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Chapitre 1 Introduction

1.5 Diabète associé à la FK (DAFK)

1.5.6 DAFK versus les diabètes de type 1 & 2

Les diabètes de type 1 et 2 (DT1 & DT2) sont les diabètes les plus communs dans la population générale. Auparavant nommé diabète insulino-dépendent, le DT1 est une maladie autoimmune qui se développe le plus souvent pendant l’enfance. Les personnes diabétiques de type 1 ne produisent plus d’insuline à cause de la destruction progressive de leurs cellules β pancréatiques par leur système auto-immune. Ils doivent donc prendre de l’insuline exogène sous la forme d’injections ou à l’aide d’une pompe.

Le DT2 affecte principalement les personnes à l’âge adulte et se caractérise par une période d’intolérance au glucose qui précède l’apparition du diabète, une augmentation de la résistance à l’insuline au niveau des tissus tels que le foie, le muscle et les tissus adipeux, et une diminution de la sécrétion d’insuline par les cellules β pancréatiques. Les traitements utilisés pour les personnes avec le DT2 (perte de poids, amélioration qualitative de la diète ou activité physique, hypoglycémiants oraux, insuline exogène) varient selon la sévérité de leur maladie. Le DAFK partage plusieurs caractéristiques avec ces deux types de diabète.

L’ADA catégorise le DAFK comme ‘’autres types spécifiques de diabète’’ (210). Comme pour les DT1, le défaut de sécrétion de l’insuline est sévère, sans néanmoins être total, et le recours à l’insuline exogène est fortement recommandé car c’est le seul traitement qui, au delà du contrôle de la glycémie, a démontré un impact positif sur le maintien du poids et/ou de la fonction pulmonaire (211). Les patients atteints de FK et ceux de DT1 sont fréquemment de poids normal. Par contre, contrairement aux patients diabétiques de type 1, il n’existe pas de stigmates d’auto-immunité tels que les allèles HLA et la présence d’auto-anticorps.

Comme pour les patients diabétiques de type 2, la survenue du DAFK est précédée d’une longue phase d’intolérance au glucose, la présence d’un certain degré de résistance à l’insuline (187) et des dépôts d’îlots amyloïdes dans le pancréas des patients avec le DAFK (97, 163, 212, 213) (voir section 1.5.2).

Un lien entre des gènes de susceptibilité identifiés pour le DT2 a aussi été mis en évidence dans le DAFK. D’une part, les patients FK avec un antécédent familial de DT2 sont beaucoup plus à risque de développer le DAFK que les patients sans antécédent familial (214). D’autre part, un lien a aussi été établi entre le DAFK et des gènes liés à l’inflammation, au développement des cellules β ou à la sécrétion de l’insuline comme le TNF-α, les ‘’heat shock protein’’, calpaïne 10 ou encore les ‘’polymorphismes nucléotidiques simples’’ tels que le

associée à une réduction de la secrétion de l’insuline chez le sujets prédisposés au DT2) est associée à une majoration du risque d’environ 3 fois de développer le DAFK (214).

La différence principale entre les patients DT1 ou DT2 et les patients avec le DAFK est la cause de décès. Alors que les diabétiques de type 1 et 2 meurent principalement de maladies cardiovasculaires, la cause de mortalité principale dans le DAFK reste l’insuffisance pulmonaire (136, 216) (Voir Tableau III).

1.5.6.1 Complications métaboliques, macro- et microvasculaires

Chez les patients atteints de FK, le risque de développer des complications macrovasculaires (infarctus, accident cérébro vasculaire, etc.) n’a pas été rapporté à ce jour (147). Par contre, certains patients peuvent développer de l’hypertension artérielle (218, 219).

Par contre, les patients DAFK développent des complications microvasculaires tels que la neuropathie, la rétinopathie et la néphropathie. D’ailleurs, des niveaux élevés de microalbuminerie, l’indicateur principal de la néphropathie, ont été détectés chez environ 20% des patients avec le DAFK (217, 220). Une étude comparant les facteurs de risques liés au développement de complications microvasculaires chez les patients avec le DAFK avec ceux qui sont atteints du DT1 a démontré que ceux qui ont le DAFK avaient une prévalence plus élevée de micoralbuminerie et plus basse de rétinopathie (182). Il est recommandé de faire un dépistage pour les complications microvasculaires 5 ans après le diagnostic du DAFK (182). Ce type de complication est fortement relié au degré d’hyperglycémie (182). Bien que la démonstration formelle n’existe pas dans le DAFK, il est bien démontré tant dans le diabète de type 1 que de type 2 que le contrôle intensif de la glycémie est associé à une réduction du risque d’apparition et de progression des complications microvasculaires (178). Le contrôle de la pression artérielle contribue aussi à la réduction du risque de complications microvasculaires.

Le prolongement de survie dans la FK mène aussi au développement d’autres dysfonctions du métabolisme, comme celles des lipides, où on retrouve une prévalence de 5-16% d’hypertriglycéridémie. Les patients atteints de la FK et d’hypertriglycéridémie ont des niveaux de cholestérols totaux à la hausse, une sécrétion d’insuline supérieure et une fonction pulmonaire meilleure que ceux qui ont des niveaux de triglycérides normaux. Par contre, leur tolérance au glucose ne semble pas être affectée par les niveaux de triglycérides (218). Une étude effectuée chez les adultes avec la FK, par l’équipe du Dr Stephenson, démontre la présence de

insuffisance pancréatique significative. De plus, le profil lipidique n’était pas différent entre les patients avec le DAFK et ceux sans le DAFK (221).

D’autres hormones jouant un rôle important sur le métabolisme ont aussi été étudiées dans la FK. Une association a été observée entre les niveaux de leptine, une hormone sécrétée par les tissues adipeux qui diminue la faim, et la sécrétion d’insuline chez les patients adultes avec la FK. Par contre, aucune différence n’a été observée entre les patients avec la FK et les sujets contrôles (222). Les niveaux de ghréline, une hormone sécrétée par les cellules entéro-endocrines de l’estomac et qui induit la faim, chez les patients avec la FK corrélaient négativement avec la fonction pulmonaire et le poids, et positivement avec les cytokines inflammatoires (223). Dans la population en santé, des niveaux diminués d’adiponectine, un polypeptide sécrété par les tissus adipeux et qui régule le métabolisme du glucose et des acides gras, constitue un facteur de risque établi possiblement causal du développement du DT2 (224, 225). Par contre, chez les patients avec la FK et le DAFK, les niveaux d’adiponectine ne diffèrent pas des personnes en santé (226).