Chapitre 4 Expérimentation de la méthode formelle dans un projet SOLAP
4.2 Déroulement de l’expérimentation
L’expérimentation de la méthode a débuté par une phase de préparation qui avait pour principal objectif de planifier l’exécution du processus de gestion du risque et de recueillir des informations qui seront utilisées au cours du processus, telles que la description de l’utilisation prévue du cube et des groupes d’utilisateurs probables.
Lors de la planification du processus (cf. section 3.3.1), une décision a été prise d’effectuer une gestion du risque conformément à la méthode et aux outils (classification des risques, formulaires) présentés dans le « Plan de Management des Risques (PMR) » à l’Annexe B de ce mémoire. Étant donné la très petite envergure du projet, peu de ressources humaines ont, de prime abord, été attribuées au développement des cubes spatiaux. Pour des raisons de disponibilités, celles-ci ont été réparties de la façon suivante : Eveline Bernier, professionnelle de recherche, a été responsable de concevoir, développer et implanter les cubes proprement dits, alors que l’auteure de ce mémoire a été responsable d’appliquer la méthode de gestion du risque en parallèle à ce développement. Une ressource supplémentaire provenant du domaine de la santé avait été choisie afin de mettre à profit son expertise et sa connaissance pointue des données pour identifier les risques en lien plus spécifiquement avec le domaine d’affaires (ex. : est-il risqué de permettre à un intervenant en mesure d’urgence d’analyser des données de santé s’il n’est pas familier avec le vocabulaire utilisé ou les méthodes statistiques employées pour calculer les données?). Or, pour des raisons qu’on ne peut contrôler, cette ressource n’a pas été disponible pendant la phase d’expérimentation et n’a pu être remplacée. Étant donné cette limitation, il est important de noter que la gestion du risque appliquée lors de cette expérimentation a été réalisée dans une perspective purement géomatique; ceci doit donc être considéré comme une limite à cette présente recherche.
La définition de l’utilisation prévue des cubes spatiaux a été réalisée dès le début de la deuxième phase du projet en février 2007. Quelques rencontres ont eu lieu au cours du mois suivant avec le représentant des utilisateurs concernés afin de préciser les besoins et parfois même, de les modifier en fonction des données sources disponibles pour développer le prototype. De façon générale, les cubes produits visent à répondre à un besoin de localiser, selon divers facteurs (socio-économiques, médicaux, etc.) et différentes échelles spatiales (arrondissement, municipalité, CLSC, etc.), les
populations les plus vulnérables aux changements climatiques et ce, afin de prévoir et d’organiser à court, moyen et long termes les différents services d’urgence et de santé qui devront être déployés advenant un évènement climatique extraordinaire, tels qu’une vague de chaleur ou une inondation. De façon plus spécifique, les cubes produits doivent donner des réponses à des questions précises telles que : « Combien y a-t-il de personnes, par tranches d’âge de cinq ans, atteintes de maladies cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques ou psychiatriques sur un territoire donné (municipalité, CLSC, MRC, etc.)? », « Où sont situées les cliniques de santé, les hôpitaux, les pharmacies, les centres de réadaptation sur un territoire donné? », « Combien y aura-t-il de personnes âgées de plus de 65 ans ou de moins de 5 ans en 2025 et 2050? », « Où sont les endroits les plus susceptibles de subir des situations de chaleur intense (îlots de chaleur) sur un territoire donné? », etc. Une quarantaine de questions de ce type ont ainsi été déterminées afin de circonscrire les besoins [Bernier, 2008].
L’identification des groupes d’utilisateurs des cubes spatiaux a quant à elle été réalisée simultanément avec l’analyse des besoins. Étant donné le contexte de recherche pluridisciplinaire, les utilisateurs potentiels du prototype possèdent des profils très variables, en partant de l’expert en santé qui est familier avec les données et la technologie SOLAP, jusqu’à l’employé municipal qui est peu familier avec les données et avec la technologie SOLAP, mais qui possède une aptitude à manipuler des outils conventionnels d’affichage cartographique (« pan », « zoom-in », etc.). Il a donc été décidé d’effectuer le processus de gestion du risque en considérant l’usager le moins compétent de ce groupe; cet usager se caractérise par une connaissance limitée des données sources intégrées aux cubes ainsi que par une faible expertise reliée à la référence spatiale et à la technologie SOLAP.
4.2.2 Phase 2 : l’application
Le développement des cubes, accompagné de l’application de la méthode de gestion du risque, s’est déroulé de façon intermittente pendant la période allant de mars 2007 à mars 2008. Des problèmes rencontrés au niveau de l’approvisionnement en données ont notamment contribué à prolonger la réalisation du prototype. De façon sommaire, un total de 30 jours ont été nécessaires au développement des cubes.
Au cours du processus de développement, la conceptrice/développeuse des cubes a documenté et répertorié de façon rigoureuse les problèmes rencontrés, les différents
choix d’implantation effectués, les transformations effectuées sur les données ainsi que, si désiré, des avertissements potentiels qui pourraient être divulgués aux utilisateurs. Ces informations ont ensuite été analysées par la coordonnatrice du processus de gestion du risque afin d’identifier les risques potentiels d’usages inappropriés des cubes, de les évaluer et de déterminer, si nécessaire, certaines actions préventives pour les réduire. L’identification des risques a demandé l’examen de plusieurs sources d’informations : les métadonnées (lorsque disponibles), les communications (courriels, retranscriptions des conversations téléphoniques, rencontres) avec les fournisseurs des données, les informations et les avertissements fournis avec les données statistiques démographiques, socio-économiques et sanitaires, et la description des fonctionnalités utilisées pour traiter les données (ex. : fonction de généralisation, fonction de géocodage). Le processus de gestion du risque en son entier a par la suite été effectué pour un ensemble de cinq risques qui ont été sélectionnés en fonction de la classification, du degré de gravité et des mesures préventives envisageables afin de les réduire. Les formulaires de documentation qui ont alors été remplis sont présentés comme résultats à la prochaine section.
Finalement, il est à noter que l’inventaire des risques identifiés a été mis à jour à plusieurs reprises au cours du projet afin d’assurer une conformité avec les modifications apportées aux cubes (ex. : transformations appliquées aux modèles conceptuels, ajout de nouvelles données). La dernière mise à jour a été réalisée en janvier 2008, alors que certaines modifications mineures aux cubes devaient être effectuées au cours des mois suivants. L’inventaire des risques identifiés qui sera présenté à la section suivante ne représente pas de façon fidèle et exhaustive les risques reliés aux cubes finaux ayant été produits, mais il donne néanmoins un excellent aperçu.