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Détermination des amplitudes des pôles de négation en fonction de l’origine segmentale

INT EXTEN EXT

3.4. Invariants manuels pour les Langues Signées

3.5.4. Détermination des amplitudes des pôles de négation en fonction de l’origine segmentale

Sur la main, les moyennes des positions en fin de signe sont bien différenciées (voir ci-dessous, figures 3.6 et 3.7, parties gauches). Pour la négation manuelle (figure 3.6, partie gauche), en pronation l’amplitude est en moyenne de 76° et de 34° pour l’adduction (SD respectivement à 24 et 12, les amplitudes maximales pour ces ddl sont de 90° et de 45°). Pour les signes dont la négation est d’origine brachiale (figure 3.7 partie gauche) elle est de 61° en supination et de 31° pour l’extension (SD=28 et 18). La répartition entre les pôles correspond donc à ce qui est attendu : forte amplitude manuelle pour les signes initiés sur la main et amplitude manuelle plus faible pour les signes initiés sur le bras.

LOSE LSE LOSE PJM 30 45 15 -45 -30 -15 0 15 30 45 -90 -60 -30 0 30 60 90 Lo c en Abd uct io n (-) e t e n Add uct io n (+)

Loc en supination (-) et en pronation (+)

LOC ini et LOC fin pour [PERDRE] dans 11 LS Perdre

LSF Perdre BSL Perdre LSE Perdre LGP Perdre DGS Perdre ASL Perdre PJM Perdre RSL Perdre LSL Perdre SSL Perdre LETSL MOYENN E Perdre

Qu’en est-il des répercussions sur l’avant-bras ? Peut-on déduire de leurs valeurs l’origine segmentale des signes ?

Examinons tout d’abord l’extension de l’avant-bras. La moyenne de la position finale de l’extension de l’avant-bras ainsi que la moyenne de son mouvement sont plus importantes pour les signes de négation manuelle (respectivement Pos fin flex 24° et Mvt Exten 27° [voir figure 3.6])42 qu’elles ne le sont pour les signes dont la négation est d’origine brachiale (Pos fin flex 31° et Mvt Exten 16°) [voir figure 3.7]. Cette amplitude plus importante du mouvement d’extension provient bien de la main et en particulier du transfert de son mouvement d’adduction qui se fait très tôt dans le geste, alors que la main est encore dans une position de pronation de faible amplitude. Ainsi le mouvement d’extension de l’avant-bras porte la différence entre les origines segmentales de la négation.

Examinons si la rotation intérieure/extérieure comporte également cette différence. A l’opposé de ce qu’on vient de voir pour l’extension, les signes dont la structuration vient du bras, ont en moyenne une amplitude de mouvement de rotation extérieure (14°, figure 3.7, partie gauche) équivalente à l’extension de l’avant-bras (16°) et, en tout cas, bien supérieure à la rotation extérieure d’origine manuelle (7° seulement figure 3.6 partie gauche). Le mouvement de rotation extérieure de la négation brachiale provient bien du mouvement d’adduction du bras. Il semble donc que l’origine brachiale provoque une amplitude de rotation de l’avant-bras plus forte que les signes d’origine manuelle.

On a vu dans le chapitre précédent que l’association de la rotation et de l’extension/flexion de l’avant-bras a une répercussion directe sur la prono-supination (voir section 1.1.2.3.). Cette répercussion est valable quelle que soit l’origine du signe et donc du flux de celui-ci, elle devrait donc agir sur les deux types de négation.

Afin de vérifier la validité de ce transfert de mouvement, nous distinguons deux cas pour les deux types de négation. Le premier correspond à la moyenne de l’ensemble des signes répartis par types de négation, quelle que soit la langue (partie gauche des figures 3.6 et 3.7), le second, plus restrictif, correspond à la moyenne des signes répartis par type qui présentent plus que la moyenne de chaque type (plus que 75% pour la négation manuelle et plus que 20% pour la négation brachiale, voir partie droite des figures 3.6 et 3.7). C’est-à-dire pour la négation d’origine manuelle, les signes à glose identique dont plus des deux tiers présentent une pronation et une adduction et pour la négation d’origine brachiale, les signes présentant plus de 20% de supination extension. Si le transfert est symétrique qu’elle que soit le flux, nous devrions avoir une amplitude de mouvement ou une position finale plus marquée pour la pronation/supination dans la partie droite des deux tableaux que ce qu’on trouve dans la partie gauche.

Les deux types de négation mettent en œuvre les traits polaires de négation attendus sur l’avant-bras (Exten et Rot. Ext.), mais ils ne le font pas de la même manière. En moyenne, les

42 La position d’extension de l’avant-bras est toujours donnée par une flexion étant donné que la position extrême de l’avant-bras aligné avec le bras marque par convention une cotation d’extension à O°. Seules les personnes hyperlaxes peuvent avoir une extension positive d’environ 10°.

signes relevant d’une négation d’origine manuelle répondent au schéma d’action Exten . RotExt > Pro tandis que ceux d’origine brachiale répondent au schéma opposé Rot. Ext . Exten > Supi (voir section 1.1.2.3.). Pour les signes de négation brachiale, le flux proximal-distal correspond à cette diffusion du mouvement de l’avant-bras vers la main. Leurs moyennes du mouvement de la rotation extérieure (14° et 11°) sont certes inférieures à celles de l’extension de l’avant-bras (16° et 14°), mais en position finale, l’avant-bras est plus proche de l’amplitude maximale pour la rotation extérieure qu’elle ne l’est pour l’extension, ceci explique donc cet ordre. Toujours pour les signes de Neg. brach., aucune différence significative de mouvement n’apparaît sur l’avant-bras entre des signes fortement représentés par cette origine brachiale (>20%) et les autres. Les positions finales de l’ensemble des traits polaires ne sont pas affectées non plus. Il n’y a pas non plus de différences significatives pour le bras. En revanche les signes de négation dont l’origine est manuelle révèlent une différence entre ceux qui sont surreprésentés par signe (>75%) et les autres. Les plus représentés (à droite dans la figure 3.6) ont une amplitude de mouvement plus marquée pour l’extension de l’avant-bras et la pronation. L’amplitude du mouvement est donc un facteur important de négativité pour ces signes d’origine manuelle. On ne remarque pas de différence sur le bras, mais ceci correspond à la limite d’inertie que nous avons vu dans le flux distal-proximal : le bras n’est pas affecté par un mouvement initié sur la main qu’elle que soit son amplitude.

Une asymétrie existe entre les flux. La pronosupination est plus affectée par un flux distal-proximal qu’elle ne l’est par le flux distal-proximal-distal pour des signes de négation.

Hand Add . Pro > Flex Add . Pro > Flex

Loc. iniMvtLoc. Fin 27° 34° . 26° 50° 76° 16° -8° 29° 35° . 15° 64° 78° 12° -7°

Forearm Exten . Rot. Ext > (Pro) Exten . Rot.Ext > (Pro)

Loc. iniMvtLoc. Fin -52° 27° -24° . 38° 45° -52° 32° -20° . 40° 43°

Arm Exten . Add Exten . Add

Loc. iniMvtLoc. Fin -21° 6°-15° . 21° 2° 23° -22° 7° -15° . 20° 3° 23°

Figure 3.6. Schémas d’action moyens correspondant aux signes dont la négation est générée sur la main. A gauche

figure le schéma d’action moyen des signes présentant ces mouvements. A droite figure le schéma d’action moyen des signes dont plus des deux tiers des réalisations présentent cette origine. Les valeurs d’amplitude en indice et en exposant correspondent respectivement à la position initiale et à la position finale. La valeur au milieu est celle de l’amplitude du mouvement. Les flèches correspondent à un renforcement de l’amplitude.

Si l’amplitude de mouvement est un facteur important de la négativité pour la négation manuelle, les signes plus marqués par ce type de négation (>75% Neg. Man.) montrent-ils le même comportement ?

Pour les Neg. Man. le mouvement de Pronation est plus important (64°) qu’il ne l’est pour les signes tout venant (50°) (voir figure 3.6) et la répercussion sur l’extension de l’avant-bras présente plus de 5° de différence, dû au transfert de l’adduction manuelle qui croît tout de même de 2°. Les signes plus marqués par la Neg. Man. présentent une amplitude des pôles invariants plus grande.

Pour les Neg. brach., on observe le phénomène opposé. Les mouvements des traits polaires de la négation (Exten et Add du bras, Rot. Ext. et Exten de l’avant-bras et Supi. et Exten de la main) voient leur amplitude baisser légèrement pour les signes dont le nombre de Négation brachiale est marqué. Comment expliquer la conjonction de ces différences de comportement ?

Le flux proximal distal de la négation brachiale prévaut sur celui distal-proximal de la négation manuelle (principe de prévalence brachiale). Ainsi, pour les signes qui présentent une négation brachiale nombreuse dans les différentes langues n’est-il pas besoin d’avoir des mouvements amples des pôles invariants manuels de la négation (Supi Exten), les traits polaires de la négation s’expriment de manière diluée entre le bras et la main. Il n’existe donc pas de gradient de négativité lié à l’amplitude du mouvement pour la négation brachiale. Toujours selon ce principe, pour les signes présentant une proportion importante de négation manuelle (flux distal-proximal), les traits polaires de négation manuelle (Pro Add) doivent aller à l’encontre de ce principe de prévalence brachiale. Pour cela l’existence même d’un gradient de négativité lié à l’amplitude du mouvement se justifie.

Après avoir déterminé les schémas d’action moyens par type de négation, et montré que le flux proximal distal prévalait sur le flux opposé qui est donc un flux secondaire, nous allons examiner plus en détail les positions polaires des invariants sur la main en fin de signes et leur rapport à la négativité. Une fois édictée une règle générale liant la position finale des ddl de

Hand Supi . Exten > Abd Supi . Exten > Abd

Loc. iniMvtLoc. Fin -27° -34° -61° . 30° 31° 13° -11° -23° -33° -55° . 29° 35° 11° -12° -1°

Forearm Rot. Ext . Exten > (Supi) Rot. Ext . Exten > (Supi)

Loc. iniMvtLoc. Fin 36° 14° 50° . -47° 16° -31° 38° 11° 49° . -46° 14 -32°

Arm Exten . Add Exten . Add

Loc. iniMvtLoc. Fin -28° 12° -17° . 23° 0°23° -32° 12° -19° . 24° -1° 23°

24° -1° 23° .

la main avec la négativité, nous montrerons comment cette règle s’applique à un niveau phonologique (normalisation des positions) puis à un niveau phonétique tant pour la négation manuelle que pour la négation brachiale.

3.6. Traits de négation entre phonologie et phonétique :