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1. ÉDUCATION POUR UN AVENIR VIABLE

1.3 Le domaine de l’EDD: Portrait actuel

L’expression sustainable development [développement durable] a vu le jour à l’aube des années 80 dans la publication du document « Stratégie mondiale de la conservation » (UICN, WWF et UNESCO, 1980). L’EDD, héritière de l’éducation à l’environnement (EE), s’en différencie par l’importance des aspects socio-économiques de l’environnement et par la prépondérance de certaines projections dans le futur. Cette primauté a été accordée pour pallier aux effets des différentes crises des années 80 notamment, le choc pétrolier de 1979, la crise de la dette des pays en voie de développement de 1982, le krach d’octobre 1987, qui impliquaient entre autres une prise de conscience accrue de la disponibilité décroissante des ressources naturelles. Pour

répondre aux impératifs environnementaux de la planète (grande pauvreté des pays du Sud ainsi que modes de consommation et de production non durables ayant cours dans les pays du Nord) la Commission mondiale sur l’environnement et le développement a déposé le rapport Brundtland - Notre Avenir à tous (CMED, 1988) afin de permettre de conjuguer développement et environnement dans une perspective de durabilité. Ainsi le rapport Brundtland présente le développement durable (DD) comme étant « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (CMED, 1988, p. 51). Même si le DD tel que défini par La Commission mondiale sur l’environnement et le développement (1988) fait davantage place au développement socio-économique, la relation Homme-Nature est aussi prise en considération car « Le développement soutenable vise à favoriser un état d’harmonie entre les humains et entre l’homme et la nature » (CMED, 1988, p. 76). Ainsi, les dimensions sociale, économique et environnementale sont maintenant connues comme étant les trois piliers du DD.

Depuis, l’UNESCO a mis en place des orientations pour réunir les trois piliers économie-société-environnement à travers une éducation au service du DD (CNUED, 1993); Décennie pour l’éducation au service du développement durable, 2005-2014). Ainsi,

L’éducation pour un développement durable, c’est apprendre à : (1) respecter, reconnaître la valeur et les richesses provenant du passé, tout en les préservant;

(2) apprécier les merveilles de la Terre et de tous les peuples; (3) vivre dans un monde où chacun ait de quoi se nourrir pour une vie saine et productive; (4) évaluer, entretenir et améliorer l'état de notre planète; (5) construire et apprécier un monde meilleur, plus sécurisant, plus équitable; (6) être des citoyens concernés et responsables, exerçant leurs droits et responsabilités à tous les niveaux : local, national et global. (Cf. Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable 2005-2014)

Bien que cette éducation soit au cœur de nombreuses initiatives prises partout dans le monde actuellement, la concrétisation de l’objet d’apprentissage de cette éducation et de son appropriation par les apprenants demeure difficile à réaliser. Il faut dire que le concept de développement durable est particulièrement difficile à définir (Guay, 2004). Par conséquent, on peut retrouver actuellement de multiples recommandations en matière d’éducation selon diverses tendances se situant entre deux pôles « celui d’une éducation positiviste-utilitariste et celui d’une éducation socioconstructiviste critique » (Jeziorski, 2017, p. 64-65) où:

à l’une des extrémités, se trouvent des choix nationaux imprégnés d’une vision du monde éconocentrée et […] à l’autre, on observe des propositions nationales […] au sein desquelles la “soutenabilité” devient l’une des préoccupations d’un projet éducatif axé sur le développement social, et où le rapport à

l’environnement est envisagé dans une perspective socioécologique plus ample que la seule utilisation rationnelle des ressources. (Girault et Sauvé, 2008, p. 16)

Ainsi, l’EDD navigue entre une proposition d’outil pour répondre à certaines finalités politiques et une proposition d’une éducation dont la visée éducative consiste à privilégier le développement de la pensée critique ainsi que la formation des citoyennes et citoyens (Jeziorski, 2017).

Chose certaine, si plusieurs acteurs sont toujours divisés sur la définition du concept de l’EDD, plusieurs reconnaissent le caractère complexe de celui-ci (Diemer, 2014) ainsi que l’impératif de mettre en place une éducation en ce sens. Selon le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES), « L’éducation au développement durable s’appuie […] sur des valeurs telles que l’empathie, la solidarité et l’entraide, l’équité, la responsabilité sociale et individuelle, le respect de la nature et des êtres humains, l’ouverture à l’autre, la liberté d’expression et la créativité » (Gouvernement du Québec , 2019, p. 8). Pour y arriver, le MEES (Gouvernement du Québec, 2019) souligne l’importance de permettre aux apprenantes et apprenants, d’emprunter une approche systémique et multidimensionnelle ainsi que de développer leur pensée critique pour leur permettre de relever les défis ciblés par les enjeux du DD et d’intégrer leurs compétences dans leur vie quotidienne, Cela, afin de

rendre les individus capables de réfléchir à leurs propres actes, en tenant compte de leurs conséquences sociales, culturelles, économiques et environnementales présentes et futures, à l’échelon local et au niveau mondial, d’agir de manière durable dans des situations complexes, ce qui peut les pousser à s’engager dans des directions nouvelles, et participer aux processus sociopolitiques pour faire avancer leurs sociétés sur la voie du développement durable. (UNESCO, 2017, p. 6)

De ce fait, le MEES (Gouvernement du Québec, 2019) reconnaît que « si l’éducation au développement durable implique l’acquisition de connaissances, elle requiert des compétences en matière de savoir-faire (capacités et démarches), de savoir-être (attitudes et éthique) et de savoir-agir (choix et engagement) » (p. 9).

Aussi, sachant que l’ERE et l’EDD rassemblent des savoirs similaires ou opposés selon les points de vue des penseurs du domaine de l’environnement, nous sommes d’avis que cette récente vision du MEES (2019) à l’égard de l’EDD incarne un exemple de ce que certains rassemblent sous l’expression Éducation relative à l’environnement et au

développement durable (EREDD) puisque que l’EDD y est posée comme étant en partie

une forme de continuité de l’ERE.

En dépit de la reconnaissance d’une continuité possible vers l’EREDD entre l’ERE et l’EDD, et nonobstant la reconnaissance de l’importance du développement des savoirs

en faveur de l’environnement liés à ces deux expressions, nous retenons l’expression

Éducation pour un avenir viable (EAV) dans le cadre de cette recherche. Pour justifier ce

choix, trois raisons retiennent notre attention.