonalisable, comme c’est le cas pour une matrice hermitienne.

Soient E un espace de Hilbert et A un opérateur auto-adjoint dans L(E). On sait que

kAk= sup

kxk=1|hAx, xi|

Un intérêt des opérateurs compacts est que ce maximum est atteint ; plus précisément, on a

Théorème 4.3.1. Si A est un opérateur compact auto-adjoint, alors il admet une valeur propre λ telle que |λ|=kAk.

Démonstration. Posons a=kAk. On a a= sup

kxk=1hAx, xi, ou bien −a= inf

kxk=1hAx, xi

En considérant, si nécessaire,−Aà la place deA, on peut toujours supposer que

a= sup

kxk=1hAx, xi

Il existe alors, une suite (xn)d’éléments de E, telle que

∀n∈N, kxnk= 1 et lim

n→∞hAxn, xni=a

L’opérateur A étant compact, on peut extraire une sous-suite (xnk) dont l’image par A est convergente. Posons

y= lim

k→∞Axnk

On a, bien sûr, kyk ≤a. Montrons que Ay=ay. En effet, kAxnk−axnkk2 =kAxnkk2+a2−2aℜehAxnk, xnki

CommeA est auto-adjoint ℜehAxnk, xnki=hAxnk, xnki; en faisant tendre k vers l’infini dans ce qui précède, il vient

k→∞lim kAxnk −axnkk2 =kyk2+a2−2a2 =kyk2−a2 ≤0 On a donc, en fait, l’égalité

k→∞lim kAxnk−axnkk2 = 0 L’opérateur A étant continu, on en déduit que

k→∞lim A(Axnk−axnk) = 0

c’est-à-dire queAy−ay= 0, ce qui est le résultat désiré.

Remarque 4.3.2. - On sait que pour un opérateur auto-adjoint A, le spectre est inclus dans l’intervalle[−kAk,kAk]. Le théorème précédent pré-cise que si A est en plus compact, alors l’une au moins des extrémités de cet intervalle est valeur propre ; celle-ci est évidemment la plus grande en valeur absolue.

Soient A un opérateur compact auto-adjoint et (λn), n ≥1, la suite de ses valeurs propres, on sait (théorème 2.9) que c’est ou bien une suite finie ou bien elle tend vers 0. On suppose, dans toute la suite, que les valeurs propres sont ordonnées de façon que(|λn|)soit une suite décroissante. Pour tout n ≥ 1, on désigne par En le sous-espace propre correspondant à la valeur propre λn et par Pn la projection orthogonale surEn.

Proposition 4.3.3. Soit Fn =E1⊕. . .⊕En. Alors pour tout n

n+1|= sup

x∈Fn

kxk=1

|hAx, xi|

Démonstration. L’opérateur A laisse stable Fn, il laisse donc stable son orthogonal Fn et induit un opérateur Rn ∈ L(Fn)

Rnx=Ax, ∀x∈Fn Rnx= 0, ∀x∈Fn

L’opérateur Rn est compact et auto-adjoint et ses valeurs propres sont les (λj), j ≥n+ 1. On en déduit, grâce au théorème 3.1, que sa valeur propre, la plus grande en valeur absolue, et qui n’est autre que λn+1 vérifie

n+1|=kRnk= sup

x∈Fn kxk=1

|hRnx, xi|

ce qui fournit le résultat voulu.

Les sous-espaces propres de A étant deux à deux orthogonaux, on peut considérer leur somme directe hilbertienne que nous noterons F (proposi-tion 4.13, chapitre I). C’est l’espace de Hilbert des éléments x de la forme

x=

X

n=1

xn, xn∈En, avec kxk=

X

n=1

kxnk2 12

<∞ et comme A est continu, on a aussi pour tout x dans F

Ax=

X

n=1

λnxn, et kAxk2 =

X

n=1

n|2kxnk2

Nous allons voir que ces dernières relations restent vraies pour tout élément x deE.

Théorème 4.3.4. Tout élément x de E s’écrit de façon unique sous la forme

x=

X

n=1

xn+x0

où, pour tout entier n ≥ 1, xn désigne la projection orthogonale de x sur En et x0 sa projection orthogonale sur ker(A). De plus, on a

Ax=

X

n=1

λnxn, ∀x∈E

Remarque 4.3.5. - Ce théorème se traduit par les relations suivantes E =F ⊕ker(A) et A=

X

n=1

λnPn

oùF est la somme directe hilbertienne des sous-espaces propres(En)et où Pn est l’opérateur de projection orthogonale surEn.

Démonstration. Soit Fn = E1 ⊕. . .⊕En et soit An et Rn les opérateurs définis par

An =

n

X

i=1

λiPi, Rn =A−An

Rn est l’opérateur induit par A surFn, que nous avons introduit dans la preuve de la proposition précédente. On a alors

n→∞lim kA−Ank= lim

n→∞kRnk= lim

n→∞n+1|= 0 ce qui traduit le fait que la série P

n≥1λnPn est convergente et a pour somme A. On en déduit que pour tout x∈E,

Ax=

X

n=1

λnxn où xn=Pnx

D’autre part, ker(A) étant orthogonal à En, pour tout n ≥ 1, il est or-thogonal à F et on a l’inclusion ker(A) ⊂F; montrons qu’il y a égalité.

Soit x ∈ F, pour tout n, Anx = 0 , en passant à la limite sur n, on en déduit que Ax = 0, c’est-à-dire que x appartient à ker(A), et on a donc F= ker(A). L’égalité E =F ⊕ker(A) en est une conséquence.

Corollaire 4.3.6. Si E est un espace séparable, il existe une base hilber-tienne de E formée de vecteurs propres de A.

Démonstration. Si E est séparable, le noyau de A l’est aussi. Comme les espaces propres En,n ≥1, sont de dimension finie, il suffit, alors, de choi-sir une base orthonormée dans chacun des sous-espaces En et une base orthonormée dansker(A).

Alternative de Fredholm

Soit Aun opérateur compact et auto-adjoint dans un espace de Hilbert E. Soit λ6= 0, un nombre complexe et considérons l’équation

Ax−λx =y (∗)

où y est donné dans E et x est l’inconnue. Deux cas se présentent, selon que λ est dans le spectre deA ou non.

Premier cas : λ /∈σp(A)

Dans ce cas l’équation (∗)admet une unique solutionx∈E, carA−λI est inversible. Grâce au théorème 3.4, on peut exprimer la solution à l’aide d’un développement en série suivant les vecteurs propres de A.

Soit {λn; n ≥ 1} la suite des valeurs propres non nulles de A et (En) les sous-espaces propres associés. Le théorème 3.4 permet d’écrire

y=

X

1

yn+y0, où yn∈En et y0 ∈kerA x=

X

1

xn+x0, où xn∈En et x0 ∈kerA

En remplaçant x et y par ces expressions dans l’équation(∗) et en identi-fiant, on obtient xn = yn/(λn−λ) et x0 = −y0/λ; la solution x est donc donnée par

x=

X

n=1

yn

λn−λ − y0

λ ce qui s’écrit

x=−y λ + 1

λ

X

n=1

λn

λn−λyn Deuxième cas : λ∈σp(A)

Soit λ = λk. L’opérateur A−λkI, restreint au sous-espace de Hilbert Ek est injectif ; il est donc surjectif car A est compact, et on a

(A−λkI)(Ek) =Ek

On en déduit que l’équation(∗)admet une solution si, et seulement si,yest orthogonal au sous-espace propre, Ek, associé à la valeur propre λk. Dans ce cas, l’équation admet une infinité de solutions, deux d’entr’elles diffèrent par un élément quelconque de Ek.

On obtient le développement en série des solutions en procédant comme dans le premier cas. Si

y=

X

n6=k

yn+y0, xn ∈En et y0 ∈kerA on vérifie que la solution générale x s’écrit

x= alors nécessairementyest orthogonal àkerA, mais cette condition n’est pas suffisante pour assurer l’existence d’une telle solutionx. On doit supposer de plus que

Dans ce cas il existe une infinité de solutions, dont la forme générale est donnée par

Exemple 4.3.7. -On considère, sur l’espace de HilbertL2[0, π], l’opérateur intégral K dont le noyau est

k(x, y) = cos(x+y)

C’est un opérateur de rang 2 auto-adjoint. On vérifie rapidement que ses valeurs propres non nulles sont

λ1 = π

2 et λ2 =−π 2

Elles sont simples et les fonctions propres associées sont φ1(x) =

r2

πcosx et φ2(x) = r2

πsinx

Le noyau ker(K) est formé des éléments de L2[0, π] orthogonaux àφ1 et à φ2.

On se propose de résoudre, dans L2[0, π], l’équation Kf −λf =−x

•Siλ= 0, cette équation n’a pas de solution, car son second membre n’est pas dans l’image de l’opérateurK.

•Siλ6= 0et siλn’est pas l’une des deux valeurs propresλ1etλ2, l’équation admet une unique solution donnée par

f(x) = 4

λ(π−2λ)cosx− 2π

λ(2λ+π)sinx+ x λ

• Enfin, siλ=λ1 ouλ=λ2, l’équation n’a pas de solution car son second membre n’est orthogonal ni à φ1, ni à φ2.

EXERCICES

1. Les notations étant celles de la proposition 3.3, montrer que les opéra-teurs Pn etA commutent et que Rn =A−PnA.

2. Soient E1 etE2 deux espaces de Hilbert et Aun opérateur compact deE1 dans E2. L’adjoint deAest l’opérateur compactA deE2 dans E1 défini par

hAx, yi=hx, Ayi, ∀x∈E1, y ∈E2

(a) Vérifier que A est bien un opérateur compact de E2 dans E1. (b) Montrer que AA est compact de E1 dans lui-même et positif.

On désigne par λ2n ses valeurs propres, chacune répétée un nombre de fois égal à sa multiplicité et on suppose qu’elles sont ordonnées de façon que (λn) soit décroissante. Soit (en) les fonctions propres associées et soit fn = (1/λn)Aen.

(c) Montrer que(fn) est une suite orthogonale dans E2 et que, pour tout x dans E1,

Ax =

X

n=1

λnhx, enifn

3 On considère l’espace L2(0,2π), muni du produit scalaire hf, gi=

Z 0

f(x)g(x)dx

Soit A l’opérateur intégral défini pourf ∈L2(0,2π)par Af(x) =x

Z 0

f(y) cosy dy+ cosx Z

0

yf(y)dy On pose u1(x) =x etu2(x) = cosx.

(1) Montrer que A est un opérateur auto-adjoint de fini.

(2) Montrer que u1 et u2 sont deux éléments orthogonaux et en dé-duire une description de l’image de A et de son noyau.

(3) Déterminer les valeurs propres de A et les sous-espaces propres correspondants.

(4) On pose v(x) = sinx. Discuter, suivant la valeur de λ ∈ C, le nombre de solutions u∈L2(0,2π) de l’équation

λu−Au=v

Solution: Une intégration par parties permet de voir quehu1, u2i= 0.

D’autre part, l’expression même deAf montre queAest un opérateur intégral dont le noyau est la fonction définie par k(x, y) = xcosy+ ycosx. Cette fonction étant symétrique réelle, l’opérateurAest auto-adjoint. Il est clair que l’image de A est engendrée par u1 et u2, ces deux éléments forment donc une base orthogonale de l’image deAet par suiteker(A) =ℑm(A)(voir le théorème 4.6 du chapitre III). On en déduit que A est de rang 2. Pour déterminer les valeurs propres deA, on remarque que si φ est fonction propre associée à une valeur propreλ, alorsφ appartient à l’image de A et est donc forcément de la forme φ=au1+bu2. On montre facilement que

Au1 = (2π)3

3 u2 et Au2 =πu1

L’égalitéAφ=λφ montre alors que λ ∈n

−4π2/√

6, 0, 4π2/√ 6o De plus, pour λ1 =,−4π2/√

6, on trouve que φ est de la forme φ = a(u11u2), oùa∈C. Il en résulte que le sous-espace propre associé à la valeur propreλ1est de dimension 1 et engendré parφ1 =u11u2. De même le sous-espace propre associé à la valeur propreλ2 = 4π2/√

6 est de dimension 1 et engendré par φ2 = u12u2. Quant au sous-espace propre associé à la valeur propre 0, c’est ker(A) qui est de dimension infinie. Il reste à discuter, selon λ, le nombre de solutions de l’équation intégrale λu−Au = v : On vérifie que hv, u1i = −2π ethv, u2i= 0 et par suite, siλ =λ1 ou si λ=λ2, l’équation n’admet pas de solution. On vérifie aussi que v n’appartient pas à l’image de A et par suite, pourλ= 0 l’équation n’admet pas de solution. Enfin, pour toute autre valeur de λ l’équation admet une solution et une seule.

Problème de Sturm-Liouville

Plusieurs équations de la physique mathématique telles que l’équation des ondes, l’équation de Laplace1, l’équation de la chaleur, l’équation de Schrödinger2 etc..., peuvent être traitées grâce à la méthode de sépara-tion des variables qui ramène ces équasépara-tions aux dérivées partielles, à des équations différentielles linéaires du second ordre de la forme

α(x)u′′+β(x)u+γ(x)u=λu, où λ∈C

équations dont on cherche les solutionsusatisfaisant à des conditions impo-sées par le problème physique étudié. Dans beaucoup de cas, la méthode de la variation des constantes de Lagrange ramène la résolution de l’équation précédente à celle d’une équation intégrale de Fredholm à noyau hermitien, pour laquelle on peut appliquer les développements du chapitre IV.

5.1 Opérateur à Noyau hermitien continu

Dans ce paragraphe, on considère le cas particulier oùAest un opérateur à noyau. Soit I un intervalle de R et k une fonction de I ×I à valeurs complexes, mesurable et de carré intégrable pour la mesure de Lebesgue.

On suppose que k est hermitienne, c’est-à-dire vérifiant k(x, y) = k(y, x).

On désigne parK l’opérateur intégral de noyauk défini, pourf dansL2(I),

1Pierre Simon de LAPLACE, (1749-1827), se distingua par de nombreux travaux d’astronomie, de mathématiques et de physique. Il appliqua l’analyse mathématique à la mécanique céleste et à la théorie des probabilités. C’est dans son ouvrage “Théorie analytique des probabilités” qu’il introduisit, en 1812, la transformation qui porte son nom, pour caractériser diverses lois de probabilité.

2 Erwin Schrödinger (1887–1961) est un physicien autrichien. Il a donné, en 1926, une formalisation nouvelle de la théorie quantique, introduisant en particulier l’équation fondamentale (qui porte son nom), à la base de tous les calculs de la spectroscopie. Il a reçu le prix Nobel en 1933.

par

Kf(x) = Z

I

k(x, y)f(y)dy

On sait que K est un opérateur de Hilbert-Schmidt (donc compact) et auto-adjoint.

Soit (λn)la suite des valeurs propres non nulles de K, chacune répétée autant de fois que sa multiplicité, et rangées de façon que (|λn|) soit une suite décroissante, et soit(φn)la suite des fonctions propres associées, qu’on suppose normalisées. La proposition 1.22, chapitre IV, dit que

k=

X

n=1

λnφn⊗φn égalité dans L2(I×I) et la norme de Hilbert-Schmidt de l’opérateur K est donnée par

|||K |||2=kkk2L2(I×I) =

X

n=1

λ2n L’équation intégrale de Fredholm s’écrit ici

Z

I

k(x, y)u(y) dy−λu=g

où g est donnée et u la fonction à chercher. Cette équation est appelée équation de Fredholm depremière espècesiλ = 0, et équation de Fredholm deseconde espèce siλ 6= 0.

• On suppose, dans toute la suite, que I est un intervalle fermé borné [a, b] et que k est continu sur [a, b]×[a, b]. Nous allons voir que, dans ces conditions, les séries qui figurent dans le paragraphe 3.6 du chapitre IV convergent, non seulement au sens de la norme de L2[a, b], mais aussi uniformément et absolument, dès que le second membre g est une fonction continue sur l’intervalle[a, b].

Théorème 5.1.1. L’opérateur K est une application compacte de l’espace de Hilbert L2[a, b] dans l’espace(C[a, b],k k).

Démonstration. Soitf dansL2[a, b]. Pourx1 etx2 dans[a, b], l’inégalité de Cauchy-Schwarz donne

|Kf(x1)−Kf(x2)|2 ≤ Z b

a|k(x1, y)−k(x2, y)|2dykfk2

Il en résulte que si (fn)est une suite bornée d’éléments deL2[a, b](kfnk ≤ M, pour tout n), la suite (Kfn) est uniformément bornée et équicontinue sur [a, b]. D’après le théorème d’Ascoli (voir l’annexe), il est possible d’en extraire une sous-suite qui converge uniformément sur l’intervalle[a, b].

Remarque 5.1.2. - Ce qui précède montre en outre que, pour toute f dansL2[a, b],Kf est une fonction continue sur[a, b]. En particulier, puisque Kφnnφn, les fonctions propres associées aux valeurs propres non nulles de l’opérateur K sont des fonctions continues sur l’intervalle [a, b].

Théorème 5.1.3. Pour toute fonction f de L2[a, b], on a où la série converge absolument et uniformément sur [a, b].

Démonstration. La relation λnφn(x) = Kφn(x) peut s’écrire λnφn(x) = et par suite, l’inégalité de Cauchy-Schwarz permet d’écrire

q [a, b], de l’inégalité précédente on déduit que la série P

λnhf, φnn est absolument et uniformément convergente sur l’intervalle[a, b]. Or cette série converge aussi dans L2[a, b] vers Kf, celle-ci est donc sa limite uniforme, ce qui termine la preuve du théorème.

Considérons maintenant l’équation intégrale λu(x)−

Z b a

k(x, y)u(y)dy=f(x) (*) oùλ est un nombre complexe non nul, f est une fonction continue donnée sur[a, b] et oùu est une fonction continue à déterminer.

Théorème 5.1.4. (i) Si λ n’est pas valeur propre deK, l’équation(∗) admet une solution unique donnée par

u(x) = 1 où la série converge absolument et uniformément sur [a, b].

(ii) Si λ est une valeur propre de K, l’équation (∗)n’admet de solution que si f est orthogonale au sous-espace propre Eλ correspondant à λ, les solutions sont alors données par

u(x) = 1 uλ est une fonction arbitraire dans le sous-espace propre Eλ; la convergence de la série du second membre étant absolue et uniforme sur [a, b].

Démonstration. (i) Supposons que λ ne soit pas valeur propre de K. Si l’équation intégrale (∗) admet une solution u, celle-ci vérifie

λu(x)−f(x) = Z b

a

k(x, y)u(y)dy donc d’après le théorème 1.3

λu(x)−f(x) =

X

n=1

λnhu, φnn(x)

où la convergence est absolue et uniforme sur[a, b]. En multipliant les deux membres par φj(x) et en intégrant terme à terme sur l’intervalle [a, b], on obtient l’égalité λhu, φji − hf, φji = λjhu, φji, c’est-à-dire hu, φji = hf, φji/(λ−λj), pour tout j. L’égalité (2) s’en déduit.

Réciproquement, pour toute fonction continuef, la formule (2) ci-dessus fournit une solution de l’équation intégrale (∗). Pour le voir, montrons d’abord que la série converge uniformément sur [a, b]; on a déjà vu, au cours de la preuve du théorème 1.3, que

En utilisant l’inégalité de Cauchy-Schwarz, il vient

0 lorsque n tend vers l’infini et ce indépendamment de x, d’où la conver-gence uniforme. Maintenant il est facile de vérifier, en calculant λu−Ku,

que la fonctionu, définie par la formule ci-dessus est solution de l’équation intégrale (∗).

(ii) Supposons queλ soit valeur propre deK. Soit uune solution de(∗) et soitφ une fonction propre de K, correspondant à la valeur propre λ, on a

0 = λhu, φi − hKu, φi=hf, φi

Ainsi, pour qu’une solution de(∗) existe il est nécessaire que f soit ortho-gonale au sous-espace propre correspondant à la valeur propre λ. D’autre part, on vérifie comme précédemment que la fonction u donnée par (2) est solution et que la convergence de la série est absolue et uniforme sur l’intervalle [a, b].

Corollaire 5.1.5. L’unique solution u de l’équation (∗) s’écrit u(x) =−1

et où la série du second membre est absolument et uniformément conver-gente sur [a, b].

Démonstration. On a l’égalité

λn/λ(λn−λ) = −λn22n2n−λ)

et le théorème précédent assure que l’unique solution f de (∗) est donnée par

converge absolument et uniformément sur [a, b] vers Kg, on en déduit que f(x) = −g

Il suffit donc de montrer que la série P

nλ2nn(y)|2 est uniformément convergente sur [a, b], auquel cas la série P

nλ2nφn(x)φn(y) sera aussi ab-solument et uniformément convergente sur [a, b]× [a, b], et l’interversion des signes P et R

, dans le dernier terme du second membre terminera la preuve. A cet effet, considérons la fonction

h(x, y) = Z b

a

k(x, t)k(t, y)dt

C’est une fonction continue surI×I et pour chaqueyfixé, on peut appliquer le théorème 1.3 pour affirmer que

h(x, y) =

X

n=1

λ2nφn(x)φn(y)

où la convergence est absolue et uniforme en x ∈ [a, b]. En particulier la série converge simplement, en tout point (x, y) de [a, b] ×[a, b]. Il vient notamment

h(x, x) =

X

n=1

λ2nn(x)|2, ∀x∈[a, b]

On a là une série à termes positifs de fonctions continues qui converge en tout point de [a, b] vers une fonction continue, le théorème de Dini3 (voir l’annexe) assure que la convergence de la série est en fait uniforme sur l’intervalle [a, b].

Notons que, en général, la série P

λnφn(x)φn(y)ne converge pas. Nous allons donner, dans ce qui suit, une condition sur le noyau k qui assure sa convergence uniforme sur l’intervalle produit.

Définition 5.1.6. On dit qu’un noyau k, continu sur [a, b]×[a, b], est de type positif s’il vérifie pour tout f dans L2[a, b]

Z b a

Z b a

k(x, y)f(y)f(x) dydx ≥0,

Compte tenu de la définition 4.16, chapitre III, k est de type positif si, et seulement si, l’opérateur K est positif.

Proposition 5.1.7. Tout noyau k de type positif vérifie, pour tout (x, y) dans [a, b]×[a, b],

(a) k(x, x)≥0

3Ulisse DINI (1845-1948), est un mathématicien italien, dont la statue, près de la Scuola Normale di Pisa, est régulièrement décorée par les étudiants pisans pour qui Pise n’est pas réduite à sa tour.

(b) k(x, y) = k(y, x)

Démonstration. Si k est de type positif, l’opérateur intégral K, de noyau k, est positif donc auto-adjoint et son noyau k est hermitien, c’est-à-dire satisfait à la propriéte (b). Supposons maintenant qu’il existe x0 dans l’in-tervalle[a, b], tel quek(x0, x0)<0. Il existecetd, aveca≤c < x0 < d≤b, tels que

ℜe(k(x, y))≤0, pour (x, y)∈[c, d]×[c, d]

En prenant pourfla fonction caractéristique de l’intervalle[c, d], on obtient 0≤

Z b a

Z b a

k(x, y)f(y)f(x) dydx= Z d

c

Z d c

k(x, y) dydx <0 ce qui est absurde. Le noyau k satisfait donc la propriété (a).

Notons que si le noyau k est de type positif, l’opérateur intégral K qui lui est associé est positif et ses valeurs propres sont positives ou nulles.

Comme précédemment nous désignerons par(λn)et(φn)les valeurs propres et fonctions propres de K.

Théorème 5.1.8. (de Mercer)Si k est continu sur [a, b]×[a, b] et de type positif, alors pour tout (x, y) dans [a, b]×[a, b]

k(x, y) =

X

n=1

λnφn(x)φn(y)

où la série converge absolument et uniformément sur [a, b]×[a, b].

Démonstration. L’opérateurKest positif et donc toutes ses valeurs propres le sont. Pour n un entier posons

Rn(x, y) =k(x, y)−

n

X

j=1

λjφj(x)φj(y)

Le noyauRn est également continu et de type positif car, pour toute fonc-tion f dans L2[a, b],

hRnf, fi=

X

n+1

λj|hf, φji|2 ≥0

Grâce à la proposition 1.7, on en déduit que Rn(x, x) ≥ 0. En revenant à la définition de Rn, cette inégalité implique que, pour toutn,

n

X

j=1

λjj(x)|2 ≤k(x, x) et par suite

X

j=1

λjj(x)|2 ≤k(x, x)

Cela montre que la série P

λjj(x)|2 est convergente pour tout x dans [a, b]. Utilisant l’inégalité de Cauchy-Schwarz, il vient

q cette même série converge dans L2([a, b]×[a, b]) vers k(x, y) (proposition 1. 22, chapitre IV) ; il en résulte que convergence de cette dernière série est uniforme sur[a, b]. D’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz,

λjφj(x)φj(y)est absolument et uniformément conver-gente sur [a, b]×[a, b] et sa somme est égale à k(x, y).

Corollaire 5.1.9. (Formule de la Trace) Si k est un noyau continu sur [a, b]×[a, b] et de type positif, alors

Le second membre est appelé la trace de l’opérateur A.

Démonstration. La sérieP

λnn(x)|2converge uniformément sur[a, b]vers k(x, x), d’après le théroème de Mercer. On peut donc intégrer terme à terme cette série et le corollaire s’en déduit.

EXERCICES

1. Soit l’espace L2 [−π, π]× [−π, π]

des fonctions mesurables et de carré intégrable relativement à la mesure de Lebesgue. Le produit scalaire et la norme sont donnés par

hf, gi=

Montrer que dans cet espace, la suite(Φn,m) définie par Φn,m(x, y) = 1

2e(inx+imy), avec n, m∈Z

constitue une base hilbertienne et écrire le développement d’une fonc-tion f de L2 [−π, π]×[−π, π]

suivant la base (Φn,m).

Solution: Il suffit de se reporter au lemme 1.23, chapitre IV.

2. Soit K un opérateur intégral à noyau k continu et hermitien sur [a, b]. On pose

k2(x, y) = Z b

a

k(x, t)k(t, y)dt

(a) Les notations étant celles du paragraphe 1, montrer que k2(x, y) =

X

n=1

λ2nφn(x)φn(y)

où l’on précisera la nature de la convergence de la série.

(b) On définit par récurrence kp par k1 =k et kp+1(x, y) =

Z b a

kp(x, t)k(t, y)dt, p≥1

et on désigne par Kp l’opérateur intégral de noyau kp. Montrer que les valeurs propres de Kp sont les (λpn) et que les fonctions propres associées sont les (φn). En déduire que

kp(x, y) =

X

n=1

λpnφn(x)φn(y)

(c) Montrer que lorsque p > 1 la série ci-dessus est absolument et uniformément convergente sur[a, b]. En déduire que, pour toutp >1,

Z b

(d) Pour quelles valeurs de l’entier p, le noyau kp est (dans tous les cas) de type positif ?

Solution : (a) Il suffit de se reporter à la preuve du corollaire 1.5 de

Solution : (a) Il suffit de se reporter à la preuve du corollaire 1.5 de

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