• Aucun résultat trouvé

Les défis pédagogiques que doit relever l’Afrique sont majeurs et incontournables. Nous avons cité quelques-uns plus haut ; les TIC se pressentent comme un enjeu majeur pour résoudre les problèmes qui assaillent l’Afrique dans sa course au développement. En juin 1996, la Commission des Sciences et de la Technique au Service du Développement (CSTSD), en collaboration avec le CRDI à travers un groupe de réflexion sur les TIC et le développement, a proposé cinq indicateurs de développement axés sur l’amélioration de la qualité de vie des populations : éducation, santé, revenu, gouvernance et technologie.

Si l’on considère que ces cinq indicateurs sont des indicateurs-clés de développement pour les pays africains en général, les TIC ne peuvent être socialement bénéfiques que si elles contribuent à l’élimination de la pauvreté (hausse des revenus), à l’amélioration de la santé et de l’éducation, à une meilleure utilisation et un partage équitable des ressources, au renforcement de la participation dans les processus de prises de décision. S’agissant des TIC et de l’éducation en Afrique, Cette solution « miracle » qui consiste à utiliser les médias pour

pallier au manque d’enseignants et scolariser le plus grand nombre a entraîné désillusion et frustration même chez certains Africains innovateurs dans leur contexte et leur époque. (L’expérience de BOUAKE, Télé NIGER) pour faire la classe sans enseignant a été à l’origine de nombreuses tentatives d’intégration de média en Afrique. Il est donc utile si l’on veut intégrer les Tics aux outils pédagogiques déjà en place de bien cerner les forces et les faiblesses de ceux-ci.

Nous irons dans le sens du PNUD (2001), qui estime que, même si une croissance économique soutenue facilite la création et la diffusion d’innovations utiles, la technologie n’est pas seulement une résultante de la croissance, mais elle peut être mise au service de la croissance et du développement Et de ce point de vue, les pays d’Afrique peuvent tirer largement profit des nouvelles technologies, même si des défis importants sont à relever dont celui d’adapter les nouvelles TIC aux conditions et aux utilisations locales et chaque pays devant être en mesure de comprendre les innovations pour les adapter à ses propres impératifs de développement.

Ainsi, les Tics auraient entre autres enjeux en Afrique : la reforme de l’éducation, l’amélioration de l’enseignement et de l’apprentissage, la réduction de l’écart du genre, la diminution de taux d’abandon et de l’impact du VIH/SIDA sur l’abandon de la scolarité et la qualité de l’éducation, la promotion des équipes de recherches et la dissémination des résultats de la recherche, la planification et le développement des partenariats.

Les TIC sont créditées d’un caractère transformateur et des changements profonds et significatifs sont attendus, qui résultent de leur utilisation élargie en éducation en Afrique. Les nouvelles technologies (numériques) bien qu’impressionnantes, ne peuvent à elles seules déterminer les changements attendus de leurs utilisations ; elles ne sont que des artefacts. Comme tout artefact, c’est le contexte social dans lequel elles sont introduites et mises en œuvre qui détermine leurs utilisations et leurs impacts. La révolution numérique n’est pertinente pour l’Afrique que dans la mesure où elle tient compte des réalités et aspirations quotidiennes des individus (Uimonen 1997). La non-reconnaissance de la dynamique régionale ouvrirait la porte à l’incohérence du système. (Nations unies, 2006)

4.1. Enjeux des médias et de l’intégration des TIC dans l’éducation en contexte africain

Si en Amérique du Nord, en Europe et dans certains pays d’Asie, les TIC constituent désormais des ressources importantes, voire incontournables dans le domaine éducatif, parce qu’ayant intégré des stratégies de promotion des technologies dans leurs politiques de développement, elles ne le sont pas encore sur l’ensemble du continent africain. En outre, il serait difficile de réfléchir en termes de hautes technologies de l’information et de la communication dans des pays qui ont peu de routes viables ou qui connaissent des difficultés d’accès à l’eau potable et à l’électricité (Lewis, 2004). À cela, s’ajouteraient les problèmes de santé, de construction des écoles, d’urbanisation, d’exode rural, d’hygiène et salubrité ainsi que l’ensemble des problèmes décrits précédemment. Ce sont là des préoccupations vitales quotidiennes considérées en Afrique comme des priorités et qui détourneraient l’attention sur l’importance à accorder aux TIC en tant que tremplin pour le développement de l’Afrique. En somme, comme le relève Depover (2005), les besoins à satisfaire sont si nombreux, et les moyens disponibles si réduits qu’on se demande bien si les TIC ont leur place dans l’école en Afrique. Pourtant, ces technologies d’après les experts et les membres du G8 figureraient parmi les solutions privilégiées pour faire face aux nombreux défis qui interpellent les Africains (Castonguay, 2005). En outre, les TIC présenteraient pour l’Afrique un important atout, et constitueraient une véritable passerelle, voire des instruments sur lesquels le système éducatif pourrait miser pour améliorer la qualité des enseignements et pour assurer son développement (Tchameni, 2007). De plus, comme l’indiquent Karsenti, Depover et Komis (2007), il faut former les jeunes pour la société d’aujourd’hui et de demain. En effet, l’intégration des TIC dans l’éducation en Afrique est un phénomène aux enjeux considérables dont l’ensemble du milieu éducatif et des acteurs décisionnels doit en être conscient afin que l’implantation de ces technologies soit une option bénéfique pour tous, sur le plan social, culturel et économique. Les observateurs les plus optimistes estiment qu’avec l’ère des nouvelles technologies et des réseaux, il se présente aux pays africains une opportunité sans précédent d’accéder, de profiter, mais surtout de contribuer pleinement à ce nouveau monde basé sur la connaissance, car en fait l’information juste et fiable est un élément clé pour le développement durable (Brodnig et al. 2000).

Certes, l’importance des TIC en éducation est internationalement reconnue. Mais, il demeure qu’en Afrique en particulier, son utilisation pratique bute à des difficultés et contraintes de

divers ordres. Une brève présentation des différents enjeux est faite dans les quatre prochaines sections. Il s’agit premièrement des enjeux sociaux, culturels et économiques liés aux médias dans l’éducation (section 1.2.1) et deuxièmement des enjeux motivationnels des TIC en éducation et dans la formation des enseignants (section 1.2.2). Troisièmement, sont décrits les enjeux épistémologiques de l’intégration des TIC dans la formation des enseignants des niveaux d’enseignement primaire, secondaire et universitaire (section 1.2.3) et quatrièmement, sont exposés les enjeux relatifs aux contextes d’autoformation, et de la formation initiale et continue.