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Le contexte ou environnement de la création d’entreprise au Burkina Faso Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays en développement, les entreprises évoluent

POSITIONNEMENT DE LA RECHERCHE

I. Cadre d’analyse de la recherche

1.1. Le contexte entrepreneurial du Burkina Faso

1.1.2. Le contexte ou environnement de la création d’entreprise au Burkina Faso Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays en développement, les entreprises évoluent

dans un environnement souvent contraignant, tant sur le plan économique (marchés étroits et concurrence forte, main d’œuvre, etc.), institutionnel que culturel.

1.1.2.1. Le contexte économique

Le taux de croissance du PIB du Burkina Faso en termes réels s’est établi à 5,4% en 2016 nettement supérieur aux 4 % de 2015 mais en-dessous de la moyenne de 6 % enregistrée au cours de la décennie 2003-201351. En 2017, le taux attendu est de 8%. La croissance économique rime le plus souvent avec une hausse de la demande des biens et services et de la main d’œuvre qui constituent les sous composantes du contexte économique dans notre étude. Toutefois dans son étude sur les motivations entrepreneuriales des femmes au Burkina Faso, Hien (2002) affirme que les facteurs associés au potentiel ou aux caractéristiques du marché semblent avoir été secondaires dans le choix du secteur d’activité. Les deux facteurs d'influence majeurs, selon lui, sont la connaissance du secteur (55%) et l’intérêt marqué pour le secteur en question (36%).

1.1.2.2. Contexte culturel

L’entrepreneur burkinabè n’évolue pas, comme on l’aurait cru, dans un environnement socioculturel hostile (Dialla, 2004). En effet, le réflexe communautaire qui caractérise la culture burkinabè n’est pas forcément un frein à l’éclosion de l’esprit d’entreprise. Le sens des affaires a existé dans les sociétés traditionnelles, comme en atteste d’ailleurs l’existence de nos jours de quelques entrepreneurs de la première génération. Contrairement aux idées reçues, l’esprit communautaire, dans certains cas, peut être un levier pour l’entrepreneur.

Pour sa part, Ouédraogo (1999) estime que la loyauté familiale ou ethnique atténue les rivalités, interdit les comportements immoraux, induit le dévouement à la cause commune et la fidélité à l’entreprise. En plus, les métamorphoses actuelles telles que la montée de l’individualisme et la valorisation de l’image de l’individu (à travers des comportements ostentatoires) sont citées comme des facteurs favorisant l’éclosion de l’esprit d’entreprise. La réussite individuelle est très souvent partagée dans une certaine mesure avec la communauté sur laquelle rejaillit très souvent cette réussite individuelle (Dialla, 2004). Toutefois, en ce qui concerne les femmes, de nombreuses pratiques coutumières et même certains aspects du droit continuent en effet à les défavoriser notamment en matière de propriété (Hien, 2002). Enfin, Ouédraogo conclut que

51http://www.banquemondiale.org/fr/country/burkinafaso/overview, consulté le 02 Aout 2017 à 2h 40mn.

127 l’éducation familiale reçue, surtout les valeurs morales (persévérance, vivre du fruit de ses efforts) auraient été déterminantes dans la décision d’entreprendre.

1.1.2.3. Contexte institutionnel

Au Burkina Faso, il a fallu attendre la libéralisation opérée à travers les programmes d’ajustement structurel du début des années 90 pour voir se développer des initiatives de promotion du secteur privé comme moteur de développement. Ces initiatives, éléments d’appréciation du contexte institutionnel, nous les présentons à travers le dispositif d’accompagnement non financier, le système financier et l’université.

a. Les dispositifs d’accompagnement non financier au Burkina Faso

Les structures formelles d’accompagnement non financier au Burkina Faso sont constituées des structures publiques et privées qui peuvent à leur tour être scindées en structures d’appuis non financiers et structures d’appuis financiers. Nous avons répertorié en 2015 onze structures publiques d’appui non financier au Burkina Faso aux côtés des ONG et autres bureaux et cabinets d’études privés. Le tableau 3.2 suivant présente ces dispositifs d’accompagnement.

Tableau 3.2. Les structures d'accompagnement non financier au Burkina Faso

STRUCTURES D’APPUI NON

FINANCIER

LES APPUIS

Les structures publiques

La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI)

Appui-conseil, Appui logistique, Information

L’Agence de Promotion des Exportations (APEX)

Information commerciale : normes, foires, salons, manifestations commerciale (foires et salons internationaux)

◦Appui conseil et formation

Le conseil Burkinabè des Chargeurs Assistance, appui-conseil ; suivi des marchandises en temps réel

Le Village Artisanal de Ouagadougou (VAO)

Appui-conseil: Marketing des produits artisanaux; Perfectionnement des artisanats

Le Centre des Guichets Uniques (CGU) Gestion des formalités administratives de création d’entreprises et d’exercice du commerce au Burkina

Les Centres de Gestion agréés (CGA) Conseils, aide à l’élaboration des états financiers, etc.

128 Le Fonds d’Appui à la formation

Professionnel et à l’Apprentissage (FAFPA)

Financement des activités de formation professionnelle ; appui-conseil ; financement à 75% du coût de la formation ; et 25% des équipements ;

La Maison de l’Entreprise du Burkina Faso Dispositif d’appui conseils (conseils, accompagnement des entreprises, renforcement des capacités, etc.)

Facilitation des formalités administratives à travers le CEFORE

Documentation et information économique et commercial à travers le CIDE

Facilitation des formalités liées aux investissements immobiliers (CEFAC) Le centre National de la Recherche

Scientifique et Technologique (CNRST)

Information, formation et vulgarisation des résultats de la recherche scientifique

Appui à la création d’unité de production/transformation

Maison de l’aviculture Développement de l’aviculture et mise à disposition des prestations aviaires

Appui technique (suivi sanitaire, conseil, etc) Centre d’accueil pour entreprise de la Mairie

de Ouagadougou (CAE)

Appui logistique (salles)

Renforcement de compétences (formations, sensibilisation, etc.)

Appui conseil, orientation et suivi des entreprise

Incubateur (UO.JKZ) Formation, information, montage du BP

ONG et bureaux privés

Organisation Néerlandaise de

développement (SNV)

appui-conseil et structuration des acteurs des filières

L'institut africain pour le développement économique et social (INADES FORMATION)

formation et appui conseil des opérateurs privés du monde rural

Centre Ecologique Albert Schweitzer (CEAS)

fourniture d’équipements et appui-conseil dans les technologies de l’énergie et de transformation des produits agroalimentaire Les bureaux d’études et cabinets privés Appui conseils, montage de plan d’affaires,

formation, aide à la recherche de financement, etc.

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b. Le système financier au Burkina Faso

Au Burkina Faso les structures formelles d’appui financier à l’entrepreneuriat sont composées de structures étatiques et privées. Nous en avons dénombrées 8 structures publiques qui côtoient les structures privées composées de banques, institutions de micro finance et autres établissements financiers. Ainsi donc, le système financier au Burkina Faso semble bien fourni. Il illustre de grandes possibilités d’accompagnement dans tous les secteurs d’activités et à tous les niveaux du processus de création. Cependant le problème de financement reste toujours la principale grande difficulté que vivent les entrepreneurs au Burkina Faso (Bayala, 2016). Le tableau 3.3 présente les dispositifs formels d’appui financier au Burkina Faso.

Tableau 3.3. Les structures d'appui financier au Burkina Faso

LES STRUCTURES DE SOUTIEN

FINANCIER

LES APPUIS

Les structures étatiques

Le Fonds d’appui à l’initiative des jeunes (FAIJ)

jeune 15 à 35 ans de niveau 3ième; formation à l’esprit d’entreprise ; accompagnement d’un mentor ou parrain ; 200 000 à 2 000 000 F pour les individus et 5 000 000pour les groupements ; taux d’intérêt entre 2 et 4% Le Fonds d’appui à la Petite entreprise

(FAPE)

jeune porteur de projet de création d’entreprise ou d’extension d’entreprise ; garantie exigé (titre foncier, PUH, carte grise ou aval salarié) ; 1,5 à 10 millions ; taux de 8 à 12% selon le secteur d’activité ; 4% pour handicapés.

Le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF)

être une femme ou un groupement d’au moins 10 femmes ; 50 000 pour les individus ; 1 000 000 F pour les groupements ; 5% crédit sur 6 mois et 10% pour le crédit sur 12 mois ; garantie constitué du premier versement

Le Fonds d’Appui à la Promotion de l’Emploi (FAPE)

prêt, préfinancement de marchés, cofinancement ; création ou extension d’entreprises ; 1 500 000 à 10 millions de francs; 1 à 6 mois de différé ; taux de 8 à 12 % ; dont 4% pour les handicapés

Le Fonds d’Appui au Secteur Informel (FASI)

nantissement des biens acquis pour les individus ; caution solidaire pour les groupes ; crédit de 1,5 maximum donné seulement lorsqu’il s’agit d’un troisième prêt ; taux de 10 à 13 % ; dont 4% pour les handicapés ;

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AFP/PME toute personne porteur de projet de création

ou d’extension d’entreprises ; financement et accompagnement conseil

Le Fonds burkinabè pour le développement économique et social (FBDES)

appui financier à la création et au développement d’entreprise ; prêt, caution sous forme d’aval, prise de participation dans les entreprises ; cessions de parts détenues ; 5 à 50 millions de F CFA ; taux de 5% ; durée 5 ans maximum ; différé de 12 mois ; apport personnel de 15% minimum ; frais de dossier de 100 000 F CFA

Le Fonds de Développement de l’élevage FODEL

financement des filières ou sous-filières élevage ; formation professionnelle ; appui à l’amélioration de la couverture zoo sanitaire et de santé publique ; être membre d’une organisation professionnelle d’élevage ; ou d’un groupe solidaire d’au moins 3 personnes solidaires ; caution solidaire pour les financements de moins d’un million ; au-delà, garantie hypothécaire ; crédit de 250 000 à 10 millions ; intérêt de 7%

Les structures privées

Institutions de micro finance Offrent des services de microfinance. Elles sont plus de 32 au BF dont la plus importante est le RCPBF

Les réseaux bancaires 13 banques qui offrent des services bancaires aux entreprises

Les Etablissement financiers

Exemples : Fidelis Finance, Alios Finance

Crédit-Bail mobilier, leasing et du crédit-bail, Location Longue Durée, Crédit Investissement, Crédit Court Terme, etc.

Source : l’auteur à partir des informations collectées

c. L’université au Burkina Faso

Au Burkina Faso, le nombre d’étudiants et d’établissements d’enseignement supérieur aussi bien publics que privés suivent l’évolution d’une fonction croissante. En effet, le tout premier centre d’enseignement supérieur dans ce pays (ancienne Haute-Volta) a vu le jour le 20 octobre 1965 suite à l’accord de coopération signé le 24 avril 1961avec la France relatif à enseignement supérieur. Cet accord de coopération a été à l’origine de la création de l’Institut Supérieur de Formation Pédagogique composé de l’Ecole Normale Supérieure (E.N.S.) et du Centre de Documentation et de Perfectionnement Pédagogique (C.D.P.P.) dont l’objectif au fil du temps

131 a migré de la formation des formateurs (enseignants du secondaire) à la création en avril 1974 de l’Université de Ouagadougou (Loye et al., 2012). Depuis cette dernière décennie, l’intérêt pour l’école des jeunes en général et particulièrement l’école supérieure a considérablement évolué. On assiste ainsi d’année en année à une hausse du nombre d’établissements d’enseignement supérieur pour juguler la forte demande de formation des jeunes bacheliers. Le tableau 3.4 suivant présente l’évolution du nombre d’établissements d’enseignement supérieur (publics et privés) au Burkina Faso sur neuf ans.

Tableau 3.4. Evolution du nombre d'établissements d'enseignement supérieur au Burkina Faso de 2008 à 2016

Années 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Public 19 19 21 23 25 28 31 34 34

Privé 31 35 39 56 57 59 82 90 86

Total 50 54 60 79 82 87 113 124 120

Source : DGESS/MESRSI, annuaire statistique 2017.

Le tableau 3.4 ci-dessus montre que le nombre des établissements d’enseignement supérieur passe de 50 en 2008 à 120 en 2016 soit une hausse de 140% en neuf ans. Il est à remarquer aussi que cette évolution est plus importante au niveau des structures privées où le taux d’accroissement atteint 177, 42% sur la même période.

La population étudiante pour sa part suit également l’évolution d’une fonction exponentielle au cours de la même période. C’est sans doute dans un tel contexte que Romainville, (1997) révèle que dans l’esprit actuel des jeunes burkinabè, la réussite sociale passe inéluctablement par l’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur.

L’évolution des effectifs des étudiants connaît une croissance soutenue avec l’évolution du nombre des établissements supérieurs au Burkina. Le rythme moyen d’accroissement annuel de la population estudiantine entre 2005-2006 et 2010-2011 est évalué à 12,3 %. A ce rythme, le nombre d’étudiants va doubler chaque six ans au plus et nécessitera un nombre important d’écoles supérieures à créer (Loye et al, 2012). L’âge moyen des étudiants est de 24 ans (DEP, 2012)52. Cette évolution n’est pas sans conséquence en termes de chômage au niveau du pays. Le tableau 3.2 suivant présente l’évolution du nombre d’étudiants de 2009-2010 à 2015-2016 au Burkina Faso.

52 Direction des Etudes et de la Planification (DEP), 2012, « Tableau de bord de l’enseignement supérieur, 2010-2011 » disponible sur www.mess.gov.bf

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Tableau 3.5. Evolution du nombre d'étudiants au Burkina Faso de 2009-2010 à 2015-2016

Années 2009/10 2010/11 2011/12 2012/2013 2013/2014 2014/2015 2015/2016 F 16298 19889 22432 24074 26100 28166 31468 G 34868 41112 46462 50202 55214 55432 63260 TOTAL 51166 60998 68894 74276 81314 83598 94728 Public 41498 47604 54099 58566 63942 64477 71501 Privé 9668 13394 14795 15710 17372 19121 23227

Source : DGESS/MESRSI, annuaire statistique 2017

Le tableau 3.5 ci-dessus montre que globalement le nombre d’étudiants a presque doublé en 7ans (2009 à 2016). Les effectifs ont plus évolué dans les établissements d’enseignement supérieur privé avec un taux d’accroissement de 140% sur la même période.

La hausse de la demande d’éducation entraine une hausse du nombre d’établissements aussi bien publics que privés. Ces établissements évoluent dans presque tous les domaines de formation. Cependant il n’y a pas une école qui propose l’entrepreneuriat comme filière de formation. Toutefois, ces établissements proposent de plus en plus des cours en entrepreneuriat. La plupart des établissements qui proposent ce cours le font dans les filières commerciales. D’autres par contre le proposent aussi bien dans les filières commerciales qu’industrielles. Quelques actions peuvent aussi être évoquées, notamment l’organisation de conférences en rapport avec l’entrepreneuriat par ou avec le soutien des établissements, et des partenaires externes comme l’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso.

Nous avons dénombré deux incubateurs dans deux établissements d’enseignement supérieur. Le premier établissement est privé (2ie) et le deuxième est public (l’université Ouaga I JKZ)53. L’incubateur de l’université Ouaga I créé en 2013, recrute des étudiants de niveau master et leur donne une formation en entrepreneuriat sanctionnée par un certificat. La sélection est faite parmi les trois meilleurs étudiants de chaque filière l’université qui souhaitent postuler. Depuis sa création, l’incubateur a reçu huit promotions d’en moyenne 30 étudiants soit donc 180 « incubés ». Cependant, seuls 4 projets issus de l’incubateur ont été concrétisés depuis sa création. Toute chose qui pousse à se poser des questions sur l’efficacité du dispositif. « Celui qui connait bien un incubateur, sait bien que le nôtre ne répond pas aux normes. Nous sommes trop en retard, le personnel n’est pas encore étoffé, il manque sérieusement de moyens, il n y a

133 pas de documentation, nous avons beaucoup de difficultés (…) Le taux de déperdition peut atteindre 60% selon les promotions (…) » dixit M. Sawadogo, responsable de l’incubateur d’entreprises UO1.JKZ.

L’université burkinabè reste marquée par l’absence de structure adaptée pour encourager l’entrepreneuriat. Toutefois, les enseignements reçus par les étudiants, dans divers domaines, constituent des éléments de compétences utiles dans le processus de création et de gestion des entreprises.