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Chapitre IV – Construction de l’Alliance Éducative : des opérations de traduction

VII.1 Un dispositif de lutte contre le décrochage scolaire interne à un établissement

L’Alliance Éducative du lycée Sophie-Germain est née en début d’année scolaire 2016/2017. Piloté par deux enseignants d’EPS, le dispositif bénéficie plus ou moins directement du concours des membres de la cellule de veille du lycée, à savoir des Conseillères Principales d’Éducation, des infirmières, une assistante de service social, une Conseillère d’Orientation-Psychologue (COP), des coordonnateurs MLDS ainsi qu’un représentant de l’équipe de direction. L’Alliance Éducative s’appuie également sur la participation d’une vingtaine27 d’enseignants volontaires (voir composition du dispositif en Annexe n°2). À la réunion de cadrage du 16 décembre 2016, il a été question de 19 jeunes qui avaient déjà bénéficié d’un soutien du dispositif depuis le début de l’année, dont 17 garçons et 2 filles.

Dans une première partie de l’année, le dispositif a adopté un mode de fonctionnement unique, appliqué à tous les jeunes mais modulé en fonction de leur profil spécifique. Ainsi, l’intégration et le suivi de jeunes à l’Alliance Éducative s’opéraient selon trois phases :

1) le jeune était repéré en cellule de veille et orienté vers l’Alliance Éducative,

27 Monsieur Clément, lors de notre entretien du 09 février 2017, faisait mention de 24 enseignants

investis dans l’Alliance Éducative. Ce chiffre a pu évoluer depuis, donc je préfère m’en tenir à un ordre de grandeur dans le corps de ce mémoire.

49 2) les responsables du dispositif, Olivier et Yves-Marie (Profs EPS)28, parfois accompagnés d’Aurélia (Service civique MLDS), recevaient le jeune lors d’un premier entretien et l’orientaient vers un tuteur avec accord du jeune,

3) un tutorat était mis en place avec un professionnel volontaire choisi par les référents du dispositif ou par le jeune lui-même.

À partir de la rentrée de janvier 2017, de nouveaux modules se sont petit à petit construits pour compléter l’action de l’Alliance Éducative du lycée Sophie-Germain :

- Un module « Renforcement des apprentissages » en lettres, assuré par Odile (Prof lettres/histoire)

- Un module « Renforcement des apprentissages » en sciences, pris en charge par deux enseignants de matières scientifiques

- Un module « Valorisation », lui-même scindé en deux, avec un module « Communication », dans lequel interviennent la Conseillère d’Orientation Psychologue et Jérémy (Prof carrosserie/construction), et un module « Estime de soi », qu’ont co-construit Arnaud (Coordonnateur MLDS), Axelle (CPE) et une deuxième CPE, ainsi que Virginie et Coralie (Infirmières),

- Un module « Rapport à l’autorité » proposé par Olivier et Yves-Marie.

L’idée de ces modules est de proposer une offre diversifiée, permettant de construire des réponses adaptées aux différents profils de jeunes pris en charge à l’Alliance, en plus de leur accompagnement par un tuteur. Ainsi, chaque élève en risque de décrochage orienté vers le dispositif peut se voir proposer d’intégrer l’un de ces modules, en fonction des informations transmises par la cellule de veille et de l’entretien d’accueil effectué par Olivier et Yves- Marie. Les modules sont prévus pour des petits groupes de jeunes. Ils fonctionnent sur un principe de volontariat.

Les différents modules ayant été mis en place au retour des vacances de février, après que j’ai réalisé la majeure partie de mon enquête, je n’ai eu que très peu de visibilité sur la manière dont ceux-ci ont effectivement fonctionné cette année. À partir des éléments dont je dispose, je peux néanmoins revenir sur la manière dont ceux-ci ont été pensés.

Les deux modules de « Renforcement des apprentissages » sont prévus pour les jeunes manifestant de grosses difficultés dans certaines matières fondamentales, en lettres/histoire ou en mathématiques/sciences. Quarante Heures Supplémentaires

28 Les personnes expressément nommées sont celles avec lesquelles j’ai réalisé un entretien. Elles sont

toutes anonymées. J’indique leur profession entre parenthèses ici pour faciliter leur identification, mais cesserai de le faire par la suite pour éviter de trop alourdir cet écrit. Pour plus d’informations sur les enquêtés, voir Annexe n°1.

50 d’Enseignement (HSE) ont été libérées pour ces deux modules, et trois enseignants se sont ainsi portés volontaires pour prendre en charge des élèves et revenir avec eux sur des bases non acquises. L’idée est d’accueillir des petits groupes de 6 élèves maximum, une heure par semaine, pour chacun des deux modules.

Le module « Valorisation » est scindé en deux parties. Je n’ai eu que très peu d’informations sur la partie « Communication », qui n’était pas encore mise en place lorsque j’ai interrogé Jérémy, co-responsable de ce module. J’ai en revanche eu quelques retours sur la partie « Estime de soi », ayant réalisé mes entretiens avec Axelle, Virginie et Coralie après le lancement de ce module. L’objectif du module « Estime de soi » est de proposer de petits ateliers autour des compétences psychosociales pour aider les jeunes à reprendre confiance en eux. Au bout de deux semaines de fonctionnement du module, Axelle fait état d’une dizaine d’élèves suivis dans ce module. Quelques semaines plus tard et suite aux vacances de Pâques, Virginie affirme que l’effectif a largement baissé : « au lieu d’être 6, ils sont une ou deux personnes à venir ».

Enfin, le dernier module « Rapport à l’autorité » s’adresse à des jeunes « violents avec l’institution scolaire », selon Axelle. Je n’ai presque aucun renseignement à son sujet, si ce n’est qu’il est géré par Olivier et Yves-Marie, et qu’il concerne, selon Yves-Marie, « ce qui construit l’autorité, ce qui déconstruit l’autorité ».

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