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Le cas d’entreprises formant par le titre à des compétences commerciales et logistiques adaptées à une plateforme multimodale en fruits et légumes

Dans le document Le titre et le marché (Page 62-64)

Le  second  cas  de  cette  catégorie  est  celui  de  Bergine  Formation,  centre  agréé  de  formation  aux  métiers du commerce des fruits et légumes, de la logistique et de l’entreposage. Il a été créé en 1974  par la CCI de Perpignan en partenariat avec un groupement de PME de la filière des fruits et légumes.  Il  a  pour  caractéristique  d’être  situé  au  cœur  d’une  plateforme  multimodale  de  grande  envergure  regroupant  plus  de  trois  cents  entreprises  et  près  de  quatre  mille  salariés,  l’une  des  premières  en  Europe pour la distribution des fruits et légumes. 31 % des entrées et 24 % des sorties des fruits et  légumes (hors bananes) en France ont transité par cette plateforme en 2016.  

 

Le centre de formation Bergine est de taille modeste. Il prépare dans un premier temps à deux titres  homologués, ceux de vendeurs (niveau IV) et de managers (niveau III) spécialisés dans la vente des  fruits  et  légumes.  Son  offre  est  complétée  à  cette  époque  par  le  CAP  d’entreposage  et  un  bac  pro  logistique préparés dans le cadre du CFA rattaché à la CCI, pour tenir compte des besoins de la filière  logistique. Par la suite, d’autres titres (cariste d’entrepôt ou préparateur de commande d’entrepôt)  sont développés au niveau V. Plus d’une dizaine de chefs d’entreprise opérant sur ce pôle européen  sont  issus  de  la  formation  au  management  de  ce  centre ;  au  total,  plus  de  sept  cent  cinquante  stagiaires y sont passés ; un réseau de ces anciens formés s’est constitué et montre son utilité lors de  l’insertion  professionnelle  des  nouveaux  diplômés.  Ce  réseau  se  révèle  être  un  vecteur  de  communication et de cohésion au sein de la profession par le système de parrainage entre anciens et  nouveaux candidats à la formation.  

 

Marie,  la  responsable  des  programmes  du  centre,  raconte  quelques  éléments  de  l’histoire  de  son  organisme :  « aux  années  soixante‐dix,  le  moteur  de  la  création  du  centre  de  formation  a  été  de 

former  des  commerciaux  en  fruits  et  légumes  puisque  s’était  développée  cette  place  de  marché  de  gros, plateforme d’import‐export 100 % privée contrairement au marché de Rungis, qui est devenue  très structurante pour le département et son marché du travail local. A l’époque où on a démarré la  formation au titre, il y avait un EPLE d’enseignement secondaire qui formait aux métiers demandés ;  aujourd’hui tout a été rapatrié au sein de notre organisme ».      La préoccupation d’une montée en compétences des commerciaux spécialisés dans la transaction de  fruits et légumes a suivi l’évolution du métier au cours des trente dernières années. Les échanges par  téléphone  du  début  entre  les  négociants  et  les  revendeurs  s’apparentent  aujourd’hui  à  ceux  d’un  courtier  en  salle  de  marché  informatisée.  Dans  le  même  temps,  les  transformations  affectent  l’activité  de  ce  marché  de  gros  français  désormais  tournée  vers  moins  de  négoce  et  plus  de  logistique. Cette tendance est générale, à l’instar de ce qui se passe en Espagne où les intermédiaires  ont tendance à disparaitre au profil d’échanges directs entre les producteurs de fruits et légumes et  les firmes de la grande distribution. Ceci explique qu’à partir des années deux mille l’offre du centre  Bergine s’élargisse aux formations en logistique qui y occupent actuellement une place importante.    

Concurrent  direct  de  l’AFPA  locale  avec  qui  peu  de  liens  sont  entretenus,  y  compris  pour  les  constitutions  des  jurys,  le  centre  Bergine  les  organise  sur  la  base  de  ses  relations  avec  les  professionnels  de  la  plateforme  avec  lesquels  il  existe  une  réelle  synergie  sur  le  sujet.  D’ailleurs,  Marie signale que « les bonnes relations avec les entreprises (fichier de plus de deux cents partenaires 

en  logistique)  est  un  trait  qui  distingue  notre  centre  de  formation  de  l’AFPA,  la  qualité  des  intervenants également, d’où la renommée des titres sur le marché local ». Les personnes titrées ne 

trouvent pas nécessairement un emploi stable mais il est précisé que cela est dû à la saisonnalité des  emplois et non au type de certification. Là encore, moins que la certification, il est rapporté que le  principal  critère  d’embauche  est  le  savoir  être,  le  relationnel  ainsi  que  la  motivation  qui  est  un  élément  de  jugement  essentiel,  l’absentéisme  et  les  addictions  étant  des  craintes  le  plus  souvent  exprimées par les employeurs du secteur. 

 

Comme  pour  l’activité  des  parcs  d’attraction  et  de  loisirs,  celle  du  marché  de  gros  en  fruits  et  légumes  est  marquée  assez  logiquement  par  une  forte  saisonnalité  des  emplois,  la  campagne  des  fruits  et  légumes  commençant  en  général  en  octobre  et  finissant  en  mai.  Répondant  à  des  appels  d’offre  de  la  Région  pour  les  titres  de  niveau  V,  le  centre  Bergine  bénéficie  d’une  régularité  de  la  commande annuelle régionale, en particulier pour l’accès aux titres de préparateur et de cariste. Cela  est aussi le cas pour le titre de niveau IV de technicien logistique d’entreposage, métier pour lequel  l’offre  scolaire  du  bac  pro  était  estimée  trop  limitée  par  rapport  aux  besoins  et  proposant  des  parcours en apprentissage jugés trop longs.  

 

Le  développement  de  ce  titre  au  niveau  IV  est  la  résultante  du  soutien  du  Conseil  régional  qui  a  permis  d’ouvrir  de  nouvelles  possibilités  de  poursuite  d’études  au  plan  local  dans  la  spécialité.  En  outre,  très  favorable  à  l’ouverture  de  l’apprentissage  aux  titres  au  sein  du  CFA  intégré  au  centre  Bergine, les meilleurs résultats sont obtenus en CAP avec les adultes et non avec les jeunes, comme 

« une  sorte  de  revanche  d’un  parcours  scolaire  raté  pour  lequel  il  fallait  laisser  passer  du  temps  » 

conclut Marie.   

4.4. Quand l’entreprise développe le titre en tant que substitut des diplômes 

industriels 

Investir dans la formation au titre, en substitution d’un diplôme parfois manquant, pour contrecarrer  les effets de pénurie de main d’œuvre industrielle, constitue une quatrième logique d’action pour les  entreprises  du  panel  enquêté.  L’exemple  de  trois  d’entre  elles,  toutes  appartenant  à  l’industrie,  permet de retracer l’itinéraire de constitution de l’offre de formation aux titres.  

 

Le cas d’une chambre consulaire formant à la spécialité de soudure à un niveau supérieur 

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