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1.2 Présentation du site

1.2.2.2 Données historiques

Il n’existe, à notre connaissance, aucune mention de la paroisse de Saint-André-des-Eaux ou de son église qui soit antérieure à la fin du XIVe siècle80. Les églises des paroisses avoisinantes sont mieux

connues par les textes. Ainsi, l’église de Tréfumel est mentionnée en 1187 par une charte dans laquelle l’évêque de Saint-Malo confirme les possessions de l’abbaye de Marmoutier dans le diocèse de Saint- Malo81. L’église du Quiou est mentionnée comme possession de l’église Saint-Brieuc de Plouasne en

113082. Elle est placée sous le patronage de la Très Sainte Vierge en 114083. On retrouve ensuite sa

trace comme desserte de la grande paroisse de Plouasne, dans la même charte qui mentionne l’église de Tréfumel en 118784.

L’une des plus anciennes preuves écrites de l’existence de l’édifice consiste en réalité en une inscription gravée sur des pierres de l’église et qui se trouvait autrefois à l’intérieur du porche. J. Ogée est le premier à en livrer une transcription85 :

Mil iiii cccc ix ix, ce chap a este fet neuf. Cette date

86

indiquerait donc la construction du porche87 et peut-être une restauration de l’ensemble du bâtiment.

Ces éléments lapidaires sont désormais remployés dans le parement du mur de clôture du cimetière actuel du village, avec d’autres éléments architecturaux provenant de l’ancienne église (fig. 88)88.

78 Sous série 60J.

79 Décédé en 1922, il est mentionné pour la première fois dans les archives du Service des monuments historiques en 1911 pour la réalisation des relevés des peintures de la vallée d’Aoste. Voir De fresque en aquarelle… 1994, p. 90.

80 Selon B. Tanguy, sans plus de précision sur la provenance de cette première mention (Tanguy 1992, p. 66). 81 Geslin de Bourgogne & de Barthélémy 1879, 4, p. 362.

82 Lemasson 1925, p. 280.

83 Geslin de Bourgogne & de Barthélémy 1879, 4, p. 403. 84 Geslin de Bourgogne & de Barthélémy 1879, 4, p. 362. 85 Ogée 1853, p. 697.

86 1418 d’après J. Ogée, mais on pourrait également lire 1499.

87chap est à lire chapiteau ou chapitre, termes sous lesquels on désigne le porche.

31 La paroisse de Saint-André-des-Eaux est ensuite mentionnée en 1516, puisqu’elle est taxée de 60 sols au moment de la grande imposition du clergé de France89. On trouve la mention

ecclesia de Sancto

Andrea dans les registres paroissiaux à partir de 1581

90. Ceux-ci donnent quelques renseignements sur

les travaux effectués à la période moderne. Ainsi, dans les feuillets 207 et 209, Gilles Hamon, recteur de la paroisse, donne le détail de plusieurs travaux qu’il a fait entreprendre dans l’église91. Il fait clore le

cimetière et y installer une porte en 1688, la sacristie est bâtie entre 1695 et 1696, la chaire à prêcher est construite en 1713.

Les archives départementales des Côtes-d’Armor conservent également deux pièces manuscrites qui nous renseignent sur l’état matériel de l’église au début et à la fin du XIXe siècle92. La première, datée du

premier thermidor de l’an douze de la République, consiste en un devis estimatif effectué sur demande du conseil municipal de la commune afin d’évaluer les réparations à entreprendre dans l’église. Le bâtiment semble alors être en bon état et ne nécessiter aucune réparation. Le second document est un procès verbal daté du 18 février 1892, rédigé par un certain Jules Schultz, commis à titre d’expert par le conseil de fabrique de la commune. Il dresse un bilan plus alarmant et bien plus négatif que celui de son

prédécesseur. Selon ce document, l’église, non seulement trop petite, difficile d’accès et régulièrement inondée, menace de tomber en ruine.

L’abandon du bâtiment est consécutif à ce constat. Les travaux de construction du nouveau lieu de culte sont adjugés le 28 mai 189393. Celui-ci est implanté à l’intérieur du bourg, à proximité de la

mairie, sur le hameau des Mares où avait été transféré le siège de la commune en 1864. La première pierre est posée le 10 septembre 1893, puis sa bénédiction solennelle à lieu le 27 octobre 189594.

Les murs de la vieille église sont alors cédés ou revendus à un particulier, afin de réutiliser ses matériaux pour la construction du mur de clôture du cimetière actuel, sur la route de Calorguen. Ces travaux de destruction sont ensuite interrompus puis l’église est laissée en l’état, c’est-à-dire dépourvue de toiture et à moitié ruinée. La totalité des murs de la sacristie ont été mis à bas, ainsi que le porche, une partie du mur nord du chœur et du gouttereau sud de la nef, le mur pignon ouest et le gouttereau nord de la nef.

L’état de l’église après sa destruction est assez bien connu par les documents iconographiques réalisés vers 1916 pour le compte du musée des Monuments français. L’état général du site est resté sensiblement le même depuis cette date, si ce n’est le couvert végétal important qui s’y est développé ce dernier siècle. En revanche, on constate aisément la dégradation rapide des peintures murales durant cette période. Alors qu’au début du XXe siècle les murs de l’église sont encore entièrement couverts par

des enduits peints témoignant de plusieurs phases décoratives, ils ne présentent aujourd’hui plus que des traces lacunaires de ces peintures.

Le site de l’ancienne église est ensuite laissé complètement à l’abandon. Son éloignement des habitations facilite les vols et le vandalisme. Les clichés photographiques qui datent du milieu du XXe siècle montrent un bâtiment envahi par la végétation

(fig. 20, 21). Dans les années 1960, une

association intervient sur le site : les pierres tombales et les stèles funéraires encore en place dans le cimetière ainsi que d’autres éléments lapidaires sont déplacés. Au cours de l’aménagement de l’étang de Bétineuc, dans les années 1970, des éléments architecturaux sont dérobés.

89 Lemasson 1925, p. 298.

90 De Saint-Jouan 1990, p. 621.

91 Voir infra, Annexe 2, pièce justificative n°1. 92 Voir infra, Annexe 2, pièces justifcatives n°2 et 3. 93 De Saint-Jouan 1990, p. 621.

32 Une procédure de classement de l’église au titre des Monuments historiques est engagée dans les années 1980. L’édifice est entièrement inscrit à l’inventaire supplémentaire le 18 mars 1987, puis classé au titre des Monuments historiques le 13 septembre 1990. Depuis cette date, et bien qu’une consolidation des murs, voire l’installation d’une couverture sur le chœur, ait été envisagées lors de la procédure de classement95, aucune mesure n’avait été prise pour assurer la sauvegarde du monument. Les

travaux intervenus en septembre 2008, ont permis de consolider les arases des murs et les plaques d’enduits peints qui subsistent sur les murs.