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Nous avons commencé des démarches pour recruter les participants de la recherche dès le moment où le projet de recherche a été accepté par le jury, en juin 2010. Il nous a fallu mettre en place des stratégies adaptées afin de trouver des participants à la recherche en respectant les critères établis. Nous avons rencontré quelques difficultés pour ce faire. Elles consistaient principalement à trouver des participants dont le profil correspondait à tous les critères établis, qui étaient volontaires pour prendre part à la recherche et qui disposaient d’un temps libre suffisant pour qu’une rencontre en face à face puisse avoir lieu.

4.5.1. Mode de recrutement

Les individus ont été recrutés principalement grâce à notre réseau de contacts professionnels et personnels, développés à travers nos diverses activités professionnelles, universitaires et sociales. Dans quelques cas, nous avons pu interviewer des personnes que nous connaissions déjà ou alors celles qui nous

ont été référées par certaines de nos connaissances. Également, nous avons sollicité l’aide d’organismes d’employabilité des personnes immigrantes, d’associations d’immigrants (par exemple l’Association des Algériens à Montréal), d’associations de femmes ou d’hommes d’affaires ou encore d’organisations communautaires. Parfois, en participant dans des activités culturelles, professionnelles, sociales ou académiques, nous avons pu faire connaître notre recherche. Également, les participants de notre recherche pouvaient nous aider à trouver d’autres candidats pour les entrevues, selon le principe de la « boule de neige ». Compte tenu des quelques difficultés rencontrées pour trouver les participants correspondant à notre échantillon selon les critères de sélection et selon les exigences de la diversification, notre recherche sur le terrain a pris plus de temps qu’initialement prévu à cet effet et s’est déroulée entre septembre 2010 et avril 2011.

4.5.2. Conduite des entrevues

Certaines situations non anticipées se sont présentées au cours de notre recherche par exemple, la présence des conjoints ou des enfants au moment de l’entrevue qui pouvaient, soit intervenir au cours de l’entrevue en apportant des informations supplémentaires ou leur point de vue, soit perturber quelque peu son déroulement. Il nous a fallu également tenir compte du fait que pour de nombreux participants, l’entrevue empiétait sur le temps du repos ou alors celui des activités familiales ou professionnelles et respecter la disponibilité de chacun.

4.5.3. Relation avec les participants

Plusieurs participants nous ont demandé de pouvoir lire la thèse. Ceci a renforcé notre intention de procéder à la restitution des données aux participants

de la recherche après la soutenance mais avant de les publier. Ainsi, nous prévoyons organiser une rencontre dans un cadre agréable qui donnera aux participants la possibilité de connaître les résultats de notre recherche. La restitution offrira aux acteurs la possibilité de se prononcer face aux conclusions de l’analyse, d’apporter des commentaires ou des compléments d’information. Il est possible que d’éventuels désaccords avec les conclusions de la recherche puissent se manifester et que les participants souhaitent apporter des modifications à nos conclusions. Or, la restitution n’aura pas pour but de disqualifier les résultats obtenus ou encore d’écarter ce qui ne convient pas mais plutôt d’intégrer les avis des acteurs dans la réflexion sur notre objet d’étude qui ne s’arrête pas au moment de la défense de la thèse. Il s’agira également de permettre aux acteurs d’obtenir un accès privilégié aux résultats et la possibilité de se prononcer au sujet des connaissances co-construites dans notre engagement commun.

La majorité des interviewés ont trouvé la participation à la recherche enrichissante puisqu’elle a inspiré une réflexion sur leur parcours au Québec, leur trajectoire migratoire et leur situation actuelle en rapport avec leurs attentes face à l’immigration. Souvent, ils voulaient partager leurs expériences dans la mesure où les leçons apprises sont susceptibles d’aider les autres immigrants dans leur parcours d’intégration. Parfois, la participation à la recherche avait également pour but de transmettre un message aux décideurs ou de rendre publiques certaines craintes ou observations. Indépendamment des motivations individuelles, la contribution de tous les participants a été essentielle et leur générosité mérite d’être soulignée.

4.5.4. Limites de la méthode de recueil de données

Au préalable de la recherche sur le terrain, une réflexion sur la posture qui sera adoptée dans le cadre de la recherche, c’est-à-dire notre positionnement par rapport à l’objet d’étude, nos valeurs et notre parcours d’immigrante, s’est avérée nécessaire. Ensuite, il nous a fallu de repenser à nos motivations pour mener une recherche sur les trajectoires migratoires et l’intégration des immigrants. Est-ce notre expérience personnelle d’immigration qui nous a poussé en cette direction ou encore la sympathie pour ces migrants, déracinés, en quête d’une plus grande liberté ou d’un rêve d’un futur plus radieux pour eux et leurs enfants ? Est-ce notre désir de « dénoncer » certains préjugés, de faire mieux connaître l’expérience des migrants à un public plus large et éventuellement de proposer des pistes de réflexion sur les programmes d’aide aux immigrants en cours d’intégration au Québec ? En adoptant le point de vue réflexif, il nous a été possible de reconnaître notre place dans la construction de notre objet d’étude et d’en prendre distance pour mieux l’objectiver au moment du recueil, de l’analyse des données et de leur interprétation.

Nombreux défis se sont présentés à nous au moment du recueil des données. Premièrement, la présentation de soi au moment de la mise en relation avec l’interviewé était décisive. À cette étape, révéler notre parcours d’immigration (notre prénom, accent et patronyme l’indiquent clairement), pouvait influencer le discours des participants de différentes façons. Pour certains, le fait que la chercheure partage leur expérience pouvait sous-entendre une compréhension plus grande de sa part et donc, limiter le récit de migration car apporter des détails ou donner des exemples pouvait être vu comme superflue (voire relevant du « jeu de rôle » : le participant se prête à un récit dont il sait que la chercheure en fait l’expérience.). Ceci nous amène, à la question d’une difficulté, à savoir comment amener l’interviewé à faire un récit spontané et détaillé de son

expérience sans prendre en compte la subjectivité de celui à qui il se livre. Nous avons observé que pour plusieurs participants, une entrevue est perçue comme un échange des questions et des réponses entre le chercheur et l’interviewé d’où la nécessité d’adapter le mode de conduite de l’entretien à chaque l’interviewé.

D’autres raisons ont rendu le principe de standardisation des conditions d’enquête inapplicable à notre enquête, puisque trop contraignant. En effet, ces conditions tel le lieu d’entrevue, la prise de contact, la présence des membres de famille, variaient d’une personne à l’autre. Cette flexibilité a été nécessaire a) pour trouver les sujets correspondant aux critères d’échantillonnage et b) de convenir d’un lieu et d’un moment dans la semaine et dans la journée où ils pouvaient consacrer du temps à l’entrevue, compte tenu de leur nombreuses activités professionnelles, éducatives, culturelles, sportives, familiales. En conséquence, comme nous avons expliqué à la page 137 de notre thèse nous avons adopté plusieurs façons de recruter les participants de la recherche (et de les rencontrer), ce qui nous a permis d’avoir accès à des parcours migratoires diversifiés, par exemple tous les participants ne sont pas passés par des organismes d’aide à l’intégration. Par contre, ce type d’échantillonnage mixte a eu pour conséquence une disparité tant dans le déroulement d’entrevues que dans le discours produit. Il est par exemple possible de constater que certains des participants que nous avons connus au préalable de l’enquête à travers divers réseau de lien sociaux propre à la réalité de certains migrants et dont nous faisons parti (emplois, université, organisations communautaires, activités sociales et culturelles diverses) se sont sentit plus à l’aise pour partager un vécu plus intime avec nous mais ici encore il y avait des exceptions. D’autre part, la présence de conjoint pendant l’entretien influençait certainement le discours de l’interviewé, mais conduire l’entrevue dans son milieu personnel, nous

permettait d’observer les conduites de sujet et donc avoir accès à des informations allant au-delà de la parole72. Ceci étant dit, il est difficile, sinon impossible de contrôler entièrement au sein d’un terrain de recherche le déroulement et le contexte d’entrevue et donc d’éliminer et maîtriser les biais qui en découlent73.