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5. Architecture stratigraphique du delta de Kerinitis

5.2. Subdivisions architecturales

5.3.3. Delta médian : Unités Stratigraphiques 4 à 9

En zone 2E, SU4 constitue un ensemble d’une épaisseur de 10 m comprenant des bancs de bottomset et de prodelta (Figs 5.10 et 5.11.a, c). Les mesures de paléocourants, prises dans les bancs de bottomset et de prodelta, indiquent une direction de construction de SU4 vers N044°E.

Un déplacement du TBP d’approximativement 200 m est enregistré par la surface érosive KSS4. Cette surface tronque totalement SU4 et entaille sur 20 m les topsets de SU3 (Fig. 5.11.d). Elle est caractérisée, en zone 2E, par les géométries TF1, TF2, PF2 (Figs 5.2 et 5.11.d).

SU5 est uniquement préservée sur les zones 1 et 2E. En zone 2E, SU5 est représentée

par des foresets de 40 m de hauteur (Figs 5.11.a et 5.11.d) qui remplissent une topographie incisée de 20 m. Ces foresets sont tronqués par KSS5.

KSS5 représente la surface la plus significative de tout le delta. Elle incise vers le

bassin sur une épaisseur de 120 m à travers les zones 2 et 3 (Fig. 5.3). KSS5 est sub-horizontale et localement érosive sur la partie Est de la zone 2 (Fig. 5.13).

En zone 3, KSS5 érode totalement SU3 (sur une épaisseur de 60 m) et présente un profil en marche d’escalier (Figs 5.8 et 5.9.b). Cela suggère que le phénomène érosif ayant conduit à la mise en place de KSS5 s’est opéré sur des conglomérats déjà indurés. Aucun dépôt de paléosol pouvant indiquer une période d’émersion n’a été identifié sous cette surface.

Le long de la zone 1, les topsets de SU6 s’épaississent jusqu’à 50 m, en direction de la faille de Kerinitis. Le long de la zone 2, le TBP présente un pendage faible, devenant horizontal en direction du NE (Fig. 5.13). Au niveau de la limite SO de la zone 3, SU6 a une épaisseur de 20 m (Fig. 5.13.a) et se termine contre la surface érosive KSS6. Ici, le TBP de SU6 comprend une alternance entre des géométries en «toplap» et des ensembles de TB alignés selon une pente faible (Fig. 5.14). Les foresets de SU6 reposent en «downlap» (cf. Glossaire en Annexe 4) sur la surface érosive KSS5, atteignant la hauteur de 55 m. Pourtant, ils n’atteignent pas la rupture de pente au niveau du front du paléo-delta.

Sur la section orientée SE-NO (zone 2E, Figs 4.2.a et 5.4.a), orthogonale à la direction principale de construction du delta, les détails sur la surface KSS6 montrent qu’elle est formée de deux surfaces différentes, c'est-à-dire qu’elle présente une histoire composite (Fig. 5.12.b). Il est possible de distinguer une surface «b» correspondant à la base d’ensembles de couches de couleur beige, constituées principalement du faciès F3a(5) (Tab. 4.3 du Chapitre 4). Ces couches correspondent à une association de faciès de prodelta. Ces ensembles de prodelta reposent en conformité sur la sous-association de faciès de topset T1 (Fig. 5.4.a, Tab. 4.5). Une surface «c» érosive a également été distinguée. La surface «c» présente une forme ondulée (avec une longueur d’onde de 30 à 80 m, Figs 5.4.a, b et 5.15) permettant de préserver les couches de prodelta de SU6 en-dessous et les foresets de SU7 au-dessus. La surface érosive incise les couches sous-jacentes sur 3 à 5 m et adopte localement, un profil en marche d’escalier (Fig. 5.15). Selon cette configuration, sous la KSS6, des ensembles de couches de prodelta de forme grossièrement triangulaire sont préservés (d’une épaisseur inférieure à 5 m) localement dans des espaces entre les lobes érosifs. La mise en évidence de tels dépôts de prodelta implique que leur base a enregistré une augmentation majeure du rapport A/S (surface «b», Fig. 5.12.b). Cette augmentation précède la mise en place de la surface érosive (surface «c» sur la Fig. 5.12.b, Fig. 5.4.a).

Le long de KSS6, le TBP de SU7 s’est déplacé en position proximale sur une distance d’au moins 200 m.

Les foresets de SU7 viennent en «downlap» sur les KSS6 et KSS7 (surface de type TF2, Fig. 5.2) et dépassent la rupture de pente du front du delta (au-dessus de KSS5) pour atteindre une hauteur d’au moins 250 m (Fig. 5.13.a). Tout comme SU6, le TBP de SU7 comprend une alternance de géométries en «toplap» et de géométries en aggradation. Il monte en direction du NE suivant une courbe très peu accentuée (Figs 5.16.a et b). SU7 a une épaisseur atteignant les 80 m en zone 3, épaisseur qui diminue à une valeur de 30 m au niveau de la limite Ouest de la zone 2N. A partir de ce point et en direction du SE (le long des zones 2W et 1), les topsets de SU7 s’épaississent jusqu’à une valeur de 90 m en direction des failles de Pirgaki et de Kerinitis (Fig. 5.3.b). Le TBP de SU7 adopte une forme concave autour de la zone 2E à une altitude de 440 m (ligne en tiretés sur la Fig. 5.3.a) où SU7 a une épaisseur de 80 m sur la figure 5.3.b. A la limite SE de la zone 2E (falaise NE-SO, Fig. 5.3), les 20 m supérieurs des topsets de SU7 (n’ayant pas de foresets équivalents car tronqués par KSS5) ont enregistré à la fois des processus fluviatiles et marins (sous-association de faciès de topset T3, Fig. 5.16.b et Tab. 4.5). La base plane de l’ensemble de couches de cette sous-association de faciès (Fig. 5.16.a) a enregistré une modeste augmentation du rapport A/S (surface identifiée par Dart et al., 1994, fig. 8b ; surface «a» sur la figure 5.12.c).

Figure 5.12 : Analyse du caractère composite des KSS3, KSS6 et KSS7. a) Coupe simplifiée orientée NO-SE/SO-NE de KSS3 (Figs 5.8 et 5.10). La surface «a» et la surface «b» sont définies sur ce schéma de corrélation. Un déplacement majeur en position proximale de plus de 1 km du TBP est enregistré par la surface «b».

KSS5 représente un évènement plus tardif et distinct, qui incise la plus grande partie de SU4 et entièrement SU3. Le schéma illustre l’histoire composite enregistrée par KSS3. La surface «a» marque le début de l’augmentation modeste du rapport A/S pendant laquelle le Membre calcaire d’A. Andreas s’est déposé. La surface «b» enregistre la principale et abrupte augmentation du rapport A/S. b) Analyse du caractère composite de KSS6. KSS6 est composée de la surface «b» et de la surface «c». Le schéma simplifié explique que la surface composite KSS6 enregistre une abrupte et importante augmentation du rapport A/S sur la surface «b», suivie par une érosion sous-marine sur la surface «c», qui se met en place à la base des foresets. c) Analyse de la nature composite de KSS7 en corrélant des affleurements illustrés sur les figures 5.4.a et 5.13.a. Les surfaces «a», «b» et «c» composant KSS7 ont été distinguées. Le schéma interprétatif montre que la surface «a» enregistre une modeste augmentation du rapport A/S et que la surface «b» enregistre, quant à elle, une abrupte et importante augmentation du rapport A/S (approfondissement maximum). La surface «c» représente un phénomène érosif sous-marin local, à la base des foresets de SU8. Encart : abréviations utilisées. Voir le tableau 4.5 pour plus de détail sur les faciès et les associations de faciès (modifié d’après Backert et al., 2009).

Sur la falaise orientée NO-SE (section 2E, Fig. 5.4.a), KSS7 présente le même caractère composite que KSS6 (Fig. 5.15). La sous-association de faciès de topset T3 repose en conformité sur la sous-association de faciès de topset T1 (surface «a», Figs 5.15, 5.16.a et 5.16.b) enregistrant une modeste augmentation du rapport A/S. Les mêmes ensembles de couches de couleur beige de l’association de faciès de prodelta (Tab. 4.5) sont préservés sous forme de dépôts de morphologie grossièrement triangulaire («prodelta résiduel», Fig. 5.17.a). Ces ensembles de prodelta reposent en concordance sur les topsets de la sous-association de faciès de topset T3 (surface «b», Figs 5.4.a et 5.17.b). La surface «b» a enregistré une augmentation abrupte et de forte amplitude du rapport A/S. La surface érosive «c» (Fig. 5.12.c) est ondulante, avec une longueur d’onde de 40 à 80 m et érosive sur une profondeur atteignant les 5 m (Fig. 5.4.a). La surface «c» incise dans les topsets de SU7 (Fig. 5.13.a). Les foresets de SU8 viennent en «downlap» sur la surface «c» (Fig. 5.13.a). Ces études de détail ont montré que KSS7 est composée de ces trois surfaces (Fig. 5.12.c). Cette configuration implique, comme dans le cas de KSS6, que le phénomène érosif enregistré par la surface «c» (Fig. 5.12.c) post-date l’augmentation majeure du rapport A/S. Le caractère lobé et discontinu des surfaces d’érosion (surfaces «c» des Figs 5.12.b et 5.12.c) pourrait être relié à des processus érosifs, localisés aux pieds des foresets en progradation. En zone 2N, en-dessous de KSS7 sont préservées des couches de l’association de faciès de prodelta. A la différence de ce qui a été observé en zone 2E, le contact avec les topsets sous-jacents est érosif (voir la description des foresets de SU8 en zone 2N).

SU8 est caractérisée par des topsets (Fig. 5.3.b) qui s’épaississent considérablement le

long de la zone 1 (jusqu’à 100 m d’épaisseur) ainsi que par de hauts foresets (Figs 5.4.a et 5.18.a, b) en zone 3 (hauteur maximum des foresets : 260 m). En zone 2N-2E (centre du delta, Fig. 5.3.a), l’unité n’a qu’une épaisseur de 30 m (Figs 5.19, 5.20, 5.21). En zone 2E, SU8 présente une base caractérisée par des géométries en «downlap» (Figs 5.19 et 5.20). Sa limite supérieure, en zone 2E, est localement caractérisée par des géométries en «toplap» (TF1, Figs 5.2 et 5.20.b). En zone 2N, les foresets sont affectés localement par un «slump» (Fig. 5.22). Le TBP présente un très faible pendage, devenant subhorizontal vers le NE en raison de la présence de géométries en «toplap» (Fig. 5.3.b).

KSS8 est caractérisée en zone 2E par des géométries en «toplap» (Fig. 5.20), ainsi que

SU9 (Figs 5.3.b, 5.18.a, 5.18.b, 5.19 et 5.20) comporte des foresets d’une hauteur

maximum de 353 m. La partie supérieure a été érodée par KSS11 (correspondant à la base du delta du Kolokotronis plus récent, Figs 5.3.a et 5.19). En zone 3, les foresets de SU9 sont affectés par une structure de glissement (Figs 5.18.b et 5.23 ; § 4.4.2 du Chapitre 4) de type «backset bedding». Bien que le TBP ait été érodé, la hauteur des foresets implique que le TBP est courbé avec une forte composante aggradante.

KSS9 n’est définie qu’en zone 3 de coupe (Fig. 5.18.b) car elle se termine en «toplap»

contre KSS10.