• Aucun résultat trouvé

Dépendance et tolérance

Partie IV : La caféine

IV. Dépendance et tolérance

1.) Dépendance

La dépendance est l’ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques dans lesquels l’utilisation d’une substance psychoactive spécifique ou d’une catégorie de substance entraîne un désinvestissement progressif des autres activités.

Cette dépendance est caractérisée par un désir puissant voire compulsif de prendre la substance en question.

La dépendance psychologique ou psychique se réfère à la consommation incontrôlée de la substance psychoactive.

La dépendance physiologique ou physique se rapporte à la tolérance et aux symptômes de sevrages.

Enfin dans le contexte psychopharmacologique le concept de dépendance concerne uniquement l’apparition de symptômes de sevrages d’une substance psychoactive. C’est le cas ici.114

Syndrome de sevrage : 115

Ensemble de symptômes qui se regroupent de diverses manières et dont la gravité est variable; ils surviennent lors d’un sevrage complet ou partiel d’une substance psychoactive consommée de façon répétée et habituellement prolongée ou massive. Le syndrome peut s’accompagner de signes de désordre physiologique. Le syndrome de sevrage est l’un des indicateurs d’un syndrome de dépendance. Il s’agit également de la caractéristique essentielle de la «dépendance», sous son acception psychopharmacologique plus limitée.

L’installation et l’évolution du syndrome de sevrage sont limitées dans le temps et dépendent de la nature et de la dose de la substance consommée immédiatement avant l’arrêt ou la réduction de la consommation. En règle générale, les caractéristiques d’un syndrome de sevrage sont à l’opposé de celles d’une intoxication aiguë.

114 « OMS | Syndrome de dépendance ». 115

96

Manifestation du syndrome de sevrage à la caféine :116

Chez l’Homme, ce syndrome se manifeste par de nombreux symptômes : une lassitude, une apathie, une faiblesse, des somnolences, des maux de tête, une anxiété, une diminution de l’activité locomotrice, une augmentation de la fréquence cardiaque, une augmentation de la tension musculaire, des tremblements et des vomissements dans les cas les plus graves.

Le mécanisme à l’origine des maux de tête est bien connu. La caféine provoque une diminution de 20 à 30% du flux sanguin cérébral par vasoconstriction. Or, lors de l’arrêt de consommation de caféine, on observe une augmentation du flux sanguin notamment dans le lobe frontal qui serait à l’origine des maux de tête. Enfin il est intéressant de remarquer que ces maux de tête ne sont calmés que par l’administration de caféine. En effet l’administration de médicaments antalgiques ne calme pas ces douleurs mais au contraire les aggraves.

Pour étudier ce syndrome de sevrage, des chercheurs ont mené une expérience qui consistait à administrer à des volontaires sains une dose croissante de caféine sur une semaine pour atteindre une dose maximale de 850 mg. Suite à cela, ils ont stoppé l’administration de caféine en remplaçant la gélule de caféine par une gélule de placebo. Chez la plupart des sujets, une fatigue, un désintéressement pour le travail, une dépression et des maux de tête ont été observés.

Les symptômes commencent entre 12 et 24 heures après l’arrêt de consommation de la caféine et le pic de symptomatologie est atteint entre 20 et 48 heures. Ce syndrome peut durer une semaine mais généralement les signes s’estompent dès le troisième jour. Par ailleurs, la consommation occasionnelle de café ne semble pas provoquer de syndrome de sevrage, seule une consommation régulière voire quotidienne provoque ce type de syndrome. Enfin il semble que la quantité de caféine absorbée joue un rôle sur la sévérité des symptômes. En effet les gros consommateurs de caféine ont plus de symptômes que les petits consommateurs.

En conclusion, en ce qui concerne la caféine, le phénomène de dépendance est présent mais limité en comparaison à d’autres substances psychoactives telles que les amphétamines.

116 Fredholm et al., « Actions of Caffeine in the Brain with Special Reference to Factors That Contribute to

97

2.) La tolérance

Selon le CISMeF, la tolérance correspond à une diminution progressive de la sensibilité d’un humain ou d’un animal aux effets d’une drogue, résultant de son administration continue.

Actuellement il est établi que l’organisme humain développe une tolérance vis-à-vis de quelques effets de la caféine mais pas de tous. Ceci serait dû au fait que l’administration quotidienne de caféine entraînerait une régulation à la baisse du nombre de rA1. Les rA2A

ne seraient pas concernés. Sur ce point les chercheurs ne sont pas tous d’accord.

Le corps humain développerait une tolérance sur les effets cardiovasculaires et diurétiques du café mais pas sur les effets centraux.

De nombreuses études ont prouvé que la tolérance vis-à-vis des effets cardiaques (tachycardie, palpitation, augmentation de la pression artérielle) se développe en quelques jours. Ceci serait dû à une diminution de la libération de noradrénaline induite par la caféine.

En ce qui concerne la tolérance aux effets centraux de la caféine, les résultats sont discordants. Certaines études ont prouvé une certaine tolérance notamment vis-à-vis du sommeil. En effet les consommateurs habituels ou gros consommateurs de caféine ont un sommeil moins perturbé que les consommateurs occasionnels. La persistance de la perturbation du sommeil chez les consommateurs habituels (même si elle est plus faible que chez les consommateurs occasionnels) nous indique que le phénomène de tolérance n’est pas complet. Il est difficile de savoir si ce phénomène est dû à une tolérance ou à une faible sensibilité des consommateurs habituels aux effets de la caféine.117

117

98

99