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La place du collectif dans la construction dans la médiation et la médiatisation du photographe : l’aventure France(s) Territoire Liquide

3. Partager son regard sur le monde : l’exemple de Marion Gambin

3.2. La place du collectif dans la construction dans la médiation et la médiatisation du photographe : l’aventure France(s) Territoire Liquide

Marion Gambin fait partie des 43 photographes - jeunes pour la plupart - qui ont participé à

France(s) territoire liquide (FTL), une « mission photographique sur le paysage français,

autoproduite et indépendante »195 placée sous le sous le commissariat de Paul Wombell, ex- directeur de Photographer’s Gallery. Initiée en 2010 et lancée en 2011 par quatre photographes français196, cette mission s’inscrit dans la lignée de la Mission héliographique (1851) et dans celle de la DATAR (début des années 1980). Il s’agit d’une recherche photographique sur le paysage français du XXIe siècle, d’un « laboratoire visuel »197 dont les

travaux ont duré 3 ans. Le projet a fait l’objet d’une première exposition en juin 2014 au TriPostal de Lille dans le cadre du festival des Transphotographiques. Un livre a été publié aux éditions du Seuil en octobre 2014. Un nouvelle exposition est programmée à la BNF en 2017. Financée à ses débuts par les photographes eux-mêmes, la mission FTL a également reçu le soutien du Ministère de la Culture et de la DATAR, et a fait l’objet d’une campagne de crowdfunding sur ulule.com198 (financement de l’exposition).

Dès 2012, FTL a mis en place des dispositifs de communication - une page Facebook (2012), une page projet sur ulule.com (2014), un site Internet (2014) et une chaîne Youtube (2015), - pour promouvoir le projet et, ce faisant, les 43 photographes participants.

Sur le site Internet FTL (figures 1), la série « Entre deux lieux » de Marion Gambin est présentée par un court texte de la photographe accompagné d’un diaporama sur une page dédiée : « Entre 2 Lieux | Autoroutes A1, A16, A4, A13 - Normandie - Picardie - Île-de- France. Entre deux lieux l’autoroute, Sur l’autoroute un monde, Son monde. Entre-deux lieux est un docu-fiction sur le territoire de l’autoroute. De multiples aspects m’intéressaient et j’ai

Figure 1 : page d’accueil du site Figure 2 : page « Marion Gambin »

Source : http://francesterritoireliquide.fr.

195

Frédéric Delangle, Cédric Delsaux, Patrick Messina et Jérôme Brézillon.

196

Source : http://www.oai13.com/non-classe/tribune-frances-territoire-liquide-selon-paul-wombell-la-genese-dun-projet/

197

Source : https://fr.ulule.com/frances-territoire-liquide/

fini par m’apercevoir que tous se rejoignaient sur un point : la notion d’entre-deux. Être entre-deux a fini par être une sorte de mot clé, presque un protocole : nous sommes entre- deux lieux, les personnages sont ici et dans leurs pensées, l’événement –si événement il y a- a eu lieu ou va arriver et l’autoroute semble d’une autre époque, celle de mon enfance, dans laquelle j’étais par moments replongée. C’est à l’aide de tous ces entre-deux que j’ai tenté de capturer ce qui, sur l’autoroute, me fascine, cette douce étrangeté. »199 (figure 2). Notons que ce texte ne figure pas sur le site de Marion Gambin.

Outre la promotion du projet dans la globalité, la page Facebook FTL (figures 5 et 6) assure la promotion des 43 photographes participants en relayant leurs actualités (expositions, publications, etc…). A titre d’exemple, la page FTL a partagé le post de Marion Gambin du 30/06/2016 annonçant la publication de son reportage sur la Grèce dans The Good Life. A l’occasion du printemps de 7 lieux de FTL, la page FTL met en place une série de publication visant à promouvoir, chaque jour, l’un des 22 photographes exposés. Le post dédié à Marion Gambin est publié le 25/04/2016, et reprend un verbatim de la photographe relatant l’expérience vécue : « 28 mars 2013. Nous sommes rentrés avec deux jours d’avance. La météo nous a achevés. Nous avons tous les deux besoin de prendre un grand bol d’air parisien. Je passe ma soirée dans un troquet avec une bonne amie, du bon vin et de la bonne musique. Je suis contente d’être rentrée. Je ne sais pas ce que je pense de mes images. Je viens de passer huit jours sur l’autoroute à douter de tout, tout le temps. C’était bien. Mais je n’ai pas trop envie de recommencer. ».

Figure 3 :chaîne FTL sur Youtube Figure 4 : page FTL sur Ulule

Source : http://francesterritoireliquide.fr/lesphotographes/marion-gambin.html

Les dispositifs de médiation du projet - les expositions (figures 7 et 8) et le livre FTL (figures 9 et 10) -, ainsi que leur médiatisation, ont également contribué à donner de la visibilité à Marion Gambin. Grâce à ce projet collectif, la photographe a participé, à l’occasion de l’exposition FTL à Metz, au 19/20 régional de France 3200.

Figure 5 : post sur la page Facebook FTL sur Marion Gambin (01/07/2016)

Figure 6 : post sur la page Facebook FTL sur Marion Gambin (25/04/2016)

Figure 7 : exposition FTL au TriPostal de Lille (2014). Source : site mariongambin.com

Figure 8 : exposition FTL à l'Arsenal de Metz (2015). Source : page Facebook de FTL

Figure 9 : pages intérieures du livre FTL dédiées à Marion Gambin. Source : blog mariongambin.tumblr.com

Figure 10 : pages intérieures du livre FTL dédiées à Marion Gambin. Source : mariongambin.tumblr.com

Source : post Facebook du 25/01/2015, https://www.facebook.com/marion.gambin/posts/343908149130580

La médiatisation de ce projet, et des dispositifs de médiation associés, a d’autant été plus forte qu’elle a été assurée par les photographes et leur environnement proche sur Internet, leurs réseaux sociaux, ainsi que par la presse, dont les articles ont eux-même été relayés sur les réseaux sociaux de FTL, créant ainsi une sorte de boucle vertueuse à la fois pour le projet, mais aussi pour les photographes (figures 11 à 14). Il est d’ailleurs probable que « cette mission ne se serait jamais développée comme elle l’a fait sans les réseaux sociaux », ainsi que l’avait formulé Paul Wombell dans une tribune publiée sur OAI13 en juin 2014201.