Plusieurs responsables institutionnels pointent le fait qu’on ne peut pas parler d’une politique unique du titre dans sa mise en œuvre : « il y a autant de politiques du titre qu’il y a de régions, voire de
départements ». Au sein des Dirrecte, une équipe de quelques personnes est en général chargée de
piloter et d’animer la politique du titre en région. Les interviews réalisées auprès de ces services dans quatre régions métropolitaines donnent matière à préciser les représentations autour de la déconcentration de la politique du titre : « pour nous, l'objectif final est bien sûr d'assurer la notoriété
au titre, de faire en sorte qu'il y ait une reconnaissance des titres par les branches et les entreprises, et peut‐être à terme une meilleure reconnaissance dans les conventions collectives ; il est important de réaffirmer que nous travaillons dans le cadre d'une mission régalienne, avec des directives nationales que l’on est chargé de faire appliquer, et avec pour objectif du principe républicain d’égalité d’accès ; c’est pourquoi l’équipe régionale est répartie sur l'ensemble de la Région et que l’on travaille à la mise en place de procédures, de critères et d'outils communs pour faire en sorte d'avoir une action cohérente au niveau de la région ».
Un axe important de l’action des services déconcentrés en région est l'animation des Unités départementales (UD) sur les questions de certification, sous la forme de rencontres régionales qui auparavant étaient organisées par l’AFPA ; mais à la suite d’une décision consensuelle, ce rôle n’a pas
été maintenu par souci de modifier les images superposant souvent les titres aux formations AFPA et par souci de préserver la neutralité de ces lieux d’échanges. Sur période récente, les services déconcentrés de l’Etat mettent aussi en place plusieurs fois par an des journées techniques d'information collective, d’une part pour les nouveaux centres agréés, et d’autre part pour les centres rencontrant des difficultés que les UD ont identifiées.
Parmi les questions les plus fréquentes auxquelles ces services régionaux se disent confrontés dans le déploiement de la politique du titre, reviennent souvent celle du non‐respect du délai de dépôt des demandes d’agrément ou des dossiers systématiquement incomplets en raison d’erreurs de compréhension des questions qui y sont posées. Le lien entre la Direction régionale et les UD repose également sur la (re)mise en place d’une politique de contrôle qui est une prérogative étatique.
Mais l’action des services déconcentrés n’est pas la seule venant influencer l’usage des titres professionnels et les comportements des opérateurs du marché. C’est pourquoi il est important de tenir compte des mesures d’incitation portées par la commande publique des prescripteurs que sont Pôle emploi et les Conseils régionaux.
Quels partenariats Etat‐région pour la promotion locale de la politique du titre ?
Les protagonistes en région indiquent que sur la période récente, une dynamique est née autour de la promotion des titres à l’échelon départemental ; toutefois, l’objectif d’égalité territoriale de l’offre n’est pas jugé atteint, comme le souligne l’un d’entre eux : « La répartition inégalitaire du titre sur le territoire régional demeure, on a des départements où il y a très peu d’organismes de formation, au niveau de l’apprentissage on retrouve cette dimension mais en plus accentuée … ».Pour reprendre une formule d’un responsable régional : « les pratiques collaboratives entre les
services déconcentrés de l’Etat et les Conseils régionaux varient fortement d’une région à l’autre » sur
le sujet des certifications du ministère du Travail. Il décrit de manière imagée les rapports entre région et services déconcentrés de l’Etat : « le Conseil régional serait la locomotive et la Direccte
serait le tendeur. La région a besoin des services de l’Etat pour s'assurer de la qualité de la certification et les services de l’Etat ont besoin de la commande de la région qui est le plus gros acheteur de formation et donc de certifications ».
Outre cet intérêt mutuel bien compris, il est fait référence à deux champs de collaboration entre région et services déconcentrés de l’Etat. Le premier a trait à la procédure et à la définition des calendriers pour l’agrément établis en correspondance avec l’agenda de l’action régionale. Le second domaine de coopération est nouveau ; il concerne l’apprentissage et en particulier la réalisation de l’état des lieux au plan régional et au niveau des branches pour identifier les titres professionnels pertinents à promouvoir en réponse aux besoins.
La politique du titre étant reconnue par les services déconcentrés de l’Etat comme un champ d’action assez fortement déconcentré, cela a pour conséquence de rendre les structures et les acteurs de terrain interdépendants les uns des autres pour sa mise en œuvre. D’où l’importance, à leurs yeux, des partenariats et de leur bon fonctionnement pour une régulation d’ensemble efficace, d’autant plus essentielle que le marché de la certification est en expansion depuis son ouverture à la concurrence. Dans ce contexte, le nombre de centres agréés ne cesse de croître, élargissant l’offre, le nombre de candidats et impliquant une croissance du nombre d’agréments délivrés sur les années récentes. Mais les services de l’Etat en région notent que le pilotage et l’animation sont perçus assez différemment selon les régions, des points de vue critiques s’élevant dans celles où le statu quo prend le dessus : « il n’y a pas vraiment de plans d’actions venant soutenir la politique du titre ; il n’y
a pas un réel conseil et un appui aux organismes de formation, les services déconcentrés ne font qu’agréer les organismes, ils ne sont que sur cette partie de vérification des dossiers et des prérequis ;
au sein de la Directe, ce sont les UD qui effectuent le travail préparatoire aux sessions d’examen, sur les jurys ». Dans d’autres régions, au‐delà de leur fonction de contrôle, les services déconcentrés sont
justement reconnus par les acteurs locaux pour leur rôle d’accompagnement et de conseil des centres agréés.