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Dépassement et ouverture Correspondance, liberté et modernité

Autres occurrences et examen d'une objection

2. Dépassement et ouverture Correspondance, liberté et modernité

La règle spirituelle de la nécessité de correspondre pour avancer dans la vie spirituelle, que Marie de l'Incarnation met ainsi de l'avant, peut cependant sembler archaïque et peu attrayante aux oreilles de nos contemporains, particulièrement en raison du champ sémantique de la correspondance : obéir, suivre, acquiescer... L'attitude qu'elle commande est-elle vraiment digne d'un sujet libre? Cette question en soulève une autre : celle de la place de Marie de l'Incarnation dans cette modernité qui émerge au XVIIe siècle et qui

influence encore de façon si nette la pensée actuelle. On sait que Marie de l'Incarnation est contemporaine de Descartes et de Pascal. Pourrait-on avancer qu'elle participe de la modernité, et si oui dans quel sens? Cette question a été évoquée en particulier à l'occasion des derniers colloques organisés par le comité scientifique du CEMI de l'Université Laval4.

Afin de poursuivre la réflexion amorcée sur cette question, la section suivante approfondira le lien entre l'attitude spirituelle de correspondance mise de l'avant par Marie de l'Incarnation et la liberté.

4 Le colloque international organisé par le CEMI et qui s'est tenu à Québec du 29 septembre au 3 octobre 2008 a particulièrement soulevé cette question de la modernité chez les fondateurs mystiques de la Nouvelle France. Cf.: T. Nadeau-Lacour, « Marie Guyart, une femme...», p. 25-60.

2.1 La correspondance : une entrave à la liberté ?

La notion de correspondance, telle que Marie de l'Incarnation la décrit dans sa Relation de 1654, est-elle une entrave à la liberté? À cette question, on pourrait trouver quelques arguments inclinant à répondre oui. Par exemple, correspondre à un autre, le suivre ou plus encore lui obéir, ou en être captif, n'est-ce pas être dépendant de lui? Et être dépendant, n'est-ce pas l'opposé de l'indépendance souvent associée à l'idéal qu'on se fait de la liberté? La volonté de l'autre à laquelle on se lie ne vient-elle pas toujours un peu bousculer la volonté propre et donc entraver la liberté individuelle? De plus, correspondre, n'est-ce pas adopter l'attitude du faible qui plie devant le fort, bien malgré lui? Enfin, cette correspondance conduisant à un certain appauvrissement et même anéantissement des puissances de l'âme, qui se voient arrêtées, plongées dans la passivité, comme elle l'exprimait dans son petit discours, n'est-ce pas un signe que la correspondance nuit à la liberté? Marie de l'Incarnation a même à divers moments des formulations encore plus radicales qui, prises hors contexte, pourraient faire croire qu'elle n'a plus de liberté : «je ne puis rien vouloir. Vous m'avez ravi ma volonté! Comment pourrais-je vouloir puisque vous l'avez ravie et rendue impuissante à vouloir?5 »

Pourtant, malgré ces formulations radicales, Marie de l'Incarnation n'hésite pas à parler de liberté. Au tout début du petit discours, elle affirmait d'ailleurs que c'est Dieu qui a créé « l'âme raisonnable libre6 ». Et dans une lettre à son fils, elle affirme : « Quand une âme se

rend fidèle à ses desseins, il la conduit quelquefois dans un état où rien ne la peut distraire, [...] ou soit qu'il faille souffrir, soit qu'il faille agir elle le fait avec une parfaite liberté des sens et de l'esprit, sans perdre cette divine présence8 ». Comment donc dénouer ce

paradoxe. Qu'elle espace reste-t-il pour la liberté s'il faut par ailleurs correspondre à Dieu ?

5 R1654, 10e E. O., chap. XLII, p. 213. 6 Ibid, 13e E. O., chap. LXVI, p. 342.

7 C'est nous qui soulignons par le caractère gras. Comme pour les chapitres précédents, prendre note que tous les mots mis en caractère gras dans les diverses citations de cette dernière section conclusive le sont par initiative de notre part afin de mettre en évidence certains concepts.

Quelle liberté?

Avant de vérifier si la correspondance nuit vraiment à la liberté, il importe de préciser de quelle liberté il est question. Le terme liberté n'est effectivement pas univoque. Plusieurs philosophes et théologiens, en particulier les pères et les héritiers de la modernité, ont tenté de s'exprimer sur la liberté, et les points de vue divergent souvent. Parmi les diverses idées véhiculées, la liberté d'indifférence fut l'une des conceptions de la liberté parmi les plus répandues dans la modernité. Au XIVe siècle, elle est « définie par Guillaume d'Occam

comme le pouvoir de choisir entre les contraires à partir de la seule volonté ». Cette conception ne pense plus la liberté en lien avec l'inclination de l'âme à vouloir le bien et son bonheur. Puis, sur les traces de Descartes et des autres penseurs qui l'ont suivi, la modernité a surtout conçu la liberté comme liberté de choix10. Pourtant, pour Marie de

l'Incarnation qui écrit elle aussi à l'aube de la modernité, la liberté n'est pas à confondre avec une sorte d'autonomie qui serait absolue. Il est manifeste pour elle que la liberté ne consiste pas à faire arbitrairement ce que je veux, quand je veux, comme je le veux. Cette liberté serait plutôt, selon elle, la marque du caprice et d'un « amour inconsidéré de soi11. »

Un pauvre esclavage de la personne à « la nature corrompue » qui « a ses ruses et ses

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finesses », dirait-elle.

2.2 La liberté selon Marie de l'Incarnation

2.2.1 La liberté de se porter vers son Bien

Ce que Marie de l'Incarnation cherche de façon radicale, ce n'est pas l'autonomie, ni même la liberté, c'est le bien, « son souverain et unique Bien13. » Ce qu'apporte la liberté à la

personne, ce n'est pas tant le pouvoir de déterminer ce qui est bien ou ce qui lui convient. La liberté donne plutôt la possibilité de choisir de s'y porter volontairement comme de

9 S.-T. Pinckaers, La vie selon l'Esprit. Essai de..., p. 35.

10 T. Nadeau-Lacour, « Marie Guyart, une femme dans..., p. 52-60. 11 Ibid, p. 44.

12 RI654, 13e E. O., chap. LXVI, p. 344-345. 13 Ibid., p. 342.

l'intérieur et non seulement mécaniquement ou poussé de l'extérieur. Pour Marie de l'Incarnation, la liberté de la créature est avant tout à mettre en relation avec le bien qui l'attire et que l'on choisit, car il y a au fond d'elle ce désir de le posséder. Cette conception de la liberté qui est d'abord orientée vers le bien, et non vers une recherche absolue d'autonomie, ne sera donc pas nécessairement réfractaire à toute dépendance ou interdépendance. Dans une relation, la liberté de l'un ne s'oppose pas nécessairement à celle de l'autre. Sur ce point, Marie s'écarte d'une idée de la liberté qui postulerait a priori la concurrence des volontés.

Pour Marie de l'Incarnation, c'est Dieu qui a « créé l'âme raisonnable et libre1 ». La

question de la liberté ne se pose donc pas en contradiction avec Lui. Il est celui qui a créé l'homme ainsi. Dieu n'est pas ennemi de la liberté; il en est plutôt la source. Par ailleurs, pour Marie, la liberté de l'homme est une liberté créée et donc relative, fille d'une autre liberté, celle de Dieu. Cette dernière est bien évidemment parfaite, car elle est incréée et infinie. Cependant la liberté de l'homme est réellement de la même famille que la liberté de Dieu, issue de Lui et donc jouissant des mêmes titres de noblesse. Pour Marie de l'Incarnation, c'est bel et bien une marque de noblesse que Dieu a communiqué à l'âme en la créant libre. Il ne veut pas faire fi de cette dignité qu'il lui a donnée. Ce Dieu, bien qu'infiniment au-dessus de sa créature en puissance, sagesse et science, ne veut pas passer par-dessus la dignité qu'il lui a conférée. Comme on l'a déjà souligné plutôt, Marie de l'Incarnation dit à ce propos : « combien qu'il soit le maître absolu, néanmoins ayant créé l'âme noble, il a été excessivement bon qu'il la traite noblement, ne lui ôtant point son libre arbitre15 ».

2.2.2 Liberté, Maître et Amour

La liberté de l'homme n'est pas, selon Marie de l'Incarnation, une liberté d'absence de maître. L'expression maître n'est pas pour elle synonyme de tyran. Dieu est le Souverain Maître, mais un maître débordant de bonté, de largesse et d'amour. Marie de l'Incarnation

14 Ibid.

le répète tant et tant de fois. Dans sa bouche, ce mot est à rapprocher du « Rabbouni ! » plein d'affection prononcé par Marie de Magdala, au matin de la résurrection (Jn 20,16). Ceci dit, ce Maître qu'est Dieu préfère être choisi et aimé, que de s'imposer. Certains le respectent par crainte, mais ce qu'il préfère, c'est d'être aimé. Dieu signifia d'ailleurs à Marie de l'Incarnation son désir d'être honoré dans l'amour : « Tu m'appelles ton grand Dieu, ton Maître, ton Seigneur, et tu dis bien, car je le suis. Mais aussi, je suis Charité : l'Amour est mon nom, et c'est ainsi que je veux que tu m'appelles. Les hommes me donnent bien des noms; mais il n'y en a point qui me plaise davantage et qui exprime mieux ce que je suis à leur égard que celui-là16. »

Révélant que 1' « Amour » est son nom, il veut apprendre à l'âme qu'il l'aime vraiment, mais il lui signifie du même coup qu'il désire être aimé. Lorsqu'elle l'aime, la créature devient alors comme lui et resplendit alors dans toute sa dignité. Tout le jeu de séduction de Dieu envers sa créature est en fait en lien avec le libre arbitre qu'il lui a donné. Voulant être choisi librement, il se présente attrayant à la créature, car la volonté se porte naturellement vers ce qu'elle perçoit comme bon, beau, bien, vrai. Lui découvrant qu'il est son bien réel et véritable, il veut éveiller son désir, mettre en mouvement sa volonté. Il veut la voir poser un choix libre qui la comblera.

2.2.3 Une liberté nuptiale

Le consentement

Dieu étant Amour, il a des desseins d'amour et veut une relation d'amour avec sa créature. La conception de la liberté chez Marie de l'Incarnation sera donc intimement liée à l'amour. Elle est même empreinte de nuptialité. Dans la nuptialité, deux êtres veulent s'unir, pour ne faire qu'un. Or, pour que cette union soit pétrie d'amour, elle doit être librement consentie. Mais la difficulté de l'union entre Dieu et l'être humain est la disproportion. Comment une si petite créature pourrait-elle être unie à un si grand Dieu?

16 Propos de Marie de l'Incarnation, dans La Vie de la Vénérable Mère Marie de l'Incarnation (p. 57), citée dans : Marie de l'Incarnation, Écrits spirituels et historiques (Tours), p. 156.

Pour y arriver, elle devra en fait être élevée bien au-dessus d'elle-même, mais cette entreprise dépasse largement ses capacités. Dieu devra alors être le maître d'œuvre principal qui élèvera la créature au-dessus d'elle-même et opérera l'union. Mais, par égard pour la liberté donnée, Dieu ne voudra donc opérer cette transformation, élévation et union que s'il obtient le consentement de sa créature qu'il a créée noble, raisonnable et libre. Le consentir, voilà l'essentiel de la liberté et de la dignité de la créature face à l'œuvre de Dieu. Marie de l'Incarnation affirme à ce propos :

sa créature est trop imbécile pour avancer un pas de soi en une affaire de telle importance: ce qu'elle peut est son consentement, obéissance et abandon de soi, acquiesçant à tout ce que sa divine Majesté veut faire d'elle. Car, combien qu'il soit le maître absolu, néanmoins, ayant créé l'âme noble, il a été si excessivement bon qu'il la traite noblement, ne lui ôtant point son libre arbitre17.

Contrairement aux apparences, la liberté de consentir n'est pas une « pseudo-liberté », qui devrait être considérée comme insignifiante. Dans le mariage humain et chrétien, chaque époux a à exprimer son consentement, et c'est celui-ci qui confère au mariage toute sa dignité et sa solidité. La tradition latine rappelle même que c'est le consentement qui constitue le lien conjugal. Si le consentement manque du côté de l'un ou de l'autre, il n'y a pas de mariage. Le consentir doit donc être bel et bien considéré comme un acte digne et élevé de la liberté. Ainsi, la liberté du consentir peut être comprise comme la dignité du néant en face du Tout.

La tendance comme cc trait d'union » entre le néant et le tout

On le sait, pour Marie de l'Incarnation comme pour la plupart des mystiques du début du XVIIe siècle, la créature est néant à côté de Dieu qui est Tout. Or, il fut donné à Marie de

l'Incarnation de percevoir que ce néant était déficient, même dans son désir de correspondre et de consentir à l'appel de Dieu:

tout soudain me fut mis en esprit ce premier verset du psaume Nisi Dominus aedificaverit domumx ... etc., et une grande lumière qui m'en donna

l'intelligence, en me faisant voir le néant et l'impuissance de la créature pour s'élever d'elle-même à Dieu et de s'avancer en ses bonnes grâces et enfin à toutes les prétentions de le posséder, si lui-même n'édifiait l'édifice et ne lui donnait les ornements convenables à un si haut dessein19.

La volonté naturelle étant faible et souvent aveugle, Dieu donne à l'âme une tendance qui apparaît comme un support et un état20 surnaturel donné à l'âme et à sa volonté pour

pouvoir atteindre l'union surnaturelle si haute à laquelle elle est appelée. Cette tendance, tout en étant d'origine divine, devient en même temps comme un désir de l'âme elle-même. Elle donne à celle-ci direction et puissance pour se porter à l'union comme de l'intérieur et librement. La tendance fait soupirer l'âme vers Dieu, mais, lui donne aussi la liberté de correspondre à l'appel élevé de Dieu, pour autant que l'âme consente et s'abandonne librement à l'impulsion de cette tendance surnaturelle qu'elle porte.

Grâce à la tendance surnaturelle, l'âme, tout en connaissant son néant, devient capable et acquiert la liberté de s'unir au Tout. Ainsi, on pourrait considérer la tendance comme un trait d'union ou un attrait d'union entre le rien et le Tout.

Vouloir ce qu 'il veut

La créature voit de plus en plus la grandeur et la beauté des desseins de Dieu sur elle. Elle voit en cette union ce qui la comblerait au-delà de ses désirs. Elle la veut donc par-dessus tout, car elle y discerne un bien inégalé. Alors, elle n'hésite pas à tout laisser, même une certaine volonté propre, pour entrer dans les plans délicieux de Dieu. Elle veut faire la volonté de Celui qui a envers elle une si grande « bien-veillance ». Cette volonté de Dieu n'est pas menaçante selon elle, mais « comblante », lui donnant accès à des biens qu'elle n'aurait même pas osé désirer d'elle-même. Cette conviction de la bienveillance de Dieu a été imprimée en Marie Guyart de façon indélébile depuis son expérience du Sang : « J'étais

18 Si le Seigneur ne bâtit la maison...Ps 126(127), 1 19 RI 654, 4e É. O., chap. XII, p. 100.

plongée dans ce précieux sang21 ». Il a versé son précieux sang pour tous, mais elle

expérimente qu'il l'a aussi versé pour elle personnellement. Elle se sait aimée car il a livré sa vie pour elle. Elle veut à son tour aimer en donnant sa vie pour Celui qu 'elle aime.

Par ce don d'elle-même, elle n'aspire à rien de moins qu'à la possession de son Bien- Aimé : « Non, mon chaste Amour, je ne vous veux point en partie, mais c'est tout entier que je vous veux. Si c'est ma vie qui vous empêche de venir, retranchez-la, car elle nuit, si c'est

elle qui me retarde de vous posséder22. »

Marie se trouve ainsi établie dans « une humilité généreuse qui, n'attendant rien de soi, attendait tout de Dieu et se tenait comme assurée de le posséder dans l'étroite union à laquelle il lui donnait tant d'attrait. Elle était soumise à tous les ordres de sa divine Majesté, mais tous les soupirs de l'âme aspiraient, comme l'Épouse, au baiser de la bouche 3 ».

L'âme se soumet volontiers à tout ce qu'il veut, car elle sait qu'elle obtiendra ainsi ce qu'elle veut : le baiser de sa bouche, l'union au Bien-Aimé.

Paradoxe : une captivité qui rend libre, dans l'Esprit Saint

La soumission à la volonté de Celui qu'elle aime est une certaine captivité, Marie le reconnaît, mais c'est une captivité pleine de « charmes24 » et qui libère l'âme en dénouant

les liens qui l'empêchent d'obtenir son Bien-Aimé. Cet attrait pour cette captivité bien particulière ne va cependant pas contre la liberté et n'a ici rien de pathologique, comme ce serait le cas dans un rapport malsain avec un tyran. Elle est une captivité consentie, choisie librement, pour posséder l'être aimé. Elle est en fait mystérieusement une captivité qui libère sa liberté... L'amour recherche la possession mutuelle par l'union des volontés. « Mon Bien-Aimé est à moi, et moi, je suis toute à lui. C'est mon bien, c'est mon moi, c'est mon tout et ma vie25. »

21 R1654, T É. O., chap. VI, p. 69. 22 RI654, 4e É. O., chap. XII, p. 101.

23 Ibid., p. 100. Le baiser de sa bouche est l'expression de l'Épouse du Cantique des cantique 1,1. 24 Ibid., 2e É. O., chap. VI, p. 69.

Donc même si les propositions de Dieu pour l'âme impliquent parfois des « liens », Marie n'hésite pas à conseiller à son directeur de correspondre à ce genre d'appel : « il est bon de consentir, car c'est une aimable liaison qui rendra l'âme semblable à celui qui l'attire, si elle est fidèle26. » Devenant « semblable à celui qui l'attire », elle goûtera ainsi à une liberté

qui dépasse aussi largement sa liberté et ses capacités naturelles. C'est un jeu de qui perd

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gagne pour l'âme. Lorsqu'elle expérimente une « émanation de l'esprit apostolique » à 35 ans, Marie de l'Incarnation a elle-même éprouvé une captivité ou liaison, certes, mais qui lui donnait de participer à la liberté encore plus grande de Celui qui s'était emparé de son esprit. Ainsi elle dira :

Mon corps était dans notre monastère, mais mon esprit qui était lié à l'Esprit de Jésus, ne pouvait être enfermé. Cet Esprit me portait en esprit dans les Indes, au Japon, dans l'Amérique, dans l'Orient, dans l'Occident, dans les parties du Canada et dans les Hurons, et dans toute la terre habitable où il y avait des âmes raisonnables que je voyais toutes appartenir à Jésus-Christ .

L'âme acquiert donc la liberté de l'Esprit Saint, qui lui communique quelque chose de la liberté de Dieu. Vivre sous la mouvance de ce « moteur gracieux29 » qui la possède et qui

« l'agit » lui donne de dépasser les limites humaines et devient donc selon elle sommet de liberté.

Réciprocité. Tout ce qu 'elle veut, son Époux le veut

Dans son Entretien spirituel sur l'Épouse des Cantiques, Marie de l'Incarnation explique aux novices qu'en un sens, il n'y a pas que l'épouse qui fait la volonté de l'Époux. Mais lui aussi veut ce qu'elle veut. En effet, l'union des volontés est le fruit du mariage spirituel. Elle appuie son argumentation sur la commande de l'Époux, dans le Cantique des cantiques : « n 'éveillez point ma Bien-aimée jusqu 'à ce qu 'elle le veuille . » Elle poursuit

26 Marie de l'Incarnation, « Lettre V, à Dom Raymond », Correspondances, p. 8. 27 R1654, 9e É. O., chap. XXXIX, p. 198.