Les EGRIM, une concertation citoyenne et des chantiers pour l’avenir

La concertation des EGRIM organisée d’avril à juillet 2016 avait pour ambition de consulter une grande partie de la population sur les enjeux multiples de la mobilité (sociaux, économiques et environnementaux). Les objectifs de ces échanges étaient de connaître les attentes citoyennes dans le cadre des nombreux projets à poursuivre ou à initier en Occitanie. Les sujets portés entre autre sur développement des TER, de la LGV, du maillage des différents réseaux de transport, sur l’avenir des TET ou encore la prise en compte de l’intermodalité et de la tarification.

Cette large concertation territoriale avait pour ambition de permettre à chacun de s’emparer de sujets autour des chantiers prioritaires à mettre en place en matière de rail et d’intermodalité en Région.

Figure 74 : Carte des lieux et dates des réunions publiques des Etats Généraux du Rail et de l’Intermodalité et des lieux de distribution des questionnaires papiers

L’utilisation de nombreux canaux d’information et d’échanges accessibles au grand public devaient mobiliser un maximum d’habitants de la Région. Pour ce faire, la Région a organisé des réunions publiques sur l’ensemble du territoire, une information dans chaque gare, sur les sites Internet, une enquête auprès du public par le biais d’un questionnaire, la saisine du Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) ainsi que la mise à disposition d’un espace sur le site Internet pour le dépôt de contributions libres. Ces outils ont été disponibles durant 80 jours, du 21 avril au 9 juillet.

Au total, 37 réunions publiques ont été organisées (voir carte ci-dessus), dans chaque préfecture et sous-préfecture. Les lieux de réunions étaient principalement dans les lycées, dans les sites des hôtels de Région à Montpellier et à Toulouse ainsi que dans des lieux mis à disposition par les municipalités.

Le bilan de cette grande consultation a permis d’avoir des retours sur les besoins des habitants d’Occitanie en matière de mobilité. Nous retrouvons des attentes citoyennes concernant la tarification et la billettique dans la partie « simplifier et faciliter l’usage » ou l’on retrouve notamment des besoins concernant les horaires et les correspondances, l’encouragement à la mobilité cyclable, le développement des PEM, la présence humaine et l’interconnexion des réseaux.

3.1.1 La demande des usagers : Simplifier la tarification régionale

La concertation a mis en avant la nécessité d’une meilleure lisibilité de la gamme tarifaire. Le questionnaire rapporte un taux de satisfaction concernant les prix des TER à conforter : 52% des usagers des TER (réguliers ou occasionnels) ne sont pas satisfaits du prix des trajets, la satisfaction est meilleure concernant les autocars régionaux mais les tarifs pratiqués sont aussi une des priorités d’amélioration du service. Certaines propositions ont été faites lors des réunions pour simplifier la gamme tarifaire telles que l’harmonisation entre les modes à l’échelle de la Région ou l’harmonisation entre les différents canaux de distribution.

Alors que la part des recettes correspondant aux billets payés par les voyageurs ne représente pas plus de 30% du coût du TER (70% étant financé par la Région), cette perception du TER « cher » représente un défi. Enfin, les contributions mettent en exergue le besoin de retrouver un train performant et concurrentiel. Pour le CESER, cela passe par la mise en place d’une « tarification incitative, différenciée selon les lignes, la

Figure 75 : Réunion EGRIM présidée par Madame la Présidente Carole Delga

qualité de l’offre et les horaires pour les déplacements plus occasionnels. » Il ressort des contributions et des réunions publiques l’idée de mettre en place des tarifs bas pour les plus petites lignes et les trains les moins performants. Le CESER suggère également la mise en place d’une tarification sociale, adaptée aux usages, et qui s’appuierait sur des abonnements pour les usagers réguliers.

Cette simplification passe également par la mise en place d’une billettique unique, la demande étant récurrente. Les retours du questionnaire fait état de cette forte demande : 85% des personnes ayant déjà pris au moins une fois un train ou un autocar régional jugent utile la mise en place d’une carte unique pour l’utilisation de tous les transports en commun (train, autocar, tram, métro, bus). Lors des réunions publiques, il a été fait référence de nombreuses fois au « Pass Navigo » qui permet d’emprunter tous les modes de transport en Ile-de-France. Il s’agit pour le CESER d’avoir l’ambition d’un « titre unique interopérable, accessible depuis tous les canaux de distribution. » Les titres de transport doivent être accessibles en tout point du réseau : 84% des usagers des trains et cars pensent qu’il est utile d’avoir un distributeur automatique de billets de train dans toutes les gares de la Région.

Les données récoltées permettent à la Région de connaître les besoins des usagers en termes de simplification tarifaire afin de ne pas ressentir de « déconnexion » entre les transports régionaux, une question centrale qui réunit donc les problématiques liées à l’intermodalité. Même chose pour la billettique, les habitants estiment que la Région peut être capable de leur proposer une solution simple afin de faciliter leurs déplacements (gains de temps et de lisibilité) sur l’ensemble du réseau régional largement élargi. Ces sujets sont d’ailleurs repris dans le rapport des EGRIM faisant état « des ambitions » et se place à juste titre dans l’ « ambition 1 » nommée « Amener les usagers vers les transports en commun ». Les besoins des usagers associés aux 6 grandes ambitions régionales ont ensuite permis de dégager 10 chantiers majeurs (plus 1). La tarification et la billettique sont au cœur des chantiers 2 « Harmonisation de la tarification et le billet intermodal » et 11 appelé « Innovation » dans la partie « Innovation technologique et d’usage » pour un meilleur service offert aux usagers. Nous allons voir comment s’articule ce chantier 2 et quels sont ses ambitions au regard de l’état des lieux que nous avons observé en deuxième partie de ce mémoire.

3.1.2 Le chantier 2 : L’harmonisation de la tarification et le billet intermodal

La structure de ce chantier est de mettre en place « une gamme régionale plus simple, aux prix plus lisibles, plus facile à vendre, mieux positionnée par rapport aux autres activités ferroviaires (TGV et TET), et plus compétitive face à la concurrence de la voiture individuelle, mais aussi du covoiturage et des autocars longue distance. » (EGRIM 2016).

Ce chantier s’appuie donc sur une logique d’équité territoriale car la Région doit mettre en place une seule gamme tarifaire unifiée sur le nouveau réseau Occitanie/ Pyrénées- Méditerranée en adaptant les tarifs aux usagers fréquents (abonnés, scolaires, étudiants...), occasionnels (tourisme, culture...) et sociaux (jeunes, demandeurs d’emploi...). Cette harmonisation se fera en parallèle de la création d’un titre unique permettant l’utilisation de plusieurs réseaux (TER, autocars, métro, tram...).

Simplifier le billet repose sur la simplification des niveaux tarifaires, mais également sur la simplification du nombre de titres existants. Pour ce faire, la Région va travailler à un titre de transport intermodal pour l’ensemble des usagers du territoire, en s’appuyant sur des dispositifs existants. Une démarche de convergence vers plus d’interopérabilité entre les systèmes billettiques des différents réseaux de transports (régionaux, départementaux, urbains) va s’engager. L’objectif étant de faciliter la vie du voyageur pour l’ensemble de ses déplacements dans la région.

Il prévoit aussi de faciliter la vente en mobilité, ainsi que le titre de transport dématérialisé (sur smartphone, internet). Enfin, du point de vue de l’information aux voyageurs serait développées la mutualisation et la publication des données transport sur des canaux à forte visibilité pour le public.