• Aucun résultat trouvé

La dimension intertextuelle ou le foisonnement artistique dans Puisque mon

cœur est mort

Pour ce qui est de Puisque mon cœur est mort, l’intertextualité est tout aussi présente avec également différentes formes d’expression. Il s’avère ainsi que Maïssa Bey fait de ses écrits une croisée de chemin où se rencontrent de multiples cultures, langues, littératures mais aussi des expressions artistiques, notamment à travers la citation qu’Antoine Compagnon présente à travers la définition ci-dessous :

Loin d’être un détail du livre, un trait périphérique de la lecture et de l’écriture, la citation représente un enjeu capital, un jeu stratégique et même politique dans toute pratique du langage, quand elle assure sa validité, garantit sa recevabilité, ou au contraire les réfute.2

1

GENETTE, Gérard. Palimpsestes, la littérature au second degré. Seuil. 1982. p.12

190 Ainsi à travers les écrits du personnage principal Aïda, Maïssa Bey apporte à son roman un profond caractère intertextuel, en commençant par la littérature qui est fortement présente dans le roman. En effet, Maïssa Bey n’a jamais caché à son lectorat son amour invétéré pour la lecture, et le montre encore une fois à travers les pensées de Aïda. Cette dernière ne peut s’empêcher d’écrire quelques lignes sans faire de références à des lectures antérieures. En effet, elle en parle et dit à quel point les livres sont importants à ses yeux, et le prouve à chaque fois qu’elle cite un passage, une ligne ou une idée qui lui aurait été inspirée par la lecture d’un livre, comme elle déclare dans cet extrait :

Je glane çà et là des fragments de détresse. Ils sont là, mes compagnons de toujours. Les livres. Et dans les livres, je cherche exclusivement les mots qui font écho à ma douleur. Je les appelle à mon secours. Les auteurs disent, et leurs mots me portent, me donnent la main pour avancer, pas à pas, sur les décombres. (PMEM, p. 154)

Dans sa position d’auteure d’un journal intime à nature épistolaire, Aïda se dévoile totalement sur tous les plans et n’hésite pas à parler de ses influences littéraires, musicales ou artistiques. Elle ne peut s’empêcher d’avoir recours à une lecture antérieure quand elle fait étalage de ses pensées. En effet, elle cite, à profusion, les nombreux auteurs qui ont marqué sa conscience intellectuelle.

En effet, il semble que « Parler, c’est tomber dans la tautologie. » Le résultat serait le même : que la citation soit signe comme le reste ou que le reste soit encore citation. »1. De cette manière, Maïssa Bey fait partager, à chaque fois ses lectures avec le lecteur et fait de la sorte, des lettres de Aïda, des textes ouverts au dialogue culturel, littéraire et même inter-genre. À l’image de ce passage, dans lequel, afin de donner un appui à ses réflexions, Aïda cite tout un extrait de Françoise Hàn2 où cette dernière évoque le thème du fascisme :

Pour toi, pour nous, ceci, de Françoise Hàn, dans un texte écrit sur le thème des fascismes : « comment avons-nous laissé le meurtre s’établir à demeure, disjoindre les mâchoires, hurler ses ordres, ébouler le langage, que l’écriture en soit, remuement de ruines, pelletage de gravats, alignements de blocs méconnaissables, lumière tombant droit sur des monceaux de cadavres, ils noircissent mais ne changent pas en terre, ils gardent leurs angles, leurs os

1 COMPAGNON, Antoine. La seconde main ou le travail de la citation. Paris : éd. Seuil. 1979. p.10

2

Poète et critique littéraire. Née à Paris en 1928, y vit de façon permanente depuis 1945 et qui a longtemps travaillé dans l'édition scientifique.

191 saillants, ils sont la falaise sans pardon sur laquelle rien ne peut s’inscrire qui ne tombe en cendres. (PMEM, p. 154)

Ou alors cet autre extrait, où nous retrouvons une citation d’Aimé Césaire reprise par Aïda pour mieux transmettre ses sentiments à Nadir, le prétendu destinataire de ses écrits. C’est une manière pour elle d’exprimer ses souffrances et sa douleur demeure aux yeux du lecteur toujours aussi vive. Elle évoque ses ressentiments aux lecteurs en s’adressant à son fils mort à qui elle dit que ses larmes n’ont pas cessé de couler pour lui :

Les larmes font perdre toute consistance au réel. Elles altèrent la perception de mon propre corps. Jusqu’à l’extrême bord du vertige. Et puis comme un écho, cette phrase d’Aimé Césaire : « …Ce bruit de larmes qui tâtonne vers l’aile immense des paupières. » Chaque soir j’avance à tâtons sur la plage pour tracer le chemin qui me mène à toi. (PMEM, p. 39)

Maïssa Bey ne cesse de faire nourrir ses écrits de textes issus d’autres littératures. Paul Varlery dit à ce propos, en parlant de son écriture et du rapport qu’il entretient avec l’intertextualité que le recours aux notes, aux fragments écrits par autrui ayant un lien avec l’époque de son histoire servent à bien traiter et exposer son sujet:

Mon travail d’écrivain consiste uniquement à mettre en œuvre ( à la lettre) des notes, des fragments écrits à propos de tout, et à toute époque de mon histoire. Pour moi traiter un sujet, c’est amener des morceaux existants à se grouper dans le sujet choisi bien plus tard ou imposé. 1

Maïssa Bey, le fait également pour illustrer son écriture de bribes pouvant lui octroyer une certaine vraisemblance avec le monde réel, elle s’en sert également afin de pouvoir mieux faire connaitre sa protagoniste au lecteur. Aïda déclare affectionner particulièrement le poète Jacques Roubaud2, cela lui permet d’extérioriser davantage ses sentiments et souffrances mais aussi de partager avec le lecteur ses préférences sur le plan de la lecture, en le sensibilisant aux peines de sa protagoniste, « Quelque chose noir » est un poème qui parle de la mort, du noir qui symbolise le deuil, mais aussi de l’ambiance sombre, et triste de la

1 VALERY, Paul. Cahiers. Paris : Gallimard. 1973

2

Jacques Roubaud, né le 5 décembre 1932 à Caluire-et-Cuire (Rhône), est un poète, romancier, essayiste et

professeur de mathématiques français. Membre de l’Oulipo, il a développé une œuvre prolifique, qui comprend des ouvrages de prose, de poésie, des écrits autobiographiques et des essais. Il s’est également intéressé à l’utilisation des mathématiques et de l’informatique pour l’écriture à contraintes oulipienne.

192 disparition, « disposer du noir qui tombe comme une poussière » fait référence aux cendres mortuaires des urnes funéraires qui, dans certaines cultures, finissent par être disposées dans l’espace affectionné par le mort :

Écoute, écoute, là, pour moi, pour nous ce soir ces mots d’un poète que j’aime, Jacques Roubaud. Cela s’intitule Quelque chose noir.

« Quand la mort sera finie je serai mort Où es-tu ?

Qui ?

Sous la lampe entourée de noir Je dispose

Du noir tombe Sous les angles

Comme une poussière. »

C’est seulement en ces moments-là, quand, au hasard de mes lectures, des mots surgissent du creux des ténèbres, des mots surgissent du creux des ténèbres à ma rencontre, c’est seulement en ces instants que je ne me sens plus seule. (PMEM, p. 48)

On relève également, dans d’autres passages un croisement que fait Aïda entre son histoire et celle d’un conte connu. Après lecture il ressort qu’Aïda, fait dialoguer la réalité qu’elle décrit avec les faits d’un conte connu, il s’agit du Petit

Poucet. En effet, elle compare les terroristes que la société qualifie de jeunes

égarés à des « Petits Poucets » qui n’auraient pas connu la fin heureuse du conte d’Andersen. Ils auraient été rejetés par leurs parents, ici représentés par la société, qui n’aurait pas su les garder sur le droit chemin, les encadrer et les retenir de commettre l’irréparable. Ils se seraient retrouvés par la suite, face à des ogres cannibales les ayant emportés avec eux dans leur folie destructrice. Des « Petits Poucets » auxquels « ces ogres » auraient placé des garde-fous faisant d’eux des soldats meurtriers :

Si l’on se tient à la définition la plus courante, les jeunes exécutants – par ce qu’ils sont jeunes, en majorité -, qu’il faut bien distinguer des têtes pensantes, ne seraient en quelque sorte que des Petits Poucets rejetés par leurs parents pour cause de misère, d’incapacité à les élever dans un environnement de nature à favoriser leur épanouissement. Égarés donc, vulnérables, livrés à l’angoisse des ténèbres, ils auraient trouvé refuge auprès

193 de la tribu des Ogres, dévoreurs d’enfants et amateurs de chair fraîche, qui les auraient initiés à leurs pratiques. Et qui, pour les apprivoiser, pour les appâter, auraient fait miroiter sous leurs yeux innocents la plus belle, la plus convoitée des récompenses : un accès direct au paradis, et en première classe ! J’ose la comparaison. Cela pour te surprendre, mais tu me permettras d’avoir, moi aussi, des égarements puérils. J’essaie, j’essaie désespérément de comprendre. Et puis, tout petit, tu aimais ce conte. Surtout la fin de l’histoire, quand le Petit Poucet et ses frères retrouvent enfin leurs parents. (PMEM, p. 120)

En plus des classiques de la littérature française on retrouve dans Puisque

mon cœur et mort, à de nombreuses reprises, des bribes de la littérature anglaise,

reflétant la culture et la personne de Aïda qui est très éprise de la langue de Shakespeare puisqu’elle est enseignante de la littérature anglaise à l’Université d’Alger. À cet effet, le lecteur se retrouve à plusieurs reprises confronté à des passages d’anglais que la narratrice explique ou traduit à chaque fois comme dans ce passage où Aïda cite John Milton1 le célèbre poète et pamphlétaire du 17ème siècle. Elle cite quelques vers de son plus connu poème épique « Le paradis perdus ». De la sorte, Aïda fait souvent dialoguer ses pensées avec celles de ses lectures, et fait ainsi pénétrer dans son texte des bribes d’autres textes.

Barthes parle souvent de ces phénomènes de reprise où l’on retrouve un auteur chez un autre, où bien où un style faisant référence à un écrivain se reconnaît chez un autre. Comme dans le passage ci-dessous où il étaye ses pensées en donnant l’exemple de Stendhal qui reprend Proust :

Lisant un texte rapporté par Stendhal (mais qui n’est pas de lui) j’y retrouve Proust par un détail minuscule […] Je comprends que l’œuvre de Proust est, du moins pour moi, l’œuvre de référence, la mathésis générale, le mandala de toute la cosmogonic littéraire […]. Et c’est bien cela l’inter-texte : l’impossibilité de vivre hors du texte infini – que ce texte soit Proust, ou le journal quotidien, ou l’écran télévisuel : le livre fait le sens, le sens fait la vie.2

Dans notre roman, le lecteur peut facilement relever le passage ci-dessous où Aïda s’accommode des paroles de John Milton pour pouvoir communiquer au lecteur ses pensées les plus profondes concernant son positionnement quant à la

1 John Milton (1608-1674) est un poète et un pamphlétaire anglais, célèbre pour être, en particulier, l’auteur de plusieurs poèmes épiques mais aussi des sonnets. Parmi son œuvre : Le Paradis perdu, Le Paradis retrouvé et Samson Agonistes

194 concorde civile annoncée par l’État algérien. En effet, étant une enseignante d’anglais, elle reprend deux phrases en anglais à partir du poème Paradise Lost qu’elle cite et qu’elle traduit juste en dessous en français. D’après ces mots empruntés, Aïda serait contre le pardon, et fait comprendre au lecteur, en lisant entre les lignes, qu’elle emprunterait plutôt le chemin de la vengeance :

C’est sans doute pourquoi ces lignes de John Milton m’ont sauté aux yeux alors que je relisais Paradise Lost : « For never can true reconcilement

grow / Where wounds of deadly hate have pierced so deep. »

Jamais une vraie réconciliation ne peut naître/ Là où les blessures d’une mortelle haine ont pénétré si profondément. »

Ce sont des paroles qui me confortent dans l’idée que j’ai choisi la meilleure des solutions. De plus, je dois t’avouer que, depuis que tu n’es plus là, c’est moi qui me sens, dans toutes les acceptions du terme, totalement, définitivement égarée. (PMEM, p. 122)

En bon professeur d’anglais, Aïda continue de présenter au lecteur ses nombreuses lectures anglophones qui l’inspirent tant, et la marquent dans son fonctionnement de réflexion, elle cite une citation de William Styron toujours dans sa langue d’origine, à savoir, l’anglais, puis poursuit ce processus intertextuel en la traduisant en français. C’est l’une des caractéristiques de ce roman, il est très chargé en références à la langue anglaise. Il s’agit d’une citation du roman autobiographique de William Styron1, en l’occurrence : Face aux

ténèbres que voici : « Dans mon carnet, je note, j’accueille en moi ces mots de

William Styron : « Despair beyond despair. » « Une désespérance au-delà de la désespérance » (PMEM, p. 131)

Dans un autre passage Aïda continue de faire référence à ses lectures de la littérature anglaise, et crée ainsi des parallèles entre ses pensées et celles émanant des productions de ses auteurs préférés à l’image de Shakespeare, où elle utilise l’incontournable réplique de sa célèbre pièce « Le roi Lear » afin d’illustrer sa position, et dire que rien n’émane de rien et parvenir à expliquer à son fils et au

1William Clark Styron Jr., dit William Styron, le 11 juin 1925 à Newport News et mort le 1er novembre 2006 sur l'île de Martha's Vineyard, est un écrivain et essayiste américain dont l’œuvre a connu un immense succès populaire et critique. Sa célébrité vient principalement de ses romans, dont les plus connus sont Un lit de ténèbres (en) (1951), Les Confessions de Nat Turner (en) (1967), Le Choix de Sophie (1979). L’influence de William Styron s’accroît avec la publication en 1990 deFace aux ténèbres, récit autobiographique d'une profonde dépression dont il parla comme d'un « désespoir au-delà du désespoir ».

195 lecteur que si elle s’est trouvée ce jour-là dans la position d’une organisatrice de meurtre c’est qu’elle y a été lourdement poussée :

Je peux simplement rétorquer que moi non plus je n’aurais jamais imaginé qu’on te ramènerait à moi le corps déjà enveloppé d’un linceul, et qu’on m’empêcherait de découvrir ton visage de peur que je n’y visse la trace de tes stigmates.

« Nothing will come of nothing. » C’est ce que le roi Lear répond à Cordelia dans la pièce de Shakespeare. (PMEM, p. 134)

Dans cette optique, les passages où Aïda utilise la langue anglaise sont nombreux. En effet, cette forme d’intertextualité offre au roman un caractère d’authenticité et de spontanéité. Par le fait que la narratrice soit une parfaite anglophone, il lui arrive donc de penser en anglais. On retrouve de ce fait des emprunts de l’anglais dans le discours de Aïda, car comme elle a été présentée dans le roman, elle est professeur d’anglais à l’université, elle a donc un style, et un vocabulaire qui est à l’image de sa profession. Ainsi on relève dans son discours des emprunts qu’elle fait à la langue anglaises, à partir de mots d’anglais en italique qu’elle ajoute à son discours, il s’agit donc d’intertextualité linguistique avec l’anglais.

Effectivement, le concept de l’intertextualité, aussi bien que sa désignation terminologique se formule de diverses façons. Ainsi nombreux sont les chercheurs qui ont désigné l’intertextualité par ce type de rapport qu’un texte littéraire entretient avec une ou plusieurs œuvres qui le précèdent, l’entourent ou le suivent, renvoyant donc aussi bien aux sources d’un auteur qu’au fondement linguistique de tout discours. Mais il reste que dans son phénomène transformationnel, l’intertextualité s’élargit de plus en plus pour s’appliquer à tous les « discours sémiotiques » et acquérir dans son effort de systématisation-interdisciplinaire, son statut de méthode, à ce niveau, Tais Morgan1 dit :

With the view that any event – wether in verbal, visual, aural, or kinetic « discourse » – can be analyzed as a text, or a hierarchy of relations among codes and theirs constituents elements, the gateway is open to applying the concept of “intertextuality”, defined generally as the structural relations

1 MORGAN, Thais E ; « Is there an intertext in this text ? Literary and Indisciplinary Approches to Intertextuality ». In American Journal of Semiotics, Vol. III, N°4; 1985, p. 1-40

196 among two or more texts, to any of the disciplines in the humanities and the social sciences. 1

Donc l’oralité soulevée dans ce roman peut être également une forme d’intertextualité de nature orale, où le langage des autres s’interfère avec le notre, et notamment à travers la tradition orale. Cela peut également faire référence à l’existence d’une intertextualité de nature linguistique. De ce fait, on peut dire que Maïssa Bey a fait dialoguer le français avec l’anglais. On retrouve cela dès la lecture du titre donné au chapitre contenant le texte qui est « sad and worried »2 :

Des visages censées représenter, de façon caricaturale, des émotions diverses. L’équivalent de ce qu’on appelle aujourd’hui des smileys. Le but de l’exercice était de leur faire trouver des adjectifs tels que : Happy. Angry. Astonished. Sad. Nasty. Joyful. Worried. Etc. (PMEM, p. 40)

En plus de se frotter à d’autres langues notamment l’anglais, le roman de Maïssa Bey se trouve être un roman jalonné par de nombreux dialogues avec d’autres cultures allant même à se mélanger avec d’autres registres, d’autres genres, tel que celui de la musique. En effet, dans ses pérégrinations, Aïda parle de la musique qui lui fait rappeler Nadir, et cite le nom des chanteurs qu’il appréciait au temps de son vivant. Il s’agit de chanteurs qui existent réellement, encore un autre parallèle avec la vraie vie apportant une authenticité au roman. Tous ces chanteurs chantent en langue anglaise et appartiennent à différents styles musicaux, allant du Reaggay au Rock, en passant par la Pop, ces goûts musicaux renvoient aux préférences des jeunes ouverts d’esprit et instruit de cette époque-là. En effet, Maïssa Bey cite les noms de Pink Floyd. Prince. Bob Marley. Freddy Mercury. Sting. Et Radiohead. Le groupe anglais, duquel elle cite carrément un couplet d’une de ses chansons creep, une chanson qu’écoutait en boucle son fils, et qui dans ses paroles qu’elle traduit, lui fait procurer de profondes émotions qu’elle veut partager avec le lecteur:

1 Traduit en français : "Considérant que tout événement – qu'il soit dans un discours verbal, visuel, auditif ou cinétique – peut être analysé comme étant un texte, ou une hiérarchie de relations entre des codes et les éléments les constituant, il y a donc possibilité d'appliquer le concept de "l'intertextualité", définie généralement comme relations structurelles entre deux ou plusieurs textes, à toutes disciplines de sciences humaines et sociales"

2

197 Nous avons écouté de la musique. En sourdine, par peur de choquer les voisins. La musique que tu aimais. Les Pink Floyd. Prince. Bob Marley. Freddy Mercury. Sting. Et puis Radiohead. Particulièrement cette chanson : creep. Oui, souviens-toi, cette chanson que tu passais sur ta chaîne hi-fi si souvent, et à plein son. Si souvent que j’ai fini par en retenir les paroles. Je les ai traduites à tes copains. Leur émotion m’a fait, pour la première fois, prendre conscience de leur sens. Cela peut te paraître incroyable, mais c’est vraiment ce qui s’est passé.

“When you were here before I couldn’t look you in the eye You’re just like an angel Your skin makes me cry

You float like a feather in a beautiful word.”

Comment moi, la prof d’anglais, ai-je pu t’aider à comprendre et à traduire