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Il n’existe pas de données officielles sur les volumes de vente de plantes et d’H.E. utilisées en médecine vétérinaire ou dans des produits à base de plantes médicinales administrés aux animaux. Afin d’estimer quels usages de la phytothérapie et de l’aromathérapie semblent significatifs en élevage, des auditions ont été menées. Celles-ci ont permis d’identifier des plantes et des H.E. prioritaires, en raison de l’importance de leur emploi.

3.1 Méthodologie pour les auditions

En premier lieu, les principaux organismes susceptibles d’avoir une vue d’ensemble des usages en médecine vétérinaire ont été contactés :

■ L’Institut Technique de l'Agriculture Biologique (ITAB), qui propose une « liste de 220 plantes à usage thérapeutique en élevage, utilisables en automédication par les éleveurs, en première intention, sous conditions de compétences des utilisateurs » (Experton et Bouy 2017) ;

■ Le Réseau de phyto-aromathérapie vétérinaire (RéPASS) de l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC), de l’Association Vétérinaire Equine Française (AVEF) et de la Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires (SNGTV). Ce réseau propose une liste employée par les praticiens, comportant 106 espèces végétales et 163 H.E. relevées sur le terrain. Cette liste n’a pas pour objectif d’être exhaustive mais de permettre d’identifier les plantes et H.E.

couramment utilisées par les vétérinaires praticiens ;

■ Le Groupement de Défense Sanitaire (GDS) France qui est l’organisation agricole française en charge des questions de santé et d’hygiène animales ainsi que de qualité sanitaire ;

■ L’Institut Technique Interprofessionnel des Plantes à Parfum, Médicinales, Aromatiques et Industrielles (ITEIPMAI) qui est un institut technique qualifié par le Ministère de l’Agriculture et qui assure une mission de recherche appliquée au service des filières plantes aromatiques, médicinales et à parfum ;

■ L’Institut de l’élevage (IDELE) qui est un institut technique en matière d’élevage de ruminants. L’IDELE est, notamment, en charge de projets sur la santé et le bien-être des ruminants

La plupart de ces organismes ont déclaré ne pas avoir de connaissances suffisantes sur les usages en élevage.

En 2017, l’Anses-ANMV (Agence Nationale du Médicament Vétérinaire) avait établi une liste des plantes d’intérêt pour les animaux de production après consultation des parties prenantes.

La liste de ces plantes est disponible en Annexe 4. Sur les 100 plantes recencées, 40 avaient un statut LMR et 21 un statut LMR avec des restrictions d’usage (homéopathique, topique ou oral). Sur les 39 autres, 24 sont autorisées dans les compléments alimentaires7 (avec d’éventuelles restrictions), 15 disposent d’une monographie EMA humaine et 18 disposent d’une monographie pharmacopée européenne (Ph. Eur.) ou française. Il avait alors été

7 Selon l’Arrêté du 24 juin 2014 établissant la liste des plantes, autres que les champignons, autorisées dans les compléments alimentaires et les conditions de leur emploi

demandé à l’EMA si des allègements étaient envisageables pour la soumission de dossier LMR pour ces plantes (extraits ou huiles essentielles) disposant de données de sécurité pour l’homme. Cette demande n’avait pas abouti par manque d’informations des usages en phytothérapie dans les différents Etats membres et parce que l’EMA avait d’autres priorités.

Les listes de plantes et d’H.E. établies par l’ITAB, le RéPASS et l’Anses présentent un fort intérêt pour l’étape de sélection de plantes et d’H.E. prioritaires et ont été consultées en complément des auditions.

Beaucoup de formations en phytothérapie et aromathérapie en élevage, faisant état de pratiques et d’une expérience de terrain, sont proposées aux éleveurs, notamment par les chambres d’agriculture. Par ailleurs, des formations sont proposées aux vétérinaires par différentes structures universitaires. Dans un second temps, des vétérinaires (principalement), des techniciens et des producteurs également formateurs ont été auditionnés. Ils ont été sélectionnés afin de couvrir les différentes espèces de production et les différentes régions de France. Certains ont proposé des personnalités supplémentaires à auditionner ou ont renvoyé vers des confrères.

Dans les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM), aucune chambre d’agriculture ne propose de formation en phytothérapie ou aromathérapie. Seule une audition a pu être menée au travers de l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) de Guadeloupe pour connaître les usages hors métropole.

Au total, 24 personnes ont été contactées, 11 auditions ont été menées en audio-conférence et un retour d’audition a été proposé par écrit. Afin que les auditions soient plus efficaces, un questionnaire a été préparé et envoyé en amont aux auditionnés (Annexe 2).

Enfin, l’Ordre national des vétérinaires, l’Académie vétérinaire de France, l’Académie nationale de pharmacie, l’Académie d’agriculture de France et l’Association Française des Vétérinaires Phytothérapeutes (AFVP) ont été contactés. Ces instances ont été interrogées sur :

 les informations dont elles disposaient quant aux usages, au nombre de praticiens, aux données économiques, scientifiques et réglementaires relatives à l’emploi de plantes et d’H.E. médicinales en élevage,

 leur point de vue sur les pratiques actuelles de la phytothérapie et l’aromathérapie vétérinaire chez l’animal producteur de denrées.

3.2 Relevé des auditions

Un relevé numérique des plantes et H.E. citées lors des auditions a été préparé à partir des retranscriptions des auditions. Dans ce relevé, une H.E. ou une plante citée n’est prise en compte qu’une seule fois par audition. S’il est fait mention d’une non-utilisation, la plante n’est pas relevée dans l’inventaire. Les citations d’emplois de préparations de plantes et d’H.E. dans le but d’assainir les bâtiments n’entrent pas dans le champ de la saisine et ont donc été exclues.

Au total, 80 plantes et leurs préparations (hors H.E.) ont été relevées au cours des auditions, ainsi que 60 H.E. Ce relevé est disponible en Annexe 3.

Les pratiques en élevage relèvent majoritairement des usages externes ou internes. Le détail des indications thérapeutiques pour chacune des plantes et H.E. n’est pas proposé ici. Une grande variété d’emploi est observée. Les préparations employées, les modalités d’emploi, les posologies, les durées ou les schémas d’utilisation sont hétérogènes. Des prises en charge saisonnières préventives sont parfois proposées. L’exposition des animaux est ainsi fortement dépendante du vétérinaire, du technicien ou de l’éleveur et n’est pas uniformément standardisée. Les utilisations citées font généralement suite à des essais de terrain et à des pratiques empiriques, avec des adaptations posologiques selon les résultats observés. Il est important de noter que les pratiques recensées constituent des retours de pratiques en élevage sans validation scientifique formelle. Par ailleurs, le nombre de personnes interrogées n’est pas suffisant pour être représentatif de l’ensemble des usages.

Le type de préparation est également très hétérogène. Les préparations employées entrent dans le cadre défini par l’EMA en phytothérapie humaine.Ce sont les plantes en l’état ou en poudre qui sont le plus souvent citées, notamment dans des bassines à lécher.Les différents types de préparations de plantes – en particulier des extraits aqueux ou hydroalcooliques – ne mettaient pas en évidence de concentration spécifique de certaines classes de molécules végétales et ont été considérés comme des poudres dans les premières évaluations, sans préjudice de solubilité différentielle des molécules. La pratique de la gemmothérapie est anecdotique dans le relevé.

Les espèces végétales et les parties de plantes ne sont pas toujours bien définies. Lorsque les parties de plantes n’ont pas été explicitement désignées ou lorsque les plantes ont été citées par leurs noms français, celles qui sont le plus généralement utilisées et correspondant aux emplois traditionnels reconnus par la pharmacopée française (listes A et B des plantes médicinales), ont été retenues dans l’inventaire, conformément aux listes proposées par l’ITAB et le RéPASS et à la littérature spécialisée en phyto / aromathérapie vétérinaire. Des produits manufacturés ont parfois été cités : des ambiguïtés importantes sur l’identité des plantes et des préparations ont été relevées (désignation des plantes et des H.E. par des noms erronés, incomplets ou approximatifs ; absence de spécifications ou erreurs dans le libellé des préparations). Il apparait comme important que les fabricants de produits à base de plantes (additifs alimentaires, aliments complémentaires) donnent des informations précises sur les préparations commercialisées.

Concernant les DROM, des différences notables d’usages des plantes et H.E. en élevage sont apparues par rapport à la métropole – l’audition spécifique ayant essentiellement porté sur les plantes à caractère vermifuge. Les plantes citées sont principalement des plantes tropicales, et ne sont pas forcément répertoriées par la pharmacopée française. Des auditions supplémentaires seraient nécessaires pour mieux couvrir ces territoires. Ces plantes ne sont pas prises en compte dans le relevé, les usages étant spécifiques à des espèces végétales

locales, à quelques exceptions près pour des plantes cosmopolites. Seules 3 espèces étaient communes aux pratiques métropolitaines.

Les informations obtenues sur les usages en élevage en France métropolitaine portaient essentiellement sur le traitement de bovins et de petits ruminants, ainsi que sur des volailles.

La saisine se focalisant sur les LMR, les différents objectifs de filières (viande, lait, œufs) ont été pris en compte. L’élevage porcin est peu représenté dans les auditions par manque d’interlocuteurs ayant des connaissances sur les utilisations dans ce type d’élevage et ce malgré plusieurs auditions dans des zones à forte densité d’élevage porcin. Des problèmes d’appétence limitant les usages de la phyto / aromathérapie chez le porc ont par ailleurs été rapportés. L’Institut Français du Porc (IFIP) a été contacté mais ne dispose pas d’informations sur les usages. La chambre d’agriculture de Bretagne a conduit une enquête en 2015 auprès de 30 entreprises proposant des produits alternatifs en production porcine. Les résultats publiés de cette enquête ne sont pas assez précis pour être intégrés au relevé (Lemoine, Calvar et Dubois 2016). Quelques usages relatifs aux équins ont été relevés. Des usages pour d’autres espèces productrices de denrées (abeilles, poissons, escargots…) ont été cités mais restent anecdotiques.

Ce relevé permet d’avoir un premier support de travail pour la phase d’évaluation du risque pour le consommateur, qui sera appelée phase d’identification dans la suite du rapport, en l’absence de données de vente en phyto / aromathérapie dans le secteur vétérinaire. Les plantes et H.E.de ce relevé sont toutes présentes dans les listes de l’ITAB et du RéPASS.

3.3 Critères pour la sélection

Afin d’exploiter les auditions et d’en ressortir les plantes et H.E. les plus utilisées, une pondération en expression du pourcentage de citations a été réalisée. Le travail sur la phase d’identification a été réalisé sur les plus citées avec un seuil de convergence fixé à 40 %. Ce seuil permet de traiter un nombre réaliste de cas dans un temps limité. Cette première étape doit permettre de définir une méthodologie pour ensuite être en mesure d’évaluer un plus grand nombre de plantes et d’H.E. Le cas échéant, des plantes ou H.E. proches ont été considérées conjointement. Il est important de noter que ces plantes et H.E. les plus citées avaient toutes une importance spécifique dans la pratique des personnes auditionnées (efficacité, sécurité, fréquence d’emploi, citations multiples au cours d’une même audition).

3.4 Biais relevés

Différents biais ont été mis en évidence :

 Le relevé de certaines plantes, préparations ou H.E. alors que leurs utilisations sont anecdotiques ou non significatives, car d’emploi exceptionnel d’après les personnes auditionnées ;

 L’émergence de plantes mineures, qui n’auraient pas été citées spontanément, mais qui sont ressorties dans certaines auditions au cours desquelles les échanges ont été plus poussés ;

 Certains auditionnés se tournent vers l’offre de laboratoires qui proposent les mêmes plantes et H.E. en association dans des produits différents entrainant une possible sur-représentativité dans l’inventaire. Les ingrédients individuels de ces produits ont cependant été cités de manière récurrente par l’ensemble des personnes interrogées et ce biais est considéré comme négligeable ;

 Des ambigüités sur le nom des espèces réellement utilisées, par exemple pour « la cannelle » dont l’espèce précise n’était pas forcément mentionnée (ex : Cannelle de Chine ou cannelle de Ceylan), ou encore pour des H.E. pouvant provenir d’espèces différentes (ex : « H.E. de Melaleuca » : dans ce cas, les H.E. d’arbre à thé (Melaleuca alternifolia) ou de Melaleuca à eucalyptol majoritaire ont pu être distinguées sans ambiguité). Dans de tels cas, l’interprétation peut notamment se faire en fonction du coût d’achat ou de la disponibilité des plantes ou de leurs préparations. Des ambiguités similaires existent parfois pour des CT d’H.E.

3.5 Listes des plantes, huiles essentielles et substances retenues pour la phase d’identification

La liste des plantes et H.E. sur lesquelles la phase d’identification a été réalisée est présentée dans le Tableau 1 et le Tableau 2. Ces plantes et H.E. ont fait l’objet d’une analyse bibliographique.

Tableau 1 : Liste des plantes sélectionnées pour la phase d’identification

Nom commun