• Aucun résultat trouvé

2 M ETHODOLOGIE

2.3 Phase casuistique

2.3.3.3 Dépressivité, narcissisme et perte d’objet à l’épreuve du Rorschach et

Investissement des limites par la reconnaissance d’objet stable (G simple), les déterminants formels (F% et F% élargi) et leur qualité (F+, F-, F+/-) nous renseignent sur l’efficience de l’investissement des limites. L’épreuve du Rorschach constitue en elle-même une sollicitation des investissements des limites : « limite entre le réel et l’imaginaire, limite entre la forme et le fond, limite entre le dedans et le dehors » (Roman, 2015, p.8) Le registre des contenus est intéressant puisqu’il renvoie à des objets entiers ou partiels, des objets réels ou fictifs pouvant attester d’identification à des objets unitaires, des objets tronqués corporellement ou mis à distance pour maintenir la fonction enveloppante des limites. Les contenus de type « peau » marquent le renforcement de l’interface dedans dehors dans une expression de la fragilité narcissique. Nous pouvons nous référer à la cotation de Fisher et Cleveland (1958 citée par Emmanuelli, 2009, p.117) qui ont défini les réponses barrières pénétrations pour appréhender le degré de vulnérabilité de l’enveloppe (cf. Score Barrière/Pénétration en Annexes). Les réponses barrières (une maison, un vêtement, une peau par exemple) signent un renforcement

Méthodologie 129

des limites rendant compte d’une image de soi stable. Les réponses Pénétrations (homme blessé, une cicatrice ouverte, un trou) témoignent d’une différenciation Moi/non Moi mise à mal et d’un Moi-peau (Anzieu, 1985) perméable voire troués. À l’adolescence, les réponses barrières pénétration sont plus nombreuses et peuvent révéler la dynamique des essais de symbolisation des expériences pubertaires sur le plan narcissique. Fisher et Cleveland établissent une norme de 4 réponses Barrières (B) pour 2 contenus Pénétrations (P). Au-delà de la quantité de ces réponses, la prise en considération de la proportion de l’une par rapport à l’autre. Les adolescents sans problèmes particuliers présentent la répartition suivante : B > P. La proportion est inversée dans le cas des fragilités narcissiques.

La richesse des tests projectifs comprend en elle-même la complexité de son utilisation et de l’analyse de ses productions. Nous proposons une synthèse des grilles regroupant les différents critères évoqués que nous étudierons dans les protocoles Rorschach et TAT en lien avec la dépressivité sous différents aspects (cf. Tableau 6). Il convient de préciser que cette grille est un outil permettant d’appliquer une analyse centrée sur des aspects spécifiques des protocoles. Toutefois, nous analysons l’ensemble des planches afin de préserver le fil associatif de la démarche projective habituelle au Rorschach et au TAT.

Méthodologie 130

Tableau 11: Grille des critères d’analyse au Rorschach et au TAT des dynamiques de traitement de la dépressivité, de l’angoisse de castration et de l’équilibre narcissico-objectal

ANGOISSEDECASTRATION

RORSCHACH TAT

Représentable Cotations

G organisées, Kinesthésies humaines (K) ou animales (kan) de bonne qualité formelle (surtout K)

Les contenus sont intègres (Humain ou animal quand il y a un processus de déplacement)

Contenus latents

Bonne réactivité aux contenus symboliques des planches Symbolique sexuelle (IV, VI et VII)

Manque et traitement de l’agressivité (II et III)

Symbolique de castration et contre investissement phallique Processus de déplacement et d’intellectualisation

Cotations

souplesse défensive (Surtout procédés A et B avec quelques C et E)

Contenus latents

Planche 1 : reconnaissance de l’immaturité fonctionnelle

Planche 8BM : représentation des pôles actif et passif des personnages avec reconnaissance de l’agressivité

Méthodologie 131

Evitée

Cotations G simple, plaqué ou nombreux D et Dd (+ Di)

Interprétation du blanc dans l’intégration des réponses altérant la qualité du F

F% haut mais pas forcément le F+ (H) ou Hd

Contenus latents Planches II, III et IV, VI, VII

Refus des planches

Cotations Peu de variétés des procédés du discours

Références nombreuses en A1 et C (surtout CF, CI)

Contenus latents

Planche 1 : non reconnaissance de l’immaturité fonctionnelle Déni du désir d’accéder à la capacité

Retentissement massif

Cotations Choc, refus

F% haut mais pas ou peu de FC Peu de H

Cotations

Récit inhibés (CI) ou sur un mode narcissique CN (Surtout CN2+/-) et CL massifs

Méthodologie 132

Contenus latents : Planches II, III et IV, VI, VII

Contenus non intègres ou anatomiques Contenus sexuels et/ou de destruction

Contenus latents Triangulation œdipienne non abordée (Planche 2) Absence d’élaboration de la perte d’objet

NARCISSISME ET RELATION D’OBJET

Rorschach TAT

Critères de cotations et contenus rassurants

F% , F+% et RC% dans la norme

Bonne qualité des représentations humaines, animales (intègre) Nature des relations (Agressivité, étayage, libidinale, perte…) K et kan (qualité formelle et nature : statique, spatiale…) Score barrières Pénétration équilibré

Même planche que l’angoisse de castration Planche V pour l’intégrité de l’image du corps

Critères de cotations et contenus inquiétants

Critères de cotations et contenus rassurants

Procédés rigides (A) et labiles (B) : déploiement de la conflictualisation intrapsychique (A2) et intersubjective (surtout B1 et B2)

Planche 1 et 8BM ainsi que la planche 19 (limites)

Efficacité défensive et possibilités d’identifications aux planches spécifiques au genre

Personnages reconnus et intègres ainsi que la reconnaissance de la castration et de la perte de l’objet (Accès à l’ambivalence)

Méthodologie 133

F+% et RC% faible (F-% élevé) FC<CF + C

Peu de K ou kan ou associé des émergences en processus primaires H très inférieur aux Hd + (H) + (Hd))

Réponses anatomique, sexuelle et/ou destructivité Contenu animal avec une valeur symbolique archaïque Score barrière pénétration : B <P

Même planche que l’angoisse de castration + planche V

Procédés du discours de type A1, C massivement employés

Possibilité de procédés de type E (Spécifiquement scotome d’objet manifeste pour la planche 1 avec l’objet castrateur)

CN2 et CN4 (spéculaire) fragilité narcissique

Procédés E massifs (qualité des différenciations Moi/non Moi, interne/externe inquiétantes + E3-4 : représentation de personnages dont l’intégrité est atteinte)

Planches spécifiques aux genres (identifications)

Pour les deux types d’angoisses en lien avec l’élaboration de la dépressivité, nous serons attentifs :

- au Rorschach, aux réponses intégrant le blanc, la réactivité aux rouges (planches II et III) ainsi qu’à la sensibilité dépressive (C’,Choc, Clob et expression d’affect d’angoisse ou de tristesse) et à la sensorialité (E)

- au TAT, aux réponses renvoyant à la réalité externe (A1-4 référence culturelle) ainsi qu’au surinvestissement de la réalité externe (CF en

lien avec les pensées opératoires pour éviter la conflictualisation psychique). Les planches 3BM (dépressivité), 19 (Porosité des limites) et 16 (Sollicitation des objets internes) sont particulièrement sensibles aux problématiques dépressives et narcissico-objectales.

Méthodologie 134

Afin d’éviter un potentiel effet iatrogénique20 d’une restitution des résultats aux tests projectifs, nous avons fait le choix d’une passation sans entretien de restitution. Du fait de l’impératif de définir les différentes composantes de son identité à l’adolescence, le sujet adolescent est en recherche de repères. Il n’est pas rare qu’il puisse se définir par un trouble pour qualifier son sentiment d’étrangeté par rapport à lui-même. Nous souhaitons éviter que la restitution dans le cadre d’une recherche ne puisse être l’objet d’une reprise en entretien comme cela serait le cas dans un cadre psychothérapeutique. Dans l’hypothèse d’éléments inquiétants, nous adopterons la même démarche que celle envisagée pour les résultats à l’échelle d’anxiété et de dépression (RCADS). Nous communiquerons les coordonnées de la Maison de l’Adolescent.

Pour mettre en perspective les résultats concernant l’utilisation des jeux vidéo en lien avec la dépressivité adolescente, rappelons que le Rorschach et le TAT sont eux-mêmes des objets avec lesquels le sujet va devoir jouer réactivant fantasmatiquement le lien à l’objet et ses tentatives d’élaboration. C’est pourquoi ces deux épreuves favorisent une expression projective articulant une clinique du sujet et de l’objet. Quatre axes 21(Roman, 2015, p. 21) polarisent l’intérêt de ces médiations d’évaluation particulières :

- « La discrimination du stimulus » : modalités d’investissement pulsionnel de l’objet (partiel ou total) et qualité des différenciations (figure/fond, Moi/non Moi, sujet/objet) - « Le lien à l’objet trouvé » : qualité de la relation à l’objet entre libido d’amour et

d’agressivité

- « La tonalité dépressive » : reconnaissance ou non des affects dépressifs, mise en figuration et processus de liaison entre la représentation d’affect et représentation de chose. Traitement de la séparation ou de la perte de l’objet pour le narcissisme.

- « L’élaboration des supports identitaires et identificatoires » : les objets sont abordés à travers les représentations de soi et de relations.

Pour conclure cette partie méthodologique, nous avons conçu un protocole visant à recueillir le discours des adolescents via des questionnaires. L’objectif est d’obtenir leur vécu de 20 Le terme Iatrogénie est emprunté au champ médical et renvoie aux effets causés par l’acte médical en lui -même et provoquant une pathologie. Il parait important de pouvoir considérer cet effet dans le champ de la psychopathologie (Castillo. 2006)

Méthodologie 135

relation à l’objet jeu vidéo. La lecture de ces questionnaires est mixte puisqu’elle repose sur des expressions conscientisées dans un cadre restrictif de formulations brèves (items) mais se trouve sous-tendue par une lecture clinique projectiviste. Nous partons des processus conscients aux dynamiques inconscientes dans un jeu articulatoire de réponses allant du manifeste (échelles) au latent (Rorschach/TAT).

Figure 7: Protocole de recherche

Etude 3: Phase casuistique

1 adolescent par type de profil dégagé

Entretien semi-directif Rorschach TAT

ETUDE2 : PHASE COMPARATIVE Adolescents joueurs dépressifs

Questionnaire du type d'interaction

aux jeux vidéo (QITJV Questionnaire Identification Joueur Avatar (PAI) Game Addiction Scale Echelle d’Anxiété et de Dépression Révisée (RCADS)

ETUDE1: PHASE EXPLORATOIRE Adolescents joueurs asymptomatiques

Questionnaire du type d'interaction aux jeux vidéo

(QITJV) Questionnaire Identification Joueur Avatar (PAI) Game Addiction Scale (GAS) Echelle d’Anxiété et de Dépression Révisée (RCADS)

Méthodologie 136