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DEUXIÈME PARTIE : Analyse

6. La capacité des auditori a (tableau 11)

7.4. La décoration sculptée

7.4.1. Les reliefs

On a retrouvé quelques reliefs architecturaux. Ainsi des impostes, chapiteaux,

consoles sont décorés de croix grecques dans l’Édifice théâtral II d’Alexandrie (A24).

La façade du pulpitum de l’odéon d’Agrippa I est décorée d’hermes avec des têtes

masculines et féminines. Il y a une tête en relief sur la clé d’arc du couloir de

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l’auditorium du Grand Gymnase de Pergame ; de même, la clé d’arc entre l’ambulacre

et la salle du Museion du Bain de Faustine est décorée des deux côtés par un mascaron ;

des frontons sont décorés d’une Aphrodite escortée de Tritons dans l’abside du Péristyle de la Maison des Philosophes d’Aphrodisias (A39). Dans la maison de Proclus, il y avait des reliefs votifs (Cybèle et Asclepios), et des reliefs funéraires sur la base remployée en autel (A39).

7.4.2. Les statues

Les attestations de présence de statues sont plus nombreuses que celle des reliefs

(17 vs 6) ; il y a presque toujours plusieurs statues réunies. On ne peut pas toujours

identifier les personnages qu’elles représentaient (par exemple, les statues installées par

Felix Passifilus sur les bases provenant du portique des Auditoria d’Hadrien, A78-79).

On constate qu’il y a des représentations qui ne sont pas en rapport avec les activités culturelles des lieux mais d’autres le sont incontestablement. Dans la première catégorie on peut trouver des personnages mythologiques (Tritons et Géants devant l’odéon d’Agrippa II) ou des personnages historiques (statues des Rois égyptiens, de Philippe, Alexandre, Lysimaque et Pyrrhus devant l’odéon d’Agrippa I). En revanche, on a retrouvé peu de statues d’empereurs. Elles devaient être nombreuses dans les salles

identifiées comme des Kaisersäle situées à proximité des auditoria (Grand gymnase de

Pergame ; Bain gymnase de l’Est et du Port à Éphèse ; Hierapolis) ; cependant, on a mis au jour une statue d’un empereur cuirassé, vraisemblablement Trajan, dans l’exèdre orientale du forum de Trajan et une base de Caracalla devant l’odéon de Termessos. Les prêtres sont beaucoup plus représentés : trois à l’odéon I d’Aphrodisias, dont Diogène, prêtre d’Aphrodite et du culte impérial ; une statue d’un prêtre d’Aphrodite à l’odéon II Aphrodisias ; à l’extrémité nord de la façade de l’odéon de Termessos on a trouvé les bases de deux grands prêtres. Ces représentations ne sont pas en rapport direct avec les

fonctions propres des auditoria.

7.4.3. Les reliefs et statues de divinités.

Ils sont installés dans les auditoria ou à proximité immédiate dans le complexe

dont fait partie l’auditorium. Ces sculptures ont été retrouvées, le plus souvent, dans des

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Les divinités le plus souvent représentées sont Asklepios, Apollon, Aphrodite, les Muses. Asklepios et sa famille est présent à Dion dans une des salles des Grands thermes, à proximité de l’odéon ; les statues sont contemporaines de la construction de

l’odéon (IIe siècle) ; Asklepios est accompagné de Telesphore dans le Museion du Bain

de Faustine à Milet ; dans le complexe du Bain gymnase de l’Est à Ephèse, on a trouvé des statues d’Asclepios, Aphrodite, Dionysos, Hygiée et Pan. Apollon est deux fois présent dans l’odéon I d’Aphrodisias ; il est accompagné d’une ou plusieurs Muses dans

le Museion du Bain de Faustine (Milet) et la Galerie de Cl. Piso (Pergé). Aphrodite est

représentée assise au fronton des édicules de l’abside de la Maison des philosophes

d’Aphrodisias ; on trouve sa statue dans la galerie de Cl. Piso à Pergé et dans le museion

de ce Bain ainsi que dans le Bain Gymnase de l’Est à Ephèse (ci-dessus). Athéna est

présente deux fois dans Museion du Bain de Pergé et probablement dans la bibliostase

de la bibliothèque d’Hadrien. La Paix se tenait dans la pièce centrale de la partie

méridionale du templum Pacis. La statue de la déesse Victoire se dressait-elle dans le

complexe de la Bibliothèque d’Hadrien ?

Parfois les statues sont associées dans un programme iconographique : dans la Galerie de Cl. Piso (Bain du sud, Pergé) on trouve, entre autres, les personnages de la confrontation Marsyas-Apollon (Muse assise, Apollon citharode, Nemesis, Aphrodite,

Marsyas) et, dans la salle adjacente (Museion, salle 8), Aphrodite, Athena (2 fois) et les

trois Grâces.

Enfin, on trouve des représentations de philosophes : à proximité de l’odéon d’Apollonia (A66), devant l’odéon d’Agrippa II (A37), dans l’odéon I d’Aphrodisias (A54). Le programme iconographique du péristyle de la Maison des Philosophes d’Aphrodisias est clairement centré sur la transmission pédagogique à travers neuf

imagines clipeatae (Pindare, Alcibiade, Aristote, Pythagore, Apollonios de Tyane,

Socrate, Alexandre, un Vieux philosophe, un Jeune élève) et deux bustes (un Philosophe et un Sophiste contemporains). On sait par les sources écrites qu’il y avait des portraits (sculptés ou peints) d’élèves dans la maison-école de Julien de Cappadoce, à Athènes. Dans le forum de Trajan, il y avait de nombreuses statues de poètes, d’écrivains ; Sidoine Apollinaire s’enorgueillit d’avoir sa statue en bronze parmi de grands hommes

de culture (Sid. Carm. VIII, 7-10). Les notables représentés sont, eux aussi, parfois liés

aux activités intellectuelles : la statue de Pitheas, notable païen lié aux cercles

néoplatoniciens du Ve siècle, est présente à côté de citoyens illustres du passé dans

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l’Odyssée trouvées à proximité de la stoa d’Attale, étaient probablement en connexion

avec l’Odéon d’Agrippa (A36).

7.5. Conclusion

Ainsi les auditoria sont très diversement décorés, des plus simples aux plus

luxueux. Mais même les salles les plus modestes ne sont pas dépourvues d’éléments de décor à visée esthétique, pédagogique ou de confort (enduit sur les murs et les bancs à Amheida). Certaines salles d’Alexandrie devaient être plus richement décorées que les vestiges ne le laissent appréhender (voir OP) ; les salles de conférences de Constantinople étaient spacieuses et bien décorées. Certaines salles ou édifices apparaissent comme étant richement décorés : le complexe de la Bibliothèque d’Hadrien (Pausanias), l’Odéon d’Hérode Atticus (Philostrate), l’odéon d’Agrippa ; l’intérieur de

l’odéon d’Apollonia, l’odéon d’Aphrodisias, les auditoria d’Hadrien ; la façade de

l’auditorium du grand Gymnase de Pergame est de grande qualité. En revanche, l’odéon

du sanctuaire d’Épidaure est de qualité moindre ; l’Édifice théâtral II d’Alexandrie est richement décoré mais de manière disparate par les remplois. Les décors des salles ou édifices privés peuvent être aussi de très grande qualité au Pausilypon et dans

l’Auditorium de Mécène et peut-être, dans une moindre mesure, dans la Maison des

Philosophes d’Aphrodisias ou la Maison de Proclus et les theatra d’Himerius et de

Julien.

Quant aux éléments de la décoration, ils ne sont pas propres aux auditoria mais

se retrouvent dans quantité d’autres types d’édifices, que ce soit la décoration architecturale ou les décors peints. Seules les sculptures sont parfois en rapport direct

avec les activités se déroulant dans les auditoria, mais ces figurations ne sont pas, non

plus, propres à ces salles ou édifices. En effet, on a retrouvé de nombreuses mosaïques représentant les Muses, Apollon, des philosophes, des poètes dans des salles d’apparat de riches demeures, l’ostentation d’un rapport étroit avec la culture faisant partie du

statut du notable287. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ces salles, en particulier les

triclinia, aient pu faire fonction d’auditorium privé, sur le modèle de l’aménagement

opéré par Pline dans sa domus romaine.

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