3. Méthodes
3.6. Techniques d’extraction et d’analyses des acides nucléiques
3.6.5. Amplification de l’ADN par PCR
3.6.5.3. Différentes enzymes Taq ADN polymérases utilisées et leurs applications
L’enzyme couramment utilisée pour les PCR « standards » est la Taq polymérase Paq 5000
TM(Stratagene).
3.6.5.3.1. Mesure du taux de transcrits par RT-PCR
Pour la RT-PCR, 0,5 μl d’ADNc matrice (soit 25 ng) est utilisé pour la réaction de PCR. Le nombre de
cycles de PCR a été optimisé pour l’étude de l’expression de chaque gène (Figure 40) afin d’être dans les
conditions permettant de quantifier les ADNc obtenus et de renseigner s’il y a une différence quantitative au
niveau du taux d’expression des gènes. En effet, en pratique, la production des amplifiats par PCR suit une
courbe de type sigmoïde avec trois phases clés : i) le bruit de fond où la quantité d’ADN amplifiée est trop
faible pour être détectée ; ii) la phase exponentielle où la quantité d’ADN produit est doublée à chaque cycle
de PCR ; iii) la phase stationnaire ou de plateau lorsque les produits nécessaires à l’amplification contenus
dans le milieu réactionnel commencent à s’épuiser. Il est alors nécessaire de se situer en début de phase
exponentielle, dans les meilleures conditions d’amplification, afin d’être certain de correctement visualiser
les différences de niveaux d’expression entre les conditions étudiées. De plus, un contrôle interne est
nécessaire, à savoir un couple d’amorces s’hybridant sur l’ADNc d'un gène codant l’ubiquitine (Ubq) dont
l’expression ne varie pas quelles que soit les différentes conditions testées. Les résultats sont quantifiés et
rapportés au taux d’expression du gène de l’ubiquitine. La Taq polymérase utilisée est la Taq Paq 5000
TM(Stratagene) dont les conditions d’utilisation et d’amplification sont données dans le tableau XXV. Afin
d’éviter l’évaporation des produits PCR au cours de la réaction, de l’huile minérale est ajoutée en surface de
l’échantillon.
138
Figure 41 : Principe de la mutagénèse dirigée par la technique dite de « Splicing by Overlap Extension PCR »
(SOE PCR).
Afin d’insérer une mutation dans un gène d’intérêt, deux étapes d’amplifications par PCR sont nécessaires. Lors de la première étape, deux produits PCR portant la mutation, complémentaires par une extrémité, sont générés en utilisant le gène d’intérêt comme matrice. Lors de la deuxième étape, le gène d’intérêt portant la mutation est reconstitué en pleine longueur en utilisant les deux produits PCR précédemment obtenus comme matrice.amplification par PCR avec
les amorces ATG (en bleu) et
mutée R (en noir et orange)
amplification par PCR avec les
amorces STOP (en rouge) et
mutée F (en noir et orange)
génération de deux produits de PCR portant
chacun la mutation (en orange)
amplification par PCR avec les amorces ATG
(en bleu) et STOP (en rouge)
génération d’un produit PCR du gène d’intérêt
portant la mutation (en orange)
3.6.5.3.2. PCR haute-fidélité
Clonage de gènes d’intérêt
La PCR haute-fidélité est réalisée dans les expériences de clonage de gènes d’intérêt. Elle permet
d’amplifier l’ADN avec moins d’erreurs de séquences que lorsqu’une polymérase classique est utilisée. La
fidélité des enzymes est permise grâce à une activité correctrice (3’ 5’ exonucléase). Le brin d’ADN
néosynthétisé est ainsi corrigé grâce à l’activité exonucléasique. Ainsi, les polymérases haute-fidélité
incorporent 50 fois moins d’erreurs qu’une polymérase standard. Dans le cadre de ce travail, la Taq
polymérase Phusion (Finnzymes) a été utilisée dont le taux d’erreur est de 4,4.10
-7. Cette enzyme est plus
stable à haute température ce qui permet de restreindre l’étape de dénaturation, elle sera de 10 secondes à
98 °C au lieu de 30 secondes habituellement à 95 °C. La Taq polymérase Phusion est une enzyme qui a été
modifiée par ajout d’un domaine de liaison à l’ADN, ce qui permet d’augmenter la processivité de l’enzyme.
La vitesse d’élongation en est augmentée et est de 15 à 30 s/kb, ce qui rend cette enzyme particulièrement
intéressante pour l’amplification d’ADNc pleine longueur.
Mutagénèse dirigée
La mutagenèse dirigée permet de muter une séquence d’ADN à un endroit précis et nécessite donc
d’utiliser une polymérase haute-fidélité. Cette méthode consiste à modifier une base précise de la séquence
d’intérêt afin de modifier un acide aminé dans la séquence protéique lors de la traduction. Elle permet de
mettre en évidence l'importance d'un ou de plusieurs acides aminés essentiels pour la fonction ou la
régulation d’une protéine donnée. La technique utilisée est basée sur la technique dite de « Splicing by
Overlap Extension PCR » (SOE PCR) qui permet de fusionner des fragments d’ADN, ces derniers s’hybridant
entre eux grâce à des séquences complémentaires (Figure 41).
Pour générer une mutation ponctuelle, deux amorces complémentaires en forward et en reverse
sont créées en prenant soin d’insérer la base mutée au milieu de la séquence de l’amorce. Ensuite, deux
amplifications par PCR sont réalisées avec comme matrice le gène d’intérêt à modifier en utilisant d’une
part, le couple « amorce forward portant le codon ATG du gène et amorce reverse mutée » ; et d’autre part,
le couple « amorce forward mutée et amorce reverse portant le codon STOP du gène ». Les deux produits
d’amplification obtenus portent alors chacun la mutation désirée et sont complémentaires, leurs séquences
étant chevauchantes au niveau de la mutation. Ces deux produits sont ensuite liés entre eux par une étape
d’amplification PCR réalisée à l’aide du couple « amorce forward portant le codon ATG du gène et amorce
reverse portant le codon STOP du gène ». Le produit d’amplification généré porte alors la mutation et la
140
Tableau XXVI: Conditions d’amplification avec l’ADN polymérase PhireII®
Composition du milieu réactionnel Conditions d’amplification
Composés Volume en µl Etapes Durée Température
Eau stérile 17 Dénaturation initiale 30 sec 98 °C
Tampon 10X 5
dNTP 10 mM 0,5 Dénaturation 5 sec 98 °C
Amorces F+R 10 µM 1 Hybridation 5 sec 55 °C 40 cycles
ADNg dilué au 1/25
ème1 Elongation 20 sec 72 °C
Taq ADN polymérase PhireII
®0,5
Volume total 25 Elongation finale 1 min 72 °C
Tableau XXVII : Enzymes de restriction utilisées pou la RFLP en fonction des amorces choisies
Couple d’amorces Enzyme de restriction Température
AML1-AML2 Hsp92II et HinfI 37 °C
ITS1-ITS4 MboI et TaqαI 37 °C et 65 °C
ITS1F-ITS4B MboI et TaqαI 37 °C et 65 °C
Tableau XXVIII : Conditions de digestion des séquences ITS en RFLP
Composés Volume (volume final = 15 μL)
Produit PCR à digérer 5 μL
Tampon de l’enzyme 10X 1,5 μL
BSA (sauf pour MboI) 100X 0,15 μL
Enzyme (1 U/µl) 0,1 μL
H
2O qsp 15 μL
Incubation pendant 1 h à 37 °C (sauf TaqαI à 65 °C), puis 10 min à 65 °C pour arrêter l’activité
enzymatique (ajout de 3 μL de tampon de charge 6X pour l’électrophorèse)
3.6.5.3.3. PCR sur colonies
La PCR sur colonies, réalisée avec une polymérase standard, est une technique qui permet
d'amplifier de façon simple de l'ADN (génomique ou plasmidique) directement à partir de microorganismes
sans réaliser d’extraction d’ADN au préalable. L’étape de dénaturation initiale est allongée à 5 minutes, afin
de lyser les micro-organismes par l’effet de la chaleur et rendre ainsi l’ADN accessible. En général, cette
technique est utilisée afin de s’assurer que des transformants contiennent bien la construction plasmidique
d’intérêt.
3.6.5.3.4. Identification moléculaire de micro-organismes par amplification des régions
ITS
Amplification des séquences ITS
Afin d’identifier un micro-organisme, la région ITS du génome de cet organisme est amplifié. Les
régions ITS (Internal Transcribed Spacer) sont les séquences situées entre les gènes codant les sous-unités
des ARN ribosomaux (ARNr). Ces gènes sont en général très conservés d’un genre à l’autre et au sein d’une
même espèce. Ceci permet de générer des amorces dites « universelles ». En revanche, les régions ITS sont
peu conservées et varient d’une espèce à l’autre au sein d’un même genre, voire parfois d’une souche à
l’autre. Leur amplification et séquençage fournissent des données qui permettent alors de discriminer le
genre, l’espèce et parfois la souche du micro-organisme étudié par comparaison avec des bases de données.
Cette méthode a été utilisée pour l’identification de champignons en interaction avec les racines de
peupliers ainsi que pour l’identification de champignons en culture pure isolés à partir de racines ou de
carpophores. Les ADNg de racines de peupliers ou de mycélium contiennent de nombreux inhibiteurs de
PCR, ils ont donc été dilués au 25
èmeafin de limiter la quantité d’inhibiteurs tout en conservant une quantité
d’ADN suffisante pour l’amplification. De même, l’ADN polymérase Phire II® (Finnzymes) a été utilisée pour
les amplifications car elle est peu sensible aux inhibiteurs de PCR. Les couples d’amorces utilisés et les
conditions de PCR pour amplifier les régions ITS sont résumés dans les tableaux XXIV et XXVI.
Discrimination des clones par « Polymorphisme de longueur des
fragments de restriction » (RFLP)
Lorsque l’amplification des séquences ITS est réalisée à partir de racines, le produit d’amplification
est un mélange de séquences provenant de divers micro-organismes. Afin de les séparer, une étape de
sous-clonage dans un vecteur (pGEM®-T (Promega)) est nécessaire, une seule séquence étant insérée par
plasmide. Ensuite, des bactéries sont transformées avec ces plasmides, chaque bactérie intégrant un seul
plasmide, puis les séquences ITS sont ré-amplifiées par PCR sur colonies. 48 clones par échantillon ont été
analysés permettant d’obtenir un maximum de profils RFLP différents.
Enfin, les produits de PCR sur colonies sont digérés par des enzymes de restriction (Tableaux XXVII,
XXVIII) capables de reconnaître et de couper des séquences spécifiques d’ADN. Les fragments de restriction
sont séparés selon leur taille par électrophorèse (gel d’agarose à 2,6 %). Une photographie des gels est
obtenue avec le logiciel Geldoc® afin de comparer les différents profils obtenus. L’ADN plasmidique d’un
exemplaire de chaque profil différent obtenu est extrait puis envoyé en séquençage.
Dans le document
Filtration biologique pour la réduction des éléments traces métalliques dans la biomasse du peuplier
(Page 163-169)