• Aucun résultat trouvé

Chapitre III. Étude historico-philosophique : la division de l’Éthique à Nicomaque dans la première moitié

II. Les quatre causes de la vertu : discussion de la division générale et du propos du deuxième livre de

II.3. La division du livre II dans la Lectura Abrincensis in Ethicam Veterem

II.3.2. La division du livre II : survol des sept premières leçons

La cohérence interne de la Lectura devient manifeste en contrastant le plan général du deuxième livre, établi dans la première leçon, avec le développement effectif des sept premières leçons (constituant le commentaire au deuxième livre). En effet, lorsque le contenu est présenté de manière schématique, on remarque tout de suite qu’il n’y a que deux parties isolées (mentionnées dans la division particulière de chacune des leçons, mais négligées dans la division générale établie au début du livre). Nous pensons donc qu’il s’agit bel et bien de l’œuvre d’un seul maître, quoique l’ouvrage montre un certain travail d’édition et de compilation, comme l’indique l’absence des marques propres à l’oralité, telles l’utilisation de la première et de la deuxième personne, ou l’usage du pluriel3.

Après avoir étudié les divisiones des sept premières leçons, nous arrivons à la présentation schématique que nous trouvons dans le Tableau 10 (cf. Appendice C).

Un survol de ces premières leçons permettra de saisir l’unité et la cohérence de ce cours artien sur l’Éthique. Nous renvoyons toujours aux paragraphes de notre édition4.

1 Notre analyse se concentre sur le commentaire au livre II, que nous éditons ici et que nous connaissons en

profondeur ; toutefois, l’examen préliminaire du commentaire au livre III (qui est d’ailleurs incomplet) indique que la cohérence interne du traité est aussi évidente dans ce troisième livre.

2 C’est notamment l’opinion de son éditrice, Irene Zavattero, qui traite le problème du placement inusité du

Prologue dans son article « La definizione de philosophia moralis dell’anonimo ‘Commento di Parigi’ (1235- 1240) », Medioevo. Rivista di storia della filosofia medievale, XXXV (2010), p. 294-295. Avec R.A. Gauthier et à l’encontre de G. Wieland, l’éditrice affirme (p. 293) que le doute concernant l’identité du maître « [...] è dissipato dalle somiglianze di dottrina e di struttura esistenti fra il prologo e gli altri monconi di testo che compongono il commento ».

3 Nous reviendrons sur cette question dans la troisième partie. 4 Nous incluons aussi les paragraphes non édités.

62

Structure et survol des sept leçons du Commentaire sur le livre II

Dans le but d’offrir une vision générale du commentaire sur le livre II, nous offrons ici un survol des contenus traités. Les questions, parfois assez complexes, sont énumérées ici de manière sommaire et ne sont pas reproduites littéralement. Nous indiquons entre parenthèses le ou les paragraphes où la question est posée, suivis des paragraphes où se trouvent la détermination et la réponse.

Nous notons parfois, avec plus de détail, certains points qui s’avèrent importants pour l’objectif général de la thèse.

En général, les leçons présentent la structure suivante : Divisio textus

Sententia Quaestiones Expositio littere

À partir de la quatrième leçon, on ne trouve plus de division textuelle : le maître ne fait que suivre les divisions déjà établies. Parfois, les questions et les exposés sur la lettre sont coupés en deux parties ou plus.

Prologue (f. 90r-91r)

Malgré la densité avec laquelle le maître anonyme expose l’arrière-fond doctrinal de son commentaire et les nombreuses erreurs de copie qui rendent sa lecture difficile, le Prologue permet de discerner une série d’éléments qui se trouvent assez fréquemment dans d’autres commentaires sur l’Éthique issus du milieu artien parisien.

Partant de la tripartition stoïcienne de la science en philosophie naturelle, philosophie rationnelle et philosophie morale (§ 1), le maître entreprend ensuite une description de chacune de ces parties (§ 2-6), sans toutefois spécifier quelles sont les parties de la science morale (§ 6), ce qui est pourtant fréquent dans d’autres textes du milieu artien. Le tout est encadré par le lemme de la Physique « Sumus enim et nos, quodammodo, finis omnium que sunt » (Physica II, 2, 194a35). Se questionnant sur la place de la morale dans la hiérarchie des sciences (§ 7), le maître établit qu’elle n’est supérieure aux autres que de manière relative (§ 8). La doctrine avicennienne des deux faces de l’âme soutend ensuite la distinction entre

63

vertu intellectuelle et vertu morale (§ 9-11)1 ; la première se divise selon le trio exposé en ÉN I, 13 : fronesis, sagesse, intelligence, tandis que la deuxième est divisée selon les objets des puissances motrices, renfermées dans la classification platonicienne des vertus en concupiscible, irascible et rationnelle (§ 13-19). Le dernier paragraphe (§ 20) divise l’Éthique en cinq livres et manifeste le plan d’ensemble de l’œuvre, qui consiste à expliciter les quatre causes de la vertu. Le livre I est ainsi consacré à la vertu en tant qu’elle s’ordonne à la félicité (sa fin), le livre II s’occupe des causes matérielle et formelle de la vertu, et le livre III traite de sa cause efficiente ; le livre IV, pour sa part, traite du courage ; le livre V traite de la chasteté, et « les livres suivants » traitent des autres vertus morales.

Prima lectio (f. 91r-92v) : Duplici autem (ÉN II, 1, 1103a14-1103b25)

Dans la Divisio textus (§ 1-3) le maître passe d’abord en revue les contenus déjà traités (livre I)2 et annonce ensuite le sujet abordé dans le livre II : la détermination des causes matérielle et formelle de la vertu (§ 1). Une fois établie la division générale du livre (§ 2)3, le maître découpe le morceau du texte examiné dans la présente leçon (§ 3), qui comporte deux parties, selon les deux parties du texte : une partie liminaire traite de la distinction entre les vertus morales et les vertus intellectuelles (partie isolée qui n’est pas considérée dans la division générale du livre ; cf. Tableau 10, Appendice C) ; tandis que la deuxième détermine à partir de quelles choses est la vertu (« ex quibus fiat uirtus »).

La Sententia (§ 4-7) examine le sens général du texte commenté : d’après le maître anonyme, Aristote y expose cinq principes ou raisons qui séparent la vertu morale, produite par l’accoutumance, de la vertu naturelle.

1 Ces paragraphes reprennent la théorie connue comme « la théorie des deux faces de l’âme », d’origine

platonicienne, développée par Avicenne dans son Commentaire sur la « Théologie d’Aristote » et transmise à l’Occident latin au XIIe siècle à travers son traité De Anima. Cette théorie se trouve aussi, avec des nuances

diverses, dans les commentaires sur l’Éthique à Nicomaque de la première moitié du XIIIe siècle. Pour une

histoire sur l’origine et la transmission de cette théorie, ainsi que pour sa reprise dans les premiers commentaires de l’Éthique, voir BUFFON, « La théorie des deux faces de l’âme. Histoire de textes », dans BUFFON, L’idéal éthique des maîtres ès arts, p. 84-132.

2 Sur l’existence probable d’un commentaire portant sur le premier livre de l’Éthique, voir les conclusions

exposées ci-dessus, dans ce même chapitre.

3 Qui découpe l’ensemble du livre II en trois parties : 1103a15-1105b19, sur la cause matérielle de la vertu ;

1105b19-1108b10, sur sa cause formelle ; 1108b10-1109b27, sur les conséquences de l’exposé précédent. Nous avons examiné cette division en détail ; voir le Tableau 10, Appendice C.

64

Les Questiones sont divisées en deux séries, selon les deux parties de la leçon déjà distinguées (§ 3). Le maître pose en premier lieu (§ 8-11) trois questions assez générales sur la distinction entre vertu intellectuelle et vertu morale : il se demande d’abord (sans toutefois y répondre) <1> qu’est-ce que l’on appelle ‘vertu’ (§ 8), <2> et pourquoi la vertu est-elle dite ‘intellectuelle’ et ‘morale’ (§ 8, réponse au [= rép.] § 9) ; <3> l’anonyme se questionne ensuite sur l’à propos d’appeler la vertu morale ‘intellectuelle’ (puisqu’elle est redressée par et tire son origine de l’intellect) (§ 8, rép. § 10-11). Dans le but d’établir la différence entre vertus intellectuelles et vertus morales le maître a recours, une fois de plus, à la doctrine des deux faces de l’âme évoquée dans le Prologue (cf. Prologue, § 9-11). Un second regroupement de questions, beaucoup plus développé que le premier, porte sur « la deuxième partie de la leçon » (§ 12-31), concernant la cause matérielle de la vertu ex quibus, les opérations. Le maître se demande <4> si l’opération est requise pour la formation de la vertu morale (§ 12, rép. § 13-19), <5.1> et s’il faut, pour que la vertu soit produite, une seule opération ou plusieurs (§ 12, rép. § 20-23), et <5.2> à cause de quoi (§ 12, sans réponse),

<5.3> et à quoi sert la disposition induite dans l’âme par une première opération unique qui

ne suffit pas à constituer l’état habituel bon (§ 12, rép. § 24) ; or, il faut aussi se demander

<6> si les opérations en question sont exigées dans un nombre déterminé (§ 12, rép. § 25-

26), et <7> si elles sont bonnes ou autrement, et par qui <sont-elles faites> (§ 12, rép. § 27- 28) ; <8> et, si la nature est l’un des principes de la vertu, dans quelle mesure elle contribue à sa constitution (§ 12, rép. § 29-30), et <9> de quelle manière la vertu (dernière quant à l’acquisition) devient un intermédiaire (§ 12, rép. § 31). Dans la détermination et la réponse à cette liste de questions le maître adopte à l’égard de la vertu une position philosophique, plutôt que théologique (sans toutefois l’indiquer ici explicitement, comme le font ses contemporains)1 : la vertu morale trouve son origine dans les opérations, et n’est pas infusée par Dieu comme les vertus divines, qui, elles, précèdent l’opération (§ 15, § 19). Nécessitant

1 Ce n’est qu’au Prologue que le maître indique la différence entre les points de vue philosophique et théologique

(que le reste des maîtres invoquent souvent dans le corps du commentaire, surtout lorsqu’il est question des vertus infuses ou divines) : « Mais que soit laissée pour compte la vertu naturelle, parce que ne porte pas sur elle l’intention <du Philosophe> (= sibi) ; et que soit laissée pour compte la vertu qui est propre à la spéculation théologique [i.e., la vertu infusée par Dieu] ; et que soit prise cette division de la vertu humaine par <ses> deux différences qui sont <la vertu> intellectuelle et <la vertu> morale » (cf. ANONYME, Lectura Abrincensis in Ethicam Veterem, Prologue, notre édition, § 9).

65

une multitude d’opérations bonnes, la vertu morale se distingue aussi de la vertu intellectuelle (constituée par une opération unique, § 20-22).

Dans l’Expositio littere (§ 32-45) le maître revient, de manière très cohérente, sur les points traités dans cette Prima lectio et dans le Prologue : la doctrine de deux faces de l’âme (§ 32), la division des vertus selon les puissances irascible, rationnelle et concupiscible (§ 44, évoquée aux § 14-19 du Prologue), le rôle de la nature et de la doctrine (§ 33-34) dans la constitution de la vertu morale (§ 37). En reprenant la comparaison aristotélicienne entre les arts et les vertus, l’auteur les rapproche en appelant à la célèbre étymologie « ars dicta est ab artando » ; les vertus « redressent » (artant) l’action de sorte que l’on ne s’incline pas vers le superflu ou le déficient (§ 39) ; la doctrine, quant à elle, fournit le mode d’acquisition de l’art : elle redresse (= rectificat) aussi les opérations (§ 43). Le paragraphe final (§ 45) anticipe le sujet de la deuxième leçon : aux opérations productrices des états habituels s’ajoute une certaine qualité (la bonté), au moyen de laquelle la vertu se distingue du vice.

Secunda lectio (f. 92v-94v) :Quoniam igitur presens opus (ÉN II, 2, 1103b25-1104b3)

La Divisio textus (§ 1-5) rappelle d’abord le sujet traité dans la lectio précédente (« Ex quibus fit uirtus », § 1), pour reprendre ensuite, en faisant preuve de continuité, la thématique mise en avant par le tout dernier paragraphe de l’Expositio littere de la leçon précédente (tout en complétant la division générale du livre II entreprise dans la Prima lectio, § 3-4) (§ 45) : si la qualité des actions détermine la qualité des habitus, il faut ajouter aux opérations que nous étudions une qualité (la qualité d’être bonnes) pour que la vertu soit distinguée du vice : nous étudions donc, dans cette partie, à partir de quelle sorte de choses se fait la vertu morale selon des conditions déterminées (§ 3), à savoir (I) être une opération dans le moyen terme, (II) accompagnée du plaisir ou de la peine, et (III) faite avec persévérance de la volonté dans l’acte (§ 2). La leçon est divisée en deux, selon le découpage du texte commenté : nous avons à nouveau une partie isolée (ne figurant pas dans la division générale), consacrée au discours « exemplaris et parabolicus » qui s’adapte à la finalité poursuivie par l’Éthique, devenir bons (ÉN II, 2 1103b25-1104a11) (§ 2 in fine), et une deuxième partie consacrée au sujet principal de la leçon (ÉN II, 2 1104a11-1104b3) (§ 3), la première des trois conditions (cf. Tableau 10, Appendice C) imposée aux opérations capables de constituer la vertu : (I) être des opérations constituant un moyen terme.

66

La Sententia (§ 6) insiste sur l’aspect méthodologique du texte commenté, dans lequel Aristote procède par paraboles et par induction.

Les Questiones sont encore divisées en deux groupes d’après les deux parties de la leçon. Or, la série de questions consacrée à la première partie (§ 7-16) est structurée de manière peu définie, car les questions ne sont pas clairement posées dans un seul bloc suivi par la détermination et la réponse, mais elles forment plutôt une sorte de questionnaire commenté, où la question n’est pas, la plupart du temps, formulée de manière explicite. Le maître tente de déterminer : <1> si la finalité de l’Éthique est la contemplation, ou si elle a plutôt pour but de nous rendre bons (§ 7, rép. § 7-8) ; <2> Si l’on examine ce qu’est la vertu pour que nous sachions, ou plutôt afin de devenir bons (§ 9) ; <3> si les opérations produisent les vertus ou si, au contraire, la vertu est à l’origine des opérations, dans lequel cas les opérations ne seraient pas déterminantes des états habituels comme le veut Aristote (§ 10, rép. § 11) ; <4.1> ce qu’est la raison droite, et <4.2> si elle est appelée ‘vertu’ de manière univoque ou équivoque à l’égard des autres vertus (§ 12, rép. § 13-14) ; finalement <5>, le maître présente une dubitatio1 concernant la méthode employée par le discours éthique, à savoir le modus exemplaris et parabolicus, décrit comme incertain, évoqué dans la Divisio (§ 2 in fine) : il semblerait que la manière dont on détermine la définition de la vertu (i.e. son genre et son espèce) est certaine ou exacte, plutôt qu’incertaine (§ 15, rép. § 16). Dans ce questionnaire commenté, le maître insiste particulièrement sur la finalité spéculative de l’éthique : bien que l’éthique ait pour but de nous rendre bons, elle détermine aussi ce qu’est la vertu, et ce, non seulement dans un but pratique (« ut boni fiamus » ; ÉN II, 2 1103b26- 27), mais aussi théorique (« ut sciamus » ; ÉN II, 4 1105b19). Le deuxième regroupement de questions (§ 17-33) concerne les rapports entre l’opération, les dispositions qu’elles induisent dans l’âme et les vertus qui en résultent. Ainsi, il est demandé <6> si une deuxième opération <d’une certaine qualité> induit dans l’âme une nouvelle disposition, ou s’il s’agit bel et bien de la disposition induite par la première (§ 17, rép. § 18-21) ; <7> et, concédant cette dernière supposition, si la même disposition peut s’étendre à une troisième opération (§ 17, rép. § 22- 24) ; <8> et de quelle manière peut résulter, à partir d’une opération faite dans une certaine puissance, une disposition se trouvant dans une puissance différente (§ 17, rép. § 25-26) ;

1 Dont la compréhension est impossible sans la rectification du texte du manuscrit, très fautif, au moyen d’une

67

<9> et à quoi sert l’opération produite postérieurement à l’acquisition de la vertu (§ 17, rép.

§ 27-28) ; <10> et si la première opération mauvaise est capable de corrompre la vertu, ou s’il faut qu’il existe plusieurs opérations (§ 17, rép. § 29-31) ; <11> et, finalement, s’il y a, dans le processus de corruption de la vertu ou du vice, un moment où ni le vice ni la vertu ne sont dans la substance <qu’est l’âme> (§ 17, rép. § 32-33). Des notions évoquées par le maître dans la résolution de ces questions, nous pouvons remarquer le recours à la définition de vertu exposée dans les Catégories (8, 8b26-36) où la vertu fait partie des qualités dites « états et dispositions » : elle est une disposition devenue état habituel par l’intensification due aux opérations répétées, et cet état continue à s’intensifier une fois la vertu acquise.

Dans cette leçon, l’Expositio littere est coupée en deux par une question qui occupe les paragraphes § 48-50. La première partie de l’Expositio (§ 34-47) porte presque exclusivement sur le problème méthodologique découlant de la double finalité de l’éthique : devenir bons vs. connaître ce qu’est la vertu ; cette distinction est comprise au moyen de la distinction entre vertus morales et vertus intellectuelles (§ 34). La méthodologie propre à l’éthique est le modus typicus, parabolicus ou figurativus (§ 40) ; mais la science morale peut pourtant être « comme les autres » sous un certain rapport (lorsque l’on considère les choses qui restent invariables ou sont définies de manière universelle ; § 42-44). Interrompue par une questio portant sur la manière dont la vertu est générée par les mêmes choses par lesquelles elle est corrompue (§ 48-50), l’Expositio se poursuit (§ 51-58) d’abord avec quelques considérations méthodologiques qui s’ajoutent à la première partie (portant sur la manière de montrer les réalités intelligibles au moyen des exemples sensibles ; § 51-53), pour s’attaquer finalement à la manière dont la vertu est accrue et corrompue (§ 54-58).

Tertia lectio (f. 94v-97r) : Signum autem oportet facere (ÉN II, 2, 1104b3-1105a17)

La Divisio textus (§ 1-2) indique que la première condition des opérations vertueuses (être opérées dans le moyen terme [I]) vient d’être traitée (§ 1), pour découper ensuite le morceau de texte où sera traitée la deuxième condition (qu’elles soient accompagnées du plaisir et de la peine [II], § 1), sujet de la présente leçon, tout en annonçant aussi où commence le passage consacré à la troisième de ces conditions (que l’opération soit accompagnée de la persévérance de la volonté [III]), traitée dans la partie suivante (§ 2).

68

Prenant la forme d’un petit commentaire littéral et rappelant la structure de la Sententia de la première leçon, la Sententia (§ 3-12) distingue dans le texte six raisons par lesquelles il est montré que toute vertu morale est relative aux plaisirs et aux peines (§ 3-10), pour exposer ensuite une justification de la distinction et l’ordre des raisons exposées (§ 11- 12).

Les Questiones (regroupées, avec leurs déterminations et leurs réponses, dans une seule section, très longue [§ 13-54]) sont réduites à deux points comprenant plusieurs sous- questions. À l’occasion de la première question (§ 13), le maître se demande <1.1> ce qu’est le plaisir (rép. § 15-33) ; <1.2> combien il y a de différences des plaisirs (selon les circonstances, selon le sujet, selon la puissance, etc.) (rép. § 34-44) ; <1.3> s’il y a une vertu (et un vice opposé) relative à tous les plaisirs et à toutes les peines ; et, si ce n’est pas le cas (rép. § 45), <1.4> auxquels plaisirs et auxquelles peines se rapportent, respectivement, la vertu intellectuelle et la vertu morale (rép. § 46-47). Le deuxième questionnement (§ 14), pour sa part, demande <2.1> si le plaisir est dû à toute puissance en soi, ou au moyen d’une autre puissance (rép. § 48-50) ; <2.2> s’il faut que la vertu soit dans la même puissance que le plaisir et la peine, ou si elle se trouve plutôt dans la force raisonnable (rép. § 51-52) ; <2.3> pourquoi seule la chasteté est dite être relative aux plaisirs et aux peines, étant donné que toute vertu est relative aux plaisirs et aux peines (rép. § 45) ; <2.4> si l’on dit de manière semblable que la vertu est relative aux actes et passions et aux plaisirs et aux peines (rép. § 53) ; <2.5> si l’on dit ‘volupté’ selon la même signification dans les lemmes « la volupté <ou la peine> se produisant <dans les œuvres> » (1104b5) et « À cause de la volupté nous faisons les mauvaises <actions> » (1104b10) ; <2.6> sur la distinction du bon, de l’utile et de l’agréable (rép. § 54).

Le maître répond au premier bloc de questions de manière très complexe (§ 15-47). La détermination de <1.1> inclut un long excursus (§ 15-23) où le maître discute les différentes opinions de « certains » sur le plaisir avant d’établir dans la réponse (§ 24) la définition du plaisir selon un lemme dont nous n’avons pas pu établir l’origine, mais qui se répète tel quel dans le Commentaire anonyme de Naples : « le plaisir est l’acte de la vertu appétitive inclinée vers le bien ou vers le bien apparent à partir de l’appréhension de <la chose> convenable conjointe, conformément à l’espèce ou conformément à la substance,

69

avec celui à qui elle convient » ; le maître développe ensuite un commentaire littéral examinant chaque partie de cette définition (§ 25-31) pour revenir ensuite, sans transition, aux lemmes de l’Ethica Vetus. La réponse de <1.2> occupe les paragraphes § 34-44, où le maître établit les différences du plaisir selon les circonstances, le sujet, la puissance, etc. (cf.