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2. É TAT DES CONNAISSANCES

2.3 Effets de la RAC dans un contexte de collaboration école-entreprise

2.3.1 Effets sur les individus

D’abord, la reconnaissance des compétences peut avoir des effets favorables pour l’individu en bénéficiant qui devient plus employable sur le marché du travail (Berglund et Andersson, 2012). Pour certaines personnes, la démarche permet de voir leur emploi d’une manière différente, souvent plus positive, et d’être plus attentives aux tâches qu’elles exécutent dans leur quotidien (Blom, Clayten, Bateman, Berggod et Hughes, 2004). La démarche de reconnaissance des compétences augmente la confiance en soi, favorise la reconnaissance du vécu des individus et donne une valeur à leurs compétences. De plus, cela permet la prise de conscience de certaines limites, permettant de cibler des éléments de formation continue (Combes et al., 2008).

On constate aussi que la reconnaissance des compétences, dans une démarche soutenue par l’entreprise, peut accroitre la motivation des personnes face à leur travail (Kis et Cationa Windish, 2018). L’incitation de l’employeur à participer à une démarche comme la VAE en France peut engendrer chez les individus un sentiment de reconnaissance de leur contribution dans la production de l’entreprise. En fait, les individus ont une prise de conscience de leur production

individuelle et de son impact dans l’entreprise (Bureau et Tuchsziner, 2010). En somme, une démarche de reconnaissance des compétences apporte des effets positifs pour les individus.

2.3.2 Effets sur les entreprises

Les recherches montrent que les entreprises retirent une diversité de bénéfices à collaborer à la mise en œuvre d’un dispositif apparenté à la RAC québécoise. Berglund et Andersson (2012), dans une recherche ayant pour but de documenter des pratiques de reconnaissance des compétences en entreprise, s’intéressent aux effets de ce processus à partir d’une vingtaine d’entrevues auprès de différents acteurs de deux entreprises, dont des représentants des ressources humaines et des superviseurs d’équipe. Les résultats indiquent qu’une démarche de reconnaissance des compétences permet d’utiliser le plein potentiel des employés dans l’organisation et d’éviter l’inutilisation de « compétences dormantes » (dormant skills) (Berglund et Andersson, 2012). De plus, l’obtention d’un diplôme par voie de reconnaissance des acquis est perçue avoir un effet positif sur la productivité des salariés et la qualité du service aux clients. Un constat similaire est fait dans une étude australienne auprès de quatre entreprises intégrant la RPL dans leur organisation. On y a constaté que la mise en œuvre du dispositif a soutenu la rétention de la main-d’œuvre et contribué à une culture du savoir des entreprises en bénéficiant (Blom, Clayten, Bateman, Berggod et Hughes, 2004). On y constate également que la RPL a permis de réduire les coûts de formation dans les entreprises participantes et de personnaliser la formation aux besoins spécifiques des employés. Hargreaves et Blomberg (2015), dans un rapport sur le rôle de la RPL dans la formation professionnelle fondée sur les compétences, l’entrée dans le métier et la diplomation, font état d’une recension d’écrits scientifiques et institutionnels de divers pays, dont

l’Australie, le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis et l’Europe, de la période 2009 à 2014.

Bien que rappelant le peu d’études sur le sujet et le petit nombre d’adultes participant à ce type de dispositif, ils rapportent que diverses études « suggèrent » (p. 11) des résultats positifs pour les entreprises (positive outcomes for employers), mais que les retours positifs sur l’investissement pour les entreprises sont encore peu documentés, ce qui pourrait avoir un effet sur la volonté des entreprises de s’engager dans ce type de dispositif de collaboration. Selon ces auteurs, les effets positifs documentés sont davantage ceux qui se rapportent aux individus. Cependant, les auteurs rapportent des résultats qui indiquent que la RPL a élargi le bassin de personnel qualifié dans des entreprises, ce qui est avantageux en période de surcharge de travail, ce qui a favorisé le développement de nouvelles compétences au sein d’entreprises et a amélioré la productivité des employés devenant plus rapides dans la réalisation de tâches quotidiennes (Australian Government, 2011).

Dans le même ordre d’idées, une étude de l’OCDE, faisant une analyse de l’implantation de la RAC dans les entreprises de plusieurs pays, fait part de la pertinence de ce type de dispositif envers la loyauté des employés, particulièrement dans des secteurs d’activités plus en difficultés.

La reconnaissance officielle des compétences offre à l’entreprise une image plus positive de la part de ses employés et de la société en général (Kis et Cationa Windish, 2018). Enfin, l’analyse de monographies sur la VAE dans 15 entreprises soulève divers résultats pour les organisations de collaborer avec un milieu scolaire à l’implantation d’une démarche comparable à la RAC auprès de leurs employés (Combes et al., 2008). Par exemple, la monographie d’une entreprise du secteur de la distribution alimentaire révèle que la VAE fût bénéfique pour sa productivité, puisque son

chiffre d’affaires a augmenté de 4,1 % en 2006, soit l’année suivant la première participation de 23 de ses employés à la démarche.

2.3.3 Effets sur les organisations scolaires

En ce qui concerne le milieu scolaire, contrairement à la recherche sur le partenariat école-entreprise en formation initiale, il n’y a pas de traces dans les écrits consultés sur des démarches comparables à la RAC d’effets sur les établissements de formation d’une collaboration avec les entreprises. On sait que dans le partenariat en formation, la collaboration donne accès à des milieux de pratique pour l’apprentissage des élèves (Polesel et al., 2017). On peut penser, à la suite du Guide sur les bonnes pratiques en reconnaissance des acquis et compétences entreprise (CERAC Beauce-Etchemin. 2020), qu’il y a un effet similaire en RAC, donnant accès à un bassin de personnes candidates à la RAC qui ne se présenteraient pas dans les établissements scolaires de leur propre initiative. Cependant, celui-ci n’est pas encore documenté par des études scientifiques.