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Avant de se consacrer entièrement à sa passion - la photographie - Marion Hislen a notamment occupé le poste de responsable du pôle Photo et Livre de la Fnac, au sein de la direction de l'action culturelle. Elle a fondé l’association Fetart, dont elle est la directrice, en 2005. Cette association organise chaque année, depuis 2011, Circulation(s), le festival de la Jeune Photographie européenne dont l’objectif est de faire la promotion des photographes émergents en leur donnant l’occasion d'exposer leur travail. Marion Hislen est commissaire de nombreuses expositions, dont Paris-Pékin, la première rétrospective en France d'art contemporain chinois à l'Espace Cardin.237

Retranscription de l’entretien avec Marion Hislen (durée : 40:00)

C238 : Ma première question porte essentiellement sur la Jeune Photographie. Qu'est-ce que

c'est pour toi ? Comment tu la définirais ?

M239 : Pour moi, c'est l'entrée de carrière. C'est le passage à la professionnalisation. Peu importe l'âge. C'est ce qui représente ce qu’il y a plus nouveau par rapport à un marché existant.

C : Tu ne mets pas un critère d'âge ?

M : Dans le cadre du festival, il n'y a pas de critères d'âge. C'est vraiment début de carrière. Dans 99% des cas, ce sont des jeunes mais tu peux avoir un photographe comme Dollo, qui doit avoir 55 ans. Il a bossé pendant toute sa vie en tant que journaliste sportif et puis il a décidé de se mettre à faire un travail personnel. C'était sa première exposition de son travail personnel.

C : Ce serait plutôt un critère d'expérience, plutôt sur des travaux personnels que sur du travail de commande ?

M : Nous, c'est un début de carrière artistique.

C : Est-ce que pour toi c'est la même chose que la photographie émergente ?

M : Oui. Ces deux notions recouvrent ce qui se fait de nouveau.

C : Est-ce que ces jeunes photographes ont renouvelé leur processus de médiation, de médiatisation ? Est-ce que tu a vu des modifications, notamment avec l'arrivée des réseaux sociaux, d'Internet par rapport aux générations antérieures ?

M : Oui, la médiatisation a changé avec Instagram, Facebook, Linkedin et les sites. C'est une évidence. Pour des commissaires d'expo, etc, tu peux, à travers les réseaux sociaux, découvrir ou en tout cas être au courant de ce qui se passe, de l'actualité de quelqu'un, c'est une façon assez facile de suivre des artistes, regarder leur évolution. Après, c'est de la médiatisation dans le sens où c'est de l'autopromotion. Ca pose la problématique de l'autopromotion qui est différente de la médiatisation à travers un tiers. Des fois, tu as l'impression qu'il y a des photographes qui font des trucs dingues... Il faut savoir se vendre. Il y en a qui sont bons dans l'autopromotion et d'autres qui sont moins bons.

C : Et c'est un vrai changement par rapport aux photographes des générations précédentes ?

M : Ce n'est pas que lié à la médiatisation. Le monde a changé. La photographie, c'est un métier technique, cela veut dire que c'est un métier qui évolue avec l'évolution technologique des appareils photo. Donc, le métier a changé...

Sources : 237 https://www.wipplay.com/user/fr_FR/Marion_Hislen/path/?additionalTitle=Marion+Hislen https://www.franceinter.fr/emissions/regardez-voir/regardez-voir-08-mai-2016 C : Christine Arrondeau 238 M : Marion Hislen 239

C : Mais pas qu'en matière technique. Finalement, le métier a changé aussi en termes d'exercice du métier. Il y a beaucoup de photographe à qui on demande d'assurer la position de DA alors que c'était moins courant il y a 30 ans...

M : Après, comme la photographie se rapproche de plus en plus de l'art contemporain, il y a une mise en avant de plus en plus importante de la scénographie et de l'effet scénographique, et des matières, des encadrements, des perspectives, du petit, du grand... C'est l'évolution de la photographie contemporaine.

C : Est-ce que tu sens que les jeunes photographes que vous rencontrez à Circulation(s) sont sensibilisés à cette problématique de la communication, de l'autopromotion ? Est-ce que, pour eux, ça paraît évident qu'il est nécessaire aujourd'hui de prendre en charge une partie de sa communication ou est-ce que c'est quelque chose qui reste encore fluctuant selon les personnes et les pratiques ?

M : C'est fluctuant selon les personnes et les pratiques. Il y a des gens qui font plus attention aux réseaux sociaux que d'autres. Après, nous on voit bien qu'il y en a qui partagent plus ou moins... C'est leur personnalité.

C : Est-ce que tu penses que cette pratique-là se professionnalise ? Ou c'est quelque chose qui reste de l'ordre de l'instinct ou d'une pratique aléatoire ? [...]

M : J'en parle jamais avec les jeunes photographes. Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas très réseaux sociaux. Même dans notre vie personnelle, on se rend bien compte qu'il y a des choses qui se disent, qu'il y a des choses qui ne se disent pas, qu'il y a une stratégie. Qui dit autopromotion, dit stratégie [...]. De toute façon, tu comprends instinctivement que ta prise de parole, surtout si tu parles en tant que photographe, elle doit avoir un sens. Elle est contrôlée.

C : Je pense que ça paraît évident pour des gens qui sont sensibilisés aux questions de communication mais ça ne l'est pas pour tout le monde... [...] Vous, en tant que Festival, quelles sont vos pratiques ?

M : Sur le Facebook du Festival, on parle essentiellement des artistes, on essaye de parler de l'actualité et de faire du suivi sur les artistes qu'on a exposés. C'est ça les deux grandes tendances.

C : Les discours que vous émettez sur Facebook, vous les écrivez vous, vous les écrivez en accord avec l'artiste ou vous reprenez éventuellement ce que l'artiste publie ?

M : On écrit et on publie nos articles. On s'est un peu professionnalisé sur le sujet et moi, je trouve ça trop. La valeur de notre festival, c'est qu'il est incarné par des vrais gens. Nous ne sommes pas le Palais de Tokyo, etc... Il ne faut pas perdre notre humanité qui fait notre force. Il faut de temps en temps qu'il y ait des photos de nous, des rigolades. Il faut que ça reste humain. Nous ne sommes pas une marque comme Coca-Cola ou Mars... Nous diffusons également les appels à candidature des partenaires. Dès qu'il y a truc photo intéressant, on le diffuse. Je crois qu'on fait trois posts par semaine. On a Instagram depuis cette année, enfin depuis l'année dernière, mais on s'en occupait pas du tout. On a pas mal réfléchi. On ne savait pas très ce qu'il fallait mettre dedans. On entendait un peu tout et son contraire : "Il faut voir les coulisses, faire un truc...". En fait, c'est pas vrai. C'est une galerie photo, en fait, Instagram. On diffuse beaucoup de photos de nos photographes, beaucoup de photos de l'expo. Et de temps en temps, un événement. C'est plutôt la diffusion des photos de nos artistes. Tu ne peux pas imaginer comme cela m'échappe.... Je ne suis pas très attachée aux médias en règle générale. [...]

C : Vous utilisez d'autres supports de communication, vous faites des relations presse....

M : La seule chose que nous n'avons pas, c'est un plan média.

C : Vous avez un partenariat avec la RATP...

M : Mais pas tous les ans, c'est ponctuel. On a un attaché de presse qui est vraiment super. [...] Elle nous dépote le truc. On l'a lancé sur la photo, maintenant elle ne fait que de la photo. On n'a pas de plan média. On n’achète pas de pub sur Internet. On ne fait que Facebook, Instragram et des relations presse, plus le site Internet.

C : Et des partenariats avec des magazines ?

M : On le fait mais je doute de l'efficacité du truc.

C : Le partenariat avec la RATP fonctionne pas mal, non ? Cela peut faire partie des choses qui peuvent donner à des photographes l'envie de participer au festival ?

M : Oui, mais j'espère que ce n'est pas que ce partenariat qui donne envie. Quand tu es finlandaise, que tu arrives, et que tu voies ta photo en 30x40 m à Opéra... [...]

C : Cette année, vous avez une bonne couverture presse ?

M : Nous, on est très suivi par la presse. Nous, notre difficulté, ce n'est pas la presse.

C : C'est quoi votre difficulté en termes de communication ?

M : En termes de communication, on en n'a pas beaucoup. Nos difficultés, c'est plutôt les finances. En comm', je n'ai pas l'impression qu'on ait de grosses difficultés. [...]

C : Tu as une chargée de communication ?

M : Non, c'est moi qui fait ça avec une stagiaire. Donc tu refais tous les ans... C'est ce qui fait qu'on évolue pas, qu'on tourne un peu en rond en fait. [...] Si on avait des financements, on aurait des salariés. [...]

C : Tu aimerais faire évoluer le festival ?

M : On essaye de le professionnaliser mais ce n'est pas facile.

C : Vu de l'extérieur, je trouve que c'est plutôt bien organisé. Il y a un bel effort dans la scénographie. On voit que "c'est fait à la main" par l'équipe mais c'est plutôt convivial.

M : Comme on est complètement indépendant, on dépend l'argent que l'on trouve tous les ans.

C : Chaque année, vous n'avez rien d'acquis, vous redemandez des contributions ?

M : Oui. [...] Cela fait 11 ans que le festival existe. [...] On arrive à autofinancer les projets mais la difficulté, c'est les salaires. [...] Je n'ai pas encore la clé du succès. Je cherche, je cherche... Mais, en termes de comm', je trouve qu'on est plutôt pas trop mauvais. [...] En mécénat de compétences, on a une agence de graphistes.

C : Vous en avez d'autres des mécénats de compétences ?

M : On a pas mal de partenaires mais en mécénat de compétences, c'est le seul. […]

C : Sur vos autres partenaires ? Ce sont des partenariats d'échanges de service ?

M : Oui, nous sommes très forts pour ça mais ça ne fait pas rentrer d'argent. [...]

C : Est-ce que vous savez comment vos publics vous connaissent ? Comment ils sont venus ? [...]

M : Non, je n'en sais rien. Je pense que c'est intéressant quand tu fais des investissements (plan média)... mais de toute façon, je suis obligée d'avoir un site Internet, un Facebook... Nous n'en sommes pas là. [...] Nous sommes souvent hébergés dans les lieux. La problématique de la venue du public, c'est presque aussi voir plus une problématique du lieu... [...]

C : Vous envisagez de changer de lieu régulièrement ?

M : Non, vraiment on aime bien le 104. [...]

C : C'est un partenariat avec le 104 ?

M : Oui. Ils ne co-produisent pas mais nous ne louons pas.

C : L'entrée est devenue payante cette année ?

M : Oui, c'est la première année.

C : Ca a fonctionné ?

M : Je ne sais pas encore. C'est le 104 qui a géré la billetterie et qui doit nous faire un état des lieux. [...] C'est la façon la plus saine de générer des revenus.

C : As-tu une idée du nombre de personnes ?