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Entre « danger socialiste » et création de l’UDF

Chroniques télévisuelles et radiophoniques post-émissions

B. Entre « danger socialiste » et création de l’UDF

Pour les candidats ou représentants de la droite française, deux sujets sont au coeur des reprises des journaux télévisés et radiophoniques : le danger que représente la gauche et les problèmes d’accord entre les différents partis. Une fois encore, comme nous allons le voir, les différentes rédactions mettent en avant le thème des conflits qui est privilégié au reste des informations.

Dans un premier temps, nous allons voir que le danger que représente la gauche selon les personnalités politiques à droite de l’échiquier est un sujet largement repris dans les journaux. En effet, dans la chronique « Journal des législatives » des Actualités de 13 heures sur TF1 du 14 février 1978, on revient sur les propos qu’a tenu Raymond Barre la veille au soir à Cartes sur table au sujet de l’alternance. Le présentateur explique que l’alternance est indispensable au bon fonctionnement d’un pays selon le premier ministre, cependant, il a également déclaré que l’opposition actuelle demandait une remise en cause fondamentale de la société. Nous voyons ensuite Raymond Barre chiffrer les propositions du Parti Socialiste dans un extrait de Cartes sur

Tout comme la reprise des Actualités de 13h sur TF1, Inter Actualité reprend les propos de 4

Raymond Barre sur l’élection probable des socialistes qui aurait pour conséquence le doublement des impôts. Cela est illustré par un extrait où le premier ministre explique que les mesures sociales revendiquées par le PS sont très couteuses.

Ces deux reprises de l’émission mettent en lumière le Parti Socialiste et le danger qu’il représente pour le parti du gouvernement. En effet, la lumière est mise sur un passage où l’invité s’exprime à propos du parti de François Mitterrand et non sur la défense du gouvernement ou sur le programme de celui-ci.

Deux semaines plus tard, c’est au tour de Michel Poniatowski de participer à l’émission

Cartes sur table. Les nouvelles, dernière édition d’Antenne 2 le 22 février 1978 résume cette

participation en mettant également en lumière le danger que représente selon lui l’arrivée des communistes au pouvoir. Il a dénoncé, selon le présentateurs du journal, les programmes socialistes et communistes pendant la majeure partie de l’émission. Ce dernier vante alors l’accélération des mesures sociales (en faveur des familles et des personnes âgées) promises par Valéry Giscard d’Estaing pour faire barrage aux propositions de la gauche française. Dans l’extrait proposé, on peut observer l’ancien membre du gouvernement expliquer que le programme commun comporte un triple risque : celui de la crise économique, celui de la crise politique puisqu’il y aurait un assaut pour prendre le pouvoir entre communistes et socialistes, crise institutionnelle avec le président.

Enfin, la reprise de l’émission de Jacques Chirac par Les Actualités de 13h de TF1 reprend 5

également ses propos sur l’impossibilité pour la gauche d’accéder au pouvoir et du danger que cela représenterait. Il est dit que Jacques Chirac a attaqué François Mitterrand lors du Cartes sur table de la veille, et qu’il pense que s’il arrivait à Matignon, il serait incapable de se détacher du Parti Communiste qui le harcèlerait sans cesse. De plus, il serait contesté par le RPR et limité par le président de la République. En clair, il serait incapable de gouverner ce qui mettrait le bon fonctionnement du pays en péril.

Émission Inter Actualité diffusée le 14 février 1978 à 8heures sur France Inter.

Les différents journaux télévisés et radiophoniques reprennent largement le danger que représente la gauche française selon les différents représentants de droit. Cela signifie que la gauche est prise très au sérieux et que son ascension au pouvoir semble être largement envisagé. La droite française dans son ensemble est bien consciente qu’elle est menacée dans le contrôle du pays. Elle essaie donc d’effrayer les électeurs en faisant part d’un désastre promis en cas de victoire des socialistes et des communistes. Les médias audiovisuels, en reprenant ces passages spécifiques, indiquent à la population que la gauche est proche du pouvoir et qu’elle pourrait être une menace pour l’économie française.

Le deuxième point abordé par les reprises des interventions des politiques de droite à Cartes

sur table est celui des conflits entre les différents partis, en grande partie dus à la création de l’UDF.

Le premier concerné par ce point est le président du RPR, Jacques Chirac. Lors de la reprise par Les

nouvelles, dernière édition sur Antenne 2, Jacques Chirac est qualifié de combatif par le 6

présentateur. L’extrait de Cartes sur table proposé par le journal est celui qui concerne la création de l’UDF. Jacques Chirac ironise sur le fait que les créateurs de l’UDF ait proposé la place de chef de fil au premier ministre qui l’a refusé. Les créateurs se sont attribués la place et font mine de la proposer ensuite à Raymond Barre, mais ce n’est pas dans leur intérêt. Jacques Chirac conclut que l’on passe trop de temps à parler de l’UDF qui a tout de même un intérêt très limité dans la politique nationale. Et malgré ces propos, c’est bien ce passage là qui est choisi par les journalistes pour illustrer la performance de Jacques Chirac à Cartes sur table. Il n’est pas fait mention, dans cette reprise, de son programme et des propositions qu’il a faite lors de l’émission. On retient seulement cette petite phrase à propos de l’UDF. Le téléspectateur qui n’aurait pas vu l’émission n’apprend pas grand chose sur les propositions de son parti.

Inter Actualité reprend également ce thème le matin du 12 janvier 1978, après l’émission de

Raymond Barre. Le résumé de l’émission fait mention du pacte électoral de la majorité et du fait que Jacques Chirac soit persuadé, selon le premier ministre, que ses adversaires cherchaient à l’étouffer dans la bataille électorale. L’extrait choisi illustre les positions du président de la République sur le pacte de la majorité. Raymond Barre y explique que le président a toujours préconisé la stratégie de l’entente majoritaire et qu’une multiplicité des candidatures mènerait à l’anarchie. La stratégie d’entente majoritaire est nécessaire et doit se developper. La stratégie

électorale prend le pas, une fois de plus, sur les propos de fond exposés pendant l’émission. Le journal ne retient que les alliances ou les divergences qui se jouent entre les différents partis de droite.

Les différentes reprises des interventions des candidats ou des représentants de partie pour les élections législatives de 1978 mettent en évidence trois éléments : l’omniprésence du programme commun pour les candidats de gauche, le danger que représente la gauche pour la droite française et les différents internes à la droite suite à la création de l’UDF. L’attention du téléspectateur est attirée sur ces trois phénomènes et non sur les propositions faites par les candidats. C’est là que le gate-keeping de David White prend tout son sens : le téléspectateur qui n’a pas vu l’émission est orienté du fait du choix des journaux de traiter telle ou telle information. Il ne dispose que de tous les éléments pour faire un choix objectif.

II. Les reprises de 1981 : un traitement peu égalitaire entre les candidats

Dans cette seconde partie, nous allons nous intéresser aux différents traitement des candidats à l’élection présidentielle de 1981 par les journaux télévisés et radiophoniques. Nous allons voir que la forme des reprises ainsi que le fond démontrent une certaine partialité de la part des rédactions.