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DES LOCAUX POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L’ACCUEIL

UN FAISCEAU DE PARADOXES

DES LOCAUX POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L’ACCUEIL

Le premier paradoxe concerne l’amplitude relativement faible des ho- raires d’ouverture rapportée aux efforts d’investissements consentis par les collectivités locales et les universités au cours de ces 25 dernières années. Le constant développement de la lecture publique, qui s’est tra- duit par la création de nombreuses bibliothèques, l’augmentation impor- tante du nombre de personnels formés, de remise à niveau des budgets de fonctionnement et d’acquisition, n’a pas permis à la moyenne des horaires d’ouverture d’augmenter de façon significative. Comment comprendre que les millions de m² nouveaux ouverts au cours de cette période ne puissent pas davantage être investis par un public en attente de services dans le domaine de la lecture, de la culture et de l’information ?

Dans les témoignages et les projets en cours exposés dans ce volume, on voit bien que, pour les promoteurs de ces ouvertures élargies, la réflexion a consisté dans un premier temps à étudier le parti qui pourrait être tiré de la qualité et du volume de ces nouveaux espaces. En effet, ils n'ont pas considéré les locaux de leur bibliothèque comme de simples surfaces neutres et purement fonctionnelles, mais comme un atout essentiel pour l'amélioration de la qualité de l'accueil du public. Pour les uns, il s'agit d'accueillir, dans le cadre d'un partenariat précis, d'autres services que ceux de la bibliothèque. Pour les autres il convient d'utiliser avec sou- plesse ces espaces en pratiquant des horaires d'accueil de façon perma- nente ou ponctuelle, notamment aux moments où les usagers en ont le plus besoin.

Une modernisation des outils de travail moins simplificatrice que coûteuse en personnel

Autre paradoxe : au cours des 20 dernières années, la modernisation des outils de travail s’est considérablement accélérée. L’informatisation des catalogues et la création de catalogues collectifs entraînant la mutuali- sation du travail bibliographique, l’automatisation des prêts-retours, la numérisation des fonds spécialisés et leur accès en ligne sur place et à distance, ont constitué autant d’avancées susceptibles d’alléger de façon significative le travail interne. On constate au contraire qu’au lieu de libé- rer du temps de travail pour le personnel, ces procédures de simplification

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ont entraîné la spécialisation de postes de travail qui ont pris de plus en plus d’importance à la fois temporelle et organisationnelle. On voit également, à travers certains exemples développés au long de ces pages, que certains ont souhaité privilégier la polyvalence raisonnée des compé- tences des personnels, ce qui a permis une répartition plus équilibrée du temps de travail entre la nécessaire gestion des collections et une média- tion de qualité auprès du public.

Services à distance et accueil de proximité plus complémentaires qu’opposés

Dernier paradoxe : de nombreuses bibliothèques développent et amé- liorent sans cesse les services à distance et/ou hors les murs, et c’est, a priori, une excellente orientation pour prendre en compte les nouvelles attentes des usagers. Mais alors se pose la question de l’accueil de proxi- mité au regard de ce développement des services à distance. Ces deux types d’accueil, l’un virtuel, l’autre matériel et très concret, sont-ils suf- fisamment complémentaires ? Ici encore la démonstration semble faite que les locaux plus largement ouverts permettent un meilleur accueil de l’ensemble des usagers, et a fortiori de ceux qui découvrent la biblio- thèque par sa communication à distance.

Toutefois, un certain nombre de bibliothèques, même si elles sont encore trop peu nombreuses, ont fait l’effort d’étendre leurs horaires d’ouverture, soit en repoussant à une heure plus tardive leur fermeture en semaine, soit en pratiquant une ouverture le dimanche. De ce fait, la carte des horaires est très diversifiée, selon les catégories de bibliothèques ou selon les régions. C’est ce que nous allons voir maintenant plus en détail.

DES BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES PEU ENCLINES

À OUVRIR DAVANTAGE

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En 2009, le ministère de la Culture et de la Communication, dans le cadre des 14 mesures pour le livre et la lecture, a créé un dispositif d’incitation à l’extension des horaires d’ouverture, accordant aux municipalités qui le souhaitaient, une aide financière en soutien aux initiatives de recrutement

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de vacataires et autres dispositifs permettant un élargissement significatif des ouvertures, notamment l’ouverture du dimanche. Cinq ans après, il semble que cette proposition n’ait recueilli qu’un faible écho.

Depuis quelques années grâce à de nombreux rapports et documents, les principaux défauts et blocages du système actuel sont désormais large- ment identifiés.

Tout d’abord, dans les bibliothèques municipales, quelle que soit leur di- mension, l’amplitude des ouvertures reste médiocre.

Certes, les obstacles à un élargissement sont nombreux, et nous verrons plus loin comment tenter de les franchir avec succès. On parle souvent de la médiocre qualité des lieux, de la situation de la bibliothèque au sein de la ville, peu propice à une fréquentation aisée, de la configuration d’espaces cloisonnés et dispersés, qui nécessitent parfois la présence de nombreux personnels pour être accessibles. Et, en effet, avant de mettre en œuvre une ouverture le dimanche ou en nocturne, il s’agit de conduire

L’AMPLITUDE HORAIRE DES BM EN FRANCE : QUELQUES CHIFFRES

ENCADRÉ

De 20  heures d’ouverture hebdoma- daire (moyenne nationale englobant les plus petites bibliothèques) aux 40 heures d’accueil par semaine dans les plus grandes villes, l’amplitude horaire des ouvertures de nos biblio- thèques est assez inférieure à celle de la plupart des bibliothèques de nos voisins européens.

À regarder dans le détail la répar- tition de ces horaires, on aperçoit le nombre très relatif de bibliothèques qui pratiquent l’ouverture du di- manche (moins de 20 %). On constate également le nombre restreint de

bibliothèques ouvertes le lundi dans les villes de plus de 20 000 habitants (17,4 %). Sur le même échantillon, les ouvertures jusqu’à 20 h ou au-delà sont encore plus rares (13,4 %).

À cette étroitesse des plages d’accueil s’ajoute souvent la discontinuité de celles-ci : alternance de demi-journées et de journées complètes, fermetures en milieu de semaine, coupure méri- dienne, horaires différents selon les espaces, etc. Dans de trop nombreux cas, le tableau des horaires d’ouver- ture est peu lisible et, de ce fait, n’en- courage pas la venue du public.

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une étude sérieuse afin, peut-être, d’envisager d’autres solutions moins coûteuses en personnel.

Mais on parle plus souvent et de façon plus générale, de l’insuffisance des moyens humains ou financiers pour ouvrir davantage. Cet argument mérite toutefois qu’on l’examine avec une attention plus fine. Certes des renforts sous forme de vacations seront nécessaires pour permettre d’as- souplir les plannings, mais, nouveau paradoxe : on constate d’une part que les bibliothèques qui font l’effort d’ouvrir plus ne sont pas celles qui sont

les mieux pourvues en personnels1. Ceci encourage à réfléchir positive-

ment à une nouvelle organisation du travail et de nouvelles répartitions des tâches dans les bibliothèques qui ont actuellement le plus de difficul- tés à envisager de nouveaux horaires d’ouverture.