• Aucun résultat trouvé

IV- DISCUSSION

3- LIEN AVEC LES CONNAISSANCES ANTERIEURES

3.1 Une démographie médicale surestimée

Le premier constat de notre étude est que l’effectif de médecins généralistes libéraux du 14ème

arrondissement est nettement surestimé par le CNOM et l’Assurance maladie : avec 40%

de notre listing initial finalement exclu, il ne reste que 87 praticiens sur l’arrondissement, au lieu des 145 initiaux.

En revanche, nos résultats sont à première vue assez cohérents avec DEMOMED qui avait inclus 126 médecins généralistes, mais en prenant en compte les praticiens exerçant un MEP : si nous reprenons notre diagramme de flux nous avons 87 éligibles + 35 exclus pour MEP majoritaire + notre directeur de thèse, soit 123 médecins, nous pouvons aisément supposer que la minime différence est liée à de possibles départs non remplacés depuis 2014, date de la thèse de S.Friedli (17).

Cependant, leur protocole imposait d’exclure par la suite les MEP exclusifs : ils n’étaient que 4, parmi les 60 praticiens interrogés. Or, si nous n’avons pas pu tenir un chiffrage précis et rigoureux différenciant un exercice majoritaire mais avec une petite part de médecine générale, d’un exercice exclusif, nous avions au moins dix praticiens nous ayant déclaré un MEP exclusif lors de notre contact téléphonique... Ces protocoles et taux de réponses différents faussent peut être ce résultat, mais nous pouvons aussi émettre l’hypothèse que parmi le groupe de médecins généralistes et MEP, il y aurait plus de médecins ayant un MEP exclusif en 2018. Il serait intéressant de préciser ce point par des études complémentaires, d’autant que nos déclarations étaient téléphoniques, permettant plus d’incertitude que le questionnaire postal utilisé pour DEMOMED.

101 Les autres praticiens exclus n’étaient pas médecins généralistes : les quatre salariés exclusifs étaient tous urgentistes, et dix-huit praticiens n’exerçaient pas à cette adresse ou avaient arrêté leur activité.

Nous pouvons calculer un taux de MEP dans le 14ème arrondissement, si on se base sur notre

nombre de médecins sélectionnés initialement sans les personnes n’exerçant pas ou plus, les salariés urgentistes, sans compter les praticiens exclus uniquement pour raison méthodologique, nous arrivons à 123 médecins dont 35 MEP majoritaire et 8 praticiens dont l’exercice particulier constituait moins de 50% de leur activité (voir la thèse de Raphaël Pecqueur). La comparaison avec les chiffres officiels est limitée par la méthodologie, mais nous arriverions à 34,9% de MEP, soit bien supérieur aux 26% déclarés à l’Assurance Maladie (6).

Notre étude conclut à une densité médicale dans l’arrondissement d’environ 6,2 médecins pour

10.000 habitants, soit bien inférieure à la moyenne parisienne (10,8) et nationale (9,2 pour

10 000 habitants) (6), mais aussi inférieure à celle estimée par l’étude du 13ème arrondissement

(7 pour 10 000 habitants) (15,16). Une des conséquences possibles de ce déficit est évidemment le débordement sur les services d’urgences.

Les causes principales de cette surestimation sont donc un défaut de mise à jour des effectifs, mais pour une grande part cette complexe question des MEP, aussi bien dans leur définition que dans la détermination d’une part du MEP dans l’activité à partir de laquelle le praticien ne répond plus aux définitions européennes du médecin généraliste. La définition est amenée à évoluer dans les prochaines années en termes de spécialités faisant désormais l’objet d’un DES. La répartition de l’offre de soins en médecine générale est très hétérogène dans l’arrondissement.

Les secteurs Didot-Porte de Vanves et Pernety regroupent à eux seuls la moitié de l’offre de

médecine générale libérale de l’arrondissement. Il est tout de même à noter que cette évolution est récente pour Didot-Porte de Vanves avec l’ouverture d’une Maison de santé pluri- professionnelle fin 2016.

A l’inverse, les secteurs Jean Moulin-Porte d’Orléans et Montsouris-Dareau sont les moins dotés en médecins généralistes, avec respectivement 5 et 7 praticiens. Cependant, l’étude cartographique de l’arrondissement Figure 7 permet de comprendre de façon assez intuitive que la situation est bien plus préoccupante sur le second quartier qui s’étend sur une surface plus étendue que le premier. DEMOMED avait donné comme explication l’emprise du Parc Montsouris et de la Cité universitaire, il est néanmoins notable qu’à titre comparatif il s’agit du secteur le plus étendu de l’arrondissement avec Raspail-Montparnasse, et qu’au contraire la Cité Universitaire avec sa population étudiante constitue un besoin en soins, dans un quartier à proximité structures de soins comme l’hôpital Sainte Anne, l’institut mutualiste Montsouris, l’hôpital Broca, et la clinique des Peupliers.

Ces deux quartiers ne figurent pas dans les zones prioritaires de l’ARS mais en zone complémentaire, en revanche ces données semblent connues de Paris Med’, puisque Montsouris-Dareau fait bien partie des secteurs éligibles.

102 Pernety, qui n’est pas particulièrement en déficit de médecins généralistes à titre quantitatif, figure également dans ces secteurs éligibles à Paris Med’, mais nous avons vu que le nombre de médecins n’est pas suffisant pour déterminer la situation d’un territoire, et nous trouvons des explications possibles à sa présence dans le paragraphe 3.4.

Concernant la participation à la permanence des soins, il y a nettement moins de participants par rapport au 13ème (10%), avec un profil différent puisqu’ils réalisaient des gardes en maison médicale de garde, alors que les deux praticiens (4,3%) de notre arrondissement sont régulateurs au centre 15 (16).

Nous avons vu que 34% des médecins interrogés envisageaient une cessation ou une diminution notable de leur activité d’ici 2023, dont 13% de cessation totale, ce qui est moins que dans le

13ème (23%), mais également moins que DEMOMED où 50% envisageaient un arrêt ou une

diminution de leur activité, dont 23% de cessation totale. A noter tout de même que l’une des explications possibles est que ces chiffres étaient donc des prévisions pour… 2019.

Les prévisions actuelles à l’échelle nationale de la Drees s’orientent vers une hausse à partir de 2020 du nombre total de médecins, mais moins clairement pour les MG : comme nous l’avons vu dans l’atlas de la démographie médicale, le nombre de MG à l’échelle nationale devrait plutôt diminuer au moins jusqu’en 2025 (1,5).

Il est néanmoins difficile d’évaluer l’évolution puisque l’on sait que tous les diplômés en médecine générale ne seront pas forcément médecin généraliste, certains choisissant une autre orientation. Il semble par ailleurs déjà bien difficile d’établir les chiffres de l’offre de soins actuelle, on pourrait donc craindre que les prévisions soient elles aussi surestimées.