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3.2 Opérationnalisation et instrumentation

3.2.3 La démarche de saisie et de collecte des données

La collecte des données utilise des stratégies qui empruntent à l’ingénierie didactique et à la double approche développée dans une perspective d’ergonomie cognitive par Robert et Rogalski (2002). Ainsi, la prise de données a été effectuée de manière à suivre la dynamique des pratiques conjointes d’enseignement, soit pour ce qui est des données recueillies avant, pendant et après l’action. Cette stratégie concorde avec l’approche méthodologique retenue, accordant une grande importance au fait de documenter « les traces de l’évolution des praticiens engagés dans une telle dynamique » (Savoie-Zajc, 2001, p. 26).

Deux types de traces ont fait l’objet de cette collecte : des documents écrits provenant de sources officielles et du matériel utilisé par les enseignantes et les orthopédagogues, ainsi que des captations sonores et visuelles (enregistrements vidéo et audio), qui sont des enregistrements des situations d’enseignement-apprentissage en temps réel et des enregistrements d’entretiens avec les acteurs (Leutenegger, 2003). Quelques productions des élèves à partir du matériel fourni par les enseignantes et les orthopédagogues ont également été recueillies.

En somme, les outils de collecte des données utilisés ont été l’entretien semi-dirigé et l’observation en classe, combinés à la tenue d’un journal de recherche, ce qui constitue une stratégie importante dans une démarche de recherche-action. Cette stratégie dite de triangulation des méthodes permet de faire ressortir différentes facettes du problème étudié et de croiser les analyses (Dolbec et Clément, 2004; Lavoie, Marquis et Laurin, 2008; Mucchielli, 1996).

3.2.3.1 La saisie des données sur la planification des situations d’enseignement- apprentissage

Les données entourant la planification des séances ont été recueillies à partir des propos des enseignantes et des orthopédagogues sur les choix effectués sur le plan didactique et sur le matériel utilisé, en tenant compte du mode de fonctionnement nécessaire au travail de collaboration envisagé. L’ensemble de ces données devait conduire à déterminer les rôles et responsabilités de chacun ainsi que les moyens à utiliser en vue de mettre en place, si possible, des adaptations appropriées pour les élèves ciblés ayant des difficultés d’apprentissage en mathématiques.

Pour recueillir ces données, l’entrevue semi-dirigée visait à faire ressortir les « intentions dispositives » de chacun des acteurs ainsi que les éléments constitutifs de la planification de la situation d’enseignement-apprentissage, soit les problèmes retenus, le contenu mathématique ciblé à travers ces problèmes, le matériel utilisé et les tâches, ainsi que les prévisions quant aux procédures employées sur le plan didactique (Robert et Rogalski, 2002). Cela incluait aussi les adaptations à mettre en place pour les élèves ayant des difficultés d’apprentissage en mathématiques et le mode de fonctionnement en collaboration adopté. Ces entretiens préséances ont été retranscrits sous forme de comptes rendus intégraux, donnant ainsi un accès direct et fidèle aux propos des acteurs.

3.2.3.2 La saisie des données sur la réalisation en classe

Les données sur la réalisation en classe ont été recueillies par l’entremise de la captation vidéo, jumelée à l’observation en classe et à la tenue d’un journal de recherche.

Le déroulement intégral de chacune des séances a été retranscrit sous forme de comptes rendus intégraux aux fins d’analyse.

À propos de la présence de la caméra lors de la réalisation des séances, les enseignantes et les orthopédagogues ont été interrogées sur l’existence de biais possibles par rapport à leurs pratiques habituelles. Cette question a été discutée afin que ces biais soient amenuisés. Les élèves ont quant à eux accepté de faire fi, le plus possible, de la présence de la caméra. Pour ce qui est de la présence de la chercheure, son rôle et sa présence ont aussi été discutés. Il a été convenu que sa présence lui permettait de bien suivre les événements, mais que son intervention se limiterait uniquement à poser à l’occasion des questions sur les réalisations des élèves ou leur compréhension face à la tâche, sans toutefois nuire au déroulement prévu.

3.2.3.3 La saisie des données de rétroaction sur le déroulement des séances

Des données de rétroaction des enseignantes et des orthopédagogues ont été recueillies à l’aide d’entretiens postséances, et ce, de façon à rendre compte de leur réaction quant au déroulement de la séance, aux aides et interventions apportées et aux ajustements découlant de leur analyse de l’évolution de la situation d’enseignement-apprentissage et de la progression ou la réaction des élèves (annexe 2). Les entretiens ont été effectués soit auprès de l’orthopédagogue, soit auprès de l’enseignante, ou en interaction avec les deux partenaires, en tenant compte de leur disponibilité.

De même, pour chacune des dyades, un entretien final s’est tenu à la toute fin pour recueillir les propos des acteurs sur l’ensemble de la dynamique du travail réalisé, tant sur le plan didactique que sur celui des ajustements effectués et du travail de collaboration instauré. En plus de permettre aux praticiens de réfléchir et de s’interroger sur l’ensemble de cette dynamique, l’entretien visait aussi à donner l’occasion à chacun de s’exprimer selon le contexte personnel et professionnel caractérisant son cheminement à travers le processus de recherche (Savoie-Zacj, 2004). Le schéma de ce type d’entretien provient des thèmes pertinents du cadre théorique de la recherche (Savoie-Zajc, 2004), soit relativement

aux modalités et retombées de la collaboration, aux ajustements effectués et aux contraintes ou marges de manœuvre liés à ces ajustements, puis relativement à l’adaptation de l’enseignement.

Notons que le journal de recherche a été utilisé afin de compiler les informations relatives à la chronologie des étapes sur le terrain et au déroulement des séances. Il a été agrémenté de réflexions théoriques.