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La démocratie était présentée comme ayant diverses qualités qu’aucun autre régime politique ne pouvait offrir. Les orateurs du IVe siècle utilisèrent en maintes occasions ces qualités pour venir appuyer leur cause ou leurs propos. On peut cependant se poser les questions suivantes : les orateurs ont-ils pu user de cette technique à d’autres fins et, si oui, le thème de la démocratie aurait-il pu devenir davantage un argument rhétorique qu’un réel idéal politique50 ? Il ne faut pas oublier, lorsqu’on aborde ces questions, que la masse des

48 On retrouve ce passage dans deux discours de Démosthène : Sur les affaires de la Chersonèse, 42 et

Quatrième Philippique, 14. Seuls deux mots, n’affectant pas le sens, changent entre les deux extraits (voir annexes).

49 Pour la notion de souverain et d’esclaves, voir chapitre 2.

50 Platon (République, 493d), en abordant la question des sophistes et de la rhétorique, explique qu’un orateur,

tout comme un artiste ou un poète qui présenterait une œuvre ou un projet devant la foule souveraine, ne cherchera pas à innover ou à la contredire, mais tentera plutôt de lui offrir exactement ce qu’elle veut, peu importe que cela soit bon ou non. On peut aisément rattacher à cette idée l’utilisation abondante du thème de la démocratie dans les discours des orateurs.

citoyens détenait à la fois le pouvoir politique et le pouvoir juridique. Le contrôle de la cité reposait donc entre les mains d’une majorité ayant plus à gagner sous un régime démocratique que sous un régime monarchique ou oligarchique51. Cependant, les discours ont pour la majorité été rédigés par des hommes qui possédaient un certain statut grâce à leur éducation et, dans certains cas, leurs ressources financières52. Cette opposition entre le statut général du public et celui des orateurs devait générer des difficultés puisqu’un homme en moyens et hautement éduqué ne portait pas nécessairement le même regard sur un problème que le peuple en général. Il fallait ainsi user de certaines stratégies pour gagner son point.

a) Le pouvoir du peuple

i) Système politique et judiciaire

Lorsque les idéaux de la démocratie étaient mis de l’avant par les orateurs, le système démocratique était souvent mis en opposition avec les autres régimes politiques. Cela était en partie dû au fait que les hommes politiques de ce temps devaient répondre aux attentes de leur auditoire pour se faire entendre. Cette réalité n’échappait pas aux intellectuels d’alors. S. Bickford mentionne que, chez Platon, on peut voir le Socrate du

Gorgias argumenter que les orateurs étaient limités par les désirs du peuple et qu’il était

dangereux pour ceux-ci de tenter de modifier ces désirs53. C’est pourquoi au lieu de s’opposer au peuple, les hommes politiques usèrent plutôt des idéaux du peuple pour arriver à leurs fins. Ainsi, J. Ober explique que « rich and well-born Athenians competed vigorously, sometimes savagely, with each other for political influence, and they used appeals to the masses as ploys in their ongoing political struggles. […] However, once the lower classes became sufficiently politically aware to be a factor in political struggles, that

51 Dans sa Constitution athénienne (1), Pseudo-Xénophon explique d’ailleurs qu’il n’est pas étonnant qu’un peu

partout les gens aient tendance à avoir une plus grande considération pour les pauvres et les gens ayant peu de revenu puisqu’ils représentent la clé de voute de la démocratie.

52 Pour en savoir davantage sur les orateurs ici traités, se référer à l’introduction.

53 S. BICKFORD, « This Way of Life, this Contest », in S. SALKEVER (éd.), The Cambridge Comapnion to

is, by the time of Cleisthenes, the elites recognized mass ambitions as a new weapon to use against each other. As a result, politically ambitious elites actively sponsored democratizing reforms ; this gained influence for themselves in the state and, just as important, discomfited their opponents54. » Il faut donc se demander à la lecture des orateurs du IVe siècle si les éloges qu’on y retrouve concernant la démocratie sont sincères ou bien s’il s’agit simplement de rhétorique. Cet exercice n’est pas toujours aisé. Cependant, dans le cas d’Isocrate, l’utilisation de la démocratie est assez flagrante, surtout dans ses discours de fin de carrière. Lorsqu’on se penche sur ceux-ci, il apparaît que l’auteur, au long de ses longues années de vie, passa graduellement d’une allégeance démocratique à une allégeance plus nuancée, comportant certainement des éléments aristocratiques, voire monarchiques. Ses deux discours Sur la Paix et Aréopagitique sont très intéressants puisqu’ils dénotent une période durant laquelle l’auteur s’était détourné de la démocratie, la critiquant sévèrement, mais où il prenait encore soin de cacher ces critiques sous le couvert de l’idéal de la vraie démocratique. P. Cloché, dans son analyse des discours d’Isocrate, est parvenu à la conclusion que la défense de la démocratie était un peu superficielle dans ces traités. Il mentionne entre autres faits l’existence chez Isocrate d’un système démocratique idéal où la démocratie serait mélangée à des traits d’aristocratie55. Par ailleurs, il relève que

l’auteur semble davantage défendre cette autre constitution, la patrios politeia, que la démocratie telle que connue alors. N. Albafull et E. Pagés ont aussi montré qu’Isocrate voulait camoufler dans l’Aréopagitique ce qui aurait pu être considéré par ses contemporains comme des tendances oligarchiques en utilisant le voile de la « vraie démocratie »56. L’Aréopagitique [70] offre un passage éloquent à cet égard. Après avoir critiqué la démocratie de son temps, puis comparé la démocratie des « Anciens » avec le régime tyrannique des Trente, Isocrate écrivit : « Si j’ai exposé cela, c’est pour deux raisons : c’est pour démontrer tout d’abord que je ne recherche pas le régime oligarchique ni la tyrannie […] ». Le simple fait que l’auteur ait ressenti le besoin de spécifier qu’il ne recherchait pas l’oligarchie ou la tyrannie malgré toutes ses critiques montre que ses propos comportaient des tendances antidémocratiques. Par ailleurs, cette « vraie démocratie » à laquelle il comparait celle de son temps était grandement imprégnée de tendances

54 J. OBER, Mass and Elite, p. 84-85. 55 P. CLOCHE, Isocrate et son temps, p. 93.

aristocratiques. Il est ici évident que l’auteur pensait plus prudent de camoufler le fond de sa pensée sous un terme accepté de tous, la démocratie. De plus, il jugeait sûrement que ses critiques recevraient une attention plus favorable s’il les présentait sous le couvert de conseils ayant pour but d’améliorer le régime déjà en place et non comme étant une critique faisant appel au changement. Ce passage tenait donc davantage de la rhétorique que du véritable idéal. Il est aussi aisé de remettre en question les qualités supérieures qu’Isocrate attribue à la démocratie dans ses autres discours. Dans son discours Sur la Paix [3], il affirme :

Je vois qu’aux orateurs vous n’accordez pas égale audience ; qu’aux uns vous donnez votre attention, tandis que vous ne supportez pas même la voix des autres. Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que vous agissiez ainsi : car, en tout temps, vous avez coutume d’expulser tous les orateurs autres que ceux qui parlent dans le sens de vos désirs.

De toute évidence, Isocrate était conscient que pour obtenir l’écoute du peuple, il se devait de ne pas le contredire. Le passage de l’Aréopagitique prend tout son sens. Cette réalité était connue de tous et même les orateurs défendant réellement le système démocratique eurent à en user pour faire passer des idées ou des critiques. À titre d’exemple, on peut voir chez Démosthène, défendeur assidu de la démocratie dans ses discours, le passage suivant :

Quant à moi, je suis, il est vrai, loin d’ignorer qu’il n’est pas facile de vous faire entendre ce qui est pourtant le meilleur. Trompés comme vous l’êtes et partagés entre deux opinions contraires, si l’on essaye de vous proposer un parti moyen et si vous n’avez pas la patience d’écouter jusqu’au bout, on risque fort de ne plaire ni aux uns ni aux autres ou même d’avoir tout le monde contre soi. (Pour les

Mégapolitains, 2)

Ainsi, les orateurs avaient conscience de l’importance qu’avait l’opinion du peuple et de la place qu’occupait l’idéal de la démocratie aux yeux de cette masse. Outre le fait que le pouvoir appartenait au peuple, cette situation délicate était principalement causée par deux facteurs : l’absence d’expertise politique et la contradiction mentionnée entre la loi comme pouvoir judiciaire et le démos comme pouvoir politique.

ii) Éducation rhétorique et expertise politique

Les hommes de la scène politique avaient généralement eu accès à une éducation rhétorique. Or, celle-ci était vue par plusieurs comme un art trompeur, permettant aux hommes de convaincre un auditoire sur n’importe quel sujet, sans pour autant que celui-ci jouisse de connaissances approfondies sur ledit sujet, comme on le retrouve dans le

Gorgias de Platon57. C’est pourquoi on avait tendance à se méfier des orateurs usant de phrases et d’un vocabulaire complexes. Ainsi, certains orateurs développèrent l’art de rédiger des discours qui, bien que structurés de manière à être très persuasifs, n’avaient en apparence rien d’un discours complexe, mais ressemblaient plutôt au discours d’un homme simple. De cette manière, ces orateurs voulaient éviter la suspicion du public58.

Cette pratique est le reflet d’une réalité complexe entourant la question d’expertise politique. J.-M. Bertrand s’est penché sur la question et a montré dans son étude que seulement une petite fraction des citoyens était ce que l’on pourrait considérer comme des hommes politiques59. Ces hommes, les orateurs, menaient indirectement la cité grâce à leur aptitude à convaincre les citoyens à suivre leurs conseils. Cependant, dans ce régime démocratique où la masse détenait le pouvoir, les orateurs devaient camoufler cette éducation pour obtenir les faveurs du public. Ainsi, J.-M. Bertrand explique que la justice et le droit revêtaient une apparence de non-spécialité, comme si ces domaines ne nécessitaient aucune connaissance approfondie ou éducation préalable. Dans cet idéal démocratique où chacun peut participer à la politique et la justice, il était mal vu d’insinuer qu’une certaine portion de la population était inapte à diriger : « Les discours des plaideurs essayant de défendre leur situation de privilégiés du régime ne cessaient de répéter que le petit peuple des jurés était, en toute légitimité, le seul maître de l’État, que toute décision politique dépendait de son vote, en dernier ressort, que tout particulier pouvait, légitimement, s’il le souhaitait participer à tous les débats de l’assemblée sans avoir à exciper d’une préparation

57 On en vint d’ailleurs à associer les sycophantes et le désir de pouvoir et de richesse à l’art oratoire. Sur ce

point, voir J. ROISMAN, The Rhetoric of Conspiracy, p. 85.

58 M. LAVENCY, « The Written Plea of the Logographer » in E. CARAWAN (éd.), The Attic Orators, Oxford,

Oxford University Press, 2007, p. 3- 26 et J. OBER, Mass and Elite, p. 175.

spécifique ou de la moindre compétence60. »J.-M. Bertrand explique un peu plus loin qu’en ce qui concernait le domaine de la justice, les orateurs tentèrent souvent de camoufler le fait que certaines compétences étaient requises pour prétendre diriger la cité en mettant sur le compte d’actes intentionnels des erreurs commises par incompétence.

Dans ce contexte où tout citoyen était en principe apte à prendre les bonnes décisions pour la cité, on comprendra qu’il était mal vu pour un orateur d’aller à l’encontre du désir de la masse. Non seulement aucun type d’expertise n’était requis puisque tout citoyen était apte à diriger et que la sagesse de la masse dépassait celle de l’homme, mais en plus la rhétorique était perçue comme un moyen de tromper. Ainsi, pour bien persuader leur public, les orateurs devaient prendre en compte divers facteurs parfois contraires. Ils devaient paraître sûrs d’eux sans pour autant paraître trop éduqués. Ils devaient aussi faire des discours convaincants, mais ne semblant pas user de la rhétorique. Finalement, même lorsqu’ils tentaient de faire changer d’idée le peuple ou de l’orienter dans une nouvelle direction, ils devaient prendre en considération les désirs et les attentes de la masse, voire camoufler leurs propos sous le couvert d’idéaux reçus. Il en ressort que la ligne entre rhétorique et opinion personnelle n’est pas toujours claire dans les discours politiques et juridiques, surtout lorsqu’il s’agit de termes populaires comme la démocratie, la liberté ou l’équité. On comprendra pourquoi les orateurs usèrent parfois à outrance du thème de la démocratie pour justifier toute mesure qu’ils prônaient, désirant ainsi s’attirer les faveurs du public.

b) Règne des orateurs

Le pouvoir politique du peuple amena les orateurs à user de plus en plus de la rhétorique dans leurs discours. Plusieurs intellectuels, dont les orateurs eux-mêmes, dénoncèrent le fait qu’il était parfois aisé pour les orateurs de manipuler la masse grâce à

ces techniques. On retrouve majoritairement deux thèmes : l’utilisation de la rhétorique à des fins de flatterie et manipulation, et son utilisation pour discréditer des adversaires.

Comme l’a montré N. Albafull, Isocrate traita du fait que les orateurs manipulaient les foules pour leurs propres bénéfices et non pour le bien commun61. Deux des extraits de Démosthène abordés dans la première section, sur l’idéal de la démocratie, montrent de manière flagrante cette flatterie : Seconde Philippique, 8 et 10. Dans ces deux passages, l’éloge fait aux Athéniens semble fortement exagéré, surtout lorsqu’on considère que l’auteur critiquait souvent ses contemporains pour leur inactivité. D’ailleurs, H. Dunkel affirma dans une de ses recherches : « Is the orator serious here ? Aside from a certain playing upon the vanity of the Athenians, does Demosthenes really feel that they have anything but a selfish interest in the affairs of Greece ? Or is this statement mere flattery of the same order as references to Marathon and Salamis ? One is inclined to believe the latter62. » En fait, la majorité des passages où un orateur fait l’éloge de la démocratie serait

à relire de manière critique, puisque la flatterie était un moyen souvent utilisé pour gagner la foule. Il devient donc difficile de déterminer ce qui tient du réel idéal et ce qui se rattache plutôt à la rhétorique. On retrouve d’ailleurs maintes critiques à l’égard des orateurs flatteurs chez les intellectuels, et ce, tant chez les philosophes, que les historiens ou les littéraires : Euripide, Xénophon, Platon, Aristophane, etc.63 Il est intéressant de voir cependant que les orateurs usèrent eux-mêmes de ces critiques pour faire de la rhétorique :

Mais enfin, vous demandez-vous peut-être, pour quelle raison les habitants d’Olynthe, d’Érétrie, d’Oréos écoutaient-ils plus volontiers ceux qui parlaient pour Philippe que les défenseurs de leurs intérêts ? Pour la raison qui, chez vous aussi, fait, parfois, les orateurs qui ont en vue votre avantage ne réussissent pas à vous plaire, même quand ils le voudraient. Ils sont bien forcés, en effet, d’aviser aux moyens propres à vous sauver ; tandis que les autres, c’est en vous flattant qu’ils coopèrent aux desseins de Philippe. (Démosthène, Troisième

Philippique, 63)

Démosthène était fortement opposé à la politique de Philippe de Macédoine. Tout au long de sa carrière, il défendit farouchement la liberté des cités grecques et la démocratie,

61 N. ALBAFULL &E.PAGÉS, « Tendencias del pensamiento politico », p. 59. 62 H. B. DUNKEL,« Was Demosthenes a Panhellenist ? », CPh 3 (1938), p. 299. 63 J. DE ROMILLY, Problèmes de la démocratie grecque, Paris, Hermann, 2006, p. 43 sq.

poussant les Athéniens à s’opposer à la menace macédonienne. Même après que Philipe a conquis la Grèce, Démosthène continua de défendre l’idéal de liberté. Cependant, Démosthène était aussi un habile orateur qui comprenait très bien comment fonctionnait le système. Il aurait très bien pu dénoncer ses opposants politiques comme étant des traîtres pour atteindre ses propres buts64. Dans le cas de cet auteur, il est difficile de déterminer dans ce type de passage s’il dénonce réellement des traîtres du régime ou s’il essaie de s’attirer la bienveillance du public en se faisant passer pour un homme honnête. Il est évident que Démosthène croyait en ces idéaux. S’il avait eu connaissance d’opposants flattant le peuple pour faire passer des mesures favorisant l’ennemi, le tout pour des avantages ou de l’argent, il est certain que Démosthène aurait été outré et, dans ce cas, ce type de discours serait le reflet d’une colère envers des traîtres. Cependant, savait-il réellement si ses opposants politiques flattaient le peuple dans des buts personnels ? En était-il seulement convaincu ou était-ce plutôt un moyen de mettre le peuple de son côté, afin d’atteindre ses idéaux politiques ? On retrouve plusieurs de ces passages chez Démosthène dans les discours touchant les conflits avec Philippe :

C’est que, dans les assemblées, vous vous délectez à vous entendre flatter par des discours qui ne visent qu’à vous plaire, mais qu’ensuite, quand les évènements s’accomplissent, votre salut même est en danger. (Troisième

Philippique, 4)

À coup sûr, les raisons de ce mal sont multiples ; ce n’est pas un ou deux faits isolés qui nous ont amenés là ; mais la principale, si vous allez au fond des choses, est imputable, vous le reconnaîtrez, aux hommes qui s’attachent à vous plaire au lieu de vous donner les meilleurs conseils. De ceux-là quelques-uns, Athéniens, soigneux de faire durer ce qui assure leur crédit et leur puissance, n’ont aucune prévoyance des conséquences prochaines, et ils ne se soucient pas que vous en ayez davantage ; d’autres, accusant et calomniant les hommes qui conduisent vos affaires, ne font en somme qu’une chose : ils s’arrangent de telle sorte que la république, s’en prenant à elle-même du mal qu’elle subit, ne connaisse plus d’autre affaire, pour que Philippe puisse dire et faire tout ce qui lui plaît. Oui, telle est la politique dont vous êtes coutumiers, et c’est là ce qui cause le trouble où nous sommes et nos échecs. (Troisième Philippique, 2)

Dans ces deux extraits, il est question des conséquences néfastes qu’eurent certains choix des Athéniens, dus, selon Démosthène, aux flatteries de ses opposants. Il est cependant

64 J. Roisman explique comment la dénonciation d’ennemis politiques pour traitrise a été utilisée par les

hommes politiques pour atteindre des buts personnels. Il donne en exemple le portrait qu’Aristophane a fait de Cléon dans les Cavaliers. Dans cette œuvre, l’homme intente des procès pour traitrise pour raisons futiles dans le seul but de discréditer ses ennemis. Sur ce, voir The Rhetoric of Conspiracy, p. 66-67.

hasardeux de se risquer à déterminer si l’orateur dénonçait réellement un phénomène ou s’il utilisait ici le concept comme topos rhétorique.

Si l’on se tourne vers Eschine, on peut lire : « Et l’indiscipline des orateurs triomphe des efforts réunis de la législation, du bureau de l’Assemblée, des présidents et de la tribu dirigeante, la dixième partie des citoyens ! » (Contre Ctésiphon, 3-4).Cette phrase finit une longue tirade dans laquelle Eschine critique les orateurs, les désignant comme la source de plusieurs problèmes affectant la cité. C’est à cause de « l’indiscipline des orateurs » si les