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DESCRIPTION DU SUPPORT

Dans le document La Lecture littéraire au cycle 4 (Page 106-112)

SÉQUENCE POUR LA CLASSE – NIVEAU 3

e

Écritures autobiographiques numériques

d’internement de Pohořelice en 1945. On saisit au fil des zooms successifs que, à l'âge d’un an, elle a effectué cette marche de la mort dans les bras de son frère aîné, marche au terme de laquelle sa grand-mère est morte de faim. Tous les fragments textuels sont rassemblés sur un grand poster qui présente un film d’époque en noir et blanc où l’on voit des Allemands déportés essayer de faire avancer dans la neige des voitures tirées par des chevaux. Il faut un certain temps pour aller au bout de cette partie de l’œuvre, comme si quelque chose peinait à se dire et qu’il fallait sans cesse y revenir. La vidéo ne devient visible qu’à partir des dernières diapositives, comme s’il fallait du temps pour donner une forme à tous ces fragments. L’outil Prezi permet de restituer cet effet de va-et-vient dans l’espace de la page et d’aller-retour dans le discours qui peine à se formuler. On ressent presque un dérèglement de la machine. Régulièrement, on a le sentiment que la pré-sentation « beugue ». La deuxième partie, beaucoup plus courte, contient une brève prépré-sentation du contexte historique de la « marche de Brno », et des circonstances qui ont conduit l’auteure à visiter ce lieu avec sa mère et à « habiter ce lieu ». L'artiste raconte dans un des paragraphes comment sa mère, en visite à Brno, leur a un jour montré, à elle et à son frère la maison où elle avait vécu dans son enfance, avant l'expulsion.

SCÉNARIO PÉDAGOGIQUE

L’enseignant prend en charge la lecture expressive du texte, en tentant de restituer les inflexions de l’auteure, dont les performances révèlent tout ce que sa voix douce et grave et son accent allemand mélancolique apportent à la lecture de ses œuvres. Il est demandé aux élèves de ne pas réagir pendant la lecture et de prendre silencieusement en note ce qu’ils voudraient dire. Suit un temps collectif de restitution de ce qui a été ressenti à la lecture. Puis on demande aux élèves de dire quelles possibilités de l’outil Prezi sont exploi-tées pour donner du sens. Ils comprennent que le discours de la mère, sans doute submergée d’émotions, est haché, aussi disparate que sa répartition sur la page, que les zooms sont comme une matérialisation de l’attention qu’Alexandra porte à certains mots de sa mère. Les élèves commencent à percevoir que la lecture de mots pourtant simples et quotidiens est perturbée par le dispositif de présentation.

SÉANCE 2 – SE PERDRE DANS TRAMWAY

COMPÉTENCE

S’initier à de nouveaux gestes de l’interprète.

DESCRIPTION DU SUPPORT

Tramway est une page web où des fenêtres pop-up contenant du texte (multi-inscription et incrustation) apparaissent de façon aléatoire, simultanée, au clic, sur une image de fond représentant la fenêtre d’un tramway avec quelques gouttes de pluie. La création comporte également un fond sonore.

SCÉNARIO PÉDAGOGIQUE

La page est explorée collectivement. Les élèves ont d’abord l’impression qu’elle dysfonctionne. On les rassure.

Ils savent désormais qu’Alexandra Saemer dissimule l’essentiel, qu’il faut donc traquer les vérités cachées dans les fenêtres pop-up qui semblent s’ouvrir aléatoirement sur la vitre de tramway. Les élèves identifient vite que les fenêtres représentent des conversations surprises dans le tramway ou des pensées qui viennent à l’auteure : l’histoire d’amour qui débute, la mort du père et l’œil omniprésent sont vite identifiés. On pro-pose aux élèves d’examiner le dispositif mis en place par l’artiste. Pour cela, ils explorent la page pendant quinze minutes. Ils doivent décrire les actions qu’ils ont effectuées, ce qui s’est passé sur l’écran et ce qu’ils ont compris des interactions entre les personnages. Enfin, on suggère aux élèves de lire la présentation de l’œuvre par l’artiste elle-même (revuebleuorange.org, rubriques Œuvres ; Tramway). Les élèves comparent leurs réceptions avec le projet de l’auteur.

Image extraite de Tramway d’Alexandra Saemmer.

© Alexandra Saemmer

Étape 2 : Se déprendre de Serge Bouchardon

SÉANCE 3 – ÊTRE UN LECTEUR EMPÊCHÉ OU FREINÉ DANS SON ACTION

COMPÉTENCE

Interpréter une œuvre numérique dans laquelle la machine exhibe son contrôle et où le parcours est contraint.

DESCRIPTION DU SUPPORT

Dans Déprise, six tableaux interactifs successifs11 racontent l’histoire d’un homme qui sent sa vie s’effon-drer. À l’instar du narrateur qui perd le contrôle de sa vie, le lecteur va progressivement perdre le contrôle de l’interface. Chaque tableau est source de surprises et de plaisir : la rotation des phrases, la présence de musique et d’effets visuels (taches de couleur, lettres éparpillées, image cachée à révéler par des questions, texte à double-sens de lecture, image à tordre…).

Image extraite de Déprise de Serge Bouchardon.

© Déprise, de Serge Bouchardon et Vincent Volckaert (2010), deprise.fr

11 Voir la description très détaillée de l’œuvre proposée par le Répertoire des arts et littératures hypermédiatiques, une ressource particulièrement précieuse dans ce domaine. [En ligne] http://nt2.uqam.ca/fr, rechercher « Déprise », rubrique Fiche du répertoire Déprise.

SCÉNARIO PÉDAGOGIQUE

L’enseignant envoie un élève à l’ordinateur et la classe vit collectivement la découverte de l’œuvre au vidéopro-jecteur. Au tableau 6, on peut demander à l’élève choisi de saisir au clavier l’énoncé « Je reprends le contrôle ».

Les lettres qui s’inscrivent au rythme des mouvements des doigts ne correspondent pas aux touches enfon-cées. À la toute fin de l’œuvre, alors que la dernière phrase s’inscrit sur l’écran, ce qui devrait apparaître comme « Enfin, je me suis repris » devient le plus souvent « Enfin, je me suis reprgjkhdasjkh ». On peut alors commencer l’analyse en demandant au scribe ce qu’il a ressenti en ne réussissant pas à saisir ce qui lui a été dicté. La question est de savoir qui a repris le contrôle. Les élèves constatent qu’à la toute fin du tableau, quelques lettres sont celles du lecteur mais que le plus souvent celui-ci n’a écrit au clavier que des suites de lettres aléatoires. À la réponse « C’est la machine qui a repris le contrôle », on apporte l’éclairage sui-vant : il s’agit du logiciel, du programme informatique, d’une forme d’écriture cryptée qui vient troubler l’écriture lisible pour le lecteur. Le dispositif explicite la prise de contrôle par l’écriture elle-même, non pas une écriture autobiographique, construite, transparente, mais une écriture cryptée : « des 1 et des 0 ».

La notion d’auteur et celle de sa mort peuvent alors être interrogées avec une pertinence accrue : elles sont manifestées de façon concrète.

Étape 3 : Reprendre le contrôle : pour un sujet lecteur

SÉANCE 4 – RÉALISER UN POSTER INTERACTIF DE SOUVENIRS DE LECTURES

COMPÉTENCE

Réaliser une production numérique.

SCÉNARIO PÉDAGOGIQUE

Les élèves établissent une liste de livres dont ils se souviennent. La liste est mutualisée : ils partagent leurs souvenirs de lecture ainsi que l’élément précis resté dans leur mémoire (un personnage, une description, un sentiment de lecture positif ou négatif, une personne qui a lu pour eux, une discussion autour du livre, etc.). À partir de ce travail préparatoire, les élèves mettent en forme cette liste dans un poster interactif conçu avec le logiciel Prezi, où ils organisent des zooms oscillant d’un « Je me souviens » central vers les différents souvenirs de lecture auxquels on leur demande de donner des formes sensibles et variées (enregistrement vocal, vidéo, lettrage animé, etc.). Une occasion précieuse pour l’élève en fin de troisième de faire un bilan de ses lectures et d’esquisser les contours du sujet-lecteur qu’il a construit au fil du temps.

Être un lecteur impliqué

éthiquement

PARCOURS EN CLASSE DE 3

e

DÉVELOPPER DES FORMES DE LECTURE ENGAGEANTES,

Dans le document La Lecture littéraire au cycle 4 (Page 106-112)