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Des carrières sociales propices à la subjectivation

d. L’Église SDJ

Chapitre 4. Des acteurs disposés à devenir chrétiens

4.2 Des carrières sociales propices à la subjectivation

Par leur socialisation familiale, les acteurs ont hérité de modèles sociaux et de valeurs à partir desquels ils sont censés penser leur expérience, y donner du sens et définir leurs aspirations. Comme on l’a vu, ces modèles sont dans une certaine mesure commensurables au niveau des représentations. Toutefois, les moyens de réaliser les aspirations en lien avec les nouveaux modèles du succès en vigueur dans une Chine culturellement et économiquement ouverte entrent aussi parfois en contradiction avec les normes sociales de l’héritage confucéen (Hunter et Chan, 1993, P.158-159). Car à mesure que les individus s’éduquent, s’investissent dans des parcours professionnels prometteurs et se projettent dans un monde globalisé, ils mettent à l’écart les normes familiales qui leur dictent principalement d’être des parents et des enfants, des époux et des épouses selon les codes qu’ils ont pourtant intégrés et auxquels ils n’ont pas pleinement renoncé. Les acteurs sont donc plongés dans une situation contradictoire : ils ne peuvent satisfaire à la fois leurs aspirations forgées dans un contexte de transition et leurs aspirations familiales hérités par delà les bouleversements sociaux du XXe siècle. Il faut pour comprendre ceci nous intéresser aux parcours sociaux des convertis.

Les convertis aux divers groupes que nous avons rencontrés sont issus de couches sociales intermédiaires23 qui ne présentent pas de véritable homogénéité. Leurs parents, retraités ou toujours actifs, qu’ils soient cadres ou employés dans des entreprises étrangères ou nationales, fonctionnaires ou chefs d’entreprise, propriétaires ou gérants de petits commerces, originaires de Shanghai ou de provinces plus rurales éloignées de la mégalopole, ont généralement profité de l’essor économique des trois dernières décennies pour améliorer leurs conditions de vie. Les convertis voient généralement leurs carrières perpétuer le mouvement d’ascension sociale entrepris par leurs parents, tout au moins en termes de capital scolaire et de statut professionnel. Peut-être plus encore que la situation professionnelle, l’homogénéité qui

22 Notons ici que tous les chrétiens que nous avons rencontrés n’adoptent pas la même attitude vis-à-vis des religions chinoises. Certains déclarent refuser de se livrer, même formellement ou par obligation familiale, aux rituels du bouddhisme. Si c’est chez les mormons que l’ouverture aux religions chinoises s’est avérée la plus importante et chez les pratiquants d’Apollos et d’Hosanna que les critiques envers le bouddhisme étaient les plus acerbes, la petitesse de notre échantillon nous empêche de tirer des conclusions trop générales.

23 Ces couches intermédiaires ne sont généralement ni les plus favorisées, ni les plus démunies de la population chinoise. (Merle 2007, p.44). Elles sont parfois désignées par l’expression zhongjian jieceng (中间阶层, strate du milieu) (Zhou, 2008).

préside aux carrières sociales des convertis réside dans leurs aspirations scolaires. Une importante proportion de ces convertis sont titulaires de diplômes, souvent du supérieur (niveau ingénieur, licence ou master) et il n’est pas rare qu’ils aient accompli leurs cursus dans des universités prestigieuses (à Shanghai, les universités de Fudan ou Jiaotong par exemple). Ceux-ci font donc partie d’une minorité plus éduquée de la population, en voie de massification, ayant réussi les concours d’entrée à l’université, en Chine ou à l’étranger24. Lorsqu’ils n’ont pas été à l’université, ils suivent des formations destinées à améliorer leurs statuts et leurs opportunités d’emploi (formations professionnalisantes courtes, cours du soir, formation à distance, etc.). Quel que soit le niveau atteint lors de leur formation initiale, ils sont généralement acquis à l’idée que les diplômes, l’acquisition de connaissance et de compétences sont vecteurs de reconnaissance sociale. Ils cherchent dans de nombreux cas à prolonger leurs formations bien au-delà de leurs formations initiales. Ils aspirent à être reconnus comme des acteurs cultivés.

Du point de vue des carrières professionnelles, ils occupent des postes de cadres d’ingénieurs ou d’employés de bureau dans des entreprises internationales ou locales, dans le marketing, la finance, la communication ou la logistique, etc. Certains sont travailleurs indépendants, exerçant des professions libérales ou gérant leurs propres entreprises. Jusqu’à leur conversion, la réussite matérielle se présentait à leurs yeux comme une priorité, le vecteur principal d’amélioration des conditions de vie et de reconnaissance sociale. Ils constituent les membres d’une jeunesse préoccupée par la réussite économique autant que par le développement personnel, aspirant à être libres, à maîtriser leur destinée et à profiter des opportunités offertes par une société en développement. La mobilité pourrait être le maître mot de leurs carrières sociales, faites de successions de postes, d’entreprises, de formations complémentaires, de lieux, de partenaires et en définitive, d’instabilité et d’incertitude : car quoiqu’éduqués et professionnellement dynamiques, ils sont aussi immergés dans une masse d’acteurs aux profils et aspirations similaires. Du fait des opportunités qui semblent leur être offertes, ils sortent gagnants de la transition socio-économique générale du pays. Mais plongés dans une société extrêmement compétitive, ils ne sont pourtant pas forcément les grands vainqueurs sur le marché du travail, ni les héritiers des classes véritablement dominantes. Les exigences du marché du travail s’imposent à ces « travailleurs forcés volontaires » (Tong, 2008 p.175). Appartenant à une sorte de nouvelle classe moyenne relativement aisée et laborieuse, ils

24 Selon les données de l’OCDE (2011), en 2009, 5% de la population âgée de 25 à 64 (environ 31 millions de personnes) avait poursuivi des études supérieures en République populaire de Chine.

constituent des fractions mobiles, en lutte pour les meilleures places qui sont loin de leur être assurées.

Toutes les organisations religieuses que nous avons étudiées ne présentaient cependant pas exactement les mêmes profils de convertis. L’Église R.O, du fait qu’elle constitue un rejeton d’un réseau de Boss Christians taiwanais présentait une population homogène, jeune, éduquée, forte d’une expérience internationale et d’une certaine réussite économique, développant un style de vie très cosmopolite. L’Église mormone présentait un nombre important de profils similaires à ceux rencontrés chez RO, mais aussi une plus grande diversité de profils plus âgés ou moins éduqués. L’Église Hosanna était encore plus mixte du point de vue de l’âge et des niveaux d’éducation, avec des profils moins internationaux, et des situations économiques variées. L’Église d’Apollos présentait la particularité d’être composée d’acteurs éduqués, mais très peu intégrés économiquement, développant un style de vie différent, mais entretenant des liens nombreux avec l’étranger.

Les carrières éducatives et professionnelles des acteurs, largement dictées par les impératifs économiques contemporains, contribuent à créer une distorsion, un éloignement des modèles sociaux encore portés par les familles dont ils sont issus. Or la famille constitue jusqu’à l’heure actuelle une institution essentielle de la société chinoise et l’importance des ménages dans la définition des rôles sociaux est déterminante, plus qu’elle ne l’est généralement en Europe, en raison de la dimension sacrée que revêt traditionnellement le lignage (Spoorenberg, 2005). Les principes des relations régissant la famille sont, selon la tradition confucianiste, codifiés et étendus à l’ensemble des autres institutions sociales, telles que l’État ou les organisations religieuses (Yao et Zhao, 2011). Le tissu social est ainsi traditionnellement considéré comme composé de cinq types de relations dites constantes25 largement liés à l’ordre familial et impliquant pour les quatre premières une relation dissymétrique : seigneur-sujet, époux-épouse, père-fils, ainé-cadet, ami-ami. L’âge, le lien de parenté et le sexe déterminent principalement les positions dans ces relations et les statuts sociaux des individus occupant ces relations. Le principe de la piété filiale (孝, xiao), occupe une place importante dans le système de valeur et l’organisation traditionnelle (Fairbank et Goldman, 2013, p.45). Il constitue un impératif social dictant non seulement la soumission de l’enfant à l’autorité patriarcale, mais aussi l’obligation d’honorer et prendre soin de ses parents lorsque ceux-ci entrent dans l’âge mur et de subvenir à leurs besoins tout comme

25  c’est l’une des acceptions de l’expression wuchang (五常) pouvant désigner aussi les cinq vertus cardinales ou les cinq éléments.  

ceux-ci ont subvenu aux siens dans sa jeunesse. Le type de relation que décrit la piété filiale se sacralise en se perpétuant au-delà de la mort, dans le culte des ancêtres, et tient encore aujourd’hui une place importante dans les mentalités (Bays, 2003).

Bien que l’on trouve en Chine une diversité de systèmes familiaux, le modèle le plus répandu dans la société Han suit historiquement un modèle patriarcal qui a pu être qualifié de « modèle communautaire patrilocal » (Todd, 2011 p.143), constitué de « ménages élargis multi-générationnels » (Spoorenberg, 2005). Le père et ses fils mariés y ont la prééminence. La distinction dans le domaine des genres suit de ce fait le modèle universel de la domination masculine. Historiquement, le statut des femmes chinoises a toujours été inférieur au statut des hommes chinois et leurs rôles sont distincts. Comme dans nombre d’autres sociétés, la distinction homme-femme comprend la distinction de deux espaces, l’un privé et l’autre public. L’homme est reconnu et valorisé socialement par son activité hors des murs du foyer. Il a comme rôle principal de subvenir aux besoins de sa famille et conduit son activité ordinaire dans l’espace public. L’autorité lui est dévolue et sur un plan intergénérationnel, il a la primauté sur l’héritage. La femme se distingue et est valorisée en tant que fille, mère ou épouse , selon une relation d’obéissance aux hommes: au père dans sa jeunesse, au mari après le mariage et à son fils après le veuvage. Dans ce dernier cas, l’obéissance n’est pas absolue, mais place la mère sous une autorité masculine. Elle est destinée à s’occuper de son mari et de ses enfants, puis de ses parents et voit son champ d’action plus ou moins cantonné à l’espace privé, en tout cas, à l’activité domestique. Le fait qu’une femme possède un niveau d’étude ou une activité économique qui la place au-dessus de son mari est généralement et jusqu’à ce jour perçu négativement. Cependant, bien que la femme ait un statut manifestement inférieur à celui des hommes, cette infériorité n’est pas absolue (Jura, 2009). Une femme améliore son statut par son mariage et par sa capacité à engendrer une descendance masculine ou éventuellement par son veuvage, qui lui donne accès à une liberté et des responsabilités sociales plus importantes. Surtout, elle a souvent dans la sphère domestique un réel pouvoir de décision et d’action. Bien qu’inférieure à l’homme, la femme au foyer jouit dans l’ordre traditionnel d’une réelle reconnaissance sociale26.

Les différentes révolutions qui ont marqué le XXe siècle chinois ont contribué à remettre en cause ce modèle et l’égalité des genres fut prônée dès l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong. Ces modèles révolutionnaires ont certainement eu des effets non-négligeables sur les

26 On ajoutera qu’en dehors du rôle valorisé d’épouse et mère dévouée, les autres statuts qui attribuent à la femme un rôle en fonction de son genre sont ceux de none et de prostituée, donc des statuts peu valorisants de femme au service des autres, et plus spécifiquement, de femme au service des hommes.

trajectoires familiales de nombreux individus (Diamant, 2000), mais comme dans toutes les sociétés post-modernes, les mentalités évoluent plus lentement que les doctrines politiques et l’ouverture des universités aux femmes comme aux hommes en 1978 n’a pas suffi à généraliser une égalité de fait entre hommes et femmes (Zhang, 2006 ; Cao, 2005). Le modèle de domination masculine qui offre de la reconnaissance sociale à la femme seulement dans ses rôles d’épouse et de mère et qui, dans une certaine mesure, cantonne l’homme à son rôle de pourvoyeur de repas, façonne toujours partiellement les représentations des acteurs. L’importance que revêt toujours la famille, comme une organisation spécifique des rapports entre générations et genres se perçoit dans la persistance de certaines pratiques telles que l’attachement au mariage ou, la pratique corrélée de la dot (China Daily, 2013).

Les familles d’origine des convertis que nous avons rencontrés illustrent tant la conformité que les écarts possibles à ce modèle traditionnel. Une partie importante d’entre eux sont des enfants uniques ayant été élevés dans des foyers composés de leur père, de leur mère et d’eux mêmes, avec parfois l’adjonction de certains grands-parents. Les enfants non-uniques sont fréquents aussi, mais les fratries peuvent dans certains cas n’être composées que de sœurs. Quelques uns font état de la mort ou de l’absence de leurs pères ou du fait d’avoir été élevés par leurs grands-parents. En dépit des modifications de la structure familiale induites par les évolutions politiques et économiques récentes, la structure conjugale des foyers d’origine des convertis reste relativement conservatrice et la corésidence de trois générations ainsi que la proximité avec oncles tantes et cousins sont relativement fréquentes.

Quelle que soit la situation familiale qu’ils aient connue étant enfants, l’entreprise de carrières étudiantes et professionnelles génère une mise à distance des modèles familiaux et la confrontation à de nouveaux modèles. La description de la vie universitaire prend ainsi souvent la forme d’un récit d’une vie faite de liberté, de découverte et parfois de transgressions, comme le raconte un ancien étudiant aujourd’hui juriste et converti au protestantisme :

À l’université, on se lève tard, on reste tard la nuit, pour jouer des jeux en ligne, parfois on va regarder de la pornographie ensemble. La vie de l’université, moi je pense que c’est comme un point de recherche, tu sautes les cours, tu n’as vraiment pas de règles; encore que mes camarades étaient vraiment moins disciplinés que moi. Je pense que...quand j’étais au lycée, j’étais sérieux, je travaillais tous les jours, je me levais tôt, j’allais étudier, je rentrais, faisais mes devoirs et j’allais dormir. C’était ma vie. Mais à l’université, la vie est un chaos total.

Si elle est le fruit de l’exposition des acteurs à de nouveaux modèles, la distance aux modèles familiaux est aussi largement imposée par les impératifs socio-économiques de la société

chinoise contemporaine. Si les garçons comme les filles entreprennent des études et des carrières prometteuses, ce n’est pas seulement par ambition, mais c’est aussi par nécessité : la carrière est l’étape nécessaire du succès et l’on s’y plie parce qu’il le faut bien. Il en va de même de la mise en scène des marqueurs du succès et de la modernité qui s’immiscent jusque au cœur de la vie privée : il faut consommer, il faut être à la mode, il faut se montrer sexuellement libéré(e) et associer à un dur labeur nécessaire au succès une attitude de décontraction et d’aisance. L’ouverture culturelle, comme elle est liée à un processus de distinction, est aussi un critère de sélection dans un environnement hautement compétitif. Ainsi, on a pu rencontrer différents acteurs qui avaient quitté la Chine non par goût, mais par opportunité et l’on a montré dans un travail précédent que les étudiants chinois présents en France n’étaient pas tous ici par goût du voyage ou pour le prestige du système éducatif français, mais plutôt parce que la migration étudiante revêt pour eux une ultime chance d’obtenir une éducation et améliorer leur statut social (Vendassi, 2008). De ce point de vue, l’entrée à l’université ou dans le monde du travail implique là encore une double transition : l’acteur sort d’une structure familiale conservatrice autant qu’il intègre un univers régis par ses propres impératifs normatifs. Et ce sont les impératifs normatifs de ces nouveaux univers qui poussent l’acteur à prendre de la distance aux modèles familiaux conservateurs.

Paradoxalement, ce sont aussi des impératifs relatifs au système familial qui contraignent les acteurs à s’en éloigner. En effet, la politique de l’enfant unique, qui impose une transgression du modèle familial traditionnel, place les nouvelles générations dans une situation paradoxale. Enfants uniques, ils catalysent tous les espoirs de réussite de leurs parents pour des raisons symboliques autant que pratiques. On ne traitera pas de la raison symbolique tant il est aisé de comprendre qu’un parent ayant consacré son temps et son attention à élever son enfant souhaite le voir s’épanouir en même temps qu’il vivra comme un accomplissement personnel les accomplissements de son enfants. Mais la raison pratique relève en Chine du fait que les relations parents-enfants sont régies par un pacte tacite mutuel : si le parent élève son enfant, l’enfant devra en retour prendre soin des vieux jours de ses parents27. De plus, l’avenir des parents une fois à la retraite réside très concrètement, dans bien des cas, sur la réussite économique de leur enfant. La position d’enfant unique signifie donc que tous les impératifs de la reproduction sociale reposent sur une seule paire d’épaules, augmentant considérablement la pression sociale et l’impératif de réussite. Or, pour parvenir à réussir et répondre aux exigences familiales, il est nécessaire de se plier aux normes contemporaines

27 Selon la pratique traditionnelle, il devra d’ailleurs continuer à prendre soin d’eux au-delà de la mort, afin de continuer à attirer sur lui leur bienveillance. Faute de quoi, il sera l’objet de tourments de leur part.

ouvrant à la possibilité du succès économique. Les acteurs doivent s’éloigner géographiquement de leur foyer d’origine en fonction des opportunités d’emploi. Ils doivent allonger la durée de leurs études, afin de maximiser leurs chances d’obtenir un poste rémunérateur, ce qui a pour conséquence de repousser le temps traditionnel de la fondation d’un foyer et de créer un temps propice pour les expérimentations conjugales, déviantes du point de vue des normes traditionnelles. Les nouvelles carrières éloignent particulièrement les femmes des modèles familiaux ou celles-ci, pour être reconnues doivent être mariées et pour se marier doivent être jeunes, chastes, soumises et de ce fait moins éduquées que leurs maris, ne rémunérant le foyer à la même hauteur que ce dernier. Or, les normes traditionnelles, parce qu’elles continuent d’être promues par l’exemple parental aussi bien que par la culture chinoise n’ont pas complètement disparu des représentations des acteurs. Dans ces conditions, la volonté d’autonomie et de mobilité que portent les acteurs, combinée aux injonctions contradictoires d’un système normatif familial traditionnel et d’un système économique imposant des modèles de réussite nouveaux et contraignants conduisent ces derniers à entreprendre un processus de subjectivation28. Ils réalisent que les institutions et modèles connus ne suffisent pas à prendre en charge leur expérience sociale. Ils tentent alors eux-même cette prise en charge. GP, apprenti cuisinier converti à Bordeaux, issu d’un contexte rural et d’un foyer modeste au sein duquel il côtoyait quotidiennement ses oncles et ses cousins, raconte avoir pris conscience de sa volonté de démarcation tandis qu’il avait quitté sa famille pour ses études :

Je n’étais pas timide, mais contrairement aux autres, je n’avais rien qui me définissait véritablement. Je n’avais pas un talent ou une particularité. Moi je suivais. Si mes amis disaient quelque chose, je disais la même chose. S’ils faisaient quelque chose, je faisais pareil. C’est que je n’avais pas de spécificité à moi, je n’ai pas de talents particuliers. C’est pour ça, je voulais trouver quelque chose qui me correspondait vraiment.

Souvent, la mise à distance des modèles familiaux et la réussite individuelle sur le plan professionnel, ne peuvent satisfaire pleinement les acteurs : H, aussi convertie à Bordeaux, étudiante en littérature reconvertie dans le stylisme affirme :

J’avais peut-être une tête différente, avec une imagination extrême, avec un caractère