• Aucun résultat trouvé

POSITIONNEMENT DE LA RECHERCHE

I. Cadre d’analyse de la recherche

2.4. La stratégie d’accès au réel

2.4.2. Les données de la recherche

Pour répondre aux objectifs de la recherche, il faut encore préciser quels genres d'informations seront nécessaires, et où les trouver, les cueillir. Quelle est la nature et quelles sont les garanties de fiabilité des données qui seront utilisées.

Nous avons des données secondaires et des données primaires. Les données secondaires recueillies auprès des institutions concernées ont juste servi à la présentation du niveau d’analyse. Les données primaires, sont celles que nous avons recueillies auprès des primo créateurs. Nous avons pour cela procédé par des interviews enregistrées et retranscrites par la suite.

2.4.2.1. L’interview comme stratégie de collecte des données

Les données sont importantes pour ce travail car elles constituent les prémisses du modèle, l’esquisse de la connaissance produite. Ce sont des données d’entrée du processus de recherche, qui sont transformées après interprétation et analyse en données de sortie : nos résultats (Moreau, 2004).

Lorsque la donnée est considérée comme objective, donc existant en dehors de toute interprétation humaine, il y a indépendance entre le chercheur et l’objet de l’étude. A l’inverse, lorsque la donnée résulte d’une construction sociale, il existe alors une forte interdépendance entre le chercheur et l’objet de l’étude (Mbengue et Vandangeon – Derumez, 1999). En rappel nous avons adopté dans cette recherche, un positionnement interprétativiste et une approche qualitative. Pour ce type de recherche, les données que nous utilisons ne sont pas objectives,

160 elles dépendent de la compréhension et des interprétations que nous en avons faites les primo créateurs et nous. Elles sont construites. L’objectif dans notre investigation étant de recueillir des connaissances sur les expériences des entrepreneurs primo créateurs, nous avons retenu pour la collecte des données, la technique de l'entretien. L’entretien est une technique destinée à collecter, dans la perspective de leur analyse, des données discursives reflétant notamment l’univers mental conscient ou inconscient des individus (Thiétart et al, 2014). Les entretiens sont souvent rattachés à des recherches où il est difficile de postuler la neutralité du chercheur par rapport à l’objet étudié, soit parce que le chercheur interprète lui-même les propos des personnes interrogées, soit parce que les personnes interrogées interprètent les phénomènes observés (Mbengue et Vandangeon – Derumez, 1999). Toutefois, il est possible d’utiliser un tel outil de collecte, même lorsque la recherche impose une certaine distance entre le chercheur et l’objet de l’étude. Le principe est alors de mettre en œuvre différentes “ tactiques ”, selon les termes employés par Miles et Huberman (1991) et repris par Mbengue et Vandangeon – Derumez (1999) afin de garantir, soit une certaine objectivité au sein des propos recueillis, soit que les interprétations du chercheur sont relativement proches de celles des personnes interrogées. Il peut s’agir entre autres de la structuration de l’entretien (utilisation d’un guide plus ou moins bien formalisé). Elle permet de diriger le discours des personnes interrogées et de limiter les interprétations possibles. Ce type d’entretien appelé entretien semi-directif (encore nommé à canevas, à guide, semi-structuré), est plus court et plus aisé. Il convient pour des études exploratoires ou d’approfondissement (Ghiliglione et Matalon, 1998) et permet de faire une étude rétrospective (Demeres, 2002). Cette technique cadre parfaitement avec notre recherche puisqu’elle porte sur le processus de création des entreprises déjà établies avec au moins trois années d’exercice. Ce processus de création, nous le construisons à partir des expériences, des représentations et des opinions des primo créateurs concernés par la recherche. A cet effet, les thèmes abordés dans l’élaboration du guide d’entretien proviennent directement de la théorie et des questions de recherche. Néanmoins, l’ordre dans lequel ils sont abordés peut varier en fonction du déroulement de l’entretien et du discours de la personne interrogée qui peut elle-même aborder certains thèmes (Borges et al, 2008). Trois grands thèmes ont été retenus pour l’élaboration de notre d’entretien : les caractéristiques individuelles du primo créateur, l’environnement de la création, les activités réalisées au niveau des étapes. Pour ce dernier thème, le guide suit les étapes d’un processus de création d’entreprises tel que proposé par Borges et al (2008), à savoir l’initiation, la préparation, le démarrage et la consolidation.

161

Le guide d’entretien

Le guide d’entretien a été élaboré à partir de la revue de la littérature. Il aborde différents points de thématiques qui peuvent être présentés comme suit :

a. Les caractéristiques de l’entrepreneur a1. L’âge et le sexe du dirigeant

a2. Domaine de formation (Son parcours universitaire) a3. Son rôle dans l’entreprise

a4. Expérience avant la création

a5. Modèle entrepreneurial : existe-t-il des entrepreneurs dans votre entourage proche ? a6. Motivations

a7. Antécédent social a8. Statut matrimonial

b. L’influence de l’environnement b1. Le micro environnement -relations primaires -relations secondaires -relations tertiaires b2. Le macro environnement b2.1. L’environnement économique - le marché

- la main d’œuvre (ressources humaines) b2.2. L’environnement institutionnel - le dispositif d’accompagnement - le système financier

- l’université

b2.3. L’environnement culturel

b3. Les activités réalisées - Etape d’initiation

- Etape de préparation - Etape de démarrage - Etape de consolidation

2.4.2.2. Le déroulement des entretiens

L'entretien est un moyen d'échange entre individus. Un individu extrait une information à une autre personne. Si l’un a une volonté objective de connaissance, l’autre a un certain souci de communiquer, de courtoisie et d’utilité (Wacheux, 1996). Ce qui suppose que l’entretien se

162 prépare minutieusement. Il est important de créer une relation de confiance entre les interviewés et l’intervieweur. A cet effet nous avons établi au préalable une relation de confiance avec les entrepreneurs. La prise de contact en relation de face à face nous a semblé déterminante pour la suite du déroulement des rencontres. Nous avions eu au moins une rencontre à l’issue de laquelle nous avons échangé sur notre thème de recherche et les enjeux y relatifs, avec chacun des acteurs avant la phase de l’interview. Nous leur avions laissé à cette occasion un exemplaire du guide qui allait nous servir au moment de l’interview. Le choix du lieu d’entretien a une grande importance (Degeorge, 2007) de même que les horaires. L’interviewé doit se sentir dans un cadre qui lui convient. Il faut aussi tenir compte de sa disponibilité pour qu’il soit dans état d’esprit propice à ne pas perdre le fil de son raisonnement, avant tout ce sont des entrepreneurs. Nous avons demandé dans le cadre de cette étude aux sujets de choisir les lieux qui leur conviennent le mieux. C’est ainsi que nous avons interviewé cinq entrepreneurs (M.L, M.S, M.Z, Mlle K et Mme Z) sur leurs lieux de travail (leurs entreprises). Mlle I qui poursuivait toujours ses études a, quant à elle été interviewée au sein de son école. Nous avons dans chacun des cas laissé le soin aux entrepreneurs de choisir également les horaires qui leur conviennent. Aucun obstacle majeur ne s’est posé. Mieux, tous les entrepreneurs nous ont rassuré sur leur disponibilité jusqu’à l’aboutissement de la recherche. Avant de commencer chaque interview, nous avons après quelques mots amicaux, rappelé aux interviewés l’objet de la recherche, la forme de l’entrevue et le déroulement du processus. Nous avions dès notre rencontre de prise de contact prévenu les entrepreneurs que les interviews allaient être enregistrés63 afin d’obtenir par la suite des verbatim précis et exploitables. Une phase de sensibilisation à l’enregistrement a alors été nécessaire. Afin de faciliter cette phase qui peut s’avérer délicate (Sanséau, 2005) nous avons rappelé les conditions de confidentialité auxquelles ont droit les personnes participant à cette recherche. C’est ainsi que tout au long de cette recherche, chaque entrepreneur est désigné par la première lettre de son nom. Les entretiens ont donc été systématiquement enregistrés afin d’éviter toute perte possible d’informations recueillies. Cette collecte d’informations s’est faite sans influence aucune sur les sujets ni par des suggestions ou autres directives susceptibles de biaiser leurs réponses. Les sujets étaient libres donc de nous informer selon leurs propres mots, leurs visions, leurs perceptions de la réalité, leurs expériences…Mais, au fur et à mesure de l’avancement de l’entretien, nous avons veillé à ce que les orientations du discours se rapportent aux différentes thématiques prévues dans le

63 L’enregistrement permet une écoute répétitive des données après la collecte et une meilleure exploitation des données. Les données enregistrées constituent aussi une base de données qui pourront éventuellement être utilisées dans d’autres recherches.

163 guide d’entretien. Ceci en accord avec Walker (1985) qui affirme que «l’entretien est une conversation au cours de laquelle le chercheur encourage l'informant à relater, dans ses propres termes, les expériences et les attitudes reliées au problème de recherche ».

L’entretien avec chaque entrepreneur a durée entre 1h 07 mn et 1 h 45 mn. Les réponses ont été enregistrées à l’aide d’un téléphone portable pour être par la suite retranscrites et analysées. Nous avons aussi pris des notes à partir desquelles nous avons souvent relancé le sujet soit par souci de détails soit pour davantage d’explications.

A la fin de chaque entretien nous avons fait écouter l’enregistrement à l’entrepreneur, pour lui permettre d’être sûr de ce qu’il a dit. Les informations complémentaires ont été prises en compte dans les cas de figure. La retranscription des enregistrements (voir annexe 7) a été faite aussitôt après chaque interview. Nous avons soumis à chaque entrepreneur son interview retranscrite pour confirmation afin de nous assurer de la fidélité dans la retranscription.

Ce texte (la retranscription) appelé verbatim, représente les données brutes de l’enquête. La retranscription organise le matériel d’enquête sous un format directement accessible à l’analyse (Andreani et Conchon, 2015).

La retranscription a été faite manuellement même si les chercheurs font de plus en plus recours à des logiciels (NVivo7, Sphinx, etc). En effet les logiciels ne sont que des outils qui peuvent servir dans une ou plusieurs étapes du processus de recherche mais, aucun logiciel ne peut interpréter les données, cette tâche reste réservée au chercheur (Van der Maren, 1997 ; Bourdon, 2000 : cités par Wanlin, 2007). Il a été constaté que fondamentalement les démarches d’analyses étaient les mêmes : les tâches d’organisation des données sont identiques et les tâches d’analyses gardent les mêmes caractéristiques (Savoie-Zajc, 2000). Selon cet auteur, les logiciels sont donc des outils utilisables mais il leur est impossible de dépasser les idées et la créativité des prises de conscience du chercheur. Enfin, utiliser un logiciel n’améliore pas la validité des études. Les analyses valent ce que valent les étapes qui les ont précédées (Wanlin, 2007).

Le processus de collecte de données étant élucidé, nous présentons à présent la phase d’exploitation des données.

164