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Chapitre 5. Méthodologie de la recherche

5.2. Définition opérationnelle des variables

Nous rappellerons tout d’abord notre hypothèse générale :

Les perspectives temporelles des intermittents du spectacle se structurent en fonction des modalités d’inscription des individus dans une situation de précarité. Cette relation attendue entre les modalités d’inscription dans une situation plus ou moins précarisée et la construction des perspectives temporelles est médiatisée par des processus de comparaison sociale mis en œuvre par les individus dans leurs différentes sphères de vie et dont l’issue va contribuer à l’orientation (ou à la réorientation) de ces perspectives temporelles et au vécu de cette situation.

5.2.1. Définition opérationnelle des variables.

Nous présenterons ici nos différentes variables (indépendante, dépendante et intermédiaire) telles qu’elles sont appréhendées et opérationnalisées dans cette recherche.

107 5.2.1.1. La variable à expliquer.

Elle correspond à la Perspective Temporelle (PT) et sera appréhendée au travers des cinq dimensions classiquement identifiées dans la littérature : l’orientation temporelle, la densité temporelle, l’extension temporelle, la cohérence temporelle et l’attitude temporelle. Nous considérerons également les trois registres temporels : passé, présent et futur. En reprenant la littérature scientifique consacrée aux différentes composantes de la perspective temporelle (cf. chapitre 2.), nous présentons ci-après une série d’indicateurs que nous avons retenus pour chacune de ces dimensions.

5.2.1.1.1. L’Orientation Temporelle.

Il s’agit de repérer la place accordée dans les récits aux différents registres temporels. Pour ce faire les indicateurs retenus renvoient à un double niveau d’analyse, lexicométrique et thématique : les occurrences temporelles langagières et notamment l’expression des temporalités au travers des temps verbaux utilisés par les sujets ; l’utilisation des adverbes de temps, à l’aide d’une grille préétablie ; les fréquences et les récurrences d’apparition de chaque registre temporel.

5.2.1.1.2. La Densité Temporelle.

Nous nous attacherons ici à compter le nombre d’évènements distincts rapportés par les sujets pour chacun des trois registres temporels. Par « événement », nous entendons tout ce qui est ou pourra advenir, arriver, se produire, se réaliser, se concrétiser et qui est rapporté spontanément par les sujets. L’événement pourra être banal ou plus exceptionnel, heureux ou malheureux. Il pourra consister en une situation, une rencontre, une expérience, un comportement, une aspiration, un projet. Cet évènement peut se produire dans la sphère professionnelle ou encore familiale ou personnelle des sujets. De plus et afin de pallier aux limites posées par l’hypothèse d’équivalence78

78 Nous rappelons que la mesure de la densité temporelle repose, dans de nombreux travaux consacrés à la PT, sur une hypothèse d’équivalence au sein de laquelle les contenus présents dans l’une ou l’autre des dimensions temporelles permettraient de mesurer la place qu’occupent ces deux dimensions dans le champ psychologique des personnes. Cependant, tous les contenus présents dans les sphères temporelles « passé » et « futur » ne se valent pas forcément et tous n’ont pas le même impact sur la forme empruntée par la PT des individus (cf. chapitre 2).

, nous tenterons d’identifier les contenus ayant eu le plus d’impact sur la perspective temporelle des sujets.

108 5.2.1.1.3. L’Extension Temporelle.

Nous identifierons la localisation temporelle des événements et autres marqueurs temporels rapportés et en particulier le souvenir le plus ancien par rapport à la situation actuelle raconté par le sujet (« A huit ans, j’ai commencé la danse ») ; l’élément futur le plus lointain par rapport à la situation actuelle évoqué par le sujet (« J’aimerais, dans l’idéal, avoir

un enfant d’ici trois ans »). Ainsi, un sujet dont les visées couvriront plusieurs années, tant

dans le passé que dans le futur, sera pourvu d’une perspective future étendue ; celui dont les intérêts se situeront majoritairement dans le présent ou le passé possédera une perspective future limitée.

5.2.1.1.4. La Cohérence Temporelle.

Il s’agira ici de saisir les articulations temporelles dans le discours. Nous nous aiderons pour cela de la typologie des quatre formes temporelles de la narration biographique élaborée par Demazière (2007) : Destin/Vocation, Répétition/Fatalité, Opportunité/Projet,

Rupture/Deuil (cf. annexes). Nous nous attacherons également à relever le caractère plus ou

moins réaliste (proactivité) ou fantaisiste des contenus rapportés.

5.2.1.1.5. L’attitude Temporelle.

Nous tenterons ici d’identifier la positivité des contenus rapportés pour chacun des trois registres temporels (les éléments du discours évoquant la nostalgie, les expériences antérieures décrites comme heureuses ; les évènements évoquant la prise de risque et le sentiment de contrôle ; les contenus évoquant l’optimisme) ou leur négativité (les éléments du discours évoquant le traumatisme, la résignation, le fatalisme, la perte de contrôle ; les contenus évoquant le pessimisme) des contenus rapportés pour chacun des trois registres temporels.

109 5.2.1.2. La variable explicative.

Elle correspond à l’insertion professionnelle, plus ou moins incertaine et instable, des sujets interviewés. Nous appréhendons cette insertion à un double niveau : la situation d’emploi et la situation d’activité de travail. La situation d’emploi renvoie au fait d’être affilié ou pas au régime de l’intermittence ; la situation d’activité de travail renvoie elle, à l’annexe d’affiliation et au métier exercé.

Notre population se compose ainsi pour moitié d’intermittents et pour moitié de sujets qui n’ont encore jamais ouvert ou ont perdu leurs droits à l’assurance-chômage.

Elle se compose également pour moitié d’affiliés ou aspirants à l’annexe 8 (ouvriers, techniciens et administratifs) et pour moitié d’affiliés ou aspirants à l’annexe 10 (artistes).

Au-delà des caractéristiques objectives d’emploi et de travail, nous nous attacherons à saisir le sens que les sujets donnent à leur position socio-professionnelle et le vécu particulier de la précarité.

5.2.1.3. La variable intermédiaire.

Il s’agit d’étudier le rôle des processus comparatifs auxquels se livrent les sujets dans leurs différents milieux de vie. Nous tenterons notamment de mettre en lumière :

- La ou les objets de la comparaison (Sur quel aspect de la vie quotidienne porte cette comparaison ? A quel domaine de l’existence se rattache cet objet de comparaison ?) ;

- Les cibles de comparaison privilégiées par les sujets (A quel(s) autrui les sujets se comparent-ils ?) ;

- La direction de ces comparaisons (ascendante, descendante ou encore latérale) ; - La nature de ces comparaisons (favorable ou défavorable) ;

- La finalité de ces comparaisons (différenciation sociale ou recherche de similitude) ;

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