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III. 1. “Kull muskir ḫamr wa kull ḫamr ḥarām” : premiers pas vers la condamnation juridique du

V.4. Description de la Rāḥa et ses sources

Le témoin damascène est le seul à rapporter une claire division en chapitres qui s’avère être symétrique entre les deux parties de la Rāḥa:“al-qism al-awwal fī maḥāsin al-ḫamr: al-bāb al-awwal fī maʿrifat aṣlihā wa-kayfiyyat ʿaṣrihā, al-bāb al-ṯānī fī asmā’ihā, al-bāb al-ṯāliṯ fī ṭabʿihā, al-bāb al-rābiʿ fī nudamā’ihā wa-waṣf suqātihā, al-bāb al-ḫāmis fī-mā yuštamalu ʿalayhi mağlis al-šarāb, al-bāb al-sādis fī ḏikr mustaʿmilīhā wa-aḫbār man waqaʿa fīhā, al-bāb al-sābiʿ fī-mā wurida fīhā min al-maḥāsina al-fā’iqa wa-l-awṣāf al-rā’iqa; al-qism [al-ṯānī] min kitāb Rāḥat al-arwāḥ fī l-ḥašīš wa-l-rāḥa: al-bāb al-awwal fī l-kalām ʿalā aṣl hāḏā l-nabāt wa-man aẓharahu, al-bāb al-ṯānī fī maʿrifat asmā’ihā wa-kunāhā bayna ahl al-ṭawā’if wa-l-buldān, al-bāb al-ṯāliṯ fī ṭabʿ hāḏā l-nabāt wa-mā fīhi min kalām al-aṭibbā’, al-bāb al-rābiʿ fī ḏikr mustaʿmilīhā wa-laṭā’if man qad waqaʿa fīhā, al-bāb al-ḫāmis fī ḏikr mā ustuʿumila ʿalayhā min al-mustağlabāt ka-l-aṭʿima wa-l-ḥalāwāt, al-bāb al-sādis fī ḏikr man istaʿmalahā wa-lāṭa wa-huwa mašdūd bi-ḥulūlihi fī hāḏā l-ribāṭ, al-bāb al-sābiʿ fī-mā warada fīhā min al-madā’iḥ al-fā’iqa wa-l-aġzāl al-rā’iqa”88. Le fragment berlinois évoque, comme nous avons vu, cette division: “amuntaḫab min aqism aṯānī min kitāb Rāḥat aarwāḥ fī ḥašīš wa-rāḥ min ḫaṭṭ muʾallifihi aadīb Abī l-Baqāʾ al-Badrī al-Dimašqī wa-hāḏā l-qism yanḥaṣiru fī sabʿat abwāb”. Dans cette étude nous nous limiterons à présenter les textes contenus dans la deuxième partie de la Rāḥa: “fī l-ḥašīš” et, plus en détail, dans le quatrième et cinquième chapitre. Ici l’auteur a recueilli la plupart des récits concernant le haschich soit vingt-quatre dans le quatrième et vingt-deux dans le cinquième chapitre sur un total de cinquante-sept ḫabar-s. La taille de ces récits

86Ibidem, pp. 109-110. 87Ibidem, p. 111. 88Éd. 4:3-8 et 5:4:8.

varie de deux lignes (Éd. 44:19-21) à dix ou quinze (Éd. 26:1-25). Les personnages de ces anecdotes, des fois anonymes (yuḥkā ʿan baʿḍihim)89, sont, comme nous le verrons par la suite, les plus souvent mentionnés par l’auteur de la Rāḥa de même pour les noms des poètes. Le manuscrit parisien intègre souvent des fragments de poèmes ou d’épigrammes (maqṭūʿ ou maqṭūʿa, pluriel maqāṭīʿ)90 dans les anecdotes tandis que dans le témoin damascène les textes poétiques sont pour la plupart concentrés dans le septième chapitre. D’autres éléments d’actualisations outre que les toponymes et les dates déjà présentés plus haut, nous pouvons encore citer la référence aux noms propres. À quelques exceptions près (Abū Nuwas et Ibn al-Rūmī), les poètes les plus représentatifs dans la deuxième partie de la Rāḥa ont tous vécus entre l’époque ayyoubide (fin du VIe/XIIe siècle et première moitié du VIIe/XIIIe siècle) et surtout pendant la période mamelouke

(648-922/1250-1517):

Ibrāhīm al-Miʿmār (m. 749/1348) avec vingt-deux compositions dont dix-neuf épigrammes, deux zağal-s et une

mawāliyyā est le plus cité, puis al-Badrī lui-même avec dix épigrammes et une qaṣīda, Ğamāl al-Dīn Ibn Nubāta

(m. 768/1366)

avec dix épigrammes et une qaṣīda, Muḥammad Ibn al-ʿAfīf al-Tilimisānī, “al-Šābb al-ẓarīf”, (m. 688/1288) avec neuf épigrammes, Zayn Dīn Ibn Wardī (m. 749/1348) avec six épigrammes, Šihāb al-Dīn Aḥmad Ibn Baraka (m. 898/1492) avec trois épigrammes, un zağal et une mawāliyyā, Burhān Dīn al-Qīrāṭī (m. 781/1379) avec quatre épigrammes et une mawāliyyā, Sirāğ al-Warrāq (m. 691/1296) avec quatre épigrammes et une qaṣīda, Ṣafī al-Dīn al-Ḥillī (m. 749/1348) avec quatre qaṣīda-s, Nūr al-Dīn al-Isʿīrdī (m. 656/1258) avec trois épigrammes et une qaṣīda, Sayf al-Dīn al-Mušidd (m. 656/1258) avec quatre épigrammes, ʿAlī Ibn Sūdūn al-Bašbuġāwī (m. 868/1464) avec trois qaṣīda-s et une mawāliyyā, Zayn al-Dīn Ibn al-Ḫarrāṭ (840/1436) avec trois épigrammes, pour n’en citer quelques-uns.

Enfin, les titres des ouvrages-sources de cette deuxième patie de la Rāḥa que nous avons pu relever sont selon l’ordre de leur apparition dans le texte:

- le Sūq al-ʿarḍ fī nabāt al-arḍ (Éd. 6:12) attribué à Muḥammad Ibn Zakariyyā al-Rāzī

(251-313/865-925), probablement un apocryphe;

- le Sawāniḥ al-adabiyya fī madā’iḥ al-qinnabiyya (Éd. 7:8; 23:1, 29:18 et 47:9) d’al-ʿUkbarī (m. 690/1291);

- les Ḫiṭaṭ d’al-Maqrīzī (764-845/1364-1442) est explicitement mentionné seulement dans le témoin parisien (Éd. 13:2), bien que plusieurs paragraphes dans le premier et troisième chapitre de la Rāḥa sont clairement tirés du célèbre passage des Ḫiṭaṭ: “fī ḥašīš al-fuqarā’”91;

- le Zawāğir al-Raḥmān fī tarḥīm ḥašīšat al-Šayṭān de Šams al-Dīn Ibn al-Nağğār (IXe/XVe

siècle) est excplicitement cité au Éd. 68:12 tandis qu’aux Éd. 15:4 et 70:10-11 al-Badrī évoque

clairement cet ouvrage;

- le Minhāğ al-bayān d’Ibn Ğazla

(m. 493/1100) est directement mentionné en deux occurrences

(Éd.17:3 et 18:6) alors que l’on a démontré comme plusieurs citations dans le troisième chapitre sont

clairement reprises de cet ouvrage (Éd.19:1-6);

- le Ğāmiʿ al-mufradāt d’Ibn al-Bayṭār est évqué au Éd. 17:10;

89Éd. 25:3, 25:8, 25:12, 25:21, 25:24, 25:29, 26:1, 26:26, 27:3, 27:10, 27:20, 32:18, 46:28, 46:32, 56:16.

90 Voir sur ces formes poétiques G. J. van Gelder, Epigramm 1. Classical Arabic, dans EI3,Brill Online 2014. http://referenceworks.brillonline.com/entries/encyclopaedia-of-islam-3/epigram-1-classical-arabic-COM_26197. 91 Al-Maqrīzī, Ḫiṭaṭ, vol. 2, pp. 126-129.

- un Kitāb Tadbīr abdān al-aṣiḥḥā’ attribué à Ibn Māsawayh (m. 243/857) est cité dans une

seule occurrence (Éd. 19:5);

- un Kitāb Iṣlāḥ al-adwiya (Éd. 19:7 et 19:9) dont l’auteur n’est pas indiqué;

- le Kitāb al-Manṣūrī d’al-Rāzī est mentionné au Éd. 22:1;

- le Dīwān d’Abū l-Naṣr al-Ḥaddād (m. 529-1135) est cité au Éd. 42:21;

- un Lamʿ ou Lumʿ de Sirāğ al-Warrāq (m. 691/1296) qui, comme nous l’avons montré (Éd.

45:9), est le nom de l’Abrégé (Muntaḫab) du Dīwān de Sirāğ al-Warrāq composé par al-Ṣafadī (m.

764/1363);

- le Kitāb Qaṭr al-Nubātī (Éd. 49:22) qui a été écrit autour du 725/1324-5 par Ibn Nubāta (m.

768/1366);

- le Nuzhat al-nufūs wa-muḍḥik al-ʿabūs d’Ibn Sūdūn al-Bašbuġāwī (m. 868/1464) qui est

explicitement mentionné au Éd. 51:2 bien que des récits et des compositions poétiques de ce recueil

ont été surtout rapportés entre Éd. 37:5 et Éd. 41:33;

- le Maṭāliʿ al-budūr fī manāzil al-surūr d’al-Ġuzūlī (m. 815/1412), qui est directement cité au

Éd. 52:1, est, comme nous l’avons démontré, l’une des pricnciapales sources de la Rāḥa;

- le Sunan d’Abū Dāwūd al-Sğistānī (m. 275/889) est cité au Éd. 64:11;

- al-Ṣaḥīḥayn (Éd. 64:14 et 67:18) c’est-à-dire le Ṣaḥīḥ d’al-Buḫārī (m. 256/870) et le Ṣaḥīḥ

de Muslim (261/875);

- le Kitāb Nawādir al-uṣūl d’al-Tirmiḏī (m. 279/892) est cité au Éd. 65:3;

- le Kitāb al-Durra al-fāḫira fī kašf ʿulūm al-Āḫira, d’al-Ġazālī (m. 505/1111) est mentionné

au Éd. 65:9;

- un Kitāb al-Mabhiğ (Éd. 66:2) qui n’est certainement pas le Mabhiğ fī tafsīr asmā’ šuʿarā’

Dīwān al-Ḥamāsa d’Abū l-Fatḥ Uṯmān Ibn Ğinnī (m. 392/1002)

92

, d’autant plus que cette citation est

tirée du Maṭāliʿ al-budūr d’al-Ġuzūlī;

- le shaykh Muḥyī al-Dīn al-Nawawī (m. 676/1277) et ses “réponses” sont évoqués au Éd.

68:24;

- le Qawāʿid, ce qui est le Kitāb al-furūq: anwār al-burūq fī anwār al-furūq d’al-Qarāfī (m.

684/1285), est mentionné au Éd. 69:12;

- les fatwas d’Ibn Taymiyya (m. 728/1328) au sujet du haschich sont évoquées au Éd. 69:17;

- un Kitāb ʿUlūm al-ilhām al-rabbānī fī izālat kull dā’ šayṭānī wa-marḍ nafsānī d’al-Ġazālī

(Éd. 71:21-22) sur lequel nous n’avons trouvé aucune information.

Enfin, comme nous avons montré plus haut, le Zahr al-ʿarīš d’al-Zarkašī

(745-794/1344-1392) est de loin la source la plus citée par le manuscrit parisien de la Rāḥa: feuillets 2b et 53a, tandis

que dans les autres sept occurrences, il est mentionné seulement le nom de l’auteur du Zahr al-ʿarīš:

92 Ibn Ğinnī, al-Mabhiğ fī tafsīr asmā’ šuʿarā’ Dīwān al-Ḥamāsa, éd. Marwān al-ʿAṭiyya, Dār al-hiğra li-l-ṭibāʿ wa-l-našr wa-l-tawzīʿ, Dimašq 1988.

au feuillet 53a, deux fois au feuillet 53b, puis au 54a, deux fois au 55b et, enfin, une fois au feuillet

142a.