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1.2 Analyse de la contrainte et de la déformation par le maclage

1.2.1 Définition des macles

tectoniques "mineurs", au cours desquels la montée en contrainte n'a pas été suffisante pour

provoquer la rupture macroscopique, et qu'inversement (mais plus rarement), des failles

peuvent être observées dans un site dans lequel le tenseur correspondant n'est pas identifiable

par l'analyse des macles. Ces enregistrements différentiels des paléo-champs de contraintes

dénotent une sensibilité différente de ces mécanismes de déformation à la contrainte. Les

deux méthodes offrent également des possibilités différentes lors de l‘acquisition des données

ou de l'exploitation des résultats. Ainsi, seule l'analyse des macles de la calcite permet de

reconstituer les directions de paléocontraintes à partir de quelques cm3 d'échantillon prélevé

par exemple en forages; en contrepartie, en contexte polyphasé, les données de fracturation

permettent généralement plus facilement l‘établissement en routine d'une chronologie relative.

L‘un des objectifs de cette thèse est de combiner les données de ces différentes approches afin

d‘établir une histoire tectonique plus complète des structures géologiques, et d‘aller plus loin

dans la détermination des magnitudes des contraintes en 4D (à l‘échelle d‘une structure

géologique et au cours du temps).

1.2.1 Définition des macles

1.2.1.1 Caractéristiques du maclage

Une macle est définie comme une association polycristalline, formée par la

juxtaposition de deux parties homogènes ou plus. Ces dernières sont orientées l'une par

rapport à l'autre, suivant des lois bien définies. Le maclage est manifestation de la migration

d‘une dislocation coin le long du plan de glissement (plan de macle) (figure 8). Si le cristal

n'est traversé que par un plan de composition, la macle est dite simple. Le plan de macle est

un plan de densité atomique importante qui sépare le domaine maclé relatif au cristal-hôte du

domaine non maclé (dans le cristal de calcite le plan de macle est parallèle à un plan de

composition [01 1 2]). Si la loi de macle est répétée dans le même cristal, la macle est dite

multiple ou polysynthétique. Si l'on considère qu'une macle est un petit domaine de

cisaillement simple, le plan de macle, qui est le plan atomique commun aux deux parties de la

macle, serait l'équivalent géométrique du plan de cisaillement.

La direction de maclage est définie comme la droite qui lie la position d'un atome

donné avant le maclage et d‘un atome après le glissement et correspond donc à la direction de

glissement. Cette direction appartient au plan de macle et correspond à la projection de l'axe

optique sur ce plan. Elle coïncide également avec l'intersection du plan de macle e1 et des

plans de clivage r2 ou r3.

1.2.1.2 Géométrie du maclage e de la calcite

Chaque cristal possède trois familles de plans de macle e potentiels [01 1 2] qui sont

disposées symétriquement par rapport à l'axe optique (axe de symétrie ternaire : figure 9).

Figure 8: Présentation schématique du processus de maclage.

Le maclage est géométriquement comparable à un microcisaillement, dont la direction

et le sens sont imposés par le cristal hôte. Si on le compare à un jeu de failles, tout se passe

comme si le plan de faille préexistait et la strie réelle était imposée. Le sens de maclage e

[défini comme positif par Turner et al. (1954)] est tel que l'axe optique étant vertical, le

déplacement relatif des atomes situés au-dessus du plan de macle s'effectue, vers l'axe optique

en mouvement en "faille inverse" (du bas vers le haut).

Une lamelle de macle est géométriquement analogue à un micro-couloir de

cisaillement ; elle correspond à la portion de cristal maclée située entre deux plans de macle e

dans laquelle les atomes n'ont pas la même orientation que dans la portion non maclée du

cristal-hôte.

.

Figure 9: Projection stéréographique des pôles des plans de macle e, de clivage r et de l'axe optique C

(Turner et Weiss, 1976).

1.2.1.3 Initiation et développement des macles

Le maclage se produit si la contrainte cisaillante appliquée dans la direction et le sens

de maclage est suffisamment forte pour macler. On aura donc là une indication qualitative et

quantitative précieuse à tirer de l'étude des plans maclés et non maclés.

La contrainte cisaillante résolue critique (CCRC) ou seuil de maclage 

a

est la valeur

de la contrainte qui doit s‘appliquer dans la direction et le sens de maclage pour que celui-ci

ait lieu.

La valeur CCRC est obtenue par la relation :

a

=  * S

Avec  la valeur de la contrainte appliquée au point critique (sur la courbe /) et S le

facteur de Schmid, tel que S:

S = cos  * cos 

 : Angle entre la direction de compression et la normale au plan de macle dans un

monocristal; : angle entre la direction de compression et le vecteur déplacement par

maclage.

La valeur du seuil de maclage est largement indépendante de la température, de la

pression de fluide et de la pression isostatique. Elle dépend surtout de la taille des grains et de

la distribution de celle-ci (Newman, 1994), mais aussi de la déformation interne qui cause le

durcissement du grain (Laurent et al., 2000). La valeur de 10 MPa est habituellement utilisée

pour les grains dont la taille moyenne se situe entre 300–400 µm (Turner et al., 1954; Laurent,

1984; Lacombe et Laurent, 1996).

Cette valeur du seuil, après différents travaux expérimentaux, a été estimée

initialement à 10 MPa, mais elle doit être adaptée à la taille des grains et au pourcentage de

déformation (Lacombe, 2001). Laurent et al. (2000) ont démontré que le seuil de maclage

dépend fortement de la déformation interne (causée par le strain hardening), et fluctue entre 5

et 7 MPa pour les zones faiblement déformées (~ 1% de déformation) jusqu'à 13–15 MPa

dans les zones moyennement déformées (vers 4% de déformation).

Pour qu‘un plan d‘orientation donnée par rapport aux axes de contraintes macle la

contrainte cisaillante résolue doit dépasser le seuil supposé constant de maclage ; même si

celle-ci augmente, le plan ne maclera pas

"

davantage" pour autant (loi du tout ou rien).