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Chapitre 4 : Cadre théorique

2. Description des praxéologies dans le cadre T4TEL

Comme nous l’avons précisé précédemment, nous travaillons dans le domaine des

EIAH, ce qui implique un travail de modélisation informatique des objets de savoir

à enseigner et des connaissances d’un sujet afin par exemple, de produire des

diagnostics et des rétroactions. L’équipe LIG-MeTAH propose ainsi un cadre de

référence T4TEL

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qui prend en compte ces dimensions informatiques (Chaachoua

& al., 2013 ; Chaachoua, 2015).

« …ce modèle calculable du point de vue informatique (et non du point de vue de la

théorie des automates), représente une formalisation et une extension du modèle

praxéologique répondant à la double exigence, celle de calculabilité d’une part et

celle de production de différents services EIAH d’autre part. » (Chaachoua & Bessot,

2017).

2.1. Eléments de la praxéologie

Les différents éléments de la praxéologie vont être décrits selon le modèle T4TEL

(Chaachoua & Bessot, 2017). Dans leurs travaux, ils reprennent l’idée que dans une

institution d’enseignement les types de tâches mis à l’étude possèdent au moins

Chapitre 4 : Cadre théorique

une technique. Ils introduisent la notion de « la portée d’une technique P(τ) » qui

est l’ensemble des tâches accomplies par τ.

Dans T4TEL, ils utilisent cette notion pour caractériser type de tâches et sous-type

de tâches.

Un type de tâches T est un ensemble de tâches tels que :

toute tâche est décrite par un verbe d’action donné (exemples : verser,

prélever, chauffer) et des compléments fixés (exemples : une solution, un

tube à essai), pris dans les objets d’une discipline,

il existe une technique qui accomplit au moins une tâche de T,

si est une technique qui accomplit une tâche t de T alors, soit P( ) est un

sous-ensemble de T, soit T est un sous-ensemble de P( ).

On dit que T’ est un sous-type de tâches du type de tâches T si :

T’ est un sous-ensemble de T et est accompli par une technique

T’ est un type de tâches.

Une tâche t est ce qu’un sujet d’une institution doit accomplir. Elle prend la forme

d’un énoncé dans un contexte précis. On fait l’hypothèse que toute tâche prescrite

à un élève comme « t

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: porter et maintenir la suspension de levures à 25°C » admet

au moins une technique pour l’accomplir, par exemple « τ: utilisation d’un bain

marie ».

Une technique est ainsi décrite par un ensemble de types de tâches ou de tâches.

Par exemple pour le type de tâche T

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, la technique τ se décline en trois tâches :

t’

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: mettre les suspension de levures dans la bain marie

t’

12

: régler le bain marie à température optimale

t’

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: vérifier avec un thermomètre la stabilité de la température

On qualifiera un type de tâche ou tâche comme « élémentaire » si l’institution ou

l’expert du domaine considère qu’il n’est pas nécessaire d’expliciter la ou les

techniques pour ce type de tâche. Il peut être relatif à un niveau scolaire. Par

exemple dans notre étude, ces tâches élémentaires se retrouvent principalement

dans des tâches liées à l’exécution d’un protocole comme « t : remplir d’eau le bain

marie ». Pour un élève non novice, il n’est pas nécessaire de décrire la technique de

cette tâche, elle est donc élémentaire.

Une technologie ϑ justifie « rationnellement » la technique, et permet de la

comprendre, et donc d’accomplir les types de tâches qui la constitue. On peut la

modéliser par un ensemble d’énoncés qui portent sur les éléments du domaine ou

non.

Par exemple la technique relative au type de tâche « T : identifier les réactifs et les

produits d’une réaction » se justifie par la technologie « ϑ : Les réactifs sont des

espèces chimiques présentes dans le milieu réactionnel, dont la concentration tend à

diminuer au cours du temps : les réactifs sont consommés, leurs atomes se

réarrangent pour former de nouvelles molécules : les produits de cette réaction. »

Cette technologie porte sur les éléments du domaine (biochimie).

Enfin, un énoncé est une proposition qui peut être vrai ou fausse s’il prend en

compte la praxéologie personnelle (paragraphe 3).

Description des praxéologies dans le cadre T4TEL

Une théorie a également une fonction de justification de la technologie cette fois

ci. On passe ainsi à un niveau supérieur de justification-explication qui peut être

également modélisé par un ensemble d’énoncés.

2.2. Introduction de variables dans T4TEL

Le modèle T4TEL introduit également, la notion de variable, pour définir les types

de tâches, avec comme objectif de structurer un ensemble de situations spécifiques

d’une connaissance (Chaachoua & Bessot, 2017).

Prenons l’exemple du type de tâche « T : observer à l’aide d’un dispositif, la présence

de glucose dans la suspension de levures ».

Selon la caractérisation présentée dans le paragraphe 2.1, le type de tâche

présente :

un verbe d’action : « observer »

des compléments fixés : « la présence de glucose » « dans la suspension de

levures»

un complément : « à l’aide d’un dispositif de mesure » qui peut varier, et qui

pourrait être défini comme une variable.

En effet, selon le modèle T4TEL, une variable est définie par :

une raison d’être : Il s’agit d’un outil méthodologique, associé à l’analyse a

priori d’une situation, qui permet de structurer un ensemble de type de

tâches relatif à un objet de savoir à enseigner.

Par exemple les tâches « t : observer, à l’aide du glucotest, la présence de glucose

dans la solution » et « t’: observer, à l’aide de la liqueur de Fehling, la présence de

glucose dans la solution » impliquent des techniques de résolution différentes.

L’introduction de la variable « dispositif de mesure » au niveau du type de tâche T

observer à l’aide d’un dispositif, la présence de glucose dans la suspension de

levures ») permet de structurer l’ensemble des tâches (t et t’) qui sont relatives à

un même objet de savoir à enseigner.

des fonctions : elles permettent notamment de générer des sous types de

tâches, et de rendre compte des praxéologies personnelles à partir des

possibles valeurs prises par la variable. Nous aborderons ce point

ultérieurement.

Selon les auteurs, la notion de variables dans T4TEL peut être amenée selon trois

points de vue. Ils s’appuient sur la théorie des situations didactiques, dans laquelle

Brousseau définit la variable cognitive comme étant :

« …une variable de la situation telle que par le choix de valeurs différentes on peut

provoquer des changements de la connaissance optimale. Les variables didactiques

seront parmi les variables cognitives celles qui peuvent être fixées par l’enseignant. »

(Brousseau, 1997, p. 3-4)

Le modèle T4TEL présente ainsi trois points de vue sur les variables :

un point de vue épistémologique : le changement de valeur d’une variable

modifie l’éventail de techniques possibles.

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Par exemple, pour le type de tâche « T : préparer le dispositif expérimental de

mesure du glucose ». La variable V1« de mesure » peut prendre plusieurs valeurs

comme V1a mesure qualitative et V1b mesure quantitative qui impliqueraient

potentiellement deux techniques liées à l’utilisation du glucotest, ou de la sonde à

glucose.

un point de vue institutionnel : les contraintes fixées par l’institution

induisent qu’une seule valeur de variable est possible ou que pour

l’ensemble de valeurs possibles une unique technique est associée.

Dans l’exemple présenté précédemment, si on se place dans l’institution scolaire

(contraintes matérielles de l’établissement, qui n’utilisent pas les sondes à glucose)

la valeur de variable V1 peut être fixée (mesure qualitative) et devient unique.

un point de vue didactique : une variable est didactique si elle est

potentiellement à disposition du professeur au sein d’une institution. Elle

est conditionnée par l’apprentissage, la réussite à la tâche et de ce fait elle

laisse un choix à l’enseignant.

Par exemple, la variable liée au type de « mesure » prend deux valeurs

« qualitative » ou « quantitative ». Ce choix implique des techniques de résolution

différentes ayant pour chacune d’elles, des apprentissages en jeu. L’enseignant

peut faire le choix de fixer une valeur en fonction de ses objectifs.

Une variable didactique dans une institution peut ne plus l’être dans une autre. De

plus, une même variable peut être caractérisée selon les trois points de vue.

A partir de ces éléments de praxéologies, nous allons dans notre étude, modéliser

les connaissances en jeu et produire trois praxéologies (institutionnelle, de

référence et personnelle) que nous décrivons dans les paragraphes suivants.