les enjeux liés aux techniques d’enregistrement numériques tel le scanner 3D,
l’autre, les imaginaires sonores et linguistiques de figures du
XVIIesiècle,
pour déployer une réflexion en résonance avec un travail artistique.
OLIVIER PERRIQUET Artiste-chercheur, chargé de la recherche au Fresnoy
en évidence des rapports de domination dans l’ori- gine sémantique des concepts. Chez les deux auteurs étudiés, un nouveau monde est en train de naître, résonant avec deux grandes inventions techno- scientifiques de l’époque que sont le microscope et le télescope. S’inspirant des rapports qu’il met en évidence, il travaille avec l’équipe du Laboratoire de microscopie de l’université de Lille pour produire à
rites provenant du Mexique, qu’il analyse au micro- scope à la manière d’un cartographe. Ce faisant, il aimerait établir un parallèle entre le mythe de Tlaloc, dieu aztèque qui aurait apporté l’eau depuis un monde lointain, et une hypothèse scientifique contem- poraine qui conjecture que la vie sur la planète trou- verait son origine dans les météorites chargées d’eau qui s’y sont échouées au cours de sa formation. ■
Partant du constat de la diversité des pratiques du cinéma au sein des écoles d’art, un ensemble d’enseignant·es artistes et théoricien·nes se sont regroupé·es au sein du Réseau Cinéma pour mettre en œuvre une pratique du cinéma et des objets filmiques ou « cinéma élargi » comme pensée, modèle et méthode de recherche en art. Lors d’une première phase de recherche (2016-2018), nous avons questionné la mise en espace du pouvoir colonial dans les musées ethnographiques et dans les jardins tropicaux. Nos recherches se sont ainsi concentrées sur l’analyse des structures narratives de ces lieux de mise en scène du pouvoir colonial à partir de concepts et du vocabulaire propres au cinéma : hors-champ, champ/contrechamp, raccord, faux raccord, rupture, intervalle, synchronisation, ré-enchaînement, distanciation. Cette recherche a abouti à la production de formes et objets narratifs (projections,
installations, performances)
déjouant l’autorité muséale pour envisager un antimusée des multiplicités. Cette recherche initiale nous a amenés à interroger le réseau en tant que forme toujours en mouvement, non portée par une vision centrale et unique. Dans cette perspective, notre recherche actuelle (2018-2020) se porte sur les formes collaboratives ou de cocréation qui réinventent
un faire-ensemble interrogeant le travail collectif hiérarchisé propre à une grande partie de la production cinématographique. Le Réseau Cinéma essaie, à partir du lieu singulier des écoles supérieures d’art, de faire place à l’expérience avec, et de voir émerger, peut-être, des cinémas-expériences qui n’imposent pas une seule idée-
forme de cinéma. ■
Réseau Cinéma en écoles supérieures d'art
Programme de recherche inter-écoles EESAB (site Brest) ; ESAAix (Aix-en-Provence) ; ESAD-GV (site Grenoble et site Valence) ; ESADMM (Marseille) ; ENSA Villa Arson (Nice) ; ÉSADTPM (Toulon) ; ESBA-TALM, (site Angers) https://reseaucinema.org
CINÉMAS-EXPÉRIENCES
Workshop avec Samir Ramdani, Faire-et-penser-ensemble (2e session, novembre 2019), à l’ESADMM, Marseille
(© RéseauCinéma)
Photo extraite d’un des films réalisés lors du workshop avec Samir Ramdani Faire-et-penser-ensemble (2e session, novembre 2019) à l’ESADMM, Marseille
1. Le décret du 13 mai 1998 stipule ainsi que La Fémis doit œuvrer à « promouvoir et diffuser la culture cinématographique et audiovisuelle ainsi que la recherche théorique, artistique et technique dans les domaines de l’image et du son ».
Le parcours doctoral SACRe, qui associe cinq écoles d’art (La Fémis, le CNSMDP, le CNSAD, les Beaux-Arts de Paris, l’ENSAD) et l’ENS au sein de l’université Paris Sciences et Lettres (PSL), a été fondé en 2012 autour d’un double défi : créer un modèle original et commun de thèse de recherche-création, tout en s’inscrivant dans le cadre national du diplôme de doctorat. Inscrites au sein de l’école doctorale 540 de l’ENS, les thèses menées dans les écoles d’art reven- diquent la création artistique comme une modalité à part entière de recherche, tout en permettant des variations de format selon les disciplines. Les docto- rants bénéficient d’un programme de formation dédié, coorganisé par les écoles partenaires. Sur 51 thèses SACRe en cours début 2020, une dizaine implique le cinéma en tant que pratique ou objet d’études – à La Fémis, mais aussi à l’ENS ou aux Beaux-Arts de Paris.
La « recherche-création » a fait l’objet de débats nourris dans le champ de l’art, du design ou de l’archi - tec ture, mais la question suscite à l’endroit du cinéma un intérêt plus récent, quoique croissant. D’une part, les doctorats consacrés au cinéma, et plus largement aux diverses pratiques de l’image animée, se sont déve- loppés dans les écoles de cinéma et d’art, en France et à l’étranger. D’autre part, la recherche-création jouit dans le champ universitaire d’un intérêt grandissant au sein des départements d’études ciné- matographiques et audiovisuelles, comme de pratique, renforcé par la création de certaines Écoles universi- taires de recherche (EUR) (parcours master-doctorat). Dans ce contexte, une école de cinéma comme La Fémis pose la question des formes de cette recherche de manière spécifique. Notons que la recherche figure parmi les missions fondatrices de l’école1, qui a
toujours articulé un enseignement pratique à une réflexion sur un état contemporain du cinéma et des images. Depuis 2012, cette dimension s’est renforcée avec l’intégration à PSL et au dispositif SACRe, et la création d’un département de la recherche. L’enjeu était alors de concevoir un parcours doctoral pour des cinéastes, qui soit fécond tant artistiquement que scientifiquement ? Quelles généalogies théoriques, artis- tiques et critiques spécifiques au cinéma peut-on tisser pour penser l’articulation entre pratique et théorie ?
Selon une définition commune, la recherche implique l’investigation, la conduite d’études ou d’expé riences visant à la découverte ou à l’interpré- tation de faits, de théories ou de lois. Dans le cadre d’une thèse de recherche-création en cinéma, qu’est- ce qu’un film invente ou découvre ? Faut-il considérer la pratique du cinéma comme l’outil, ou le film comme le résultat de cette recherche ? Les thèses