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les ambiances sonores des pièces d’eau De cette ethnographie sensible naissent des créations sonores qui peuvent constituer des archives d’un nouveau genre

Dans le document Cinéma, audiovisuel, son (Page 49-51)

pour une architecture vivante.

CÉCILE REGNAULT Professeure

UMR 5600 EVS LAURe université de Lyon École nationale supérieure d’architecture de Lyon

ture. En cela, ces trois formes audio sont le support matériel d’un patrimoine immatériel. Ils sont autant une matière à archiver qu’une matière à médiatiser. Ce que nous faisons lorsque nous déplaçons la cabine sonore mobile dans la métropole lyonnaise, pour redonner la parole aux voix captées et interroger d’autres pratiques de la ville, d’autres moments d’occupation de l’espace public.

L’originalité du campement sonore aura permis de décadrer la question de la patrimonialisation. C’est pourquoi l’hypothèse que l’on pose aujourd’hui serait de considérer ces documents sonores (et les méta - données qui les contextualisent) comme l’expression d’un patrimoine culturel immatériel qui conserve la singularité de cette architecture vivante. En effet, la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patri- moine culturel immatériel (PCI) met au centre de la sauvegarde des traditions et expressions orales, la

de leur transmission. Pris comme un processus, le PCI souligne l’importance de la transmission des savoirs et leurs permanentes re-créations par les commu - nautés et les groupes, « en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire. »

À l’aune des premiers résultats de l’enquête sensible, notre recherche-création permet d’ores et déjà d’apprécier la capacité du sonore à porter un processus de patrimonialisation, témoin de l’hospitalité des bains- douches. Par nature volatil, le son parait souvent évanescent. Or rien de plus matériel qu’un fichier audio conservé sur un support. À ce titre, l’archivage audio et sa médiatisation (dépôts aux archives, émission de radio, fresques interactives…) sont les formes matérielles d’un patrimoine immatériel en construction,témoins des pratiques et habitudes d’hospitalité des bains-douches que les métropoles françaises pourraient valoriser. ■ Campement sonore aux bains-douches

Delessert, Lyon, 2019.

Les mémoires de fin d’études dont la préparation s’étend sur une période longue d’un an (à l’échelle d’une formation sur deux ans) sont un des moments forts de la formation au sein du département Distribution-Exploitation de La Fémis. Ils sont l’occasion d’une réflexion profonde et documentée sur un sujet, qui deviendra souvent pour les élèves un point d’entrée dans leur vie professionnelle, au même titre que les stages.

Dans la préparation de ces mémoires, l’accent est mis sur la proximité avec le monde professionnel, inter- rogeant à la fois la littérature existante et les acteurs du marché pour répondre à des questions d’actualité. Les étudiants s’imprègnent ainsi des questions qui « agitent » notre milieu tout en en tirant une interro- gation personnelle et originale. Les réponses apportées démontrent parfois des qualités d’anticipation inat- tendues.

Du côté de la distribution, Bertrand Jeandel inter- rogeait ainsi en 2015 l’évolution des modèles de finan- cement de la distribution1, en étudiant en particulier

la part de l’investissement privé – sujet aujourd’hui au cœur des réflexions du CNC et des SOFICA2 qui

envisagent d’intervenir en production mais aussi en distribution. Pour sa part, Louise Devillers explorait en 2019 « L’accès à une diversité de films de la production hexagonale au public chinois ». Fondée sur un travail d’enquête minutieux, une bibliographie internationale et une quinzaine de rencontres et d’entretiens, son étude aborde différentes productions françaises et chinoises dans la perspective d’une ouver- ture française au marché chinois – soulevant des questions qui vont de la législation chinoise aux nouveaux modèles économiques de diffusion. En expli- quant les difficultés actuelles que rencontrent les productions françaises pour investir ce marché, elle analyse ce qui pourrait être un nouvel enjeu majeur

pour les producteurs, distributeurs et vendeurs inter- nationaux français.

Ces travaux creusent des problématiques récur- rentes de nos métiers. Ainsi, du côté de l’exploitation, le rôle de la salle de cinéma dans le cadre général d’une politique de la ville et d’aménagement du terri- toire est le point commun des mémoires de Victor Courgeon et d’Alix Ménard, diplômés en 2018 et 2019. Le premier3 porte sur les cinémas publics de

Seine-Saint-Denis, tandis que le second4 porte sur

les cinémas indépendants privés Art et Essai. Ces deux travaux témoignent, en dépit des différences entre statuts publics et privés, d’une position de marge par rapport aux « mastodontes » de l’exploi- tation et aux cinémas des circuits. Victor Courgeon évoque la survie des cinémas publics en Seine-Saint- Denis face à la refonte budgétaire et politique qu’im- pose la métropolisation du département à travers le projet du Grand Paris. Cette refonte déstabilise les liens entre les municipalités, les acteurs locaux et les salles de cinéma. Face à cela, certains projets de cinémas publics permettent d’endiguer la disparition annoncée de nombreuses salles.

Pour leur part, les cinémas Art et Essai, porteurs d’une culture professionnelle commune, sont confron- tés à la difficulté de se maintenir en centre-ville, à des problèmes de financement, à la concurrence accrue des grands groupes, à une densification du parc et au vieillissement du public. Pourtant, ces salles sont le fer de lance d’une certaine idée de la salle de cinéma. L’innovation et l’expérimentation sont pour elles des enjeux importants car leur survie en dépend. Elles ont plus que les autres un besoin urgent de se diffé- rencier et de le faire savoir. L’auteur réfléchit à des pistes pour préserver et accroître la diversité et la spéci- ficité de ces salles de cinéma françaises qui éveillent la curiosité, développent le lien social et promeuvent l’éducation à l’image.

1. « L’investissement privé dans le financement de la production et de la distribution », 2015.

2. Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel. 3. « Les cinémas publics de Seine-Saint- Denis : quel avenir au sein du Grand Paris ? », 2018.

4. « L’avenir des cinémas indépendants Art et Essai privés au sein de la nouvelle fabrique urbaine », 2019.

Nouvelles perspectives

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