On peut, de façon générale, dénir une règle admissible dans une logique
L
de lafaçon suivante :
Dénition 1.2.1 Si
A 1 , . . . , A n , C
sont des formules de la logiqueL
, ontenant desméta-variables, nous dirons que
⊢ L A 1 . . . ⊢ L A n
⊢ L C
est une règle admissible dans
L
et nous noterons :A 1 , . . . , A n ≫ C,
pour exprimer que l'ensemble des théorèmes de
L
est los par appliation de ette règle.Dans e qui suit nous nous restreignonsà des aluls propositionnels. Nous
onsidé-rerons que les variables propositionnelles jouent le rle de méta-variables. Dans e as
partiulier, ladénition suivante est alors équivalenteà lapréédente :
Dénition 1.2.2 Nous dirons que
⊢ L A 1 . . . ⊢ L A n
⊢ L C
est une règle admissible dans
L
si et seulement si pour toute substitutions
de formulespropositionnellesportant sur les variables propositionnelles :
si ⊢ L s(A 1 ), . . . , ⊢ L s(A n ), alors ⊢ L s(C).
L'un des buts dee qui suitest de omparer lanotionde règleadmissibleàlanotion
de règle dérivable.
Dénition 1.2.3 Nous dirons que
⊢ L A 1 . . . ⊢ L A n
⊢ L C ,
est une règle dérivabledans
L
ssi :⊢ L A 1 , . . . , A n , → C.
La propositionsuivante est évidemmentvraie.
Proposition 1.2.4 Toute règle dérivable dans une logique ave Modus Ponens est
ad-missible.
En alul propositionnellassique, la réiproqueest vraie.
Proposition 1.2.5 En alul propositionnel lassique toute règle admissible est
déri-vable.
Preuve : par omplétude.Onpose
⊤ = A ∨ ¬A, ⊥ = A ∧ ¬A
,sies onstantes ne sontpas prédénies. On assoie à haque valuation
v
sur 0,1 la substitutions v
dénie surhaque variableprositionnelle
α
par :si
v(α) = 0
,alorss v (α) = ⊥
;si
v(α) = 1
,alorss v (α) = ⊤
.Il est immédiatque, pour toute formule
A
,⊢ s v (A)
si etseulement siv(A) = 1
.Soit maintenantune règleadmissible
A 1 , . . . , A n ≫ C
.Toute substitutionquivalide les prémissesA i
valide la onlusion. C'est en partiulier le as des substitutionss v
, ete pour toute valuation
v
. On ondéduit que toute valuationqui valide lesA i
valideC
,et donque
⊢ A 1 , . . . , A n → C
.Dans lasuite on désignera égalementles valeurs de vérité par
⊥
et⊤
.Le but de e qui suit est d'étudier les rapports entre dérivabilité et admissibilité en
logique intuitionniste.
Des règles admissiblesnon dérivables apparaissent également dansd'autres logiques,
par exemple ertaines logiques modales.
Lesvariablespropositionnellessontreprésentées parleslettresminusulesde
l'alpha-bet gre. Les onneteurs sont
∨, ∧, →, ⊥
. Le onneteur0
-aire⊥
est une onstantepropositionnellepour l'absurde. On hoisit don de dénir
¬A
omme abréviationpourA → ⊥
. Ce hoix n'a pas d'inuene sur les résultats qui suivent. On aurait les mêmesrésultatsave une négationprimitive,et l'absurde déni par
⊥ = A ∧ ¬A
.Il existe en logique intuitionniste des règles admissibles non dérivables.
les exemples suivants sont bien onnus.
¬α → β ∨ γ ≫ (¬α → β) ∨ (¬α → γ)
¬α → β ∨ γ 0 (¬α → β) ∨ (¬α → γ )
.
(α → δ) → β ∨ γ ≫ ((α → δ) → β) ∨ ((α → δ) → γ) ∨ ((α → δ) → α) (α → δ) → β ∨ γ 0 ((α → δ) → β) ∨ ((α → δ) → γ) ∨ ((α → δ) → α)
.Les preuves sont très simples.Nous lesdonnons auxparagraphes 4.3et 7.3.
Dans tout e quisuit, nous nous restreignonsau alulpropositionnelintuitionniste.
1.4 Présupposés
Nous utiliserons laversion suivantedu théorème de Glivenko.
Proposition 1.4.1 (Théorème de Glivenko) Une formule qui ommene par une
négation est démontrable intuitionnistiquement si et seulement si elle est démontrable
lassiquement.Par onséquent pour
Γ
un ensemble ni de formules :⊢ Γ → ⊥ ssi ⊢ c Γ → ⊥ .
En eet
Γ → ⊥ ≡ ¬(∧Γ)
.Pour lapreuve, voir par exemple [Tr vD88℄.
Nous utiliserons égalementla propriété de disjontion en logique intuitionniste :
Proposition 1.4.2 (propriété de disjontion) Soient
C
etD
deux formules :⊢ C ∨ D ssi ⊢ C ou ⊢ D.
Il existe diérentes méthodes qui onduisent à e résultat. L'une des plus élémentaire
est d'utiliserleslash de Kleeneoul'unede ses variantes(voirpar exemple[Tr vD88℄).
Une autre est d'utiliser l'existene d'une preuve sans oupures en alul des séquents
intuitionniste (voir par exemple [Du 77℄).
On peut remarquer que, en dehors de la règle droite de l'impliation, toutes les
règles du alul des séquents intuitionniste (formulation ave auplus une seule formule
à droite), y ompris règles struturelles et oupure, sont valides pour l'admissibilité,
i.e. en remplaçant le symbole
⊢
par le symbole≫
. En fait, si on interprète les, de droite par des
∨
, il en est de même pour les règles du alul des séquentslassiqueexeptétoujourslarègledroitedel'impliation.Cesrèglessontd'ailleursvalides
intuitionnistiquement.Onpeutmêmeremarquerque,lesrèglesinversiblesdualuldes
séquents intuitionniste (laonjontiondes prémisses de larègle équivaut àlaonlusion
f 4.1), sont égalementinversiblespour l'admissibilité.Nousdétaillonsertainsas dans
lesparagraphes suivants.
1.5.1 Conjontion
Γ ≫ C ∧ C ′ ssi Γ ≫ C et Γ ≫ C ′ ; A ∧ A ′ , Γ ≫ C ssi A, A ′ , Γ ≫ C .
1.5.2 Aaiblissement
Si Γ ≫ C alors Γ, B ≫ C .
1.5.3 Disjontion
Γ, B ∨ B ′ ≫ C ssi Γ, B ≫ C et Γ, B ′ ≫ C .
Il est évident par aaiblissementque si
Γ, B ∨ B ′ ≫ C
,alorsΓ, B ≫ C
etΓ, B ′ ≫ C
.La réiproque est une onséquene de la propriété de disjontion. En eet, supposons
que
Γ, B ≫ C
etΓ, B ′ ≫ C
. Supposons ques
est une substitutiontelle que pour toute formuleA
deΓ
,s(A)
soitprouvable ettelle ques(B ∨ B ′ )
soitprouvable. On en déduitpar la propriété de disjontion que
s(B)
est prouvable ous(B ′ )
est prouvable. On peutdans haun des as appliquerl'une des deux règles supposées admissibles i-dessus. On
onlutque
s(C)
est prouvable.1.5.4 Impliation
Si Γ ≫ B → C alors Γ, B ≫ C .
existe desrègles admissiblesnon dérivables etque
≫ C
sietseulementsi⊢ C
.Ona ependantla propriété suivante :
Γ ≫ C ssi Γ ≫ Γ → C .
1.5.5 Négation
Nous utiliserons plus loinei :
Lemme 1.5.1 Les propositions suivantes sont équivalentes:
(i)
Γ ≫ ⊥
,(ii)
Γ ⊢ c ⊥
,(iii)
Γ ⊢ ⊥
.Preuve : (iii) équivaut à (ii) par le théorème de Glivenko (setion 1.4). Il est évident
que (iii)implique(i). Il nous sut don de montrer que (i)implique (ii).
Si
Γ ≫ ⊥
, il n'existe auune substitution par⊥
ou⊤
qui valideΓ
, don auunevaluation lassique qui valide
Γ
. On en déduit, par omplétude de la logique lassique,que
Γ ⊢ c ⊥
.Conséquene : les propositions suivantes sont équivalentes:
Γ ≫ ¬C
,
Γ ⊢ c ¬C
,
Γ ⊢ ¬C
.1.5.6 Admissibilité et substitutions
La propriété suivanteest évidente, mais utile.
Pour toute substitution
s , si Γ ≫ C alors s(Γ) ≫ s(C) .
1.5.7 Conséquenes admissibles et dérivables
Nous allons ommener par étudier plus partiulièrement les ensembles de formules
ayant lapropriété suivante :
Dénition 1.5.2 Nous dironsqu'une formule
A
(respetivementqu'un ensemble nide formulesΓ
) a mêmes onséquenes admissibles etdérivables pour exprimer que :A ≫ C ssi A ⊢ C (respectivement Γ ≫ C ssi Γ ⊢ C) .
On peut déduirede lapropriété énonée auparagraphe 1.5.3 que:
Lemme 1.5.3 L'ensemble des formules ayant mêmes onséquenes admissibleset
déri-vables est stable par disjontions.
Il s'avère que, pour étudier l'admissibilité,on peut se limiter à une lasse restreinte
de substitutions, que nous étudions dans e paragraphe.
2.1 Notations
Les substitutions sont des appliations dénies des variables dans les formules
pro-positionnelles, etétendues naturellementaux formules propositionnelles.On note
[A 1 /α 1 , . . . , A n /α n ]
lasubstitution dénie par
s(α 1 ) = A 1 , . . . , s(α n ) = A n et s(β) = β pour β 6∈ {α 1 , . . . , α n } s(C)
est alors notéeC[A 1 /α 1 , . . . , A n /α n ]
.2.2 Dénitions
Dénition 2.2.1 Si
Γ
estun ensemble deformules nous dirons quelasubstitutions
estune
Γ
-identité si pour toute variable propositionnelleα
:Γ ⊢ α ↔ s(α) ,
ou enore, si
Γ
est ni :Γ → α ≡ Γ → s(α).
Proposition 2.2.2
(i) La substitution
s
est uneΓ
-identité ssi pour toute formuleC
:Γ ⊢ C ↔ s(C) ,
ou enore, si
Γ
est ni :Γ → C ≡ Γ → s(C) .
(ii) L'ensembledes
Γ
-identités est stable par omposition.(iii) Si
Γ
est ni,C
une formule propositionnelleets
uneΓ
-identité, alors :Γ ≫ C ssi s(Γ) ≫ s(C) .
Preuve : indution évidentesur laomplexitéde
C
pour le(i), évident pour le(ii).Pour le (iii) un sens est évident (voir 1.5.6), voyons la réiproque. On suppose
s(Γ) ≫ s(C)
etl'on veut montrerΓ ≫ C
. Soit donσ
une substitution validantΓ
, 'est àdiretelle que
⊢ ∧σ(Γ)
. Commes
est uneΓ
-identité, on déduit du (i) queΓ ⊢ ∧s(Γ)
, donσ(Γ) ⊢ ∧σ(s(Γ))
, etpar hypothèse surσ
on obtient⊢ ∧σ(s(Γ))
. Ors(Γ) ≫ s(C)
, donpar dénition de l'admissibilité
⊢ σ(s(C)) .
On utilise à nouveau le(i) qui donne
Γ ⊢ C ↔ s(C)
, donσ(Γ) ⊢ σ(C) ↔ σ(s(C))
.On utilisel'hypothèsesur
σ
etlepréédentrésultatpour onlureque⊢ σ(C)
,e quiestle résultatherhé.
Dénition 2.2.3 Si
Γ
est un ensemble de formules, nous dirons qu'une substitutions
estΓ
-validante si pour toute formuleC
deΓ
la formules(C)
est démontrable.Nous dirons une
Γ
-identité validante pour uneΓ
-identitéΓ
-validante.Nous dirons que
Γ
a la propriété de disjontion pour l'admissibilité, quand pour toutes formulesC
etD
,si Γ ≫ C ∨ D alors Γ ⊢ C ou Γ ⊢ D .
Ces dénitions sont introduites àause du résultatsuivant :
Lemme 2.2.4 Soit
Γ
un ensemble ni de formules.(i) S'il existe une
Γ
-identité validante, alorsΓ
a la propriété de disjontion pourl'admissibilité.
(ii) Si
Γ
a la propriété de disjontion pour l'admissibilité, alorsΓ
a mêmesonsé-quenes admissibles et dérivables.
Preuve ((i)) : soit
s
laΓ
-identité validante onsidérée,de :Γ ≫ C ∨ D et ⊢ ∧s(Γ) ,
ondéduit par dénition de l'admissibilitéque :
⊢ s(C) ∨ s(D) ,
et par lapropriété de disjontion:
⊢ s(C) ou ⊢ s(D) .
En aaiblissanton obtient :
⊢ Γ → s(C) ou ⊢ Γ → s(D) ,
et par dénition d'une
Γ
-identité on adon :⊢ Γ → C ou ⊢ Γ → D ,
'est à dire :
Γ ⊢ C ou Γ ⊢ D .
Preuve ((ii)) : si
Γ ≫ C
, alorsΓ ≫ C ∨ C
, donΓ ⊢ C
ouΓ ⊢ C
.Nous montrerons la réiproquedu (i)au paragraphe5 .
Le orollaire suivant ne sera pas utilisé dans la suite. Il explique ependant d'une
ertaine façon par exemple le fait que l'on retrouve au paragraphe 3.4 les formules de
Harrop.
Corollaire 2.2.5 Si
Γ
a la propriété de disjontion pour l'admissibilité, en partiulier s'il existe uneΓ
-identité validante, alorsΓ
a la propriété de disjontion, i.e.si Γ ⊢ C ∨ D alors Γ ⊢ C ou Γ ⊢ D.
Preuve : si
Γ ⊢ C ∨ D
, alorsΓ ≫ C ∨ D
, d'où lerésultat.Remarquons que la réiproque est fausse. Ainsi la formule
¬α → (β ∨ γ)
n'a pas lapropriété de disjontion pour l'admissibilité, mais on peut failement vérier qu'elle a
la propriété de disjontion. En eet une preuve en alul des séquents (voir 4.1) d'un
séquent
¬α → (β ∨ γ) ⊢ (C ∨ D)
ne peut seterminer que par une règle droitesur le∨
.En eet
(¬α → (β ∨ γ)) ⊢ ¬α
,qui équivaut à⊢ ¬α
, n'est pas prouvable.Donnons une première appliationde e qui préède.
2.3 Un exemple simple
Si
α
estune variablepropositionnelle,alors[⊤/α]
est uneα
-identitévalidante,[⊥/α]
est une
¬α
-identité validante, et donα
et¬α
ont la propriété de disjontion pourl'admissibilité.
Engénéralisant
[⊤/α 1 , . . . , ⊤/α n , ⊥/β 1 , . . . , ⊥/β p ]
est une{α 1 ∧ . . . ∧ α n ∧ ¬β 1 ∧ . . . ∧
¬β p }
-identité. On en déduit par le lemme 1.5.3 que les formules onstruites ave∧, ∨
sur desvariablesetdesvariablesniées ontmêmesonséquenesadmissiblesetdérivables
(sur e fragment lesformes normales onjontives etdisjontivesexistent).
Remarquons que, omme une onjontion de formules niées (ommençant par
¬
)est une formuleniée, ilsut pour généraliser lerésultat àtout le fragment
∧, ∨, ¬
, detrouverpourtouteformule
A
,toutesvariablesα i
,une{¬A, α 1 , . . . , α n }
-identitévalidante.Ilsut pourela detrouverune
¬A[⊤/α 1 , . . . , ⊤/α n ]
-identitévalidante,quel'onpourraprolonger.. Finalement,il sut don, pour généraliser lerésultat aufragment
∧, ∨, ¬
,de trouver pour toute formule
A
une¬A
-identité validante.Cei sera faitdans la suite.
On va, dans la setion suivante, utiliser les substitutions introduites pour donner
des aratérisations d'ensembles de formules ayant mêmes onséquenes admissibles et
dérivables.
pales étapes de ladémonstrationde omplétudepour larétro-dérivation est lasuivante.
On onstruit une
Γ
-identité validante pour un ensembleΓ
de formules los sous unepropriété desaturation partiulière,quiesten l'ourene unerestrition delapropriété
de disjontion pour l'admissibilité sur un ensemble ni.
Le premierrésultat est un as partiulier du suivant mais sa preuve est
partiulière-mentsimple.
3.1 Le fragment
∧, →
Lemme 3.1.1 Soient
Γ
un ensemble ni de formules,V ar Γ
l'ensemble des variablespropositionnellesapparaissantdanslesformulesde
Γ
,s
lasubstitution,identitéendehors deV ar Γ
, dénie pourα
dansV ar Γ
par :s(α) = Γ → α pour α dans V ar Γ ,
alors
(i) pour toute formule
C
dans le fragmentV ar Γ , ∧, →
:s(C) ≡ Γ → C ,
(ii)
s
est uneΓ
-identité, don pour toute formuleC
(sans restritions)Γ → s(C) ≡ Γ → C .
Preuve ((i)) : par indution sur la struture de
C
.Le résultatvient de la dénition pour les variablespropositionnelles.
Pour lespas d'indution on utiliseles équivalenessuivantes :
(⊤ → ⊤) : (Γ → A) → (Γ → B) ≡ Γ → (A → B) ; (⊤ ∧ ⊤) : (Γ → A) ∧ (Γ → B) ≡ Γ → (A ∧ B) ;
qui semontrentsans diulté.
Preuve ((ii)) : ladénition 2.2.1 est évidemment satisfaite :
Γ → Γ → α ≡ Γ → α .
Proposition 3.1.2
Si
Γ
est unensemble ni deformules danslefragment∧, →
,alorslasubstitutions
dénie au lemmei-dessus est uneΓ
-identité validante.Les formules du fragment
∧, →
ont la propriété de disjontion pour l'admissibi-lité.Les formules du fragment
∧, →
et les disjontions de telles formules ontmêmes onséquenes admissibleset dérivables.lause.On saitque que
s
est uneΓ
-identitéd'après lelemme3.1.1 (ii).Du(i) ondéduitque pour toute formule
A
deΓ
:s(A) ≡ Γ → A ≡ ⊤ ,
don
s
valide bienΓ
.3.2 Le fragment
∧, →, ⊥
ou∧, →, ¬
Lemme 3.2.1 Soient
Γ
un ensemble ni de formules,V ar Γ
l'ensemble des variablespropositionnellesapparaissant dans
Γ
.Soient
v
une valuationlassique surle fragment engendréparV ar Γ
ets v
lasubstitution, identité en dehors deV ar Γ
, et dénie pourα
dansV ar Γ
par :
Si v(α) = ⊤ alors s v (α) = Γ → α ,
Si v(α) = ⊥ alors s v (α) = ¬¬Γ ∧ (Γ → α) .
Alors
(i) pour toute formule
C
dans le fragmentV ar Γ , ∧, →, ⊥
:
Si v(C) = ⊤ alors s v (C) ≡ Γ → C ,
Si v(C) = ⊥ alors s v (C) ≡ ¬¬Γ ∧ (Γ → C) .
(ii)
s v
est uneΓ
-identité , don pour toute formuleC
(sans restritions)Γ → s v (C) ≡ Γ → C .
Preuve ((i)) : par indution sur la struture de
C
.Lerésultatvientdeladénitionpourlesvariablespropositionnelles.Pour
⊥
onremarqueque :
¬¬Γ ∧ (Γ → ⊥) ≡ ⊥ .
Pour lespas d'indution onutilise, outreles équivalenes
(⊤ → ⊤)
et(⊤ ∧ ⊤)
énonéesen setion 3.1, les équivalenessuivantes :
(⊥ → ⊤) : [¬¬Γ ∧ (Γ → A)] → (Γ → B) ≡ Γ → (A → B ) ;
(⊥ → ⊥) : [¬¬Γ ∧ (Γ → A)] → [¬¬Γ ∧ (Γ → B)] ≡ Γ → (A → B) ; (⊤ → ⊥) : (Γ → A) → [¬¬Γ ∧ (Γ → B)] ≡ ¬¬Γ ∧ [Γ → (A → B)] ; (⊥ ∧ ⊤) : [¬¬Γ ∧ (Γ → A)] ∧ (Γ → B) ≡ ¬¬Γ ∧ [Γ → (A ∧ B)] ;
(⊥ ∧ ⊥) : [¬¬Γ ∧ (Γ → A)] ∧ [¬¬Γ ∧ (Γ → B)] ≡ ¬¬Γ ∧ [Γ → (A ∧ B )] .
Ces équivalenes se prouvent sans diultés. Remarquons que seule la troisième (as
(⊤ → ⊥)
) utilise de façon indispensable l'absurdité intuitionnistean de montrer :(Γ → A) → ¬¬Γ ≡ ¬¬Γ .
Voyons un pas d'indution.Supposons que
C = A → B
etv(C) = ⊥
. Cela entraine quev(A) = ⊤
etv(B) = ⊥
. On en déduitpar hypothèse d'indution ques v (A) ≡ Γ → A et s v (B) ≡ ¬¬Γ ∧ (Γ → B) .
On utilise l'équivalene
(⊤ → ⊥)
qui permetde onlure ques v (C) = s v (A → B ) ≡ ¬¬Γ ∧ (Γ → (A → B)) = ¬¬Γ ∧ (Γ → C) .
Preuve ((ii)) : l'équivaleneestune égalitépour lesvariablespropositionnelleshors de
V ar Γ
et pour⊥
.Ellese vérie failement pour lesvariables
α
deV ar Γ
telles quev(α) = ⊤
.Pour lesvariables
α
deV ar Γ
telles quev (α) = ⊥
, onremarque que:Γ → s v (α) = Γ → [¬¬Γ ∧ (Γ → α)] ≡ Γ → α .
Proposition 3.2.2
(i) Supposons que
Γ
soit un ensemble ni de formules dans le fragment∧, →, ⊥
tel qu'il existe une valuation lassique
v
vériantv(∧Γ) = ⊤
, alors la substitution assoiées v
dénie au lemme 3.2.1 est uneΓ
-identité validante.(ii) Lesformulesdufragment
∧, →, ⊥
ontlapropriétédedisjontionpourl'admissi-bilité.
(iii) Les formules du fragment "
∧, →, ⊥
" et les disjontions de telles formules ont mêmes onséquenes admissibleset dérivables.Preuve ((i)) : on sait que, pour toute valuation lassique
v
onvenable,s v
est uneΓ
-identité d'après le (ii) du lemme 3.2.1. la valuationpartiulière onsidérée
v
vérie quev(∧Γ) = ⊤
,et don pourtoute formuleA
deΓ
,v(A) = ⊤
.On déduitde eietdu (i)dulemme 3.2.1 que
s v (A) ≡ Γ → A ≡ ⊤ ,
don
s v
est bien une substitutionΓ
-validante.Preuve ((ii)) : dans le as où il existe une valuation lassique validant
Γ
, 'est uneonséquene du (i).
Dans leas oùil n'en existe auune, d'après lelemme 1.5.1 :
Γ ⊢ ⊥ ,
et donpour toute formule
C
:Γ ⊢ C et Γ ≫ C .
Mintsdans[Mi 72℄démontrele(iii)delapropositionpréédentedansleaspartiulier
où la formule onlusion de la règle admissible est aussi dans le fragment
∧, →, ⊥
. Le(i)du lemme3.2.1 sut alors pour onlure.
On peutremarquerquetouteformulequiommenepar unenégationestéquivalente
à une formuledans le fragment
∧, →, ⊥
. Cei se montre par indution en utilisant leséquivalenes suivantes :
¬A ≡ ¬¬¬A ;
¬¬(A → B) ≡ ¬¬A → ¬¬B ;
¬¬(A ∧ B) ≡ ¬¬A ∧ ¬¬B ;
¬(A ∨ B) ≡ ¬A ∧ ¬B .
On déduit don de e quipréède leorollairesuivant.
Corollaire 3.2.3 Sous les hypothèses du lemme3.2.1 la onlusion se généralise à une
formule
C
qui ommene par une négation i.e.
Si v(C) = ⊤ alors s v (C) ≡ Γ → C ,
Si v(C) = ⊥ alors s v (C) ≡ ¬¬Γ ∧ (Γ → C) .
3.3 Le fragment
∧, ∨, ¬
Ononsidère,uniquementdanseparagraphedontnousn'utiliseronspaslesrésultats
dans lasuite, que le
¬
est primitif.Lesonlusions de laproposition3.2.2 sontégalementvalides pour lesformules
om-mençant par une négation. Cei permet don de montrer (voir2.3), queles formules du
fragment
∧, ∨, ¬
ont mêmes onséquenes admissibles et dérivables. Cependant ette méthode n'estpastrèssatisfaisantepuisquelaΓ
-identité validanteemployéeomporteleonneteur
→
. On aimerait uneΓ
-identité validante qui n'utiliseque des formules danslemême fragment,la négationétant onsidéréeomme primitive.Cei est possible pour
les formules niées. En eet, quand on remplae une sous-formule propre d'une formule
niée, par une formule quilui est lassiquement équivalente, on obtient une formuleniée
intuitionnistiquementéquivalente('estuneonséqueneduthéorème deGlivenko).Or:
Γ → α ≡ c ¬Γ ∨ α
¬¬Γ ∧ (Γ → α) ≡ c Γ ∧ α .
On a don le lemme suivant, que l'on peut d'ailleurs montrer diretement sans grande
diulté.
Lemme 3.3.1 Soient
Γ
un ensemble ni de formules,V ar Γ
l'ensemble des variablespropositionnellesapparaissant dans
Γ
.Soient
v
une valuationlassique surle fragment engendréparV ar Γ
ets ′ v
lasubstitution, identité en dehors deV ar Γ
, et dénie pourα
dansV ar Γ
par :
Si v(α) = ⊤ alors s ′ v (α) = ¬¬(¬Γ ∨ α) ,
Si v(α) = ⊥ alors s ′ v (α) = Γ ∧ α .
Alors
(i) pour toute onjontion
C
de variables propositionnelleset de formules niées :Si v(C) = ⊤ alors s ′ v (C) ≡ ¬¬(¬Γ ∨ C) ,
Si v(C) = ⊥ alors s ′ v (C) ≡ Γ ∧ C .
(ii)
s ′ v
est uneΓ
-identité , en partiulier pour toute formuleC
(sansrestritions)Γ ⊢ s ′ v (C) ↔ C .
(iii) Si
Γ
est un ensemble ni non ontraditoire de formules niées et de variables propositionnelles, etv
est une valuation lassique validantΓ
, lasubstitutions ′ v
estune
Γ
-identité validante.Remarque:dansleaspartiulierenvisagé auparagraphe2.3,onretrouve,àéquivalene
près, les substitutionsindiquées alors.
Proposition 3.3.2
Si
Γ
est un ensemble ni non ontraditoire de formules niées et de variables pro-positionnelles, etv
est une valuationlassique validantΓ
, lasubstitutions ′ v
déniei-dessus est une
Γ
-identité validante.Les onjontionsdevariablespropositionnellesetde formulesniéesontlapropriété
de disjontion pour l'admissibilité.
Lesformules dufragment"
∧, ∨, ¬
"sontéquivalentesàdesdisjontionsde onjon-tions de variables propositionnelles et de formules niées. Elles ont mêmesonsé-quenes admissibles et dérivables.
Mints([Mi72℄)montrele(iii)delapropositiondansleaspartiulieroùlaonlusion
de la règle est dans le mêmefragment. Danse as le (i)du lemme préédent sut.
Nous allons maintenant donner des lasses de formules plus générales, dont les
on-séquenes admissibles sontles onséquenes dérivables.
3.4 Formules de Harrop
LesformulesdeHarrop(Rasiowa-Harrop)ontétéintroduitesparequ'ellespossèdent
lapropriété de disjontionetont une aratérisationsyntaxiquesimple. Nousrappelons
leur dénition, dans le ontexte restreint quiest lentre du alulpropositionnel.
ontiennent pas de disjontion en position stritement positive. On peut dénir
induti-vement l'ensemble H des formules de Harrop de la façon suivante :
pour toute formule atomique
α
(variablepropositionnelle ou⊥
)α ∈
H;si
A
est une formule quelonque, siB ∈
H, alorsA → B ∈
H;si
A ∈
H, siB ∈
H, alorsA ∧ B ∈
H.Par exemple
A 1 → . . . → A n → α
est une formulede Harrop.Dénition 3.4.2 les formules
A 1 → . . . → A n → α ,
où
α
est atomique (soit⊥
, soit une variable propositionnelle), sont appelées formules de Harrop primitives.Lemme 3.4.3 TouteformuledeHarropestéquivalenteàunedeonjontiondeformules
de Harrop primitives.
Preuve : parindutionsur ladénitionde H.Onutilisepour lepas d'indution
l'équi-valene :
A → (B ∧ C) ≡ (A → B) ∧ (A → C) .
Nous allons utiliser la substitution
s v
dénie auparagraphe 3.2. Le lemme suivantpermet d'étendre les résultatsdu lemme 3.2.1.
Lemme 3.4.4 Sous leshypothèses du lemme3.2.1,laonlusion (i)de e mêmelemme
s'étend aux formules de Harrop, i.e. pour toute formule de Harrop
C
:
Si v(C) = ⊤ alors s v (C) ≡ Γ → C ,
Si v(C) = ⊥ alors s v (C) ≡ ¬¬Γ ∧ (Γ → C) .
Preuve : d'aprèslelemme3.4.3,onpeut selimiterà
C
uneonjontion deformulesdeHarrop primitives, eten appliquant les équivalenes
(⊤ ∧ ⊤)
de la setion 3.1,(⊤ ∧ ⊥)
et
(⊥ ∧ ⊥)
de la setion 3.2, on peut se limiter àC
une formule primitive de Harrop.Posons don:
C = ∆ → α
oùα
est atomique et∆ = {B 1 , . . . , B n }
.-Supposons tout d'abord que
v(α) = ⊤
, et donv(C) = ⊤
.s v (α) = Γ → α ,
don :
s v (C) = s v (∆ → α)
≡ s v (∆) → Γ → α
≡ Γ → s v (∆) → α ,
or d'aprèsle lemme 3.2.1,
s v
est uneΓ
-identité don :s v (C) ≡ Γ → ∆ → α = Γ → C .
-Supposons maintenant que
v(α) = ⊥
. On a don :s v (α) ≡ ¬¬Γ ∧ (Γ → α) ,
('est une égalité si
α
est une variable propositionnelle, l'équivalene est évidente siα = ⊥
).On en déduit :s v (C) = s v (∆ → α)
≡ s v (∆) → [¬¬Γ ∧ (Γ → α)]
≡ [s v (∆) → ¬¬Γ] ∧ [s v (∆) → Γ → α] . (⋆)
Considéronsledeuxièmemembrede laonjontion
(⋆)
i-dessus. Demêmequ'au aspréédent ondéduitde e que
s v
est uneΓ
-identité que:[s v (∆) → Γ → α] ≡ Γ → C .
Considérons le premiermembre de la onjontion
(⋆)
. De l'équivalene:A → ¬B ≡ ¬¬A → ¬B ,
ondéduit que :
s v (∆) → ¬¬Γ ≡ ¬¬s v (∆) → ¬¬Γ
≡ s v (¬¬∆) → ¬¬Γ .
Or
¬¬∆
est uneformulequiommeneparune négation,dond'aprèsleorollaire3.2.3(
¬¬∆ ≡ ¬¬ ∧ ∆ ≡ c ∧∆
) :soit
v(∧∆) = ⊤
etalorss v (¬¬∆) ≡ Γ → ¬¬ ∧ ∆
,soit
v(∧∆) = ⊥
etalorss v (¬¬∆) ≡ ¬¬Γ ∧ (Γ → ¬¬ ∧ ∆)
.Distinguonsà nouveau deux as, suivant lavaleur de
v(∧∆)
.Si
v(∧∆) = ⊤
, alors,ommev(α) = ⊥
etC = ∆ → α
,v(C) = ⊥
. On a :s v (∆) → ¬¬Γ ≡ (Γ → ¬¬∆) → ¬¬Γ
≡ ¬¬Γ .
Reprenons
(⋆)
.On amontré nalementdans eas lerésultatvoulu,'est àdire que,si
v(C) = ⊥
:s v (C) ≡ ¬¬Γ ∧ Γ → C .
Supposons maintenant
v(∧∆) = ⊥
, alors, ommev(α) = ⊥
etC = ∆ → α
, on av(C) = ⊤
. On a aussi :s v (¬¬∆) → ¬¬Γ ≡ (¬¬Γ ∧ (Γ → ¬¬ ∧ ∆)) → ¬¬Γ
≡ ⊤ .
et don, en reprenant
(⋆)
:s v (C) ≡ Γ → C ,
e qui est lerésultat voulu sahant que
v(C) = ⊤
.On peutremarquer que lapreuve de e lemmeutilise lesrésultatsdu paragraphe3.2
préédent seulement dans le adre restreint des formules du fragment
∧, →, ⊥
om-mençant par une négation, mais qu'il ontient stritement le lemme3.2.1.
Nous pouvons maintenant, exatement de la même façon que i-dessus, énoner la
propositionsuivante quigénéralise la proposition3.2.2 :
Proposition 3.4.5
Supposons que
Γ
soit un ensemble ni de formules de Harrop tel qu'il existe unevaluation lassique
v
vériantv (∧Γ) = ⊤
, alors la substitution assoiées v
dénieau lemme3.2.1 est une
Γ
-identité validante,les formules de Harrop ont la propriété de disjontion pourl'admissibilité,
les formules de Harrop et les disjontions de telles formules ont mêmes
onsé-quenes admissibles et dérivables.
Dans le paragraphe suivant, nous donnons un autre ensemble de formules ayant la
propriété de disjontion pour l'admissibilité, mais utilisant un type diérent de
substi-tutions.
3.5 Formules anti-Harrop
Dénition 3.5.1 Les formules anti-Harrop sont les formules propositionnelles qui
on-tiennent au moins une variable en position stritement négative. On peut dénir
indu-tivement l'ensemble aH des formules anti-Harrop de la façon suivante :
Pour toute variable propositionnelle
α
, siA
est une formule quelonque, alorsα → A ∈
aH;si
A
est une formule quelonque, siB ∈
aH, alorsA → B ∈
aH;si
A ∈
aH, siB ∈
aH, alorsA ∧ B ∈
aH.α → B ,
où
α
est une variable propositionnelle.Lemme 3.5.2 Toute formuleanti-Harropestéquivalenteàune onjontion deformules
formules anti-Harrop primitives.
Preuve : indution immédiate sur la dénition de aH.
Lemme 3.5.3 Soient
Γ
un ensemble ni de formules,V ar Γ
l'ensemble des variablespropositionnelles apparaissant dans
Γ
,s
la substitution, identité en dehors deV ar Γ
,dénie pour
α
dansV ar Γ
par :s(α) = Γ ∧ α ,
alors
(i)
s
est uneΓ
-identité, et don pour toute formuleC
(sansrestritions)Γ → s(C) ≡ Γ → C ,
(ii) pour toute formule anti-Harrop
C
:s(C) ≡ Γ → C .
Preuve ((i)) : s est une
Γ
-identité (dénition 2.2.1)arΓ → (Γ ∧ α) ≡ Γ → α
.Preuve ((ii)) : d'après le lemme 3.5.2 et l'équivalene
(⊤ ∧ ⊤)
du paragraphe 3.1, ilsut de démontrer lerésultat pour
C = α → B
, oùα
est une variablepropositionnelle.Dans e as :
s(C) = s(α) → s(B) ≡ (Γ ∧ α) → s(B) ≡ α → Γ → s(B) ,
et dond'après (i):
s(C) ≡ α → Γ → B ≡ Γ → α → B = Γ → C .
On déduitde e lemme de façonanalogue auxas préédents la proposition :
Proposition 3.5.4
Si
Γ
est un ensemble ni de formules anti-Harrop, alors la substitutions
dénieau lemmei-dessus est une
Γ
-identité validante;les formules anti-Harrop ont la propriété de disjontion pour l'admissibilité;
les formules anti-Harrop etles disjontions de formules Harrop et anti-Harrop ont
les formules anti-Harrop etles disjontions de formules Harrop et anti-Harrop ont