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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION

1.2. MALADIES CHRONIQUES CARDIOMÉTABOLIQUES

1.2.7 Définition, épidémiologie et traitement de chacune des MCCM

Le diabète est un trouble métabolique caractérisé par une hyperglycémie chronique. L’Association canadienne du diabète, devenue Diabète Canada, souligne que l’hyperglycémie chronique est associée à long terme à des complications microvasculaires touchant les reins (néphropathie), les yeux (rétinopathie), les nerfs (neuropathie), mais aussi des complications macrovasculaires endommageant le cœur, le cerveau (accident vasculaire cérébral) et les artères des membres inférieurs (Diabète Canada, 2018).

Le tableau 1 décrit la classification du diabète de type 2, de type 1, du diabète gestationnel, et d’autres types particuliers de diabète. Cette classification définit les types de diabète, l’émergence de la maladie et les facteurs de risque (Diabète Canada, 2018). Les critères diagnostiques associés au diabète sont basés sur une glycémie à jeun ³ 7,0 mmol/l ou un taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) ³ 6,5 % ou encore une glycémie 2 heures après l’ingestion de 75 g de glucose ³ 11,1 mmol/l ( Diabète Canada, 2018). Le terme de « prédiabète » est retenu lorsque la glycémie à jeun est comprise entre 6,1 à 6,9 % mmol/l, ou l’HbA1c varie entre 6,0 et 6,4 %, ou encore une glycémie 2 heures après l’ingestion de 75 g de glucose comprise entre 7,8 à 11,0 mmol/l ( Diabète Canada, 2018). L’HbA1c fournit une mesure de la glycémie moyenne au cours des huit à douze semaines précédentes et elle est utilisée en pratique clinique au niveau du diagnostic, mais aussi au niveau de la surveillance du contrôle glycémique (Reusch et Manson, 2017). L’augmentation de l’HbA1c élève le risque de complications micro et macrovasculaires dans le diabète (Barroso et coll., 2007 ; Khunti et Davies, 2010 ; Zoungas et coll., 2012).

Tableau 1 : Classification du diabète

Diabète type 2 Diabète type 1 Diabète gestationnel Définition Dû à une insulinorésistance

accompagnée ensuite d’une carence insulinique relative.

Résulte de la destruction des cellules béta du pancréas par un processus auto-immun dont la cause n’est pas élucidée.

Intolérance au glucose découvert pendant la grossesse. Survenue de la maladie Souvent à partir de la quarantaine.

Est trouvé de plus en plus chez les enfants et les jeunes adultes.

Se développe chez les enfants et les jeunes adultes.

Lors de la grossesse.

Facteurs de

risque Antécédents familiaux de diabète, surpoids/ obésité, sédentarité, prédiabète, âge, ethnies autochtones (latino- américaines, asiatiques, africaines) et bas niveau socio-économique.

Prédisposition génétique.

Exposition à des virus. Idem que le diabète de type 2. Grossesse antérieure avec diabète.

Types particuliers de diabète : Variétés de troubles relativement peu courants dues à des maladies génétiques, infectieuses ou encore à des médicaments

Source : (Diabète Canada, 2018)

Actuellement, près de 240 millions d’individus dans le monde souffrent de cette maladie et 642 millions de personnes en seront atteintes en l’an 2040 (OMS, 2018).

Selon l’OMS, le diabète sera la septième cause de décès dans le monde en 2030 (OMS, 2018). D’après Statistique Canada, 2 237 800 Canadiens (excepté la population des territoires) de douze ans et plus ont affirmé avoir reçu un diagnostic de diabète (type 1 ou type 2) d’un fournisseur de soins (Statistique Canada, 2018). La prévalence estimée du diabète, au Canada, était de 8,1 % en 2014 (ASPC, 2017). Selon l’INSPQ, 5 millions de personnes seront atteintes du diabète en 2025, soit 12,1 % de la population canadienne (Pigean et Larocque, 2011). En Estrie, la prévalence ajustée du diabète chez les 20 ans et plus a été évaluée de 8,6 % versus de 9,0 % dans la province de Québec (INESSS, 2017-2018).

Dans le rapport « Tsunami économique : Coût du diabète au Canada », l’ASPC, en 2009, rapporte que le fardeau économique du diabète est de plus en plus important avec l’augmentation de la prévalence du diabète auprès de la population (ASPC, 2010). Les coûts financiers directs (consultations, hospitalisations et traitements) et indirects (absentéisme et invalidité), pour les personnes atteintes de diabète au Canada, pourraient

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atteindre 17,4 milliards de dollars en 2025, soit plus de 14 milliards par rapport à l’an 2015 (Diabète Canada, 2018). Pour le Québec, les coûts directs et indirects de cette maladie étaientestimés à près de 3 milliards de dollars en 2009 (Diabète Québec, 2009). Les patients atteints du diabète courent un risque majeur de MCV coronarienne, d’accident vasculaire central et de maladie vasculaire périphérique (Stone et coll., 2013). De plus, la MCV représente la principale cause d’hospitalisation et de mortalité chez les diabétiques de type 2 (EASD, 2013). Pour y faire face, Diabète Canada (2018) recommande une détermination de l’ HbA1c deux fois par an au moins chez les patients qui atteignent leurs objectifs de traitement (HbA1c ≤ 7 %) et qui maintiennent un contrôle glycémique stable, et trimestriellement chez les patients dont le traitement a changé ou qui n’atteignent pas les objectifs de contrôle de la glycémie (HbA1c > 7 %) (Diabète Canada, 2018).

La cible d’HbA1c doit être personnalisée selon l’âge du patient, la durée du diabète, son espérance de vie, le risque d’hypoglycémie et la présence de MCV (Diabète Canada, 2018). Il est important de noter que la baisse de l’HbA1c est associée à une diminution des complications microvasculaires et macrovasculaires du diabète (Nathan et coll., 2014 ; Stratton et coll., 2000). En plus de cette optimisation glycémique, pour la protection vasculaire des sujets atteints des MCCM, une approche globale multidimensionnelle doit être adoptée (Pedersen et Gæde, 2003). Diabète Canada (2018) recommande d’atteindre un poids santé, une saine alimentation, une activité physique régulière, un arrêt du tabagisme, un contrôle de la tension artérielle (TA) < à 130/80 mmHg pour les patients avec un diabète ou une insuffisance rénale chronique (IRC) et un niveau C-LDL < 2 mmol/l ou Apo B < 0,8 mmol/l ou CT/C-HDL < 4 pour les patients diabétiques ou à risque élevé de MCV. Pour atteindre ces cibles, les traitements utilisés pour le diabète sont les hypoglycémiants oraux (metformine, sulfonylurées, inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 (DPP-4), inhibiteurs du sodium-glucose co-transporteur 2 (SGLT2), thiazolidinédiones), les agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide (GLP-1) et l’insuline.

La figure 4 présente l’algorithme décisionnel pour le traitement du diabète de type 2. Après l’instauration des SHV et de la metformine, si la cible glycémique n’est pas atteinte, le choix d’un deuxième traitement est influencé par la présence d’une MCV, en

privilégiant les inhibiteurs du sodium-glucose co-transporteur 2 (SGLT2) (ex : empaglifozine ou canaflifozine) ou les agonistes des récepteurs du GLP-1 (glucagon like peptide-1) (ex : liraglutide) qui ont démontré un bénéfice cardiovasculaire. Avant l’ajout d’un nouveau traitement, il est primordial d’évaluer les avantages et les inconvénients spécifiques à chacun des agents pour établir le traitement personnalisé qui convient le mieux aux besoins et aux préférences du patient. Plus précisément, une attention doit être portée quant aux effets de ces agents sur le poids corporel ou les hypoglycémies, puisqu’il s’agit de problèmes pertinents sur le plan clinique pour de nombreuses personnes atteintes de diabète de type 2. Certains agents peuvent entraîner une prise de poids (par exemple, l’insuline ou les sulfonylurées), alors que d’autres peuvent favoriser une perte de poids importante (agonistes GLP-1 et inhibiteurs du SGLT2) (William et Cheng, 2016). Ces différents médicaments sont ajustés selon la fonction rénale mesurée par le DFGe dont la valeur normale est ≥ 60ml/min (Diabète Canada, 2018 ; Yale, 2018). Un traitement néphroprotecteur (inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) ou de bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine (BRA)) est utilisé pour l’HTA (TA ≥ 130/80 mmHg) en présence du diabète. Ce traitement est aussi utilisé pour la néphropathie diabétique (ratio albuminurie sur la créatine (RAC) ≥ 2,0 mg/mmol) et la protection cardiovasculaire (Arnold et coll., 2006). En présence de MCV, les principaux médicaments utilisés sont indiqués dans la figure 5.

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Au moment du diagnostic de DT2 :

Amorcer une intervention axée sur les SHV (thérapie nutritionnelle et activité physique) ± metformine Taux HbA1c < 8,5 % Taux HbA1c ³ 8,5 % Hyperglycémie symptomatique avec

décompensation métabolique

Légende : DT2 : Diabète type 2 ; HbA1c : Hémoglobine glyquée ; SHV : Saines habitudes de vie ;

DPP-4 : Dipeptidyl peptidase-4 (DPP-4) ; GLP-1 : Glucagon-like peptide-1; DFGe : Débit de

filtration glomérulaire estimé.

Figure 4 : Algorithme décisionnel adapté pour le traitement du DT2 Autorisé par : Diabète Canada (2018)

Ajouter le médicament qui convient le mieux en tenant compte de ce qui suit

Caractéristiques cliniques Choix du médicament Degré d’hyperglycémie

Risque d’hypoglycémie Excès de poids ou obésité MCV ou multiples facteurs de risque

Autres affections (reins, coeur, foie) Préférences et accès au traitement Prendre en compte l’abaissement relatif de l’HbA1C Rares hypoglycémies Perte de poids ou sans effet sur le poids

Résultats cardiovasculaires Prendre en compte le DFGe Considérer le coût et l’accès

Insulinothérapie ± metformine

Ajouter un médicament d’une autre classe ou ajouter ou intensifier l’insulinothérapie

Effectuer des ajustements en temps opportun pour obtenir le taux d’HbA1c visé en 3 à 6 mois

Si cible glycémique non atteinte en 3 mois

OUI NON

Ajouter la classe de médicament qui convient le mieux au patient selon coût-efficacité : Sécrétagogues de l’insuline (méglitinides, sulforylurées) ; Inhibiteurs de l’alpha-glucocidase Incrétines (Inhibiteurs de DDP4, GLP-1) ; Thiazolidéndiones

Débuter ayant un

antihyperglycémiant ayant un bénéfice CV démontré (empaglifozine, canaflifozine à éviter chez les patients à risque d’amputation des membres inférieurs et liragludide)

Cible glycémique non atteinte

Cible glycémique non atteinte Cible glycémique non atteinte

Nouve lle

recom

manda

tion

Cible glycémique non atteinte

Débuter ou augmenter la metformine immédiatement ou considérer un deuxième agent antihyperglycémiant

Quelle médication pour la protection des MCV ? Le patient a-t-il une MCV ?

- Ischémie cardiaque (silencieuse ou avérée) - Maladie artérielle périphérique

- Maladie cérébrovasculaire/carotidienne

OUI Statines + IECA/ BRA + Aspirine

NON

ET si le patient est diabétique et n’atteint pas les cibles glycémiques OUI Ajouter empaglifozine ou canaglifozine ou liraglutide NON

Complications microvasculaires du diabète ? - Rétinopathie

- Insuffisance rénale (RAC ≥ 2,0) - Neuropathie

OUI

Statine + IECA/ BRA

NON

- Âgé de ≥ 55 ans avec des facteurs

de risque CV additionnels? OUI

Statine + IECA/ BRA NON

- Âgé de ≥ 40 ans

- Âgé de ≥ 30 ans, et atteint de diabète depuis > 15 ans?

OUI Statine

Légende : MCV : Maladie cardiovasculaire ; IECA : Inhibiteur de l’enzyme de conversion ; BRA : Bloqueur de récepteur de l’angiotensine ; RAC : Ratio albuminurie et créatinurie

Figure 5 : Schéma adapté de guide de référence sur les lignes directrices de pratique clinique du diabète pour la protection des MCV

Autorisé par : Diabète Canada (2018)

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(ii) Obésité

L’obésité est identifiée par des mesures cliniques dont l’indice de masse corporelle (IMC) en encore le tour de taille en centimètre (OMS, 2018). La classification de l’obésité est décrite par la mesure de l’IMC (Tableau 2) ou encore par la mesure du tour de taille (Tableau 3).

Les causes de l’accumulation excessive de graisse sont complexes. Plusieurs facteurs tels que le déséquilibre énergétique (surconsommation diététique par rapport aux dépenses énergétiques), les prédispositions génétiques et l’environnement sont en cause dans l’obésité (ASPC, 2011).

L’obésité représente un problème de santé publique dans le monde (OMS, 2017). En effet, elle est responsable de graves comorbidités telles que le diabète de type 2, les MCV, l’asthme, les troubles de la vésicule biliaire, l’ostéoarthrite, les douleurs chroniques vertébrales, ou encore de nombreux cancers dont les plus fréquents sont le cancer colorectal, du sein, de l’endomètre, de l’œsophage, de la prostate, des ovaires, et des reins (Gatineau et Dent, 2011 ; Guh et coll., 2009). L’obésité est une maladie pouvant être responsable d’une mort prématurée (Whitlock et coll., 2009) et d’une qualité de vie réduite (Kolotkin et coll., 2001).

Tableau 2 : Classification de l’obésité chez l’adulte selon l’indice de masse corporelle

Catégorie IMC, kg/m2 Classe d’obésité Risque pour la santé

Insuffisance pondérale < 18 ,5 Accru

Poids normal 18,5 - 24,9 Moindre

Embonpoint 25,0 - 29,9 Accru

Obésité

Légère 30,0 – 34,9 I Élevé

Modérée 35,0 -39,9 II Très élevé

Sévère ou extrême ≥ 40 III Extrêmement élevé

La prévalence mondiale de l’embonpoint et de l’obésité est en constante augmentation. L’OMS a estimé en 2016 que 1,9 milliard de la population mondiale est en surpoids, soit 39 % parmi les 18 ans et plus, et que 13 % étaient atteints d’obésité (OMS, 2018). L’ASPC, en 2017, a rapporté que 27 % des adultes canadiens de 20 ans et plus ont déclaré avoir une obésité (ASPC, 2018). Au Québec, entre 2003 et 2014, la proportion de la population adulte souffrant d’obésité a augmenté, passant de 14,1 % à 18,2 % (INSPQ, 2014). Au niveau régional, 18 % des Estriens ont déclaré souffrir d’obésité et 54 % d’entre eux ont un surpoids ou une obésité (DSPE, 2016).

Le fardeau économique attribuable à l’obésité au Canada était estimé à 4,3 milliards de dollars (Katzmarzyk et Janssen, 2004). Au Québec, il représentait près de 1,5 milliard de dollars en 2011, soit près de 10 % des coûts totaux alloués par le système de santé pour les consultations médicales et les hospitalisations (Blouin, 2015).

Lau et coll. (2007) ont élaboré un algorithme de prise en charge composé d’une dizaine d’interventions adaptées au contexte des SSP. Il comprend le dépistage, le diagnostic,

Tableau 3 : Valeurs seuils du tour de taille utilisées par différentes organisations

Organisation Valeurs déterminantes Hommes Femmes IDF

Caucasien Méditerranée

Asie (incluant le Japon) Afrique sub-saharienne Amérique latine ≥ 94 cm ≥ 94 cm ≥ 90 cm ≥ 94 cm ≥ 90 cm ≥ 80cm ≥ 80 cm ≥ 80 cm ≥ 80 cm ≥ 80 cm OMS Caucasien Asie ≥ 94 cm * ≥ 102 cm** ≥ 90 cm ≥ 80 cm* ≥ 88 cm** ≥ 80 cm AHA/NHLBI (ATP III)

États-Unis ≥ 102 cm ≥ 88 cm

Obesity Canada clinical practice guidelines committee

Caucasian ≥ 94 cm ≥ 80 cm

European Cardiovascular Societies ≥ 102 cm ≥ 88 cm

Japanese Obesity Society ≥ 85 cm ≥ 90 cm

Cooperative Task Force

Chine ≥ 85 cm ≥ 80 cm

Légende : IDF: International Diabetes Federation ; OMS: Organisation mondiale de la santé ; AHA: American Heart Association ; NHLBI : National Heart Lung and Blood Institute. * Risque augmenté; ** Risque très augmenté. Source : (Alberti et coll., 2009)

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l’évaluation et les conseils sur les SHV liés à l’obésité. En effet, pour les patients suivis en première ligne, fréquentant les programmes de prévention et de gestion pour les MCCM, la mesure de l’IMC et du tour de taille est recommandée. Cependant, chez les patients avec un IMC ≥ 25 kg/m2, plusieurs démarches complémentaires sont recommandées, notamment :

- L’évaluation de la présence de comorbidités (mesure de TA et du rythme cardiaque, test de glucose sanguin à jeun et profil lipidique) ;

- Le bilan enzymatique pour le dépistage de la stéatose hépatique non alcoolique (Société canadienne de recherche intestinale, 2019) ;

- L’évaluation des troubles de l’humeur et de l’alimentation ; - L’évaluation de la réceptivité au changement ;

- La réalisation d’un programme de changement des habitudes de vie (thérapie comportementale avec des conseils liés à l’alimentation et à l’activité physique) ; - L’évaluation de l’atteinte des objectifs du programme ;

- L’ajout d’un traitement pharmacologique ou la direction vers la chirurgie

bariatrique en cas d’échec de la thérapie comportementale en présence de critères suivants :

o La pharmacothérapie (par exemple Orlistat) s’applique chez les patients avec un IMC ≥ 27 kg/m2 avec des comorbidités ou un IMC ≥ 30 kg/m2 et qui n’ont pas perdu 0,5 kg par semaine pendant les trois à six mois ayant suivi l’adoption du changement des habitudes de vie.

o La Chirurgie bariatrique s’applique chez les patients avec un IMC ≥ 35 kg/m2 avec des comorbidités ou IMC ≥ 40 kg/m2 pour lesquels aucune perte de poids significative n’a été enregistrée avec les autres tentatives. Elle requiert un suivi médical à vie.

La figure 3, décrite ci-dessus, résume sous forme d’algorithme les différentes interventions pour réduire le RCM auprès des patients des MCCM comme l’obésité.

(iii) Hypertension artérielle

La pathophysiologie de l’hypertension artérielle (HTA) est complexe et plusieurs facteurs sont responsables d’une TA élevée. En plus d’une prédisposition génétique, la rétention sodique, le durcissement prématuré des artères, le dysfonctionnement endothélial et l’obésité expliquent la genèse de l’HTA (Chatterjee et coll., 2012). Elle est diagnostiquée lorsque la tension systolique (TAS) dépasse 140 mmHg et/ou la tension artérielle diastolique (TAS) dépasse 90 mmHg (Leung et coll., 2018).

À la suite d’une enquête nationale canadienne, 5 360 000 des personnes âgés de 12 ans et plus ont déclaré avoir reçu un diagnostic d’hypertension d’un fournisseur de soins, soit une prévalence de l’HTA (définie comme un traitement médicamenteux pour l’hypertension ou la TA ≥ 140/90 mmHg) estimée à 22,6 % (Statistique Canada, 2018). En présence de diabète (définie comme traitement médicamenteux ou TA ≥ 130/80 mmHg), la prévalence de l’HTA était de 67,1 % (Padwal et coll., 2016). En 2017-2018, au Québec, 22,0 % des individus âgés de 20 ans et plus ont eu un diagnostic d’HTA (INSPQ, 2017-2018). Cette proportion augmente de manière importante avec l’avancée en âge, de telle sorte que près de la moitié des personnes âgées de 65 ans et plus (46 %) souffrent d’HTA (INSPQ, 2014). En Estrie, la prévalence ajustée de l’HTA des 20 ans et a été évaluée de 20,5 % (INSPQ, 2017-2018).

Les antihypertenseurs dont les IECA, les BRA, les bêtabloquants ou encore les antagonistes des récepteurs du calcium sont indiqués en présence de l’HTA (Leung et coll., 2018). Cependant, les patients souffrant de diabète doivent être traités pour cibler une TAS < 130 mmHg et TAD < 80 mmHg (Diabète Canada, 2018). Diabète Canada (2018) recommande l’utilisation d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) ou un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) chez les personnes atteintes de diabète présentant (1) une maladie macrovasculaire ; (2) un âge ³ 55 ans pour les personnes avec un autre facteur de risque ou une lésion d’un organe cible ;et (3) un âge < 55 et une complication microvasculaire (Diabète Canada, 2018).

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(iv) Dyslipidémies

Les dyslipidémies sont caractérisées par des taux sériques élevés de cholestérol total (CT), de cholestérol à lipoprotéines de basse densité (C-LDL) (mauvais cholestérol), de triglycérides ou une baisse de cholestérol à lipoprotéines de haute densité (C-HDL) (bon cholestérol) (Reiner et coll., 2011 ; Stone et coll., 2014). Les facteurs de risque de la dyslipidémie comprennent le surpoids, l’obésité, le diabète de type 2, l’inactivité physique, la consommation d’alcool (Reiner et coll., 2011 ; Stone et coll., 2014). L’étude américaine de Framingham, basée sur 4 701 participants, a démontré que le risque d’avoir un taux élevé C-LDL (c’est-à-dire > 3,4 mmol/l) est d’environ 50 % chez les 30 ans et plus (Cobain et coll., 2007). Chez les personnes atteintes de diabète, on retrouve le plus souvent une hypertriglycéridémie, un faible taux de C-HDL et un taux relativement normal de C-LDL (Cobain et coll., 2007).

Pour le traitement médical, des hypolipémiants, dont les statines, sont utilisés pour les dyslipidémies. Les personnes souffrant de diabète ont un risque de deux à quatre fois plus élevé de MCV (Diabète Canada, 2018). C’est pourquoi le traitement de la dyslipidémie par une statine est nécessairechez les patients atteints de diabète selon le risque de MCV (Diabète Canada, 2018). En effet, tout en continuant les mesures sur les SHV et une gestion appropriée des comorbidités, une thérapie par une statine doit être débutée lorsque les patients présentent les éléments suivants (Anderson et coll., 2016) : - « Un risque élevé (un risque de MCV de plus de 20 % au cours des dix prochaines

années selon le score de risque de Framingham),

- Un risque intermédiaire (un risque de MCV de 10 % à 19 % au cours des dix prochaines années selon le score de risque de Framingham) avec un taux de C-LDL ³ à 3,4 mmol/l ou un taux de CRP ³ 2,0 mg/l chez les hommes de plus de 50 ans ou les femmes de plus de 60 ans ».

Auprès des patients avec un risque élevé de MCV, on vise une cible de C-LDL < 2,0 mmol/l ou une baisse de 50 % ou un taux d’ apolipoprotéine B (Apo B) de moins de 0,8 g/l (Anderson et coll., 2016).

(v) Maladie cardiovasculaire

Les maladies cardiovasculaires (MCV) regroupent les maladies qui touchent le cœur ou les vaisseaux sanguins. D’après Statistique Canada, en 2003, 6,4 % de la population québécoise était atteinte de MCV chez les 25 ans et plus et près de 19,4 % des 65 ans et plus (Pigean et Larocque, 2011). En Estrie, la prévalence ajustée e de cardiopathie ischémique chez les 20 ans et plus a été évaluée de 8,4 % versus de 8,6 % dans la province de Québec (INSPQ, 2017-2018).

En plus de l’obésité, le diabète, l’HTA et les dyslipidémies favorisent l’apparition de MCV (Anderson et coll., 2016). C’est pourquoi, chez les personnes atteintes de diabète, une intervention à multiples facettes est recommandée pour minimiser le risque de MCV. Les stratégies de prévention des MCV chez les patients souffrant de diabète sont bien établies dans la plupart des lignes directrices pour la pratique clinique (Anderson et coll., 2016 ; Campbell, 2008 ; Diabète Canada, 2018 ; Leiter et coll., 2011). Ce cadre d’intervention à multiples facettes comprend l’adoption des SHV, l’optimisation de la glycémie avec une HbA1c £ 7 %, un contrôle de la TA < 130/80 mmHg et un C-LDL < 2 mmol/l ou ApoB < 0,8 mmol/l ou CT/C-HDL < 4 (Diabète Canada, 2018).

Par ailleurs, l’agrégation plaquettaire joue un rôle important dans la formation du thrombus oblitérant, lequel est responsable de l’occlusion coronarienne observée en cas de syndrome coronarien aiguou d’accident vasculaire cérébral ischémique. Les patients atteints de diabète présentent un état prothrombotique attribuable au dysfonctionnement endothélial, à la hausse des facteurs de coagulation, à une fibrinolyse réduite et à l’activation plaquettaire (Leiter et coll., 2011). L’activité plaquettaire accrue est causée par de multiples facteurs métaboliques et cellulaires associés au diabète, dont le dysfonctionnement endothélial, les effets de l’hyperglycémie et un défaut de l’action de l’insuline (Leiter et coll., 2011). De nombreux essais cliniques ont démontré les effets bénéfiques de l’antiagrégant plaquettaire. La méta-analyse « Collaboration Antithrombotic Trialists » a montré une réduction de la fréquence des événements vasculaires chez les patients atteints de diabète (de 22,3 % à 18,5 % ; p < 0,002) (Trialists’Collaboration, 2002). Actuellement, les antiagrégants plaquettaires ne sont plus recommandés en prévention primaire de la MCV et diabète (Diabète Canada, 2018).

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