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Vers une tarification harmonisée en Occitanie

3.2 Elaborer un modèle tarifaire harmonisé

3.2.4 La concurrence dans les transports de voyageurs, quels risques pour le service public régional ?

La libéralisation du transport par autocar longue distance

Depuis Août 2015 et la loi Macron, le secteur du transport par autocars a été libéralisé, autrement dit ce marché est devenu libre l'accès aux différents agents économiques, privés ou publics. Cela s’est traduit par la fin du monopole ferroviaire de la SNCF sur les trajets longue distance. Cette nouvelle offre de transport a été empruntée par 5,2 millions de personnes en l’espace d’un an. Un enquête de l’ARAFER stipule que 900 000 de ces passagers n'auraient pas voyagé en l’absence de cette offre.

C’est donc le train et la SNCF qui font particulièrement face à de cette concurrence à bas coût. Les autocaristes qui se sont lancés sur le créneau sont l'entreprise allemande FlixBus, Eurolines, Isilines (filiale de Transdev) et Megabus qui est devenue la première entreprise à faire faillite sur ce marché en novembre 2016. Pour récupérer des parts de marché et s’adapter à ces nouveaux acteurs des transports, la compagnie Ouibus, filiale de la SNCF, qui avait déjà des lignes en Europe, a ajouté de nouvelles destinations en France dès Août 2015.

Ces nouveaux opérateurs privés sont donc rentrés sur le marché des transports collectifs routiers. Malgré des prix revus à la hausse, ces entreprises ont à l’origine pratiqué un réel dumping sur les prix pour faire concurrence au mode ferré sur les longues distances. Mais cette concurrence se ressent aussi sur des liaisons inférieures à 100km, même si une procédure de déclaration auprès de l’ARAFER est requise pour les opérateurs privés avant la commercialisation de lignes de 100km ou moins. Cette autorité de régulation a donc la compétence de juger si l’implantation ne porte pas atteinte à l’équilibre financier d’un réseau de transport public existant (au moins 15% d’impact financier sur les bénéfices). Les autorités organisatrices (dont la Région) disposent alors d’un délai de 2 mois pour effectuer une saisine auprès de l’ARAFER, afin de limiter ou d’interdire un projet de dessertes du service public existant (trains TER, autocars TER, lignes départementales). Aujourd’hui, rares sont les nouvelles liaisons dont l’ARAFER a décidé l’interdiction.

Figure 79 : Les opérateurs privés longues distances en Région Occitanie

193 villes françaises sont desservies par les opérateurs Flixbus, Ouibus et Isilines. La carte ci-dessus montre l’ensemble des lignes d’opérateurs privés longues distances présentes en Occitanie et dans les Régions limitrophes. Isilines et Ouibus effectuent le plus de dessertes à l’échelle régionale avec notamment des trajets déjà encadrés par les services de transports régionaux comme l’axe structurant Perpignan – Narbonne –

Béziers –Montpellier - Nîmes ou encore des trajets vers Toulouse comme Agen, St Gaudens, Montauban, Carcassonne.

L’Occitanie doit donc prendre en compte ces entrants dans le marché des transports collectifs, à la fois sur la question de dessertes mais également en termes de tarifications pratiquées. La Région doit réussir à offrir un service de transports collectifs séduisant pour l’usager, par sa qualité de service et sa tarification, et s’adapter à l’existence de ces lignes dans le transport régional. La subtilité demeure dans les finalités, la Région doit remplir sa mission de service public, les « cars Macron » ont eux des objectifs de rentabilité. La mise en place de « conventions » entre la Région et les opérateurs portant sur une non-concurrence peut être une piste de réflexion mais il parait difficile de l’envisager.

Ce tableau résume les offres de transports existantes entre Montauban et Toulouse, leur temps de trajet, la fréquence quotidienne (en semaine) et le nombre d’arrêt qu’ils effectuent entre les deux villes si c’est le cas. Sans abonnements particuliers, les autocars « macron » et notamment Isilines pour ce trajet viennent concurrencer directement l’ensemble de l’offre régionale en termes de prix avec une pratique tarifaire deux fois moins élevée que pour le TER et les Cars régionaux. Il concurrence une nouvelle fois le car régional en termes de temps de trajet avec 30 minutes de moins. Cependant ces données sont à nuancer du point de vue des dessertes ainsi que de la fréquence car ce service de transport privé n’effectue qu’un seul trajet quotidien sans aucun arrêt entre les deux villes et effectue la dépose au niveau des gares routières proches des gares ferroviaires. Cette ligne d’autocars longue distance établie entre ces deux villes ne vient donc pas « gêner » les services de transport régionaux car elle ne correspond pas à une offre régulière et ne dessert pas les territoires intermédiaires. Cependant son offre tarifaire attractive peut attirer une petite partie des voyageurs occasionnels s’ils n’ont pas connaissance des offres régionales ferroviaires actuelles (Tikémouv’ par exemple).

Blablacar et la nouvelle offre blablalines

Un autre acteur vient concurrencer l’offre régionale dans les solutions qu’il offre aux usagers, il s’agit du covoiturage. L’initiative consiste en l'utilisation commune d'un véhicule par un conducteur non professionnel et un (ou plusieurs) passager(s) dans le

but d'effectuer tout ou une partie d'un trajet commun. Cette pratique a le vent en poupe depuis dix ans et apporte aujourd’hui une vraie solution de mobilité face à l’augmentation des coûts liés aux déplacements.

Des entreprises comme Blablacar compte aujourd’hui de nombreuses annonces et propose des trajets à coût réduit dans une ambiance de convivialité sur des moyennes ou longues distances (en moyenne 300 kilomètres). Comme nous le voyons dans le tableau comparatif ci-dessus, les prix proposés sont à peu près similaires à ceux proposés par les lignes autocars « macron » pour une le trajet Montauban-Toulouse. Le temps de trajet est cependant moins important. On ne peut pas déterminer le nombre d’arrêts qu’effectuent les covoitureurs car cela dépend de l’annonce qu’il poste sur le site internet. On ne peut pas non plus chiffrer le nombre d’individus qui utilisent cette solution de transport entre les deux

villes. Cependant la création d’une nouvelle ligne « pilote » Blablalines qui se spécialise dans les trajets du quotidien (Domicile-Travail) est révélatrice du succès rencontré. Avec l’intégration d’un modèle d’accessibilité facilité notamment pour les correspondances avec les transports urbains et des sites de rencontres prédéfinies, ces nouvelles « lignes » de transport posent de vraies questions en termes de réponse à apporter par le

service régional de transport. Cette « alternative au train plus économique » peut en effet impacter la fréquentation des TER ou des cars régionaux si les usagers ne sont pas satisfaits de la qualité de service.

Ces concurrences en termes de transports sont à prendre en compte dans la conception d’une nouvelle gamme tarifaire. Avec une plus grande flexibilité pour l’usager et des applications qui intègrent les nouvelles habitudes intermodales, la Région doit réussir à proposer une gamme et des services séduisants.

3.3. Vers une gamme harmonisée et un titre intermodal : les pistes de