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DOMMAGES ET MENACES DANS LA ZONE NOYAU (PARTIE A)

Dans le document Avis 50.504 du 11 mars 2014 (Page 112-117)

DOMMAGES ET MENACES

6.1. DOMMAGES ET MENACES DANS LA ZONE NOYAU (PARTIE A)

6.1.1. Le bois de versant au lieu-dit Suel

Le site comprend 4 habitats Natura 2000, dont un habitat prioritaire, l'érablière de ravin.

L'érablière de ce site est Je seul exemplaire vraiment représentatif de ce type de végétation dans toute la Haute-Sûre jusqu'au barrage de Esch-sur-Sûre, auquel s'ajoutent la petite érablière atypique du Bruch et la poche résiduel1e secondarisée au-dessus du Grond.

Les différentes forêts de feuillus en versant (hêtraie à luzule et chênaie acidophile) que l'on rencontre sur le site sont également rares dans la partie supérieure de la vallée de la Sûre, en amont du barrage. La hêtraie à luzule blanche, qui constitue l'occupation potentielle de prédilection du site, est présente à l'extrémité sud-ouest du site, et c'est l'une des mieux conservées de la vallée de la Haute-Sûre.

Il ne pèse actuellement aucune menace imminente sur les milieux de ce site à évolution lente, et cette situation ne justifie par conséquent pas d'intervention rapide. Cependant, la raréfaction de ces types de végétation nécessite qu'ils soient soumis à des mesures de protection, afin qu'ils puissent évoluer librement.

6.1.2. Le n1arais de Tiirchen

La vallée de la Haute-Sûre est spécialement pauvre en magnocariçaies et en roselières sous eau, propices à la reproduction des batraciens. Ces deux milieux forment l'un des 3 habitats européens présents sur ce site.

La magnocariçaie est directement menacée par l'extension de la filipendulaie qui la ceinture.

En effet, ces groupements à reine des prés envahissent progressivement toute végétation concurrente et conduisent à sa disparition.

Une roselière à Palaris arundinacea, Scirpus sylvaticus et Stellaria nemorum a déjà disparu de ce site sous l'assaut de la reine des prés. Le milieu s'est eutrophisé suite à l'enrichissement des eaux de la Sûre et à J'accumulation des débris organiques, avec pour conséquence Ja disparition de Comarum palustre, une espèce des marais organiques de type mésotrophe.

La roselière à Iris pseudacorus et Lysimachia vulgaris est quant à elle menacée par la pessière voisine, à la fois par son effet d'ombrage et par ses besoins en eau qui provoquent l'assèchement du petit plan d'eau au sein de la roselière.

Le maintien de diverses espèces de batraciens dépend directement de la conservation du marais, et influence directement sa fréquentation par divers oiseaux comme le héron.

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6.1.3. Le bas-marais du Bruch

Cette zone est l'une des plus remarquables de la future zone protégée et compte 7 habitats européens dont 2 prioritaires.

Le bas-marais à Comarum et Menyanthes (Ms) est un des plus rares au Luxembourg, mais il est fortement en regression. La filipendulaie a actuellement envahi les trois quarts de ce marais tourbeux. La tourbière haute du Sphagnetum medio-rubelli, développée dans le bas-marais en tant que groupement oligotrophe et encore présente il y a quelques années, a complètement disparu, au même titre que Epipactis palus/ris, étouffé par Filipendula ulmaria (espèces observées en 1993).

Cette évolution résulte de l'eutrophisation du site, défavorable aux groupements oligotrophes et favorable à la reine des prés. Le développement de cette espèce est encouragé par les eaux d'inflitration chargées en nitrates et en phosphates, provenant de pollutions domestiques (chalets surplombant la zone). A cela s'ajoute certainement l'influence des eaux de la Sûre, enrichies en substances eutrophisantes.

La forêt alluviale qui borde le bas-marais et la filipendulaie a été entamée et modifiée par l'érosion de la rivière lors de crues. Mais cette évolution est naturelle et ne menace pas la pérennité de l'aulnaie.

L'abandon des anciennes praIries de fauche pourrait favoriser également leur envahissement par les groupements à reine des prés, sans restauration rapide soit de leur ancienne affectation soit d'une autre forme d'exploitation extensive.

Les versants entourant le bas-marais sont propices au développement de la hêtraie à luzule.

Actuellement, ceux-ci sont affectés à la chênaie de versant qui, sous conditions naturelles, pourra évoluer lentement vers la hêtraie à luzule. Enfin, la présence de la petite érablière de ravin doit également être préservée, en raison de son caractère rare et unique. Ces milieux forestiers ne sont actuellement pas menacés, mais la gestion du site devra leur assurer les conditions nécessaires à une évolution naturelle libre.

Le maintien des espèces inféodées au bas-marais, dont les lépidoptères, ou fréquentant la zone, comme la loutre, seront dépendantes des mesures de gestion appliquées à la zone.

6.1.4. Le vallon du Froumicht

Le vallon du Froumicht se caractérise principalement par ses prairies de fauche, pour la plupart abandonnées, l'ensemble des milieux présents relevant de 5 habitats européens.

La menace principale pesant sur ces prairies résulte directement de cet état d'abandon: il conduit à leur boisement naturel (Sz) en cours, à leur envahissement par l'ortie, en peuplement monospécifique et à l'enrésinement massif de certaines parcelles. Ces modifications ont appauvri fortement les anciennes prairies de fauche qui ont perdu la plupart de leurs espèces caractéristiques.

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Les prairies encore pâturées subiront le même sort en cas d'abandon. Actuellement, les principaux dommages sont liés à la présence du bétail qui, venant boire, ou voulant traverser le ruisseau, provoquent l'éboulement des berges limoneuses.

Les quelques espèces caractéristiques des prairies de fauche (Hu), telles Festuca rubra et Co/chieum automnale sont menacées par la réduction de ces milieux, qui doivent donc retrouver rapidement une affectation favorable à la sauvegarde de ces espèces.

Par ailleurs, la pollution organique du Froumicht, causée par les écoulements de la station d'épuration mécanique de Bigonville, compromet le site comme frayère naturelle.

6.1.5. La plaine alluviale de la Sûre (entre Bruch et Romelerkreuz)

Cette vaste plaine alluviale comprend 4 habitats européens dont 1 prioritaire. Elle est principalement exploitée comme prairie pâturée, souvent amendée, alors que le bétail y est une menace pour l'état des berges, comme en témoigne le passage à gué du Moulin d'Oeil où les berges sont éboulées. L'absence de protection pour empêcher le bétail d'accéder à la Sûre représente une menace partout où les berges sont verticales. Tant que la prairie du Belendne sera pas fauchée, il faudra veiller à ne permettre qu'occasionnellement J'accès au bétail.

Les prairies de fauche ont quasiment disparu alors que cette pratique est garante d'une grande diversité végétale, et empêche notamment la prolifération de la reine des prés. Cette partie de la vallée, qui est la seule à héberger un représentant du Calthion, inondée Jors des crues hivernales, doit être gérée de manière à préserver cette formation. Filipendula ulmaria a envahi les petites fi1ipendulaies en étouffant les espèces plus fragiles, et l'absence de fauchage de la fi1ipendulaie du Moulin d'Oeil conduit rapidement à un groupement monospécifique à reine des prés.

L'aulnaie présente à Martelinville est également un groupement rare dans la région. Les aulnes glutineux bordant la Sûre se font rares; les individus emportés par les crues n'ont pas été remplacés.

La menace principale qui pèse sur ce site résulte du risque d'abandon des prairies pâturées ou fauchées et de leur boisement avec des épicéas.

Les habitats présents dans cette section de la vallée sont favorables à une faune nombreuse et diversifiée, dépendant en partie des milieux ouverts, d'où l'importance de maintenir voire de restaurer les milieux présents.

6.1.6. Le versant Ale Kessel

Sur ce versant, dont la couverture naturelle comprend 2 habitats européens, ce sont essentiellement les espèces xérophiles qui sont menacées d'étouffement pas les espèces buissonnantes envahissantes. Il en est de même des lichens présents qui sont sensibles aux

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effets d'ombrage des buissons, notamment ceux qui sont installés sur les bordures des dalles rocheuses de petites surfaces.

Le viellissement des taillis de chêne s' éffectue naturellement et sa libre évolution n'est pas menacée.

Le maintien de dalles rocheuses dégagées de végétation est par ailleurs nécessaire aux différentes espèces de reptiles observés sur le site.

6.1.7. Les vallons tributaires du Hamicht et Syrbaach, du Mergsbech, du Pëtz, du Schwaerzerbaach, du Grond et du Bauschelbaach

Ces petites vallées abritent encore 3 habitats européens, mais, à l'exception de quelques poches de prairies du Calthion dans le vallon des ruisseaux Schwaerzerbaach et Hommer, aucun groupement végétal biologiquement intéressant ne subsiste actuellement dans ces milieux très appauvris, où l'on ne retrouve que des prairies de fauche, pour la plupart laissées à l'abandon.

Ces quelques prairies du Calthion relictuelles sont menacées d'envahissement par les fi)ipendulaies environnantes. Les prairies pâturées subsistantes sont morcelées et peu étendues; elles risquent par conséquent d'être rapidement abandonnées et enrésinées.

Deux menaces principales pèsent sur le site: les épicéas plantés massivement ont détruit toute la végétation au sol dans les zones de plantation, tandis que la reine des prés prend de plus en plus de vigueur chaque année, étouffant les autres espèces végétales.

Ainsi, certains vallons tributaires ont ainsi vécu au cours des quarante dernières années une modification souvent radicale de leur occupation des sols:

• Dans le vallon du Bauschelbaach, certains anciens espaces ouverts de prairie évoluent naturellement et favorablement vers la forêt alluviale (saulaie en bordure du ruisseau et aulnaie à sa confluence avec la Sûre). Mais ils sont fortement concurrencés par les plantations d'épicéas qui y sont introduites depuis les années cinquante.

• Dans la zone de confluence du Schwaerzerbaach et de la Sûre, l'ancienne plaine alluviale étroite souffre à la fois d'avoir été plantée en épicéas et de l'envahissement de la reine des prés.

• Au Puetzschlicht, les anciennes prairies non encore gagnées par l'enrésinement ont à pâtir de l'envahissement de la reine des prés et du piétinement localisé du bétail.

6.1.8. Le bras mort de Bigonville

La qualité floristique, faunistique et paysagère de l'ensemble du site en fait sa fragilité. On y a recensé 7 habitats européens. Parmi les plus fragiles, on peut citer les milieux humides de type magnocaricaie (Mc) et bas-marais (Ms), avec notamment comme espèces Eriophorum angustifolium et Menyanthes trifoliata.

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L'exploitation agricole actuellement pratiquée, terres de culture et prames pâturées, localisée sur les terrasses périphériques du bras bras mort de la Sûre a peu affecté le site. On observe cependant que les espèces formant faciès telles que la filipendulaie et le groupement à Urtica-Galium gagnent les groupements herbacés spécialisés du marais proprement dit.

Le site n'est pas sous J'influence des crues de la Sûre eutrophisée. C'est ainsi que le milieu marécageux a peu évolué et se caractérise encore par la présence d'une végétation peu eutrophisée. L'apparition de groupements nitrophiles dans certains secteurs démontre néanmoins sa fragilité. La présence d'un chalet, en limite sud du site, constitue un risque de pollution des eaux du secteur, si les rejets domestiques de cette habitation ne sont pas collectés et traités efficacement. Par ailleurs, les saules des marais prennent de l'extension aux dépens du bas-marais tourbeux.

Au centre de l'ancien méandre, une partie de la chênaie acidophile installée sur la crête, a été éliminée au profit de pessières, ce qui provoque un appauvrissement de la diversité floristique de la barre rocheuse centrale. D'autres peuplements de résineux ont également été plantés en limite de J'ancien chenal, dans la partie basse du site. Leur introduction a détruit la flore et la faune initiales des parcelles concernées et leur développement menacerait de modifier considérablement les conditions édaphiques du site, dans ces secteurs qui sont écologiquement les plus riches.

En règle générale, le boisement, le drainage, l'arrêt du fauchage, de même que toute modification inappropriée des pratiques de gestion actuelle, constituent des menaces de natùre à détruire le site et à y banaliser la végétation.

Le maintien de la diversité floristique observée est par ailleurs essentiel pour la préservation des nombreuses espèces d'insectes inféodés à ces milieux, dont divers arachnides et lépidoptères en voie de raréfaction.

6.1.9. Le versant du Houfels

Les dalles et les pointements rocheux avec leur flore spécifique d'acido-thermophiles constituent le principal intérêt du site, mais cette dernière est menacée d'étouffement. Ces milieux correspondent à 2 habitats européens.

L'abandon des coupes périodiques du taillis de chêne ombrage les abords des pelouses sj1icicoles. Sarothamnus scoparius progresse aux abords des dalles rocheuses et banalise le milieu. Il souffre néanmoins énormément de la sécheresse et meurt souvent prématurément.

Il y a également urgence de dégager le peuplement de Rosa pimpinellifolia étouffé par la chênaie et ses espèces compagnes.

Le vieillissement du taillis de cbênes entraîne le dépérissement dc certaines branches et parfois de la cépée entière.

Un sentier de promenade jalonne les crêtes rocheuses et porte localement atteinte à ]a pelouse; Scleranthus perennis se réfugie hors des secteurs piétinés alors que Scleranthus annuus reprend rapidement pied en bordure du sentier.

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Zone protégée « Vallée de la Haute·Sûre Bruch/Pont Misére il

Dianthus carthusianorum est facilement accessible en bordure de la route asphaltée et du sentier; il attire le regard et peut être facilement cueilli ou arraché.

L'enrésinement du versant très xérique s'avère peu probable.

Le maintien de dalles rocheuses dégagées de végétation est par ailleurs nécessaire aux différentes espèces de reptiles observées sur le site.

6.1.10. La plaine alluviale de la Sûre (du Romerlerkreuz au Pont Misère)

La partie amont de cette section de plaine alluviale comprend 6 habitats européens dont 1 prioritaire. Elle est encore riche en prairies de fauche exploitées, cette forme d'exploitation contribuant à la biodiversité actuelle de la plaine alluviale. Le pâturage des zones actuellement fauchées pourrait être dommageable à cette biodiversité, s'il est pratiqué de manière trop intensive, de même que l'accès du bétail à la Sûre, pourrait localement endommager les berges.

La disparition progressive des aulnes glutineux bordant la rivière concourt à diminuer la richesse de l'écosystème aquatique.

Le drainage du secteur aval de la plaine alluviale, en contact avec le lac, accompagné ou non d'un fauchage de la végétation, provoquerait une régression de la diversité biologique pour ce milieu dont la richesse augmente progressivement.

6.2. DOMMAGES ET MENACES LIES A L'EXPLOITATION

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