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Et pourquoi pas Jésus? (2009)

2. Le fil chronologique : principaux moments d’une évolution

2.3 Les nouvelles règles du jeu : hors de l’Église, plein de salut!

2.3.2 L’effort d’intégration

2.3.2.1 Et pourquoi pas Jésus? (2009)

Quant à moi, je cherche, comme tant d’autres, un type de référence à Jésus qui soit délesté, en partie du moins, de son cadre religieux et qui prenne sérieusement en compte les requêtes de la sécularité et de la pluralité culturelle et spirituelle.191

Ainsi, alors que la démarche entreprise par Bergeron aurait dû tout naturellement le conduire à s’exclure de l’Église de même que de son magistère, Bergeron opère désormais un retour à Jésus. Il réaffirme haut et fort son lieu d’appartenance. Bien sûr, il s’agit de dépasser la représentation traditionnelle qui en est faite, également de reconnaître l’empreinte qu’un tel passage a laissé dans notre civilisation :

La fidélité à Jésus ne peut s’inscrire que dans ce processus de dépassement. À mesure qu’on franchit les âges de la vie et qu’on affronte luttes et blessures, on est appelé à revoir son appartenance à Jésus. Cette appartenance ne désigne pas

190 Bergeron, La vie à tout prix! …, p. 178.

seulement que j’appartiens à Jésus, mais qu’il m’appartient, non seulement que je suis à lui et pour lui, mais qu’il est à moi et pour moi. Une appartenance mutuelle ouverte à tous et non une possession exclusiviste.

De plus, quittant la sphère subjective et regardant l’histoire occidentale, je constate que la référence à Jésus a été d’une fécondité extraordinaire. De Jésus est sorti un souffle impétueux et créateur qui a détruit les idoles, fécondé les cultures, créé une civilisation avec ses œuvres d’art, son patrimoine culturel, sa raison philosophique et ses inventions. Je continue à me référer prioritairement à celui qui a été l’initiateur de cet immense mouvement créateur d’humanité.192

Pourquoi encore se référer à ce Jésus? On ne peut s’empêcher de constater le désir de Bergeron de refaire Église à partir du Jésus des origines : un «christianisme idéal» qui serait source d’inspiration, mais aussi étalon dans le jugement à porter en ce domaine et qui sort le chrétien qu’il demeure d’une spiritualité de soi à soi. Bergeron se fait ici archéologue à la recherche d’une nature/essence qui soit un au-delà de la subjectivité. Comme modèle, Jésus est une source d’inspiration qui a donné un art de vivre singulier permettant de mieux développer l’humanité des personnes qui l’accueillent. Ce qui n’est pas le cas de tous les maîtres, ni non plus de tous les arts de vivre que l’on rencontre. C’est pourquoi il faut baliser la vie de l’être humain en l’ayant comme repère. Il faut ici suivre le cheminement de Bergeron à l’intérieur de ce livre afin de mieux saisir le sens précis de cette reformulation de la figure de Jésus et ses conséquences pour sa conception de l’Église. Et pourquoi pas Jésus, livre de 300 pages, a comme but de présenter Jésus en dehors de toute structure religieuse, ce que Bergeron fait en deux parties : la première porte sur le difficile accès à Jésus en dehors de cette structure et la deuxième, sur le maître Jésus revu et corrigé. De plus, Bergeron fait différents constats portant sur l’évolution de cette cohabitation de la religion avec la société québécoise. Toutefois, il n’est pas certain que cette société emprunte le chemin suggéré par Bergeron dans la redéfinition de son rapport avec la religion.

Selon notre auteur, la figure de Jésus est dans l’ici et le maintenant. Il soutient que cette figure aide à se départir du mirage qu’entretient le moi à son sujet et elle ramène au «je», lieu de la singularité et de la subjectivité. La prise de conscience du «je» permettrait de dépasser le moi égocentrique et narcissique afin d’accomplir l’homme- pour-les-autres, au service des autres. Ce dépassement, déjà évoqué dans Hors de

l’Église, plein de salut!, est d’ailleurs le meilleur chemin pour soi-même, libéré de

l’aliénation193. Cette voie ouvre à un face-à-face avec Dieu à partir duquel on peut

évaluer son adhésion à la Parole de Dieu et ses actes en lien avec la sagesse de l’amour-

Agapè. Bergeron formule de cette manière l’humanité que propose Jésus dans ses

gestes et dans ses paroles :

Dans son aujourd’hui, il aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et toutes ses forces (le devant-Dieu), et le prochain (le pour-les-autres) comme soi-même (le pour-soi). Face au maintenant, son amour prend la forme de l’attention (éveil, vigile, sentiment d’urgence); face à Dieu, il prend la forme de l’obéissance au bon plaisir divin; face aux autres, il prend celle du service diaconal; et par rapport à soi-même, il prend la forme de l’écoute kénotique de son «je» profond. Pour Jésus, s’écouter, c’est être attentif à soi ici et maintenant, servir les autres et obéir à Dieu. L’unification de son être est parfaitement réussie.194

Jésus redevient alors pour Bergeron un cadre de référence, mais c’est un Jésus qui oscille entre deux pôles : le «je» et le Jésus de la tradition chrétienne. L’aller-retour entre ces deux pôles chez l’être humain engendre un processus qui permet une meilleure connaissance de soi-même. Or, à l’intérieur de la tradition chrétienne, on imagine Jésus de diverses façons : le Nazaréen, le Jésus de l’histoire, le Jésus-Christ, le Jésus dogmatique (institutionnel), le Jésus ésotérique, le Jésus politique ou psychologique, le Jésus qui réalise le modèle spirituel d’une autre religion, le Jésus des disciples/pierre angulaire d’une association ou encore le Jésus des démunis. Cette multitude de représentations oblige à reconnaître qu’il faut distinguer entre le Jésus réel et, celui de l’histoire, le Jésus construit, façonné par des siècles de christianisme.

Une telle entreprise demande de retourner au Jésus de l’histoire et à l’événement fondateur lui-même ainsi qu’à l’interprétation qu’en ont donné les disciples195. Afin

d’accéder au Jésus réel, Bergeron énumère les quatre exigences suivantes : il faut partir, bien sûr, des évangiles; avoir recours à la tradition d’interprétation; se donner une interprétation toute personnelle (quelle signification Jésus a pour moi?); et considérer Jésus encore vivant, ce qui était au cœur de la foi primitive («Jésus est au milieu de nous»). Certes, il faut se méfier du dogmatisme dans le recours à l’interprétation et ne pas se priver d’un regard neuf à partir d’une vision moderne du monde, des cultures et des autres religions. Cette manière de faire est déstabilisante, car elle demande à chaque personne de répondre pour elle-même à la question fondamentale de ce processus : qui est Jésus dans ma vie? Répondre n’est pas sans avoir de conséquences :

193 Ibid., p. 33. 194 Ibid., p. 37. 195 Ibid., p. 62.

on le sait, Jésus a été politiquement et religieusement dangereux pour l’ordre établi; il faut même dire que «l’expérience chrétienne est caractérisée par la référence radicale à Jésus»196. Pourquoi cette radicalité? Elle est inhérente à l’expérience Jésus. Le récit des

miracles197 dans les Évangiles illustre bien les étapes d’une telle expérience. Lors d’une

situation de détresse, on reconnaît l’autorité de Jésus à pouvoir dénouer cette situation et l’on fait une démarche subjective pour lui demander de l’aide. Alors quelque chose d’extraordinaire advient qui donne lieu à l’étonnement et à la louange. Cette expérience de vie change la personne jusque dans son rapport à la société.

L’expérience de Jésus a fait naître plusieurs façons de s’y référer, ou encore plusieurs types de référence, qui sont autant de voies d’accès expérimentées par Bergeron, connues des chrétiens, mais pas nécessairement empruntées par tous. Ainsi, la dévotion, l’observance des commandements, la contemplation, l’engagement évangélique (l’action apostolique) ou encore mimétique (l’imitation de Jésus), la théologie comme raison croyante sont autant de voies auxquelles peuvent être accolés des noms de grands spirituels de différentes époques. Le parcours de Bergeron s’appuiera successivement sur deux de ces voies :

J’ai été initié à la référence mimétique dans l’ordre des Frères mineurs qui en a modelé les exigences selon les goûts et besoins des diverses époques. La référence mimétique n’arrivait plus, hélas!, à se dire adéquatement à travers des structures conventuelles qui rendaient l’imitation «matérielle» pratiquement impossible, la confinaient dans des pratiques internes au cloître et l’encadraient canoniquement dans des règles juridiques (règle, constitutions, coutumier, etc.) et la structure des trois vœux. Le principe mimétique se trouvait domestiqué et rendu «raisonnable». Adaptation oblige. Tout en voulant imiter Jésus et conformer ma vie à la sienne, je n’ai à peu près pas connu la pauvreté, le manque d’argent, l’insécurité, l’itinérance, le dénuement, le mépris, la minorité, ni le lavement des pieds — ni la joie parfaite qu’engendre cette austère imitation.198

Insidieusement, cet encadrement conventuel souple qui répondait imparfaitement à l’exigence du mimétisme allait être remplacé chez Bergeron par la voie théologique : «à mon insu, la référence théologique a supplanté la référence mimétique dans ma

196 Ibid., p. 91.

197 Ibid., p. 80-90. Bergeron fait remarquer qu’on peut également faire l’expérience de Jésus par les

miracles : la guérison d’aveugles suppose l’accès à la Lumière; de sourds, à la Parole; d’infirmités diverses, au Relèvement /à la résurrection; d’éléments déchaînés de la nature, à la Transcendance de monde; de la guérison physique, à la Libération. Autant d’aspects qui sont associés à Jésus.

recherche de Jésus». De l’imitation de Jésus, Bergeron passe au savoir sur Dieu. Il n’intègre pas l’un et l’autre. Ainsi, il délaisse ce qu’on pourrait qualifier de praxis spirituelle et en fait une question intellectuelle, qui met en abîme cette praxis. Ce sera après une réappropriation existentielle qu’émergera le besoin d’une nouvelle praxis. Les voies d’accès à Jésus seront différentes selon qu’elles soient populaires, comme les deux premières, ou privilégiées, comme les trois dernières, parce qu’elles s’adressent à une certaine élite en retrait du monde. L’Église a encadré ces voies et les a toutes traduites en termes religieux aux niveaux juridique et théologique. Or, ce que suggère Bergeron, c’est de dissocier Jésus de l’Église, les références n’étant pas exclusives à l’institution199, afin d’en dégager un Jésus séculier, plus en phase avec le monde

moderne.

Bergeron se met donc à la recherche d’une nouvelle façon de se référer à Jésus. Une telle référence se devra d’être authentique et fidèle au cœur même de son message, à savoir le caractère normatif de l’événement Jésus et le principe d’exemplarité qui en découle. En effet, l’homme d’aujourd’hui se veut authentique et veut développer l’intégralité de son humanité. Il s’agit là d’une vision anthropocentrique. Lorsque cet homme contemporain expérimente le manque et les difficultés, une prise de conscience peut se faire qui sert de déclencheur pour une rencontre avec Jésus dans un contexte de dialogue avec les autres religions, car ces religions font maintenant partie de l’horizon de sens de chacun de nos contemporains. Ces références à l’autre sont essentielles à une meilleure compréhension de soi. Dans ce contexte, la vérité religieuse est plurielle et relationnelle dans une réciprocité asymétrique où Jésus demeure ou devient en quelque sorte une boussole contre les errements : «en un mot, la référence préférentielle et prioritaire à Jésus joue le rôle d’aimant contre les égarements, de port d’attache contre le non-lieu, d’ancre contre les dérives et de point focal contre l’éparpillement»200. Il est une référence objective dans un monde de subjectivité. Quant

au principe d’exemplarité, où l’on veut ressembler à Jésus, il a été très présent dans le christianisme sous différentes formes et certaines n’étaient pas des plus heureuses si l’on pense au pharisaïsme, au littéralisme ou à l’intégrisme pour n’en nommer que quelques-unes. En situation de chrétienté, l’exemplarité doit être conforme à ce qu’en pense l’Église sous peine d’être taxé d’hérésie. La modernité a changé la perspective, l’humain idéal est à venir et non pas à puiser dans le passé. Il n’y a pas de place pour de l’imitation, car la source vient de soi. L’exigence d’authenticité disqualifie tout référent extérieur201. L’être humain intégral se crée à partir de ses propres matériaux sans autre

199 Ibid., p. 106. 200 Ibid., p. 118. 201 Ibid., p. 141.

référence. La contemplation de Jésus peut servir ici seulement comme référence esthétique qui fait jaillir une impulsion créatrice concomitante permettant à l’être humain de devenir lui-même dans sa singularité. Jésus, de modèle à imiter, devient inspiration libre pour l’humain qui se construit.

L’écoute devient le «mode privilégié de référence à Jésus»202 sur laquelle peut se

déployer l’exemplarité dans un processus dynamique qui permet de se connaître et de se transformer. La Parole qu’on écoute, on l’écoute pour soi. Cette écoute oblige à faire silence. Par la suite, on peut choisir de s’y conformer, comme dans l’expression répandue «ainsi soit-il», et, ainsi, de la réaliser. Le vrai disciple est celui qui écoute Jésus, qui fait advenir cette Parole dans sa vie :

Ils peuvent être dispersés aux quatre coins de la terre et partager diverses croyances religieuses; ils forment pourtant ce grand réseau planétaire des authentiques porteurs de la parole de Jésus. Certes chaque Église a la prétention d’être la vraie, la seule vraie ou, à tout le moins, la meilleure gardienne de la parole de Jésus. Et dans chaque Église, certains sont mandatés pour en être les ministres officiels. Au-delà de toutes ces prétentions d’ecclésiastiques patentés, la parole de Jésus demeure vivante en ceux qui en vivent plutôt qu’en ceux qui la mettent en formules; en ceux qui l’écoutent plutôt qu’en ceux qui l’enseignent. Les vrais serviteurs de la parole de Jésus sont ceux qui l’écoutent et la mettent en pratique, quelles que soient leur culture, leur race et leur religion. Ce sont eux qui l’ont gardée vivante au cours des siècles et qui l’ont portée jusqu’à nous. Et ils l’ont portée enrichis de leur interprétation, de leur expérience et de leur accomplissement. La parole immémoriale de Jésus ne peut rester vivante qu’interprétée et inculturée.203

Ainsi, la tradition d’écoute fait que le texte parle au lecteur de façon personnelle à la manière d’un récit symbolique tiré de sa propre vie. Cette réappropriation de la Parole de Jésus unifie dans les faits deux paroles : coïncidence de la volonté du lecteur et de celle qui l’a prononcée. Ainsi, l’écoute conduit au maître, crée le maître intérieur. Par cette coïncidence même, le maître est devenu intérieur et n’est plus imposé de l’extérieur, comme pourrait l’être, par exemple, un maître à penser :

D’où la conclusion très importante pour notre propos : pour accéder à la vraie connaissance spirituelle, on ne doit pas partir des mots et des enseignements des maîtres extérieurs. C’est la démarche inverse qui s’impose. Le véritable

202 Ibid., p. 182. Bergeron associe une telle démarche à la Lectio divina. 203 Ibid., p. 172-173.

maître est intérieur, au-dedans de chacun, au-dedans de moi. C’est lui qui me communique la vraie connaissance de moi-même, de ma voie vers l’humanité et de mon chemin vers Dieu.204

Bergeron signale deux freins à l’écoute : d’abord, l’agitation qui cause l’éparpillement et ne permet pas à la personne de se ramasser; ensuite, la liberté blessée, due à des expériences passées ou à des situations de vie, peut générer des blocages importants. La modernité a permis à la raison de devenir autonome par rapport à la foi205, il faut en

prendre acte. Pourtant, l’Église n’a cessé de réaffirmer «son droit de gérance de la raison» et d’imposer un magistère. Elle tolère le pluralisme plus qu’elle ne l’accepte. Elle se doit maintenant d’entrer véritablement en dialogue, d’être, elle aussi, à l’écoute, car la Parole de Jésus n’est pas exclusive à cette institution, comme elle a pu le prétendre auparavant.

Le titre de maître que l’on a donné à Jésus de son vivant et après sa mort fait écho à différentes facettes de ce que ce personnage représente. Il a été d’abord un rabbi atypique dont la Parole avait des effets surprenants. Cette Parole annonçait le Royaume, guérissait, rassemblait et disait comment vivre. Il a été récupéré par les Grecs et les Romains qui, en se l’appropriant, ont refondé le christianisme206, modifiant ainsi la

fondation originelle. Jésus est alors apparu comme un «maître philosophe». Les disciples reconnaissaient l’autorité que lui-même affirmait et ils consentiront librement à lui obéir et à le servir en se ralliant à cette proposition de l’amour-agapè.

Ces disciples étant de plus en plus nombreux, cette croissance n’ira pas sans conséquence au niveau politique. Si, au commencement, les chrétiens étaient soumis aux autorités, la conversion de l’Empire romain les entraîne ailleurs. Ils se refusent à reconnaître la divinité de l’empereur, mais la souveraineté de celui-ci participe dès lors à l’autorité de Jésus. Cela aura comme effet que l’Église se structurera sur le modèle de l’empire et en adoptera le code. La chute de l’empire fera en sorte que le nouveau dépositaire de cette souveraineté sera la papauté. La cité des hommes passera ainsi sous l’autorité de la cité de Dieu pour engendrer une «christocratie». À partir de la Renaissance, la cité des hommes reprendra graduellement ses droits même si l’Église essaiera de maintenir sa souveraineté. Vatican II opèrera un changement de cap : il réaffirme la souveraineté du Christ, mais celle-ci s’exerce dans le service plutôt que dans le pouvoir et la force207. Ce changement est en fait un retour à la conception originelle

204 Ibid., p. 193-194. 205 Ibid., p. 289 et suivantes. 206 Ibid., p. 280.

de l’autorité et de la seigneurie de Jésus qui ne se fonde pas sur le pouvoir, mais plutôt sur le consentement, sans aucune contrainte.

Au terme de ce livre, Bergeron résume ainsi ce qu’il entend par le magistère de son Jésus séculier, si différent de celui du Jésus institutionnel :

La parole magistérielle de Jésus, on l’a dit, présente quatre caractéristiques fondamentales : elle est tout à la fois prophétique, sapientielle, curative et rassembleuse. En tant que prophétique, elle pose le Règne de Dieu dans l’ici- maintenant et ouvre toute histoire, individuelle et collective. Sapientielle, elle propose un art de vivre en réponse aux exigences de la présence du Règne toujours à venir. Curative, elle est capable de sauver en guérissant toute espèce de manques et en délivrant de toute entrave aliénante. Rassembleuse, elle vise à réunir l’humanité entière en une communauté fraternelle au-delà des frontières de race, de religion, de culture, au-delà de tous les cénacles de pseudo-élus qui s’isolent d’un monde qu’ils jugent indignes, et au-delà de tout clivage opéré par la prétention à la rectitude morale, religieuse et sociopolitique.

Ces quatre caractéristiques de la parole de Maître-Jésus servent de discernement de toute parole dite ou entendue. Elles permettent de reconnaître ou non, dans les discours que je tiens ou que j’entends, ceux qui sont des échos authentiques de la parole de Jésus se réverbérant à travers les âges. Tout discours qui ferme l’histoire et désespère d’une personne ou d’une situation, qui propose des antivaleurs et une contre-sagesse de vie, qui blesse et détruit les individus dans leur être psycho-corporel et spirituel ou encore qui isole les gens, les dresse les uns contre les autres ou les ostracise, tous ces discours ne peuvent pas être l’écho de la parole de Maître-Jésus, même si ceux qui les tiennent prétendent se réclamer de lui ou citent les évangiles à pleine bouche.208

On constate que ce Jésus séculier se définit par rapport à l’autre Jésus, qui garde ainsi