• Aucun résultat trouvé

II. Différents aspects de la situation

III.3. Définition du concept de "rôle spécifique"

Le concept de rôle est un concept multidisciplinaire possédant plusieurs significations selon le domaine d’application [Sübmilch-Walther, 2002]. En sociologie, ce concept est associé aux attitudes et aux croyances culturelles relatives à une position sociale comme le précise [Shaw, 1982] dans sa définition : « Un rôle est un ensemble de fonctions remplies par une personne

lorsqu’elle occupe une position particulière dans un contexte social donné ». D’autres

approches rattachent le rôle un ensemble de fonc tions à accomplir, à partir de l’application de certaines compétences [Hermosillo 2003]. Ce dernier propose une typologie de quatre rôles : opérationnel, décisionnel, informationnel et interpersonnel.

« Quelque chose dans un domaine modélisable, d’intangible, qui associe deux entités ou plus, selon des rôles spécifiques pour chacune, afin de

Cadre conceptuel pour la modélisation des situations

Page 87

Dans les théories classiques des organisations, la distinction entre les différents rôles qu’occupent des personnes, est faite relativement aux positions hiérarchiques de ces personnes dans l’unité organisationnelle [Rosemann &al.,1998]. L’organisation est vue dans ce cadre comme un réseau de rôles définis par un ensemble de tâches et une position dans l’organisation [Singh, 1992]. Dans le modèle "Interconnected roles" proposé par cet auteur, le concept de rôle est décrit par son contenu qui peut comprendre des opérations, des objets etc. et des interactions avec d’autres rôles. Dans un autre sens, [Aubert &al., 1997] définit le rôle comme : « un ensemble de comportements reliés à une position dans l’organisation ».

Enfin, dans les sciences informatiques et les systèmes d’information, ce concept est associé à la notion de gestion des droits d’accès aux données pour les utilisateurs. Chaque rôle est défini par toutes les opérations autorisées dans le cadre d’une interaction homme – machine.

Dans toutes ces définitions, le terme "rôle" est associé à un ensemble de tâches, de fonctions ou de comportements spécifiques par rapport à une mission plus globale de l’organisation. Si l’organisation est observée comme une entité interactionnelle, le concept de rôle permet de distinguer les différents éléments de cette organisation à partir d’une classification globale des contributions de chacun dans le fonctionnement de cette entité interactionnelle. Nous distinguons trois grandes familles de contributions qui nous permettent d’identifier trois rôles majeurs associés aux différentes parties de l’organisation :

Le premier concerne les membres qui forment la base de l’organisation ou encore, qui sont les "acteurs directs" générant son produit final. Par exemple dans le modèle de [Mintzberg, 1982], (figure III-33), ces acteurs sont concentrés principalement dans le centre opérationnel. Le deuxième "rôle majeur" concerne les membres qui ont le pouvoir de gérer, chacun à son niveau, d’autres interactions de l’organisation. Ce rôle est nommé "manager". Dans le modèle de Mintzberg, ceci correspond au sommet stratégique et à la ligne hiérarchique.

Enfin, la dernière catégorie concerne les membres qui contribuent indirectement aux objectifs de la mission. Cette catégorie est représentée comme à l’extérieur du noyau de l’organisation et elle est vue comme le "support" de l’organisation. Dans le modèle de Mintzberg, ceci correspond aux fonctions de support logistique et à la technostructure.

Chapitre III

Page 88

Considérons maintenant l’organisation comme un espace d’interactions et intéressons-nous à l’un de ses sous systèmes. Soit par exemple, une fonction de support logistique telle que le service de maintenance. Ce service peut à son tour être observé comme une forme d’organisation ou une entité interactionnelle comportant à son tour un, ou des, "managers" qui sont en relation avec la ligne hiérarchique de la sur-organisation pour superviser le bon fonctionnement de la nouvelle sous-organisation. Les agents de maintenance sont les "acteurs directs" de cette sous-organisation, chargés d’assurer la mission de ce service.

De la même manière, si nous nous intéressons à ce que fait réellement chacun des membres de l’organisation (dimension opérationnelle), nous pouvons identifier les mêmes familles de contribution. Le membre qui réalise directement l’activité est l’ "acteur". Ceux qui fournissent une aide pour la réalisation ainsi que les outils utilisés durant la réalisation contribuent comme "supports" à la réalisation de l’activité. Enfin les différentes contraintes et les membres de l’organisation qui régulent la réalisation sont les "managers".

Cette démarche systémique nous conduit à considérer le concept de rôle par rapport à la signification qu’il porte dans un espace interactionnel donné indépendamment du niveau hiérarchique de cet espace et de la nature de cet espace (opérationnel, communautaire, …). Nous proposons de définir un nouveau concept que nous appelons "rôle spécifique". Notre définition est proche de la définition du mot "rôle" proposée par [Uschold &al.,1998] qui le définit par rapport à une relation :

III.3.1. Propriétés du concept de rôle spécifique :

L’attribution d'un rôle à une entité n’est pas une attribution définitive ou figée telle que dans les théories classiques mais dépend de la durée de vie de l’entité interactionnelle à laquelle cette entité est associée. Cette propriété implique que pour chaque entité du domaine nous pouvons identifier un ou plusieurs rôles spécifique s distincts dans une ou plusieurs entités interactionnelles selon le regard de l’observateur de la situation.

Nous notons enfin une autre différence majeure de notre proposition par rapport aux définitions usuelles : pour nous, le concept de "rôle spécifique" peut être associé à n’importe quelle forme d’entité (de base ou interactionnelle) et pas seulement à des individus humains.

« Un rôle spécifique traduit la manière par laquelle une entité participe à une entité interactionnelle dans une situation »

Cadre conceptuel pour la modélisation des situations

Page 89

III.3.2. Notre typologie de rôles spécifiques :

Nous avons défini cinq types de rôles spécifiques :

o Le rôle spécifique "Acteur" est une réponse à la question "qui fait quoi ?", quoi étant l’entité interactionnelle associée. La liste d’entités associée à ce rôle, regroupe les entités qui participent directement à l’interaction et sont responsables de son résultat. o Le rôle spécifique "Client" est une réponse à la question "pour qui ?". Il regroupe

toutes les entités qui ont des attentes sur le résultat final de l’entité interactionnelle associée à ce rôle.

o Le rôle spécifique "Manager" est une réponse à la question "en fonction de quoi ou de qui ?". Une entité est associée à ce rôle si elle fournit des prescriptions ou des limitations sur le déroulement de l’entité interactionnelle associée.

o Le rôle spécifique "Support" est une réponse à la question "avec quoi ?". Il regroupe toutes les entités qui fournissent une aide à la réalisation de cette interaction.

o Le rôle spécifique "Objet" est une réponse à la question "sur quoi ?". Il regroupe toutes les entités qui sont traitées ou concernées directement par les effets de l’entité interactionnelle associée.

Le tableau (III-5) résume les principales propriétés de chacun des rôles spécifiques, nous y reviendrons plus en détail dans la partie suivante:

RÔLE SPECIFIQUE PROPRIETES

Est membre d’une entité interactionnelle communautaire Réalise une entité interactionnelle opérationnelle

ACTEUR

Participe une entité interactionnelle transactionnelle Formule le besoin d’une entité interactionnelle

CLIENT

Récupère le résultat final d’une entité interactionnelle Régule le fonctionnement d’une entité interactionnelle

Coordonne le fonctionnement de plusieurs entités interactionnelles

MANAGER

Valide les résultats d’une entité interactionnelle

Fournit une aide à la réalisation d’une entité interlle. opérationnelle.

SUPPORT

Est membre secondaire d’une entité interactionnelle communautaire

OBJET Subit les transformations d’une entité interactionnelle

Chapitre III

Page 90