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19*0 1981 1*2 1983 1904

T.F. 1 117 h 45 152 h 50 139 h 30 197 h 15 223 h

Antenne 2 139 h 45 115 h 16 72 h 38 126 h 45 147 h 36

F.R.3 58 h 45 60 h 31 85 h 30 144 h 14 166 h 30

Total 315 h 30 328 h 37 297 h 38 368 h 14 537 h 06

Source « S.I.T.I.

Pour des raisons que votre rapporteur analysera dans la dernière partie consacrée aux aspects financiers de la gestion du service public, il apparaît que la création française coûte cher, sans doute

(1 ) Selon M. André Harris, président de F mies Etats-Unis vendent au monde entier parce qu'ils réunissent deux conditions : d'abord, leur société profondément multi ­ culturelle est aujourd'hui de référence ; ensuite leur marché intérieur est suffisant pour

amortir leurs programmes ».

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trop cher pour être exportable, mais aussi pour alimenter raisonna ­

blement notre propre marché intérieur. C'est ce que votre rapporteur

estime le plus inquiétant.

Il existe donc un problème quantitatif, qui peut être analysé en termes financiers. Mais il existe aussi un problème qualitatif, comme le souligne la Haute Autorité dans son rapport 1984 , regrettant que « certains téléfilms, encore trop nombreux, qui par la fadeur des sujets, la médiocrité des interprètes et de la mise en scène, distillent

l'ennui » ( 1 ).

Votre rapporteur est conscient de l'effort effectué par les diffé ­

rentes chaînes de télévision pour produire en coproduction des pro ­ grammes de qualité, mais il déplore leur incapacité à sortir de l'alter ­

native « ou bien c'est de bonne qualité et c'est très cher, ou bien c'est moins cher mais c'est de mauvaise qualité ». 11 regrette aussi leur tendance au mimétisme qui n'est admissible que lorsque le sujet du téléfilm ou du feuilleton est de qualité. Le scénario de la série « Châteauvallon », feuilleton de vingt-six heures dont la durée devait permettre à Antenne 2 de « fidéliser » son public sur une longue période, et de mieux amortir les décors extérieurs et contrats de location des lieux, semble avoir eu quelques faiblesses. Au point que ce feuilleton, dont les producteurs prétendaient faire un « Dallas » à la française, vit sa popularité s'estomper dans l'embrouillamini des rocambolesques aventures de Mme Berg et ne reposer que sur

l'actrice principale. Aucun fil directeur, à l'inverse de « Dallas ».

Résultat : une défaillance de la talentueuse et populaire Chantal

( 1 ) C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles nos produits sont peu prisés sur le

marché international .

€ L'image qu'on a à l'étranger est essentiellement déterminée par la fiction. Selon M. Harris, celle-ci reste assez prestigieuse, car la France est un pays de tradition culturelle littéraire qui exploite en fin de compte assez bien cette tradition. Mais attention l elle est aussi un peu archaïque. Pourquoi, s'étonne le directeur général de n'arrive-t-on pas à traiter dans le domaine de nos fictions, de notre évolution ?

« On fait dans le social, chez nous, dans le malheur des cadres r yés dans des entre ­

prises inhumaines, dans le conflit de classes à la fin stéréotypé. Le social dépressif. » Aussi nous verrait-on, à l'étranger, un peu comme un peuple courant après son propre progrès, regardant l'avenir dans un rétroviseur.

« Les Japonais, qui s'intéressent à la modernité française, s'étonnent qu'on n'ait pas imaginé d'histoire ayant trait à l'industrie nucléaire. Pourquoi personne n'a encore parlé

d'Airbus ? Nos thèmes, à nous, c'est la honte de l'histoire, la difficulté d'assumer notre

avenir. Comment va-t-on toucher les Américains avec nos interrogations bien pensantes et un peu bigotes ? C'est très proche de la mentalité profonde de la France ; c'est très français

mais c'est aussi européen. Les Allemands ne font pas tellement mieux.

« S'il y a une caractéristique à l'Europe, c'est peut-être cet aspect négatif, on ne sait

pas propulser notre modernité. La France, comme l'Europe, a du mal à construire « un

système décomplexé audiovisuel » ; on a du mal à exprimer ce qu'on voudrait par-dessus tout

quand on lit les journaux, les déclarations des hommes politiques. « On reste une des

collectivités de la planète à posséder encore un crédit culturel mais si on ne prend pas

garde à sortir de nos systèmes de référence passéistes, on va être totalement dépassés. »

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Nobel et il a fallu renoncer à la suite du tournage . Lorsque l'acteur jouant le rôle de Joke Ewing est décédé, les auteurs, faisant preuve d'une capacité d'adaptation remarquable, modifièrent le scénario sans

dommage pour la série « Dallas ».

Résultats : une ardoise de plusieurs centaines de milliers de francs pour Antenne 2 qui devra rembourser les productions Televie

et Telfrance .

Afin de s'affranchir partiellement des contraintes budgétaires existantes pour la réalisation d'œuvres ambitieuses et de s'ouvrir un marché international , de nombreux accords de coproduction inter ­ nationale ont été signés au cours du dernier exercice.

La coproduction internationale présente en effet, pour les émis ­ sions « lourdes », de nombreux avantages :

– d'ordre artistique : elles permettent de mettre en commun de bonnes idées, de bons thèmes d'émission ou de bonnes histoires pour réaliser des fictions , des jeux nouveaux, des variétés plus créatives ;

elles favorisent le dialogue culturel entre créateurs ou interprètes de plusieurs nationalités sur un sujet d'intérêt commun ; elles contri ­

buent à rompre l'isolement des auteurs ;

– d'ordre économique : elles permettent de minorer les coûts en cofinançant les produits et, par suite , facilitent le montage d'émis ­ sions de prestige ; en outre, et cela n'est pas négligeable , elles permet ­

tent en théorie d'optimiser les espoirs d'amortissement du produit, en

lui donnant un label international et donc un marché international .

Elle est, par excellence, le mode de production adapté à la diffusion par satellite, avec des possibilités futures de versions multilingues

telles qu'elles sont désormais technologiquement possibles ;

– d'ordre stratégique enfin : la coproduction étant en pratique sinon le seul , en tout cas le meilleur moyen d'exporter les produits audiovisuels français , elle peut être le véhicule idéal de la culture française.

Compte tenu de ces avantages, qui sont réels, et malgré les cri ­

tiques qui surgissent inévitablement d'initiatives nouvelles, il semble que l'on ne puisse qu'encourager les trois chaînes, au moment où elles

se lancent dans des coproductions de ce type, en suivant en cela l'exemple d'Antenne 2 , qui fut précurseur en la matière : cependant ,

il faut insister sur deux points essentiels :

– le choix des sujets est priomordial : les coproductions avec

les pays anglo-saxons sont particulièrement tentantes sur le plan finan ­ cier, notamment les coproductions avec les Etats-Unis, dans le cas d'un tournage en France, en raison du taux de change. Mais elles ne

peuvent se monter sans un tournage en langue anglaise car le public

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américain n'accepte pas les films doublés. Ce handicap alourdit de

20 % environ les budgets. L'œuvre, produite avec de gros moyens peut cependant être une œuvre de grande qualité. Encore faut-il que les sujets choisis transmettent la culture européenne dans ce qu'elle a de spécifique et d'original . Pour promouvoir la culture française, euro ­ péenne, il faut dépasser le problème linguistique, peut-être avec des

grands sujets tirés du fonds culturel européen, comme le proposent

intelligemment nos partenaires italiens (cf. « Quo Vadis » ou « Chris ­ tophe Colomb », coproduits par la R.A.I. ). Mais il faut aussi veiller

à la qualité des scénarios, de la réalisation et, surtout, à l'homogénéité

de l'interprétation ;

– en second lieu, votre rapporteur qui , depuis 1982, estime que

la création de F.M.I. a été une erreur, considère avec Mme Delorme

qu'il existe un vrai problème concernant la cession des droits pour l'étranger à F.M.I. ; elle n'hésite du reste pas à en conclure que le monopole de cette société encourage les chaînes à renoncer à leurs

droits de commercialisation au profit de producteurs indépendants auxquels elles s'adressent. Il est bien évident – et les responsables de F.M.I. ne sont pas en cause, car il leur faut assurer une mission proche de l'impossible – que ceux qui prennent en charge une pro ­ duction sur un plan artistique sont les plus motivés et les mieux armés pour en assurer la diffusion à l'étranger.

Le bilan paraît donc inquiétant, pour ne pas dire désastreux. Les critiques formulées par M. Jack Lang, ministre de la culture, à Mexico, en juillet 1982 , étaient sans doute prémonitoires. « Trop souvent, nos pays acceptent passivement une certaine subversion d'images fabri ­

quées à l'extérieur (...) qui sabotent les cultures nationales et véhiculent un mode uniformisé de vie que l'on voudrait imposer à la planète entière. Au fond, il s'agit là d'une modalité d'intervention dans les affaires intérieures des Etats ou, plus grave encore, dans les conscien ­ ces des citoyens des Etats. » On eût préféré plus de modestie dans le

ton et plus d'ambition dans l'action . Ce ne fut pas le cas ( 1 ).